Un tribunal britannique « a officiellement ordonné l'extradition du fondateur de WikiLeaks vers les États-Unis », note le New York Times, « mais il doit encore obtenir l'approbation d'un ministre du cabinet britannique ». « En termes simples, je suis tenu d’envoyer votre affaire à la secrétaire d’Etat pour décision », a résumé le juge Paul Goldspring lors d’une audience de 7 minutes à laquelle Julian Assange assistait en visioconférence, précise le Guardian.
Julian Assange peut cela dit faire appel auprès de la ministre de l'Intérieur, Priti Patel, ainsi que « devant la Haute Cour anglaise après qu'elle ait rendu sa décision ». Un représentant du ministère de l'Intérieur a précisé que Mme Patel « serait tenue de prendre une décision dans les deux mois suivant l'envoi du dossier », qui vient de lui être envoyé.
D'après le ministère de l'Intérieur, Mme Patel ne pourrait bloquer les demandes que pour « un ensemble très limité de raisons. Deux concernent des personnes précédemment extradées ou transférées d'ailleurs vers la Grande-Bretagne. Les autres lui permettraient d'éviter d'extrader des personnes qui pourraient encourir la peine de mort, ou qui pourraient être renvoyées dans un autre pays ou inculpées d'autres délits non annoncés auparavant » :
« Si aucune de ces questions ne justifiait l'argument de rejeter la demande, Mme Patel serait obligée d'ordonner l'extradition, a déclaré le ministère de l'Intérieur. »
Le périple judiciaire de Julian Assange est cela dit « loin d'être terminé », d'après Libé, « d'autant que l’équipe de défense de l’Australien compte bien saisir, tôt ou tard, la Cour européenne des droits de l’homme ». « Il existe de vraies questions de droit qui nous permettent d’espérer que la CEDH s’oppose à cette extradition », explique à Libération l’avocat français d’Assange, Antoine Vey.
« Si le ministre britannique de l'Intérieur certifie la demande américaine d'extradition de Julian Assange, cela violera l'interdiction de la torture et créera un précédent alarmant pour les éditeurs et les journalistes du monde entier », estime Amnesty International. « Les quatre prochaines semaines s'avéreront cruciales dans la lutte pour bloquer l'extradition et obtenir la libération de Julian Assange », relève RSF, qui vient de lancer une pétition pour s'opposer à l'extradition du lanceur d'alertes. « Jusqu'où avons-nous sombré en poursuivant des personnes qui dénoncent des crimes de guerre, et sans poursuivre nos propres criminels de guerre », déplore l'ancien rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture Nils Melzer :
« En ce jour, rappelons-nous que la "banalité du mal" se manifeste chaque fois que des fonctionnaires, simplement en se mettant la tête dans le sable et en "faisant simplement leur travail", permettent la déshumanisation de la torture et de la persécution. En ce jour, regardons-nous dans le miroir et demandons-nous : jusqu'où sommes-nous descendus ? »