Oreillettes filaires, « Air-Tube » et Bluetooth : quelle exposition aux ondes ?

Des ondes, sans ondes
Mobilité 7 min
Oreillettes filaires, « Air-Tube » et Bluetooth : quelle exposition aux ondes ?
Crédits : triloks/iStock

Pendant des années, les recommandations officielles étaient d’utiliser des écouteurs pour réduire son exposition aux ondes, mais est-ce vraiment utile ? Si oui dans quelle mesure ? L’ANFR apporte des réponses, avec en plus un avis sur les écouteurs filaires « Air-Tube ».

En préambule, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) rappelle que « les kits oreillettes permettent de réduire le niveau d’exposition du corps humain, et plus particulièrement de la tête, aux champs électromagnétiques induits par l’usage des téléphones ». Elle se propose d’apporter une précision importante et qui manquait cruellement : dans quelle proportion.

Six kits ont été testés : deux filaires – dont un Air-Tube, nous y reviendrons – et quatre Bluetooth. Rappel important : selon la norme EN 50663:2017, les kits sans fil, « parce qu’ils émettent à une puissance inférieure à 20 mW, sont exemptés de l’évaluation du niveau de DAS », contrairement aux smartphones par exemple. Un des buts de cette étude est donc de « mieux situer l’ordre de grandeur de leur exposition, notamment en comparaison avec le DAS produit par le terminal ».

Fidèle à son habitude, l’ANFR réalise des tests en mode « pire cas », c’est-à-dire quand les niveaux de puissance des dispositifs sont réglés au maximum durant toute la durée des mesures. Ainsi, le « téléphone émet à puissance maximale en mode voix sur les bandes GSM et WCDMA. En LTE [4G, ndlr], le téléphone émet à puissance maximale en mode donnée ».

ANFR DAS oreillettes

Sans plus attendre la conclusion (sans surprise) : « Cette étude confirme que l’utilisation des kits oreillettes, qu’ils soient filaires ou sans fil, permet de réduire le niveau d’exposition maximale aux ondes par rapport à un usage direct du téléphone contre l’oreille ». Passons maintenant au détail des chiffres.

Avec des écouteurs, beaucoup moins d’expositions aux ondes

Les six kits sont testés sur trois « fantômes ». Il s’agit d’instruments simulant la tête et le corps humain : « ils contiennent des capteurs immergés dans du liquide qui simule les propriétés diélectriques du corps humain sur la plage de fréquence de 600 MHz à 6 GHz ». Ils permettent de réaliser des mesures sur deux côtés de la tête, ainsi que sur le tronc ou les membres. On peut alors en déduire le DAS des kits oreillettes. Tous les détails techniques et le protocole sont expliqués dans ce document.

Près d’un millier de mesures de DAS ont été effectuées, et le résultat est sans appel. La première série de mesures (cf. les tableaux ci-dessous) correspond aux valeurs maximales obtenues par chaque kit, puis à la moyenne de ces extrêmes. Il s’agit là encore d’appliquer la politique du « pire cas ».

ANFR DAS oreillettesANFR DAS oreillettes

La moyenne des maximums des DAS tête de l’ensemble des oreillettes est de 0,063 W/Kg, avec un maximum à 0,155 W/Kg et un minimum à 0,030 W/kg. Le maximum réglementaire est de 2 W/kg. À titre de comparaison, la moyenne est de 0,624 W/kg pour l’ensemble des smartphones testés par l’Agence. Le téléphone avec le DAS le plus faible est de 0,071 W/kg (Emporia Tell Me F210, modèle à clapet), puis on passe à plus de 0,130 W/kg avec le second.  Toutes ces données sont disponibles en open data par ici.

Les résultats sont du même acabit avec le DAS membre : la moyenne est de 0,184 W/kg pour les kits oreillettes (0,105 W/kg au minimum et 0,291 W/kg au maximum), contre 2,300 W/kg pour les smartphones. Aucun des téléphones passés entre les mains de l’ANFR n’affiche un DAS membre inférieur à 1 W/kg. Le maximum légal est de 4 W/kg sur ce genre de mesures.

Bref, « cette étude montre qu’en utilisant les kits oreillettes, l’exposition au DAS est en moyenne 9 fois plus faible à la tête (moyenne DAS tête des mobiles : 0,624 W/kg) et 12 fois plus faible aux membres (moyenne DAS membres des mobiles : 2,3 W/kg) par rapport aux valeurs de DAS des terminaux mobiles contrôlés par l’ANFR ».

L’ANFR propose également une analyse sur l’ensemble des mesures de DAS (pas uniquement sur les maximums de chaque kit). Cette fois-ci la moyenne est de 0,014, avec 0,007 W/kg pour la tête et 0,029 W/kg pour les membres. Une analyse plus fine des mesures permet de remarquer que dans 99 % des cas, le DAS des kits oreillettes est environ 20 fois inférieur à la limite réglementaire.

ANFR DAS oreillettes

Le DAS des kits filaires plus faible qu’en Bluetooth

Sans grande surprise, l’Agence note que « le DAS des kits filaires est plus faible que le DAS des kits sans fil ». Un point important tout de même : « l’exposition du kit filaire a été évaluée alors que le téléphone était à pleine puissance [« pire cas », ndlr], ce qui ne correspond pas à l’usage courant, l’exposition typique du kit filaire est sans doute encore plus favorable au quotidien ».

De plus, « le DAS des kits filaires reste intrinsèquement lié au couplage induit avec les éléments rayonnants du téléphone auquel il est relié, ce qui explique les différences de niveaux de DAS observés dans la figure 15 où les kits filaires sont mesurés avec deux téléphones différents. Les kits sans fil produisent quant à eux un DAS en rapport avec le niveau de puissance émis en technologie Bluetooth, indépendamment des téléphones utilisés ».

ANFR DAS oreillettes

Les kits Air-Tube sont-ils plus efficaces ? Ça dépend…

Revenons maintenant quelques instants sur le cas du kit Air-Tube, parfois présenté comme « anti-onde » par certains. On en trouve plusieurs modèles chez les revendeurs et sur les marketplaces. Le principe et la promesse sont toujours les mêmes : « Le son est transmis à travers un tube à air filaire sans rayonnement électromagnétique ». Dans la pratique, est-ce efficace ?

Ça dépend, selon l’analyse de l’ANFR : « Le DAS du kit Air-Tube est plus faible que le DAS du kit filaire à condition que le câble reliant le convertisseur au micro ne soit pas collé à la joue ».

Deux scénarios ont été pris en considération. Dans le premier, l’écouteur est porté à l’oreille droite avec le passage du tube derrière l’oreille et le maintien du micro dans la main. Dans le second, le tube passe devant l’oreille et le reste ne change pas. Deux images pour illustrer le propos :

ANFR DAS oreillettes

Voici les maximums des DAS obtenus dans les deux cas de figure, avec un kit filaire basique pour référence : 

  • Kit filaire : 0,034 W/kg en DAS tête et 0,131 W/kg en DAS membres
    Air-Tube (derrière l’oreille) : 0,069 W/kg en DAS tête et 0,105 W/kg en DAS membres
    Air-Tube (devant l’oreille) : 0,030 W/kg en DAS tête et 0,105 W/kg en DAS membres

Si l’on passe le câble derrière l’oreille, le DAS tête est plus élevé qu’avec un kit filaire classique, tandis que dans le cas contraire la même est très légèrement inférieure.

Les écouteurs ne sont plus une obligation, mais une option

Pour rappel, la France exigeait jusqu’à encore récemment que les smartphones soient vendus avec « un accessoire permettant de limiter l'exposition de la tête aux émissions radioélectriques lors des communications », des écouteurs en l’occurrence.

Mais cette disposition a été réécrite fin 2021. Désormais, les professionnels doivent s’assurer de « la disponibilité d'écouteurs compatibles avec le modèle de terminal pendant sa période de commercialisation ». On est ainsi passé d’une obligation à une option.

La justification était la suivante : « Si certaines publications évoquent néanmoins une possible augmentation du risque de tumeur cérébrale, sur le long terme, pour les utilisateurs intensifs de téléphones portables, l'Anses ne recommande le recours au kit mains libres que pour les adultes utilisateurs intensifs ».

Avant, les recommandations officielles étaient d’utiliser « un kit mains libres ou le mode haut-parleur lorsque vous téléphonez […] Quelques centimètres d’éloignement permettent une diminution substantielle de l’exposition aux radiofréquences […] Oreillette filaire ou oreillette Bluetooth divisent ainsi l’exposition de la tête d’un facteur 10 à 500 suivant le modèle utilisé », pouvait-on lire sur le Portail interministériel d’information sur les radiofréquences.

L’ANFR est plus mesurée dans son analyse : l’utilisation d’oreillettes « permet de réduire l’exposition maximale d’un facteur d’environ 10 par rapport à l’usage direct du téléphone contre l’oreille ». Dans tous les cas, la baisse est bien là, et loin d’être négligeable.

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