Exposition aux ondes (DAS) : l’ANFR a vérifié 102 téléphones en 2022, 8 dépassaient les limites

Exposition aux ondes (DAS) : l’ANFR a vérifié 102 téléphones en 2022, 8 dépassaient les limites

En 5G, tout va bien

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Sébastien Gavois

Publié dans

Société numérique

21/09/2023 9 minutes
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Exposition aux ondes (DAS) : l’ANFR a vérifié 102 téléphones en 2022, 8 dépassaient les limites

Comme chaque d’année, l’Agence nationale des fréquences publie son bilan « des contrôles de surveillance du marché des téléphones mobiles ». 102 téléphones ont été contrôlés, huit étaient non conformes. Avant d’entrer dans le vif du sujet (avec les détails), quelques rappels importants pour la suite. 

L’ANFR n’établit pas les valeurs réglementaires (des explications sont disponibles par ici), son rôle est de vérifier les documents des constructeurs et, si elle l’estime nécessaire, procéder à des mesures de contrôle sur des appareils prélevés dans le commerce. C’était le cas de l’iPhone 12, avec le déferlement médiatique qui a suivi. Elle ne peut sanctionner un fabricant d’une amende administrative de 7 500 euros qu’en cas de récidive de l’infraction. La première mise en demeure est donc « gratuite ». 

Tête, tronc, membre et distance, vous avez les bases ?

En France, trois types de DAS sont soumis à des limites réglementaires avec des procédures pour mesurer le DAS, et peuvent donc faire l’objet de vérifications de la part de l’ANFR :

  • DAS tête : le téléphone est sur l’oreille, avec une conversation vocale lancée. La méthodologie de mesure est décrite dans la norme NF EN 50360. La valeur limite est de 2 W/kg.

  • DAS tronc :  le téléphone est porté près du tronc, par exemple dans une poche de veste ou dans un sac. C’est la norme NF EN 50566 qui établi le protocole de mesure. Jusqu’en avril 2016, elle pouvait se faire entre 0 et 25 mm de distance, à la libre appréciation du fabricant. Le changement est important puisque le DAS baisse rapidement lorsque la distance augmente. Depuis, elle est fixée à 5 mm, avec un maximum de 4 W/kg. 

  • DAS membre : le téléphone plaqué contre un membre, par exemple tenu à la main, porté dans un brassard ou dans une poche de pantalon. La distance de mesure est au contact, donc à 0 mm. C’est de nouveau la norme NF EN 50566 qui entre en jeu. La valeur limite est de 4 W/kg.

95 contrôles en 2020, 141 en 2021 et 102 en 2022

Pour la petite histoire, sachez que la France a demandé à l’Europe de passer au contact – c’est-à-dire à  0 mm – pour le DAS tronc, mais ce n’est pas encore acté officiellement, l’ANFR doit donc pour le moment rester sur 5 mm. Cette demande faisait suite à un rapport de l’ANSES de 2019 sur les « effets sanitaires éventuels liés aux valeurs élevées de DAS de téléphones mobiles portés près du corps ».

Le gouvernement publiait à l’époque (2019) quatre actions afin de « limiter l’exposition aux émissions de certains téléphones mobiles et mieux informer le public ». Il était notamment question pour l’ANFR d’augmenter la cadence de 30 % dès l’année suivante. Chose faite en 2020 avec 95 téléphones au lieu de 74 et le rythme s’est même accéléré en 2021 avec 141 contrôles. 

Et en 2022 ? une baisse de régime : « L’ANFR a contrôlé les débits d’absorption spécifiques (DAS) de 102 téléphones de 33 marques différentes ». On reste néanmoins largement au-dessus du niveau de 2019. Attention, des chiffres à prendre avec des pincettes puisque le bilan ne prend en compte que les dossiers clôturés, c’est-à-dire ceux pour lesquels tout va bien ou qu’une mise à jour a été déployée et validée par l’ANFR.

Voici les huit smartphones dépassant les limites. Tous ont eu droit à une mise à jour dont l’efficacité a été vérifiée par de nouvelles mesures de l’ANFR (enfin d’un laboratoire indépendant mandaté par l’Agence)… parfois en s’y reprenant à plusieurs reprises, jusqu’à trois fois pour Logicom.

Pas de prise de (DAS) tête 

Comme c’est le cas depuis plusieurs années, « toutes les mesures de DAS tête ont montré des niveaux conformes pour les téléphones testés ». Depuis presque dix ans, la médiane est proche de 0,4 W/kg. Elle est de 0,44 W/kg cette année, avec un maximum de 1,52 W/kg, largement en dessous donc des 2 W/kg. « Cette tendance peut s’expliquer principalement par les progrès réalisés dans la conception des antennes, par ainsi que l’intégration, lors de la conception des terminaux, de techniques plus efficaces de gestion de la puissance d’émission », précise l’Agence. 

ANFR DAS 2022

Trois smartphones ont dépassé le DAS tronc

Sur le DAS tronc, mesuré donc à une distance de 5 mm, la tendance est à la baisse depuis 2017. La médiane est ainsi passée de 1,23 W/kg à 0,97 W/kg en 2022. C’est légèrement plus qu’en 2021 où la médiane était de 0,89 W/kg. Pour rappel, les mesures avant 2016 ne sont pas comparables puisque les fabricants étaient libres de choisir une distance entre 0 et 25 mm. Or, comme déjà expliqué, le DAS baisse rapidement lorsque la distance augmente, c’est d’ailleurs pour cela qu’il est recommandé d’utiliser des écouteurs/oreillettes. 

L’ANFR a une explication sur ces faibles niveaux : « l’exploitation croissante des capteurs de proximité dans les téléphones, associés à des algorithmes permettant aux téléphones de mieux identifier le type d’utilisation (proches du corps ou de la tête, posés sur une table, etc.) conduisent à une optimisation de la gestion de la puissance du téléphone. Ces mécanismes influent sur la valeur maximale du DAS ».

Cela n’empêche pas trois téléphones sur la centaine testée de dépasser la limite de 2 W/kg, avec un maximum mesuré à 2,94 W/kg pour le Gigaset GX290. Le DAS est ensuite redescendu à 0,779 W/kg après le déploiement d’une mise à jour logicielle. Même chose pour les deux autres : une mise à jour et le niveau est repassé sous le seuil réglementaire. 

ANFR DAS 2022

Tournée de DAS membre (au contact) pour tout le monde

Depuis l’entrée en vigueur de l’arrêté du 15 novembre 2019 sur le DAS membre, l’ANFR « a systématisé le contrôle du DAS membre des téléphones. En 2022, l’ANFR a ainsi testé en DAS membre tous les téléphones contrôlés, soit 102 terminaux ». Il faut dire que la mesure se fait au contact, soit un peu le pire scénario possible… en attendant un possible passage au contact du DAS tronc, qui deviendra alors certainement la référence pour les mesures. 

Bilan des courses : « En 2022, sur les 102 téléphones testés, les valeurs mesurées varient entre 0,63 W/kg et 4,96 W/kg avec une valeur médiane de 2,13 W/kg. Six téléphones, soit environ 6 % des terminaux vérifiés, ont dépassé la limite de 4 W/kg ». La médiane est relativement stable sur les trois dernières années (entre 2,13 et 2,20 W/kg). 

ANFR DAS 2022

Quid de la 5G ? Circulez, il n’y a rien à voir

Depuis 2021, l’Agence s’intéresse aux smartphones 5G et plus particulièrement à la bande de 3,5 GHz (alias N78).« La part des téléphones 5G contrôlés en 2022 représente 46 % de l’ensemble, en légère hausse par rapport à 2021 (42 %) ».

Petite subtilité de la 5G NSA (Non-Standalone) telle qu’elle est actuellement déployée par l’ensemble des opérateurs en France : « contrairement aux réseaux 4G, 3G et 2G (où le téléphone n’utilise qu’une seule technologie à chaque instant), la 5G actuelle impose au téléphone d’utiliser simultanément la 4G et la 5G ». La suite se prépare déjà avec la 5G SA, puis les 5G Advanced, 5,5G, etc.

L’ANFR mesure donc le DAS combiné de la 5G (à 3,5 GHz) avec la 4G (en bande basse) sur l’ensemble des téléphones de son observatoire. « Comme l’antenne 4G émet en permanence (FDD) et l’antenne 5G par intermittence (TDD), le DAS maximal est principalement créé par l’antenne 4G », explique-t-elle. 

« Dans le cas particulier où les antennes 4G et 5G sont implantées au même endroit dans le terminal, le DAS maximal est supérieur en mode 5G par rapport au mode 4G seul », mais l’augmentation reste faible puisque le téléphone « n’émet pas plus de 20 % du temps en TDD dans la bande 3,5 GHz ».

Quarante-sept téléphones 5G ont ainsi été testés. Le DAS membre maximal était dans 68 % des cas avec de la 5G en marche., tandis que l’on passe à 62 % avec le DAS tronc, mais ces résultats doivent être relativisés : « La contribution de la seule 5G sur le DAS membre varie entre 1 % et 63,9 % avec une valeur médiane de 7,2 %. Pour le DAS tronc, la contribution de la seule 5G varie entre 0,1 % et 44,5 % avec une valeur médiane de 1,9 % ». 

Dans le cas du DAS membre, c'est largement plus qu’en 2021 où l’augmentation médiane n’était que de 2,6 %. C’est aussi en hausse sur le DAS tronc puisque la médiane était à 1 % en 2021. Dans tous les cas, la hausse de la 5G n’est que de quelques pourcents donc dans la majorité des cas. 

De manière générale d’ailleurs, L’ANFR n’a rien à redire sur la 5G : « En 2022, un seul téléphone a dépassé la limite de DAS pour la 5G. Le dépassement a été en réalité constaté sur les bandes de fréquences 4G, pour le DAS tronc. La contribution de la 5G sur la valeur de DAS tronc maximale pour ce téléphone était en effet de 0,1 %, proportion trop faible pour être la cause du dépassement ». Bref, le téléphone compatible avec la 5G a dépassé les limites réglementaires, mais c’était à cause de la 4G.

Écrit par Sébastien Gavois

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Sommaire de l'article

Introduction

Tête, tronc, membre et distance, vous avez les bases ?

95 contrôles en 2020, 141 en 2021 et 102 en 2022

Pas de prise de (DAS) tête 

Trois smartphones ont dépassé le DAS tronc

Tournée de DAS membre (au contact) pour tout le monde

Quid de la 5G ? Circulez, il n’y a rien à voir

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Commentaires (2)


La 5G NSA ne fonctionne pas sans 4G, et Stéphane Richard parlait de «vraie» 5G pour les fréquences de 3,5Ghz et au-delà d’Orange.


Au temps pour moi et mes excuses à Stéphane Richard, il semble que ce soit une expression du directeur général de SFR Telecom qui parlait précisément de «fausse 5G».




Le PDG d’Orange reprend des arguments déjà avancés par Altice/SFR : « Pour nous la 5G, c’est celle qui utilise la bande de fréquences de 3,5 GHz. Le reste, ce n’est pas de la 5G, même si cela peut porter son nom. C’est de la 4G améliorée ». Le patron d’Orange se garde bien de parler de « fausse 5G », contrairement à Gregory Rabuel (directeur général de SFR Telecom) qui n’avait pas hésité à employer ce terme.




https://www.nextinpact.com/article/45826/prix-degroupage-et-5g-free-mobile-stephane-richard-a-attaque