La journaliste Ariane Lavrilleux est sortie de garde à vue le soir du mercredi 20 septembre après près de 40 heures de garde à vue alors que la DGSI enquête sur ses articles publiés fin 2021 à propos d'une opération de l'armée française pour le compte de l'Égypte. La journaliste a publié un tweet annonçant « je suis libre, merci bp pour votre soutien! ». Son appartement a aussi été perquisitionné, avait expliqué en début de semaine le média Disclose qui a publié l'enquête.
Selon le média, les cinq articles concernés sont ceux sur l’Opération Sirli en Égypte, la vente de 30 avions Rafale à l’Égypte, les armes livrées à la Russie jusqu’en 2020, la vente de 150 000 obus à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis (EAU) et le transfert d’armes illicite des EAU vers la Libye.
Le ministère des Armées avait porté plainte pour « violation du secret de la défense nationale », une enquête préliminaire a été ouverte en novembre 2021 et une juge d'instruction a été désignée en 2022, selon Disclose. Pour Mathias Destal, rédacteur en chef du média, « Ariane Lavrilleux a réalisé des enquêtes d’intérêt public sur les angles morts de la démocratie : des crimes commis par des dictatures, contre des civils, et avec des armes françaises ».
Plus d'une quarantaine de sociétés de journalistes ont réagi dans une tribune jeudi 21 septembre, qualifiant cette arrestation d'« attaque sans précédent contre la protection du secret des sources ».
« Tous les jours, dans chacune de nos rédactions, et dans la diversité de nos lignes éditoriales, notre travail consiste précisément à publier des informations qui reposent sur des documents confidentiels couverts par toutes sortes de secrets, y compris du “secret-défense” lorsque les sujets portent sur l’armée et le secteur de la défense. Nous le faisons en responsabilité, en mesurant la sensibilité de la matière que nous recueillons, sans sensationnalisme et en respectant les règles déontologiques qui régissent notre profession, dans le seul souci d’informer le public sur des sujets d’intérêt général. Sans garantie pour la protection de nos sources, c’est l’exercice même de notre métier qui est mis en péril », explique la tribune.