État de l’Union : enquête sur les voitures électriques chinoises, matériaux critiques, supercalculateurs…

Quoicoubeh !

État de l’Union : enquête sur les voitures électriques chinoises, matériaux critiques, supercalculateurs…

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Pour son quatrième et dernier discours de son mandat, Ursula von der Leyen fait le bilan des actions passées, détaille les chantiers en cours et les projets à mener dans un futur plus ou moins proche. Des voitures électriques à l’intelligence artificielle en passant par les supercalculateurs et les matériaux critiques, les sujets sont nombreux. 

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a prononcé cette semaine son quatrième discours annuel sur l’état de l’Union… en annonçant la couleur dès le début : « Dans un peu moins de 300 jours, les Européens se rendront aux urnes ». Le ton est posé, il va donc être question de faire un bilan et de préparer les élections, au milieu d’autres annonces fort heureusement.

L’année prochaine, en juin, ces élections européennes viendront bouleverser le paysage actuel. Ursula von der Leyen ne devrait pas se représenter en Allemagne pour un siège au Parlement européen, selon Politico, « mais pourrait néanmoins devenir la principale candidate du centre-droit pour un second mandat en tant que présidente de la Commission européenne ».

Le discours enchaine sur les grandes lignes à venir : une « union géopolitique – qui soutient l'Ukraine, qui s'oppose à l'agression russe, qui réagit à l'assertivité de la Chine et qui investit dans des partenariats », un pacte vert « dont l'ambition est sans pareil », la transition numérique, les droits en ligne dont nous sommes les « pionniers mondiaux », les 800 milliards d'euros de NextGenerationEU (dont plus de 20 % pour des projets numériques), etc.

« Nous avons traduit en action plus de 90 % des orientations politiques que j'avais présentées en 2019 », se réjouit la présidente. Elle ne précise par contre pas le bilan des actions (ont-elles porté leurs fruits ?) ni leur avancement (combien ont été jusqu’au bout du processus ?).

Oui à la concurrence… mais sans « comportements prédateurs »

Sur les énergies, von der Leyen affirme que, aujourd’hui, l’Europe attire « davantage d'investissements dans l'hydrogène propre que les États-Unis et la Chine réunis ». Le vieux continent reste par contre très fortement dépendant aux tiers pour ce qui concerne les panneaux solaires, les batteries, le gaz et le pétrole. « De l'éolien à l'acier, des batteries aux véhicules électriques, notre ambition est très claire : l'avenir de notre industrie des technologies propres doit se construire en Europe », affirme la présidente. 

Il est aussi question de l’industrie et des entreprises technologiques qui « aiment la concurrence », mais celle-ci ne serait pas équitable. Explications : « Trop souvent, nos entreprises se trouvent exclues de marchés étrangers ou sont victimes de comportements prédateurs. Elles sont souvent battues sur le terrain des prix par des concurrents bénéficiant d'énormes subventions publiques ». Nous avons déjà parlé à plusieurs reprises du cas de SpaceX, mais le sujet est bien plus vaste pour la présidente. 

Une « enquête antisubventions » sur les voitures électriques

von der Leyen indique que « notre industrie solaire avait pâti des pratiques commerciales déloyales de la Chine », avec des concurrents fortement subventionnés pour écraser la concurrence et rafler le marché. Elle enchaine avec le marché des voitures électriques qui ferait face aux mêmes travers et annonce l’ouverture d’ une « enquête antisubventions sur les véhicules électriques en provenance de Chine. L'Europe est ouverte à la concurrence. Pas à un nivellement par le bas ». Elle ajoute dans le même temps « maintenir nos lignes de communication ouvertes et de poursuivre notre dialogue avec la Chine ». En France, le nouveau bonus écologique (à partir du 1er janvier 2024) à l’achat d’une voiture électrique pénalisera les modèles chinois pour rappel.

À Euractiv, un fonctionnaire de l’UE explique que les fabricants chinois « augmentent rapidement leur part de marché […] Après avoir atteint 8 % du marché européen des véhicules électriques en 2022, le fonctionnaire européen s’attend à ce que les marques chinoises atteignent une part de marché de 15 % d’ici 2025 ». Il ajoute que les subventions chinoises permettraient aux marques « de proposer leurs voitures électriques à un prix inférieur de 20 % à celui des marques européennes ».

Selon Reuters, cette enquête a été initiée par la Commission elle-même. Elle « aura jusqu’à 13 mois pour évaluer s’il convient d’imposer des droits de douane supérieurs au taux standard de 10 % de l’Union européenne », ajoutent nos confrères. Sans surprise, la Chine affirme que son avantage n’est pas dû aux subventions et se dit préoccupée par cette enquête. 

Alors que revoilà les matériaux critiques

Le numéro d’équilibriste continue avec les restrictions à l'exportation sur le gallium et le germanium mis en place par la Chine. Ce sont des matériaux critiques indispensables pour les semi-conducteurs et les panneaux solaires. Comme nous l’avons déjà expliqué, l’approvisionnement des matériaux critiques et stratégiques est un vrai enjeu de compétitivité et de souveraineté pour de nombreux pays car les ressources sont parfois très localisées, dans des pays aux conditions de travail déplorables pour certains.

von der Leyen annonce ainsi que « la première réunion de notre nouveau Club des matières premières critiques » arrivera plus tard dans l’année. Il avait déjà été annoncé il y a quelques mois, à l’occasion du Critical Raw Materials Act. Ce club est ouvert « à tous les pays partageant les mêmes valeurs et désireux d'améliorer les chaînes d'approvisionnement mondiales ». Par sûr que la Chine soit de la partie. 

Elle en profite pour lister les accords de libre-échange déjà signés avec « le Chili, la Nouvelle-Zélande et le Kenya. Nous devrions nous efforcer de conclure des accords avec l'Australie, le Mexique et le Mercosur [communauté économique qui regroupe plusieurs pays de l'Amérique du Sud, ndlr] d'ici la fin de l'année. Et peu après, avec l'Inde et l'Indonésie ».

cartes matériaux Crédits : CEA

Entreprises : plus de financement, moins de démarches

Il est ensuite question de « faciliter l'activité des entreprises européennes »… qui croulent parfois sous les démarches administratives. En octobre, seront présentées les « premières propositions législatives visant à réduire les obligations de déclaration au niveau européen de 25 % ». La présidente reconnait que « la tâche ne sera pas facile ».

Elle revient ensuite sur la plateforme Technologies stratégiques pour l'Europe (STEP… by Step ?) qui promet « un déploiement rapide de soutiens financiers au bénéfice des investissements des entreprises ». La cible est large : « de la microélectronique à l'informatique quantique et à l'IA. De la biotechnologie à la technologie propre » (sic). Une foire aux questions sur STEP a été mise en ligne par la Commission.

Afin d’avoir une vision globale de la situation, la présidente a demandé à Mario Draghi (économiste et homme politique italien) d’établir « un rapport sur l'avenir de la compétitivité européenne ». L'Europe fera tout pour conserver son avantage concurrentiel, « quoi qu'il en coûte », ajoute-t-elle… reprenant le « slogan » de Mario Draghi en 2012 pour sauver l'euro et réutilisé par Emmanuel Macron pendant la pandémie de Covid. 

DSA et DMA à l’honneur

Passons maintenant au numérique à proprement parler, l’occasion pour la présidente de dresser un triste constat et de mettre en avant les avancées de l’Europe. Internet a «  fait surgir de graves problèmes. La désinformation, la diffusion de contenus préjudiciables, les risques pour la confidentialité de nos données. Il en a résulté une violation de certains droits fondamentaux des personnes et une perte de confiance ».

« Pour y remédier, l'Europe est devenue la pionnière mondiale de la défense des droits des citoyens dans le monde numérique ». Comment ? Grâce aux règlement sur les services numériques (DSA) et règlement sur les marchés numériques (DMA). Nous avons déjà consacré plusieurs dossiers à ces sujets. 

IA en trois actes : garde-fous, gouvernance et innovation

La présidente s’inquiète de l’intelligence artificielle. D’un côté, elle « améliorera les soins de santé, stimulera la productivité et remédiera au changement climatique » – précision importante : il est utopique de penser que l’on ne peut compter que sur l’IA pour régler le changement climatique… – mais d’un autre côté « nous ne devrions pas sous-estimer les menaces très réelles qu'elle crée », ajoute-t-elle. 

L’occasion de revenir sur l’IA Act, qui traine en longueur. Le projet de la Commission européenne a été présentée pour la première fois en avril 2021 (un groupe d’experts avait commencé à travailler sur le sujet dès 2018), avec l’espoir – finalement vain – de boucler le texte fin 2022 ou début 2023. 

Le 14 juin 2023, les députés européens ont (enfin) adopté leur position de négociation sur ce projet, ouvrant la voie à des pourparlers avec les pays de l'UE au sein du Conseil afin que tout le monde trouve un terrain d’entente sur la forme finale de la loi, explique le Parlement européen. Lors de son discours sur l’État de l’Union, la présidente demande à « adopter les règles dès que possible et passer à leur mise en œuvre ».

Le calendrier actuel prévoit une adoption à la fin de cette année. Ce ne sera pas l’aboutissement du projet, mais au contraire le début d’un autre long parcours législatif. Chaque État devra en effet préparer sa propre loi, qui empruntera alors le chemin législatif du pays. Il faudra donc encore être patient et il se pourrait que cette réglementation ne soit appliquée qu’à partir de… 2026.

Sur la gouvernance de l’IA, la Commission annonce jeter « aujourd'hui les bases d'un système » unique en Europe, sans plus de détails. Elle précise simplement qu’elle verrait bien un organe similaire au GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, qui s’occupe du climat) pour l’intelligence artificielle. Cet organisme devrait plus particulièrement se pencher sur « ses risques et ses avantages pour l'humanité ». Un vaste sujet déjà débattu maintes et maintes fois. 

Les supercalculateurs, l’accès pour les jeunes pousses

von der Leyen affirme sans sourciller que « l'Europe est désormais à la pointe en matière de supercalcul, avec 3 des 5 supercalculateurs les plus puissants du monde ». Dans le classement Top500, l’Asie dispose de 192 supercalculateurs (134 rien que pour la Chine), l’Amérique du Nord 160 (150 pour les États-Unis) et l’Europe 133 (24 pour la France). En puissance de calcul totale, l’Amérique du Nord atteint 2,4 exaflop (dont 1,19 exaflop pour le seul supercalculateur Frontier), puis la Chine et l’Europe sont au coude à coude aux alentours de 1,3 exaflop. 

L’Europe est en train de préparer deux machines exaflopiques : JUPITER en Allemagne et Jules Verne en France. Les autres pays ne restent évidemment pas les bras croisés. Aux États-Unis, la construction d’El Capitan du LLNL a débuté cet été, avec 2 exaflops en ligne de mire.  

Quoi qu’il en soit, la présidente de la Commission annonce « une nouvelle initiative destinée à ouvrir nos ordinateurs à haute performance aux jeunes entreprises d'IA, pour qu'elles puissent entraîner leur modèle ».

Conclusion et élection en ligne de mire 

Dans sa conclusion, Ursula von der Leyen rappelle les enjeux que nous venons d’évoquer : faire de l’Europe « un continent réconcilié avec la nature et ouvrant la voie aux nouvelles technologies ».

L’année prochaine, en juin, des élections européennes viendront bouleverser le paysage actuel. Ursula von der Leyen pourrait se présenter à sa succession même si elle ne se représente pas pour un siège au Parlement européen,  selon Politico tout en ne  En 2019, elle avait été élue de « justesse » avec 383 voix (9 de plus que la majorité absolue nécessaire). Les cartes de la géopolitique ont bien été rebattues depuis.

Petit rappel du processus : « Après les élections, l’une des premières missions d’un nouveau Parlement est d’élire un nouveau Président de la Commission européenne (l’organe exécutif de l’Union). Les États membres désignent un candidat au poste, mais leur choix doit tenir compte des résultats des élections européennes. Le Parlement doit par ailleurs approuver le nouveau Président de la Commission à la majorité absolue (la moitié des députés en fonction, plus un). Si le candidat n’obtient pas la majorité requise, les États membres sont tenus de proposer un autre candidat dans un délai d’un mois (le Conseil européen statuant à la majorité qualifiée) ».

Commentaires (17)


On aurait pû faire le même commentaire avant la révolution ou en 68. Ce sera peut-être en effet sa particularité voire sa force. Qui vivra verra…



« un continent réconcilié avec la nature et ouvrant la voie aux nouvelles technologies »




Toi aussi, comme Ursula, réconcilie-toi avec la nature: lèche un crapaud hallucinogène.


On est d’accord que quoi qu’elle ait pu dire, elle aurait toujours eu tort ?



Je vous mache le travail: comme cela vous n’aurez pas à écrire de commentaire la prochaine fois.


carbier

On est d’accord que quoi qu’elle ait pu dire, elle aurait toujours eu tort ?



Je vous mache le travail: comme cela vous n’aurez pas à écrire de commentaire la prochaine fois.


Le problème n’est pas tant de dire des choses, mais les actions réelles derrière qui peuvent amener à ces paroles…



En l’occurrence, si on regarde les actes et les résultats, dire qu’on est “un continent réconcilié avec la nature”, c’est juste de la méthode Coué complètement décomplexée…




  • On est pas un continent mais une union…

  • On est pas réconciliés avec la nature, la commission n’est pas réconciliée avec la nature et UVDL n’est pas réconciliée avec la nature…




https://www.lemonde.fr/international/article/2023/08/28/le-choix-du-neerlandais-wopke-hoekstra-comme-commissaire-europeen-provoque-des-remous_6186799_3210.html



https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/son-poney-tue-par-un-loup-ursula-von-der-leyen-veut-des-mesures-contre-le-reel-danger-des-meutes-en-europe-2834315.html



https://www.lecho.be/economie-politique/europe/general/un-rapport-sur-le-glyphosate-ouvre-la-voie-au-renouvellement-de-son-autorisation-dans-l-ue/10479190.html



https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/07/05/la-commission-europeenne-veut-dereguler-les-nouveaux-ogm_6180664_3244.html


ragoutoutou

Le problème n’est pas tant de dire des choses, mais les actions réelles derrière qui peuvent amener à ces paroles…



En l’occurrence, si on regarde les actes et les résultats, dire qu’on est “un continent réconcilié avec la nature”, c’est juste de la méthode Coué complètement décomplexée…




  • On est pas un continent mais une union…

  • On est pas réconciliés avec la nature, la commission n’est pas réconciliée avec la nature et UVDL n’est pas réconciliée avec la nature…




https://www.lemonde.fr/international/article/2023/08/28/le-choix-du-neerlandais-wopke-hoekstra-comme-commissaire-europeen-provoque-des-remous_6186799_3210.html



https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/son-poney-tue-par-un-loup-ursula-von-der-leyen-veut-des-mesures-contre-le-reel-danger-des-meutes-en-europe-2834315.html



https://www.lecho.be/economie-politique/europe/general/un-rapport-sur-le-glyphosate-ouvre-la-voie-au-renouvellement-de-son-autorisation-dans-l-ue/10479190.html



https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/07/05/la-commission-europeenne-veut-dereguler-les-nouveaux-ogm_6180664_3244.html


Merci de confirmer ce que je disais.



Quant on en est arrivé à commencer par dire: on n’est pas un continent, mais une union :mad2: :keskidit:



Sinon tu as raison, l’UE c’est la merde au niveau écologie: on a les normes parmi les plus souples au monde.



deux machines exaflopiques




« exaflopique » … j’adore ce mot 🤓




Elle précise simplement qu’elle verrait bien un organe similaire au GIEC




Un autre comité scientifique dont ils pourraient se torcher avec les rapports ? La pénurie de PQ est terminée non ? 💩



J’ai au final un sentiment de décalage prononcé entre le discours entendu et les actions concrètes. Comme d’hab’, mais plus marqué que d’hab. Comme si ces dirigeants s’éloignaient encore plus de la réalité.


Je suis totalement contre l’accès aux supercalculateurs pour des entreprises ! En général, ces machines sont financés avec de l’argent qui vient de nous impôts et sont souvent dédiées à la recherche scientfiques et militaire (et parfois à l’industrie, mais souvent en lien avec l’académique).



Et quand un supercalculateur ouvre, il est très vite occupé à un maximum de ses capacités. Donc qu’une boîte en IA (et d’ailleurs pour l’IA et pas d’autres domaines comme la pharmaco, les semi-conducteurs…) veut calculer, sa signifie qu’elle va pomper cette puissance sur d’autres projets plus académique. Si une boîte veut faire du calcul, elle se paye sa machine (ou bien un cloud !).
Sinon, c’est trop facile de financer des supercalculateurs avec de l’argent publique dont on ne verra probablement pas le retour pour des boîtes privées.. Et puis, quand on est un petite boite, me faites pas rire qu’avec des levées de fonds de plusieurs dizaines voir centaines millions d’euros on peut pas investir dans un calculateur !



Bref, comme dit ragoutoutou Ursula faut vraiment arrêter les crapaux !



A moins que l’idée derrière, c’est d’éviter qu’ATOS HPC (j’ai oublié le nouveau nom) ne ferme pour cause de mauvaise gestion de la boîte ?


Il y a quelques années, je me suis rapproché d’une structure universitaire qui avait monté un calculateur à partir de financements de l’état et de la région. Nous avons pu l’utiliser pour des besoins ponctuels mais ce n’était absolument pas gratuit.



D’ou tu sors que l’accès à l’utilisation d’un supercalculateur serait gratuit ?
En quoi le fait d’ouvrir x% de ses capacités au privé pour financer le fonctionnement serait une mauvaise idée ?


Je rajoute aussi que c’est un métier à part entière que de monter, tester et maintenir un supercalculateur.
En gros, si tu ne fournis pas une solution aux boites européennes, elles ne vont certainement pas en monter elles mêmes. Elles iront ailleurs acheter de la puissance de calcul.


carbier

Je rajoute aussi que c’est un métier à part entière que de monter, tester et maintenir un supercalculateur.
En gros, si tu ne fournis pas une solution aux boites européennes, elles ne vont certainement pas en monter elles mêmes. Elles iront ailleurs acheter de la puissance de calcul.



carbier a dit:


Il y a quelques années, je me suis rapproché d’une structure universitaire qui avait monté un calculateur à partir de financements de l’état et de la région. Nous avons pu l’utiliser pour des besoins ponctuels mais ce n’était absolument pas gratuit.




Sauf erreur de ma part, je ne vois pas où j’ai écris que l’utilisation d’un supercalculateur était gratuite pour l’académique ? Si ma tournure de phrase le laisse sous-entendre, j’en suis navré de ne pas avoir noté ce point pour la changer. Mais nous sommes d’accord c’est payant même pour l’académique.




D’ou tu sors que l’accès à l’utilisation d’un supercalculateur serait gratuit ? En quoi le fait d’ouvrir x% de ses capacités au privé pour financer le fonctionnement serait une mauvaise idée ?




Quand un SC (supercalculateur) “sort de terre”, il est déjà occupé à quasiment 100% (les projets sont souvent là, les équipes prêtent et les accès planifiés). Et très grande majorité, c’est pour des programmes scientifiques ou industrio-académique. Mais la règle qui semble être général est que si une entreprise privé veut utiliser un peu de la puissance du SC, elle doit comme tu l’écris, se rapprocher des universitaires. J’ai déjà vu une grande boîte française se rapprocher d’un des labos dans lequel je bossais pour utiliser une partie de cette puissance. Mais en échange, cette boîte avait autorisé la conduite de certaines expériences dans ses locaux. Et le tout avec un intêret académique (donc fondamentale) et industrielle. Bref, c’était assez légit.



Des jeunes pousses en IA, ça sonne très start-up. Et allouer x% de puissance d’un SC à des start-up en IA qui ne sont pas associés à des travaux académiques me dérangent énorment pour trois raisons :




  1. D’après l’article, il ne s’agit que de l’IA. Ok, c’est à la mode et sa vend du rêve à nos politiques (dommage que la science fonda ne leur fassent pas le même effet). Mais pourquoi uniquement l’IA et pas d’autres domaines comme des jeunes pousses en pharmaco, en chimie, électronique quantique et autres domaines où un SC peuvent être un atout ? Pourquoi juste l’IA ?



  2. Une grosse majorité des start-up en IA sont des boîtes vides vendant du marketing à des marketeux. Elles font des levées de fonds de millions € voir plus. Et elles ne peuvent pas se payer un calculateur pour entrainer leur modèle elle-même ? Genre AWS, OVH et co c’est pas sufficient pour leur besoin ?
    Tu me diras, “et alors, elles sont l’argent”. Oui, elles ont l’argent pour payer. Sauf que la puissance disponible est quasiment pleine. Donc, ça veut dire que les x% que tu vas dédier uniquement à ces boîtes va être perdus pour d’autres programmes de recherches… Et en plus c’est pour entrainer des modèles de langage. Serait-il pas plus pertinent de chercher à faire des langages de modèles plus économes en ressources de calculs ?



  3. La raison est plus idéologique. Le SC a été construit avec des finances publiques. Son utilisation doit donc aussi aller dans le sens d’un service publique. La recherche est un service publique (même si la découverte d’une mousse de spin quantique ne me sert actuellement à rien dans ma vie), c’est une découverte pour l’humanité. Les rares connections avec les industrielles ont également une retombée pour la recherche publique (en tout cas pour les projets dont j’ai eu connaissance).
    Ici, les jeunes pousses risquent surtout de faire tourner leur modèle pour faire du fric (et encore si c’est pas pour se faire racheter par une boîte étrangère) au détriment d’un progrès scientfiquement pour l’humain.
    Ok pour de l’IA sur les SC de boites privées, mais en lien avec des universitaires pour faire de la merde. Ce que je veux surtout éviter, c’est une “Argent publique, bénéfice privée” avec les SC à l’échelle de l’UE.




Tu es une boîte privée, tu as besoin de puissance de calcul ? Bah tu regardes du coté d’OVH, AWS et autres cloud providers. Tu as un gros besoin, fais comme Total, achète-toi un SC (et la puissance que tu utilises pas, loue-là à d’autres).



En UE, nous avons Atos Bull (j’ai oublié le nouveau nom) pour le moment. Mais pour info, le supercalculateur en Finlande est de HPE. Et je crois que l’Italien est Bull. Pour Jules Verne, je pense qu’il est Bull aussi (mais faudrait vérifier sur le Top500).



Et des boîtes qui ont besoin d’un SC en France, tu as Total. Quand tu es une start-up licorne, ne vas pas me faire croire que tu ne peux pas te payer un SC (sans forcément viser celui d’un centre de calcul) ou un cloud provider. Et encore, c’est pas si compliqué que d’acheter plusieurs racks HPC GPU dans ce genre, de mettre en réseau et d’administrer ? (Perso, j’ai fais ça au US dans un labo avec deux machines de ce genre. Et je suis pas informaticienne ni sys admin de base).
Bref l’éventail des possibilités est là.
Je concède que pour la partie électrique je ne sais pas si tu en mets une 10 comme ça se passe avec ton fournisseur d’énergie.


«garde-fous, gouvernance et innovation»…
C’est assez bizarre, cette bureaucratie qui veut régulariser des trucs qui n’existe pas encore !
Pour moi :
Un super frein à l’innovation !
Une boite qui s’aventure dans un domaine tendancieux, qui se voit interdite de mise en application… c’est tant pis pour elle mais des nouveautés ont pu naitre de ses recherche… donc, bien menée elle peut s’en sortir !
Alors ce que prônerait notre Ursula serait d’offrir des œillères calibrées par des gens compétents en tous domaines (puis qu’il sont politiciens)…
Il faut rappeler bien sûr que les Commissaires Européens sont des politiciens désignés par d’autres politiciens, et ne sont pas des Élus !


Surtout europe vissée à la remorque des US, qui en profitent pour la laminer.
En particulier quand il s’agit de taper sur la Chine, ça va finir par nous coûter très cher.


“Le numéro d’équilibriste continue avec les restrictions à l’exportation sur le gallium et le germanium mis en place par la Chine. Ce sont des matériaux critiques indispensables pour les semi-conducteurs et les panneaux solaires.”
Au moment où plusieurs pays construisent ou ont projet de construire des usines de semi conducteurs, c’est un beau moyen de freiner les ardeurs.


Sur l’illustration (source: commission européenne 2020, crédit: CEA), on voit Nobium. J’ai toujours entendu Niobium. Je vois quelques entrées Nobium sur Google mais il me semble que ce soit à chaque fois une erreur. Alors la commission se serait trompée et le CEA aurait répercuté l’erreur?


Il n’y a ni galium ni germanium dans un module photovoltaique à base de silicium.
Ces matériaux ne sont utiles que pour la micro électronique, pas le photovoltaique.



(reply:2153135:War Machine)




Mais dans leurs onduleurs, peut-etre ?
L’électronique de l’onduleur de puissance doit bien utiliser des terres rares.



(reply:2153135:War Machine)




https://www.leti-cea.fr/cea-tech/leti/Pages/innovation-industrielle/Demonstrateurs/GaN4PV.aspx
Pour les prochaines générations



Et le germanium est utile dans les batteries pour faire du solaire autoconsommation/off grid.



Probablement un raccourci pris de ce fait, l’industrie est prise comme une chaine intégrée verticalement. Ex. de la politique protectionniste côté USA :
https://tecsol.blogs.com/mon_weblog/2022/08/les-etats-unis-vont-subventioner-la-fabrication-des-modules-et-composants-solaires-sur-leur-sol.html?__cf_chl_tk=7f3.7K4FpES3qFd5EYxPb2SGvGgnhsf2kX5xKbfRF2g-1695047844-0-gaNycGzNDGU


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