What’s et who’s Next ? On vous explique ce que doit être, pour nous, un média tech en 2023. Compte rendu et résumé de notre conférence de lundi soir. Des questions, un avis (constructif), des craintes, des encouragements ? Les commentaires sont ouverts à tous et toutes. (Merci à DantonQ-Robespierre pour nous avoir cédé l’intégralité de ses droits sur le titre de cette actualité).

S’il fallait résumer la soirée en un mot, je dirais que tout le monde est unanime sur le nouveau site, sans peur et sans reproche. Vincent traine pas loin avec une hache géante en grommelant « troll ou incitation au troll », je vais donc rapidement passer à la suite.

Tout d’abord pour dire merci aux lecteurs venus nombreux, aussi bien en présentiel qu’en distanciel. Merci à Flock, Jean-Marc, Mathilde, Martin et Vincent d’avoir pris la parole, d’être présents et autant impliqués dans Next. Merci également aux gens de moji de nous avoir accueillis aussi chaleureusement ces trois dernières semaines (oui, même les développeurs !). Merci enfin à Ferdinand de nous permettre de continuer notre aventure comme avant, en mieux, avec des moyens et des idées. 

• Replay de la soirée de Next

Parler devant un public n’est pas facile (vous imaginer en sous-vêtements ne m’a pas aidé) et, contrairement à l’écrit, impossible d’effacer quelques mots et de les réécrire… même en prenant en compte le micro et la télécommande récalcitrants. Pour comprendre certains de nos choix, il est important de revenir en arrière. 

Retour vers le passé 

Vous l’avez certainement remarqué au fil des billets de blog, Next INpact était en grande difficulté depuis maintenant près de deux ans. Nous avions une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, avec un risque bien réel de mettre la clé sous la porte, plus ou moins proche au fil des mois. Difficile, voire impossible, de se projeter à un horizon de quelques mois, de lancer de nouveaux projets et même parfois de se motiver au quotidien. Les soucis financiers vont de pair avec un calme plat au niveau des piges, logique purement comptable…

Contre vents et marées, nous avons tenu au gré des demandes de dons et des messages d’espoirs. Merci à toute l’équipe de son implication durant cette période. Durant l’été, est apparue une éclaircie avec un possible rachat, qui s’est concrétisé le 26 septembre.

Tout bouge, rien ne change (ou le contraire)

Le changement est brutal à plusieurs niveaux, par rapport à ces deux dernières années. Brutal, car nous n’avions jamais fait autant de réunions que durant les trois semaines écoulées. Brutal, car nous n’avions jamais parcouru autant de chemin que ces trois semaines. Brutal, parce qu'après des mois de léthargie et de silence, nous avons pris la parole pour vous expliquer la situation et l’avenir de Next. Vous avez répondu présents, merci encore.

Dès le début, Jean-Marc a rappelé que Next INpact était un pure player depuis plus de vingt ans. L’équipe a évidemment évolué au fil des années, pour arriver en 2022 et 2023 à un petit groupe soudé de journalistes et une grande communauté de lecteurs.

En plus d’avoir une stratégie de développement contrainte (par les aspects financiers), Next INpact s'est dispersé et multiplie les activités, notamment avec le magazine. Ce qui était au début un numéro spécial anniversaire 15 ans (avec deux ans de retard pour l’imprimer) a terminé comme un pan indispensable du modèle économique de Next INpact. Problème : l’équipe ne pouvait pas se dédoubler. Écrire sur le site et préparer des articles pour le magazine avait pour conséquence de baisser le nombre d’actualités sur le site. Nous avons toujours essayé de limiter la casse, mais c’est une réalité. Enfin, « c'était », puisque nous avons décidé d’arrêter le magazine et nous consacrer au site.

Un nouveau site aussi rapidement, pourquoi donc ?

Autre problème de Next INpact, le départ des derniers développeurs. Pierre-Alain David, directeur technique, est parti vers de nouveaux horizons en septembre 2022. Il a été suivi un an plus tard par Benjamin. La v7 (et les précédentes versions) a été développée à partir d’une page blanche pour correspondre au mieux à nos besoins pratiques et éthiques. 

Nous risquions donc de nous retrouver « à poil » sans dév (même si PA et Ben ne sont jamais très loin en cas de gros coup dur, merci infiniment à eux !), il nous fallait trouver une solution, rachat ou non. Sans rachat, Next INpact était voué à fermer à (très) court terme.

Avec le rachat, les dev de moji se sont penchés sur notre CMS maison. Il était impossible à migrer en l’état sur l’infrastructure de moji pour réduire les coûts. Le maintenir en vie aurait été possible sur Azure et Scaleway, mais avec un coût significatif. Nous avons donc pris la décision logique et nécessaire de migrer sur un WordPress, adapté à nos besoins et hébergé sur site. Rien d’exceptionnel dans la presse, les journalistes sont d’ailleurs bien souvent habitués à son interface et rares sont ceux à n’avoir jamais mis les doigts dans l’éditeur.

Cette migration est également l’occasion pour nous de bénéficier de fonctionnalités supplémentaires, alors qu’en développer de nouvelles pour l’ancien CMS aurait été une perte de temps : un jour ou l’autre, il aurait de toute façon fallu migrer. De plus, cela permet à Next de concentrer ses ressources sur le contenu et beaucoup moins la plateforme… du moins une fois la migration terminée.

Next, un nom impactant (des yeux vont saigner)

Ferdinand a ensuite rappelé le fonctionnement du financement d’un média, avec deux principales sources : les lecteurs et/ou les annonceurs. Next bouge le curseur totalement vers ses lecteurs, désormais sa seule source de revenus. Mathématiquement, cela entraine une baisse des revenus puisque la publicité sous toutes ses formes disparait.

Et puisque l’on parle de Next, Mathilde rappelait à juste titre que ce nouveau nom est une rupture et une continuité car, dans les faits, Next était déjà le nom utilisé depuis longtemps par nous en interne et par un grand nombre de personnes. Bien sûr, il y a des irréductibles de « PC INpact », mais qu’ils soient rassurés, l’URL fonctionne toujours. À titre personnel, cela évitera de toujours devoir répéter « INpact avec IN, oui IN et pas IM » pour quand même voir écrit « Next impact » sur le badge.

Si on l’utilisait déjà, c’est que le nom est court, universel et compréhensible par tout le monde. La petite flèche bleue de Next rappelle aussi celle, orange, de Next INpact. Quant au nom de domaine, .ink, il fait référence à l’encre et donc à la presse de manière générale. Les .fr et .com appartiennent déjà à Apple (en référence à sa machine NeXT). Un jour, peut-être, nous vous parlerons des autres idées que nous avons eues…

Pour le nouveau site, suivez le guide

Flock nous a ensuite parlé du nouveau site, mais nous aurons l’occasion d’y revenir en détail dans un autre billet de blog. Ce sera l’occasion pour nous de faire un point de la situation et de centraliser vos retours.

• Accéder à la (bêta de (la bêta de la)) bêta de Next.ink

Flock est d'ailleurs un membre à part entière de l’équipe désormais, en CDI comme l’ensemble des journalistes de la rédaction. En plus des dessins caustiques du samedi, il nous propose des illustrations pour nos articles et des dessins pour agrémenter le site.

Jean-Marc, pigiste jusqu’à présent, passe lui aussi en CDI… ce qui ne change certes pas grand-chose dans les faits puisqu’il ne pigeait que pour nous, à temps plein (modulo ses formations).

Ferdinand remplace Christophe comme directeur de la publication. Il est désormais responsable juridiquement, sans pour autant pouvoir intervenir sur la ligne éditoriale (cette responsabilité m’incombe ainsi qu’à l’équipe). Il ne prend aucune rémunération sur Next et « offre » donc ses services et sa responsabilité.

On va sabrer le champ dans les commentaires

Vincent est revenu sur le côté social, un point très important du nouveau Next. La communauté, malheureusement un peu délaissée ces derniers mois (sauf pour des appels aux dons), doit reprendre de l’importance dans les discussions liées aux articles et dans l’interaction avec les journalistes. Cela commence par les commentaires, où nous serons plus présents pour répondre à vos questions, échanger en direct, etc. Vous l’avez certainement remarqué, mais Ferd(i) (c’est la même personne, il a encore du boulot sur le pseudonymat…) n’hésite pas à vous répondre en direct. Les commentaires ne vont également plus fermer au bout d’une semaine, mais d’un mois pour commencer. Ils seront réservés à nos abonnés ainsi qu’aux anciens comptes de trois ans minimum. Les règles de modération seront les mêmes pour tout le monde. 

Le nouveau Next sera également une zone où le respect sera central et où nous n’hésiterons pas à modérer avec vigueur dans la zone grise. Fini la frappe chirurgicale, désormais toute l’équipe peut passer au Jéricho en cas de dépassement des limites (arbitraires) de la bienséance. Attendez-vous à des cartons jaunes et des bannissements en cas de récidives. L’idée est de réinstaurer un débat sain.

De grandes réflexions sont également en cours sur l’avenir du forum et du Discord, deux « ports d’attache » qui ne sont pas gérés par Next en direct, mais par des bénévoles (merci à eux).

Nouveaux formats, des boomers aux zoomers

Sur le contenu, le retour des piges va nous permettre de vous en proposer plus, sans sabrer sur la qualité. D’ailleurs, si de nouveaux pigistes ont envie de travailler avec nous, mon mail leur est ouvert.

Martin vous parlait des projets pour les semaines et mois à venir. Il est notamment question de grands dossiers sur des figures de la tech (des anciens barbus, aux jeunes influenceurs en passant par des hommes et des femmes de l’ombre), sur nos industries, nos centres de recherche, etc.

Pour être franc, parler de l’industrie, de la recherche et des figures de la tech n’est pas nouveau, nous avions déjà pris des contacts au cours des derniers mois/années. Mais il était difficile de se projeter dans la situation qui était la nôtre jusqu’en septembre.

De nouveaux formats aussi, avec des podcasts pour commencer. Mathilde a déjà planché sur toute une série d’entretiens… il n’y a plus qu’à ? Oui, mais c’est nouveau pour nous : laissez-nous le temps d’appréhender cette drôle de bête. Surtout pour le pauvre génération X dont je suis.

Les dossiers, les formats… cela pose la question de la ligne éditoriale. La réponse est rapide : rien ne bouge. Est-ce une bonne nouvelle ? Pas forcément pour tout le monde, mais pour le moment la réponse est claire et l’équipe de journalistes reste seule à décider. Nous en discutons depuis un moment et les échanges s’intensifient ces derniers jours.

Puisqu’on parle des actus, le principe d’un paywall pendant environ un mois reste en place, exactement comme avant, même si on ne s’interdit pas d’évoluer par la suite. 

Money, money, money

Les salaires vont enfin être « équitables et transparents* ». Imaginez maintenant devoir aller en bas de page pour trouver « * : En interne »… Désolé, déformation professionnelle d’une personne habituée à décrypter (oui, à ce niveau-là, on décrypte, on ne déchiffre pas) les FIS des opérateurs télécoms.

Cela ne veut pas dire que tout le monde est payé à l’identique, mais comme dans d’autres médias avec le même mode de fonctionnement, un journaliste avec xx années d’anciennetés sera au minimum à yyy euros (cette fois-ci, on se croirait dans une actu sur la finesse de gravure des puces NAND). Bien sûr, cela dépend aussi du poste occupé, des compétences, etc.

Bon, vous l’attendez, la question des tarifs arrive : 10 euros par mois (ou 100 euros par an), soit une augmentation de deux euros… mais pas tout de suite. En effet, jusqu'à 2024 au moins, et tant qu’on n’estimera pas que le travail réalisé mérite ce tarif, l'abonnement restera à 8 euros.

On supprime aussi toutes les promotions temporaires ou événementielles. Un seul tarif, unique, universel, identique pour tout le monde… ou presque. Les jeunes de moins de 25 ans et ceux dont le revenu annuel est inférieur à 20 000 euros nets bénéficient d’un tarif fortement réduit, à 25 euros par an.

Bien évidemment, les anciens abonnements longue durée (de 1 à 3 ans) souscrits avant le rachat restent valables, sans aucun changement.

Ces tarifs arrivent avec plusieurs promesses : aucune publicité, aucun lien affilié, aucun appel aux dons. Vous pouvez toujours faire un don (défiscalisable) pour nous soutenir, mais à nous de faire en sorte que le modèle soit pérenne. Ce n’est pas le cas aujourd’hui et pendant encore au moins quelques mois, mais moji est là pour nous soutenir.

Un tunnel d’abonnement simple et automatisé arrive en outre pour les professionnels.

« moji ❤️ Next »… Next n’aime personne (insérer rire diabolique)

moji nous fait grâce des frais d’hébergement, de comptabilité et de direction. Pour résumer, les dépenses se limitent quasiment aux salaires des journalistes. moji nous donne également accès à ses locaux (et même sa cantine, avec un excellent cuisinier), ses experts techniques et ses outils internes.

Et en contrepartie ? Une satisfaction personnelle pour Ferdinand et collective chez moji, de la notoriété pour moji qui est un opérateur fibre BtoB et un logo dans le footer du nouveau « Next ». Cela parait un peu fou (on a encore du mal à le réaliser), mais c’est une réalité. Oui, tout se paye, mais pas forcément en argent. 

Toute l’équipe de rédaction – Flock, Jean-Marc, Mathide, Martin et Vincent – s’associent à moi pour vous remercier encore une fois. La parole est maintenant à vous ;) On prévoit également de se lancer dans un AMA (Ask Me Anything), vous aurez donc peut-être l’occasion de revoir nos bouilles et d’entendre nos voix prochainement… reste à voir si c’est une bonne nouvelle !