Sentinel-1C, JUICE, Euclid, Ariane 6 : le programme de l’ESA pour 2023

Sentinel-1C, JUICE, Euclid, Ariane 6 : le programme de l’ESA pour 2023

En Europe on a des missions, mais on manque de fusées

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Sébastien Gavois

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Sciences et espace

05/12/2022 8 minutes
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Sentinel-1C, JUICE, Euclid, Ariane 6 : le programme de l’ESA pour 2023

Comme l’année dernière, l’Agence spatiale européenne propose un tour d’horizon des événements attendus pour l'année prochaine. Avant de se projeter dans l’avenir, commençons par jeter un œil dans le rétro sur les réussites et les ratés de 2022.

Il y a un an, l’ESA prévoyait une année 2022 « très chargée », et c’était peu de le dire. Tout ne s’est pas passé comme prévu ; l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février est venue changer la donne de plusieurs projets. Parmi les sanctions européennes, il y a un embargo sur les lanceurs russes ; l’Europe n’utilise donc plus la fusée Soyouz, avec d’importantes conséquences sur le calendrier des lancements.

Des missions prévues cette année ont été repoussées, certaines à une date non déterminée pour le moment.

Artemis I a décollé, la Data Release 3 de Gaia est en ligne

La première mission du programme Artemis devait décoller en février. Si elle est bien partie en 2022, c’était au mois de novembre. Les retards et couacs se sont enchainés toute l’année avec, entre autres, un problème lors de la mise à feu statique et des fuites lors du remplissage des réservoirs avant le lancement. Toujours est-il que la fusée SLS a parfaitement rempli sa mission – même s’il reste des inquiétudes sur l’état du site de lancement après le décollage –, comme la capsule habitable Orion et le module de service européen qui sont sur le chemin du retour.

Annoncée pour mai ou juin, la très attendue Data Release 3 du satellite Gaia a été mise en ligne dans les temps. Pour rappel, une première version EDR3 (Early Data Release 3) avait été mise en ligne en décembre 2020. Les données sont présentées comme un « trésor concernant la galaxie où nous vivons », avec des informations sur près de deux milliards d’étoiles qui la composent. 

Vega-C a fait son premier vol, ExoMars reste au garage

Prévu pour le deuxième trimestre 2022, Vega-C a enfin quitté le sol direction l’espace pour son vol inaugural en juillet. Le lanceur léger devait décoller en 2019, puis en 20202021 et enfin 2022. Nous reviendrons juste après sur le cas d’Ariane 6 qui n’a toujours pas décollé.

Vega-C

Empêtrée dans ses problèmes de parachutes, ExoMars 2018 2020 2022 202x devait – aux dernières nouvelles – quitter la Terre au troisième trimestre, à bord d’une fusée Soyouz. La guerre en Ukraine a eu raison de cette mission, du moins sous cette forme.

Josef Aschbacher, directeur général de l’ESA, expliquait cet été que le Conseil de l’Agence l’avait « chargé de mettre officiellement fin à la coopération actuellement suspendue avec Roscosmos sur la mission ExoMars, aussi bien le Rover que la plateforme ». ExoMars ne pourra pas décoller en 2023 quoi qu’il arrive, la fenêtre de tir ne s’ouvre que tous les deux ans lorsque les planètes sont dans un alignement favorable.

Terminons avec deux programmes qui se sont terminés dans les temps. Il y a évidemment le lancement et la mise en place du  télescope James Webb, dont les premiers résultats sont déjà là. Enfin, le processus de sélection de « la nouvelle classe d’astronautes » est terminé. 

Début 2023 : conférence sur l’avenir de l’Europe et JUICE

L’année 2023 débutera par la conférence de presse annuelle (le 23 janvier au siège de l’ESA à Paris) du directeur général de l’ESA, Josef Aschbacher. Il occupe ce poste depuis le 1er mars 2021. Les deux jours suivants seront le théâtre de la conférence spatiale européenne dont le thème est « Assurer l’avenir de l’Europe dans l’espace ». Un sujet qui revient souvent sur le tapis ces derniers mois, mais qui ne semble pas franchement avancer à vive allure pour autant. Les acteurs européens ont à plusieurs reprises expliqué l’importance de l’autonomie spatiale et les enjeux de sécurité, mais on ne voit toujours pas de « buy european act » pointer le bout de son nez. Il faut dire que la situation n’est pas propice avec l’arrêt d’Ariane 5 et le retard d’Ariane 6.

Au deuxième trimestre, la mission JUICE devrait prendre son envol à bord du dernier vol d’Ariane 5. Cette sonde « caractérisera les lunes glacées de Jupiter - Ganymède, Europe et Callisto - en tant qu’objets planétaires et habitats potentiels, explorera en profondeur l’environnement complexe de Jupiter et examinera le système jovien comme modèle pour les géantes gazeuses dans tout l’Univers ». 

JUICE Sonde Airbus

Sentinel-1C va prendre son envol, « retour » d’Aeolus 

En mai ou juin, ce sera au tour de « l’ambitieuse mission Sentinel-1 » dans le cadre du programme européen Copernicus. Il s’agit pour rappel d’observer la Terre et l’Union européenne. Copernicus « s’intéresse à notre planète et à son environnement pour le bénéfice de tous les citoyens européens. Il offre des services d’information basés sur l’observation de la Terre par satellite et les données in situ (non spatiales) », rappelle l’Europe.

Le satellite Sentinel-1C (troisième de ce programme, après les jumeaux Sentinel-1A et Sentinel-1B lancés en avril 2014 et avril 2016) sera installé à bord d’une fusée Vega-C. Il embarquera une technologie de radar avancée et fournira des images de jour et de nuit de la surface de la Terre.

Entre mai et septembre, la mission Aeolus arrivera en fin de vie en orbite et l’ESA « étudie actuellement les options pour son retour ». L’Agence spatiale européenne précise que « de plus amples détails seront confirmés au cours du premier trimestre 2023 ». Le satellite est en orbite depuis août 2018 et il a dû rehausser son altitude en 2019 pour éviter une collision avec un satellite Starlink de SpaceX. 

Euclid laisse tomber Soyouz pour Falcon 9

Entre juillet et septembre, ce sera au tour d’Euclid de prendre la direction des cieux, en retard sur le planning qui tablait sur 2022. Le satellite devait décoller à bord d’une fusée Soyouz, mais ce n’est plus possible et une alternative a dû être trouvée. Ariane 6 était pendant un temps évoquée, mais la fusée n’est toujours pas prête. C’est donc un lanceur Falcon 9 de SpaceX qui sera utilisé, comme l’a confirmé  Josef Aschbacher

Ariane 6 fin 2023 ? On espère bien…

Ariane 6 devrait enfin réaliser son vol inaugural au quatrième trimestre 2023… sauf nouveau retard. Ce lanceur « aura la flexibilité de lancer des charges utiles lourdes et légères sur une large gamme d’orbites pour des applications telles que l’observation de la Terre, les télécommunications, la météorologie, la science et la navigation ». Il doit permettre de réduire de manière importante les coûts des lancements afin que l’Europe regagne en compétitivité face aux acteurs du New Space, SpaceX en tête. 

Space Rider qui était pendant un temps attendu pour 2023 ne décollera finalement pas avant 2024. L’Europe doit aussi avancer sur son prototype de fusée réutilisable Themis dans les prochaines années, tout en développant son moteur réutilisable Prometheus.

Bien évidemment, l’ensemble des éléments dont il est question ici peuvent bouger dans les mois à venir, pour des raisons diverses et variées. L’Agence spatiale européenne propose un calendrier en ligne. Rappelons enfin que le Conseil de l’ESA vient d’adopter un budget de près de 17 milliards d’euros pour développer ses ambitions spatiales dans les années à venir. 

Ariane 6

Écrit par Sébastien Gavois

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Sommaire de l'article

Introduction

Artemis I a décollé, la Data Release 3 de Gaia est en ligne

Vega-C a fait son premier vol, ExoMars reste au garage

Début 2023 : conférence sur l’avenir de l’Europe et JUICE

Sentinel-1C va prendre son envol, « retour » d’Aeolus 

Euclid laisse tomber Soyouz pour Falcon 9

Ariane 6 fin 2023 ? On espère bien…

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Commentaires (2)


Ca donne l’impression que le programme de l’ESA pour l’an prochain se résume à “ce qui est en retard des années précédentes”. Ca me fait de la peine de se dire que les nouveaux programmes ont été quasiment tous reportés, ça va faire le jeu de la “concurrence” et l’ESA continuera d’être un associé aux programmes des autres.



Concernant ExoMars, j’avoue avoir un doute que ce soit prêt pour 2024 et qu’il faille attendre 2026 : c’est pas neutre de devoir changer de lanceur, à plus forte raison si c’est pour espérer décoller avec une Ariane 6…



Dernier point, j’espère que l’ESA a prévu de travailler sa com. Le lancement de la fusée Vega par exemple, je n’ai pas vu de communication le jour j alors que les comptes RS de l’ESA ont fait la promo d’opérations de la NASA le même jour.


Concernant Vega C, l’ESA et Arianespace doivent effectivement soigner leur communication et surtout promouvoir d’avantage ce petit lanceur.
C’est une des raisons des menaces de l’Italie de se passer d’Arianespace pour commercialiser les vols de Vega.