Après l'annonce de ses différents retards, Ariane 6 s'est enfin présentée dans son ensemble pour la première fois sur son pas de tir… mais son premier vol est encore décalé au dernier trimestre 2023.
Lors d'une conférence de presse associant Ariane Group, le CNES et l'ESA, le directeur de l'agence spatiale européenne, Josef Aschbacher, a annoncé un nouveau décalage du calendrier pour le lancement inaugural d'Ariane 6 : la date est, pour l'instant, reportée à la fin de l'année 2023. En tout, le projet aura subi, à ce stade, au moins 3 ans de retard.
Un revers pour l'Europe spatiale
Cette annonce est un nouveau revers pour l'Europe spatiale qui n'aura pas la capacité de lancer de satellite géostationnaire entre le dernier lancement prévu d'Ariane 5 en avril 2023 et le premier lancement d'Ariane 6… dont le vol inaugural n‘aura pas le droit à l’erreur, c’est peu de le dire.
Le PDG d'Arianespace, Stéphane Israël, a lui-même expliqué lors de cette conférence de presse que, pour ses clients qui ont signé des contrats pour le nouveau lanceur, les choix possibles se feraient entre Ariane 6 (et donc attendre patiemment que le celle-ci soit prête), Vega-C… ou utiliser un lanceur non-européen puisque la coopération avec Soyouz a été interrompue suite à l'envahissement de l'Ukraine par la Russie.
Mais la fusée italienne Vega-C n'est pas vraiment prévue pour atteindre l'orbite géostationnaire, et elle est plus petite. S'ils ne veulent pas subir le nouveau report d'Ariane 6, de nombreux clients vont donc devoir se reporter sur le lanceur Falcon 9 de SpaceX ou se tourner vers l'indien New Space India Ltd.
L'Europe prévoyait, elle, d'envoyer trois missions en 2023 en utilisant Ariane 6 : le satellite Euclide, deux satellites Galileo et un satellite d'observation de l'atmosphère terrestre EarthCARE. Ceux-ci ne pourront donc être lancés avant 2024. Coup dur pour Galileo qui prévoyait de lancer les derniers satellites de son « lot 3 » d’ici 2023, puis attaquer les satellites de seconde génération en 2024.
Quelques images malgré tout
Ceux déçus de ce nouveau report pourront se consoler un peu avec les quelques photos d'Ariane 6 sur son pas de tir. En effet, lundi dernier, le Centre spatial guyanais (CSG) diffusait sur son compte Facebook les premières photos du modèle d'essai d'Ariane 6 entièrement assemblée. Il est maintenant coiffé de son composite supérieur de 20 mètres de haut et 5,25 mètres de diamètre, portant l'ensemble à une taille de 62 mètres.
Cette partie haute est composée de deux demi-coiffes et d'un adaptateur structural accueillant une maquette de satellite pour que les équipes puissent effectuer les essais combinés en conditions réelles. Le lanceur est actuellement sur le pas de tir dans sa version 64, avec quatre boosters (il existe aussi une version 62 avec deux boosters).
Il est maintenant prêt pour les tests de raccordements électriques et de fluides avec le pas de tir, des logiciels de vol et du banc de contrôle ainsi qu’une mise à feu du moteur vulcain du premier étage sans décollage. Mais l’ensemble devra donc attendre encore un an avant de décoller… sauf nouveau retard. Les plans initiaux prévoyaient pour rappel un lancement en 2020.