La Tribune révèle les discussions houleuses entre le spécialiste français du satellite et l'opérateur historique, qui commercialise ses offres via Nordnet. Les négociations patinent depuis plusieurs mois, sans grand espoir de déblocage rapide, selon le quotidien économique. Une réunion du 14 février, censée faire avancer le dossier, se serait soldée par un échec. La Saint-Valentin ne réussit pas à tous.
Le désaccord serait financier. La première requête d'Eutelsat à Orange, de 1,2 milliard d'euros, aurait trouvé porte close. Le montant serait passé à 400 millions sur huit ans, soit 50 millions d'euros par an... pour 200 000 foyers connectables. Le groupe télécom verrait en fait un potentiel de 40 000 « lignes », n'étant pas prêt à dépenser plus de 40 millions d'euros au total. Soit dix fois moins que ce que réclamerait Eutelsat.
Orange ne voudrait pas porter le risque commercial du futur lot de satellites, qui serait considéré comme un désastre pour la filière, selon La Tribune. La société ne percevrait pas l'intérêt à long terme de ces satellites, face à la 4G fixe et à la future 5G, attendue pour 2020. L'accord sur la couverture mobile, signé à la mi-janvier, engage les opérateurs à proposer des offres de 4G fixe. Si elle ne pourra pas couvrir les coins les plus reculés, lieux réservés au satellite, la technologie pourrait fortement limiter l'emprise des solutions d'Eutelsat.
L'opérateur de satellites semble lui-même avoir les yeux plus gros que le ventre. Il vantait ainsi la « fibre » par satellite avec des connexions de 30 Mb/s à 100 Mb/s, à partir de satellites ViaSat-3 qui n'arriveront que dans deux ans... soit bien tard à l'échelle du plan France THD, qui promet le très haut débit pour tous en 2022.
Surtout, il n'est pas dit que le satellite sera une solution à long terme pour des dizaines de milliers de foyers, en soi une niche à l'échelle des dizaines de millions de lignes du plan.