Trois mois avec macOS 11, l'Apple M1 et Rosetta

En attendant macOS 12
Logiciel 16 min
Trois mois avec macOS 11, l'Apple M1 et Rosetta

À l'automne dernier, Apple annonçait une petite révolution : l'abandon des processeurs Intel dans ses Mac au profit de puces maison, exploitant une architecture ARM. Le début d'une longue phase de transition. Quelques mois après la sortie des Apple M1 et à l'aube de nouvelles annonces, voici notre bilan.

La transition d'Apple vers macOS 11 (Big Sur), premier à supporter les Apple Silicon, a nécessité du temps et du travail, tant pour l'entreprise que ses partenaires et l'ensemble de son écosystème. Habituée de ces changements en profondeur, la firme de Cuppertino a travaillé sur plusieurs plans, de la mise en place de son DTK à Rosetta.

Le résultat était à la hauteur, sans commune mesure avec la tentative de Microsoft et Qualcomm sur Windows 10 on ARM, tout sauf convaincante. Mais un tel changement ne peut s'apprécier que sur la durée. Ainsi, après des premiers tests sur un Mac Mini, voici un retour sur notre expérience avec un peu plus de recul.

Notre dossier sur l'histoire de macOS :

Nous avons testé Big Sur et la puce M1 sur un MacBook Pro 13. Il s'agissait de sa configuration de base, avec un SSD de 256 Go et 8 Go de mémoire. Cet ordinateur portable, vendu 1 449 euros, est en soi un agréable outil de travail. Il n’est toutefois pas exempt de reproches, certains directement imputables à Apple, d’autres liés à une phase de transition entre les architectures Intel et Apple Silicon.

MacBook Pro M1

À propos du MacBook Pro M1

Un mot d’abord sur les performances. Nous ne publierons pas ici de nouveaux benchmarks, de très nombreux sites s’en sont déjà chargés (nous y compris). Nous nous contenterons de dire qu’il s’agit d’une machine véloce.

Les performances de la puce M1, couplées à la présence d’un SSD NVMe, rendent l’ensemble « aérien ». L’ordinateur démarre vite, ne donne jamais vraiment l’impression d’avoir beaucoup de travail à faire et fournit presque instantanément le résultat attendu. En utilisation bureautique, c'est particulièrement agréable.

Sauf sur un point : le temps de démarrage de certaines applications. Il existe presque toujours une différence entre un Mac et un PC sous Windows dans ce domaine, les applications macOS se lançant souvent un peu moins vite que leurs cousines sous Windows. Au quotidien, ce n’est pas un vrai problème, d’autant que les applications Mac ont tendance à rester ouvertes durant de longues sessions. Ce qui peut l’être en revanche, c’est lorsque l’on se trouve face à des applications Intel fonctionnant via Rosetta ou certains logiciels proposés en format universel.

Comme nous l’avions signalé sur Twitter, le cas des navigateurs est un exemple flagrant. Safari se lance très vite, mais ce n’est pas forcément le cas des autres. Chrome est de loin celui qui se fait le plus désirer, l’icône ayant le temps de sauter plusieurs fois dans le Dock alors même que son lancement sous Windows est presque instantané.

Big Sur

Selon les éditeurs, le type de binaire n’est pas le même, sans que la règle soit d’ailleurs absolue. Google et Microsoft demandent – au moment de télécharger Chrome ou Edge – quel type de Mac est utilisé, Intel ou Apple Silicon. Quoi que l’on réponde, la version fournie est universelle. Si Edge pèse déjà 657 Mo, Chrome grimpe à 918 Mo. Opera détecte de son côté le type de machine et fournit donc un navigateur installé de 218 Mo spécifique à Apple Silicon. Son lancement est nettement plus rapide.

Pourtant, de tous les navigateurs testés, le lancement le plus rapide est très clairement Firefox, fourni en binaire universel de 380 Mo.

Le poids en lui-même joue donc un rôle dans le temps de lancement, mais pas seulement. Rien n’empêche dans tous les cas Google et Microsoft de se lancer dans une cure d’amaigrissement salutaire, surtout pour Chrome : plus de 900 Mo pour un navigateur restent un problème. Et si ces deux éditeurs fournissent un binaire universel quelle que soit la réponse de l’internaute, autant ne pas poser la question.

Rosetta : les développeurs sont attendus

Sorti du cadre des navigateurs, le temps de lancement dépend beaucoup de l’architecture visée par l’application. Ici, les résultats sont très variables. Par exemple, un logiciel courant comme Mattermost se lance raisonnablement vite, de même que Spotify, même si l’on sent bien que ce pourrait être mieux, aucune n'étant optimisée M1.

Les applications Electron, dans l’ensemble, se repèrent malheureusement vite sur un Mac M1 par un long temps de lancement et une consommation d’énergie souvent plus élevée. On le voit avec Discord et Spotify. L’icône de batterie à droite de la barre de menu les mentionnera régulièrement comme gourmandes.

Ces trois exemples ont un point commun : ils utilisent tous une ancienne version d’Electron. Or, la version 11 de ce dernier a apporté le support des puces M1 et la 12 est même sortie depuis. On attend donc que les éditeurs concernés se mettent au travail, car les moutures optimisées ne pourront être que plus rapides.

Interrogé, Mattermost nous a répondu que la version optimisée M1 sortirait fin mai, mais elle a pris du retard. Quant à Spotify, on se demande ce qui retient le géant du streaming musical avec les moyens qui sont les siens.

Même remarque pour Steam, dont la lourdeur du client ressort très nettement sur un Mac M1. L'interface manque de réactivité, et si vous vous rendez dans la sélection des décorations pour avatars et autres fonds de panneaux, la ventilation du MacBook Pro finira même par se faire légèrement entendre, tant le nombre d'éléments web à rendre est important, surtout quand ils sont animés.

Big Sur
Un trio bien lourd

Avec Rosetta, un temps de lancement plus long est un comportement attendu. Il n’est pas forcément représentatif de la réactivité de l’application une fois lancée. À ce niveau, Apple a bien travaillé : dans la majorité des cas, on ne sentira aucune différence notable à l’utilisation. Il existe pourtant une différence plus ou moins nette entre les applications natives et celles basées sur des technologies web. D'autant que ces dernières tardent justement à recevoir une mise à jour salvatrice.

Avec le temps bien sûr, tout ceci finira par ne plus avoir aucune importance, comme lors de la transition PowerPC vers Intel. Il n’y aura plus que des Mac Apple Silicon. En attendant, il est très simple de savoir si un logiciel est optimisé pour la puce M1. Dans le Finder, rendez-vous dans Applications > Utilitaires et ouvrez le Moniteur d’activité. Dans l’onglet Processeur, on peut trier les applications par Type. Vous verrez ainsi deux catégories, Apple et Intel. Toutes celles mentionnant Intel passent par Rosetta.

Autonomie : un gros point fort

L'efficacité énergétique et donc l’autonomie est également un autre point fort du MacBook Pro M1. Selon Apple, la machine peut tenir 20 heures en lecture vidéo. Dans notre cas, nous avons surtout examiné son comportement en utilisation bureautique. Au cours de nos essais, nous avons ainsi pu observer son autonomie fluctuer entre 12 et 15 heures en moyenne, ce qui est déjà excellent pour un usage « réel ». Le temps varie bien sûr fortement selon les cas et les usages. Dans notre cas, l’utilisation moyenne des dernières semaines comprenait deux navigateurs (Chrome et Edge) avec chacun une quinzaine d’onglets, Outlook, Word, Spotify et Mattermost.

Le MacBook Pro a également servi – un peu – à jouer, avec quelques heures de World of Warcraft au compteur. Le jeu est optimisé M1 et nous y avons configuré dans définition native de l’écran, à savoir en 2800 × 1600 pixels. En réglage qualité graphique 5, le nombre d’images par seconde oscillait de 45 à 60. Une heure de jeu consommait environ 12 % de batterie, et c’est la seule utilisation de l’ordinateur ayant déclenché un début de ventilation, le châssis étant effectivement chaud sans que ce soit un problème.

Civilization VI est également un bon exemple, cette fois parce que le jeu n’est ni optimisé pour la puce M1, ni pour les dalles Retina : le jeu se lance obstinément en 1400 × 900 pixels. Pourtant, ses performances sont tout à fait convenables. Le titre surprend ainsi par un temps de chargement réduit des parties et une vitesse de passage des tours particulièrement raisonnable. Tout aussi curieux, le titre ne déclenche pas les pales du ventilateur, alors qu’il est connu sous Windows pour provoquer des taux d’occupation CPU de 70 à 90 %, avec le bruit que l’on imagine. En moyenne, une heure de jeu consommait 15 % de la batterie, un peu plus donc que pour WoW.

Aucun grief ? Oh si !

Cette machine performante et endurante n’a cependant pas que de qualités, tout particulièrement pour une gamme « Pro ». Des constats parfois rageants, qui auront une importance cruciale selon les personnes concernées.

Tout d’abord, sa connectique est anémique : ne proposer que deux ports USB Type-C est un problème. Que ces ports soient compatibles USB4 et Thunderbolt 4 ne change rien dans la plupart des scénarios d’utilisation quotidienne et un hub sera souvent nécessaire.

On trouve de nombreux modèles entre 30 et 50 euros, qui embarqueront notamment pour ce prix un port HDMI ou DisplayPort, un Ethernet, des ports USB Type-A, SD, etc. Autant de possibilités absentes de la machine. Si le Thunderbolt est dans votre ligne de mire, un hub compatible sera nettement plus onéreux.

Autre problème : les 60 Hz de la dalle. Les 120, 144, 165 Hz et plus deviennent courants aujourd’hui sur PC, y compris sur les portables (quand on y met le prix). À 1 449 euros, on aurait pu attendre qu’Apple saute le pas, activant au passage le rafraichissement variable. C’est d’autant plus regrettable que cette fréquence de 60 Hz casse en partie l’impression générale de légèreté et de fluidité de Big Sur quand il est porté par la puce M1. 

Restons sur l’affichage, avec un troisième point sombre : le support des écrans externes. Il n’y aura souvent pas de problèmes. Malheureusement, les Mac équipés de puce M1 ont une tendance à prendre en charge certaines références de travers. Le problème est connu, il existait même déjà avec les Mac Intel, mais les solutions sont inapplicables aux nouveaux modèles. La récente mise à jour 11.3 améliore la situation pour certains écrans, sans régler le souci sous-jacent, notamment pour l'espace colorimétrique.

L'impossibilité d’utiliser Boot Camp et donc d’installer Windows nativement sera un problème pour une partie du public. Que ce soit pour des besoins professionnels ou pour jouer, le système de Microsoft était un moyen pratique de décupler les capacités d’un Mac. Avec la puce M1, c’est terminé. Parallels a beau proposer son hyperviseur pour les nouveaux Mac, il ne permet que d’installer des systèmes ARM64. Or, Windows 10 on ARM n’est ni vraiment à la portée du grand public, ni adaptée aux usages précédents. Même si l'ensemble est parfaitement utilisable.

Enfin, à ce prix, on aurait aimé 512 Go de SSD. 256 Go sont un peu courts quand on flirte avec les 1 500 euros. D'autant que les options sont très chères, facturées 230 euros pour chaque premier palier. Donc 230 euros pour passer à 512 Go de SSD, 230 euros pour grimper à 16 Go. Et nous parlons bien sûr de composants soudés.

Quel bilan après trois mois d’utilisation ?

Disons-le d’emblée : travailler avec un MacBook Pro M1 et Big Sur fut une expérience agréable. On apprécie vite la très grande réactivité de l’ensemble et les petits avantages liés à un écosystème Apple, quand les besoins peuvent s’en contenter. Avec un iPhone par exemple, on pourra prendre une photo directement exploitable dans macOS, ou répondre depuis le MacBook à un appel entrant, la Touch Bar affichant les contrôles idoines.

Même s’ils procurent une dimension indéniable de plaisir et peuvent se montrer réellement utiles, il s’agit de fonctions gadgets. Si l’on met de côté les performances de la puce M1, deux points sont clairement ressortis de cette utilisation. D’une part, l’autonomie. Nous nous sommes volontairement servis de la machine sans alimentation, pour voir jusqu’où il était possible de pousser sa batterie.

Dans un flux classique de travail, nos besoins ne sont pas énormes : navigation web, écriture dans un traitement ou éditeur de texte, Antidote… Si cela n’a l’air de rien, on sait que la navigation web, derrière ses airs anodins, peut se révéler énergivore. En l’état, une charge complète nous a quand même permis de travailler presque deux jours (à raison de 8 heures par jour) avant de devoir brancher le MacBook au secteur.

Cela n’a bien sûr rien d’une valeur absolue et le résultat variera d’une utilisation à une autre. Précisons également que nous n’avons pas utilisé Safari. Le navigateur d’Apple a beau avoir ses qualités, il ne répond pas à une contrainte simple : la synchronisation des données en environnement hétérogène (cas simple : un PC fixe sous Windows, un MacBook Pro). Dans notre cas, il s’agissait d’une double configuration, avec d’un côté Vivaldi pour les activités professionnelles, et de l’autre Firefox.

D’autre part, l’ergonomie générale Big Sur. Un sentiment beaucoup plus personnel bien sûr, mais manifeste. La rénovation graphique de macOS est selon nous une réussite, Apple ayant incorporé certaines lignes d’iOS sans renier l’identité propre au Mac. Le résultat est un ensemble poussant loin le sentiment de « légèreté ».

Ce dernier provient surtout d’une volonté affichée de prendre autant de place que nécessaire pour afficher proprement une information. La contrepartie est que, souvent, le nombre d’informations dans une surface donnée sera un peu moins élevé. Est-ce un problème ? À chaque personne de décider. Certaines regretteront la densité perdue, d’autres applaudiront la présentation plus claire.

L’acquisition d’un Mac a toujours été une question d’adéquation avec les besoins : on sait globalement que le choix sera moindre que sous Windows, même si l’écart se réduit avec le temps. Avec l’arrivée de la puce M1, il faudra se montrer doublement prudent. Il faut non seulement vérifier que les applications fréquentes existent sur le Mac, mais en outre qu’elles ont été optimisées pour la nouvelle architecture. C’est d’autant plus vrai que cette dernière entraine la suppression de Boot Camp.

Le jeu représente un cas spécifique. Techniquement, un titre qui fonctionnait sur Mac Intel ne devrait pas rencontrer de problèmes. Rien n’empêche par exemple de lancer Civilization VI depuis Steam. Et si le client de Valve brille par sa lourdeur, Civilization surprend : il fonctionne via Rosetta, mais se lance vite et réagit beaucoup mieux que ce que l’on pouvait craindre, le titre étant connu pour sa gourmandise en cycles CPU.

Big SurBig Sur
Civilization reconnaît le 1440p de l'écran externe et fonctionne bien

Le mieux que les possesseurs de Mac M1 puissent faire est d’espérer que les studios finiront par remarquer ces machines, dont les ventes pourraient finalement déclencher une réaction. Très peu d’éditeurs ont optimisé leurs jeux pour la nouvelle architecture pour l’instant, World of Warcraft étant une exception notable. On comprend pourquoi : il faut les ressources nécessaires pour maîtriser une nouvelle plateforme, en particulier ses API. Par exemple, pas question de DirectX pour le rendu graphique, il faudra exploiter Metal.

Le jeu en vaudrait-il la chandelle ? Nous le pensons, car le M1 dispose d’une belle réserve de puissance, que l’on ne risque pas de saturer avec un navigateur et un traitement de texte. On sait que la version 5 de l’Unreal Engine sera compatible macOS. Même si la prise en charge de l’architecture Apple Silicon reste à confirmer, il y a une carte à jouer. La part de marché jouera son rôle habituel.

Le duo formé par Big Sur et la puce M1 est parfaitement homogène et relance la question d’une éventuelle bascule sur Mac quand on se trouve du PC. Les réponses formulées depuis 20 ans restent les mêmes. Si vous jouez souvent, appréciez la modularité des composants ou être contraints financièrement, le PC reste la meilleure option.

Car oui, le ticket d’entrée chez Apple reste élevé, même si le Mac mini et le MacBook Air ont désormais un très bon rapport performances/prix (davantage que le MacBook Pro). Pour tout le reste, la question se pose, d’autant plus qu’Apple commence la rénovation de ses gammes fixes (le nouvel iMac, malheureusement grevé par des pingreries typiques d’Apple, comme un nombre de ports USB en fonction du prix).

Le constructeur se retrouve à la tête d’une gamme grandissante de machines réactives, ne chauffant pas et ne faisant pas de bruit. L’ensemble est un argument de poids, et on attend de voir comment il va s’en sortir avec des machines comme le MacBook Pro 15" ou 16", et surtout le Mac Pro.

Car si le M1 dispose clairement d’une légitimité pour le grand public – même exigeant – la nouvelle architecture doit encore prouver son potentiel sur des Mac présentés spécifiquement comme tels.

Et demain ?

Le rythme d’évolution de macOS devrait rester le même. La sortie annuelle à laquelle tient Apple impose des calendriers stricts et un nombre limité d’évolutions, même si certaines versions sont plus touffues que d’autres.

Big Sur étant le premier système à fonctionner sur les puces maison, on imagine que son optimisation va continuer, et on peut raisonnablement penser que le prochain macOS ou le suivant sera une de ces moutures consacrées aux améliorations techniques, comme l'ont été Snow Leopard ou Mountain Lion.

On peut facilement résumer la vie du système en trois phases. D’abord une naissance douloureuse et une enfance, puis une adolescence pas toujours simple, jusqu’à Tiger. Puis sont venus les jours d’une plus grande maturité, de Leopard à Mavericks. Et enfin, à partir de Yosemite, une lente transition vers un système toujours plus inspiré par iOS. Big Sur en est une nouvelle démonstration.

Cette troisième phase, bien qu’ayant l’air beaucoup plus calme que dans les jeunes années du système, cache en fait des évolutions profondes, comme le 64 bits obligatoire, APFS et Metal. Cette dernière est d’ailleurs capitale pour s’affranchir d’Intel, puisqu’elle devient la seule API pour exploiter la partie graphique des puces M1.

Sommes-nous alors dans l’âge de macOS 11 ? Non, car nous en sommes déjà à la version 11.4 de Big Sur. La prochaine mouture majeure sera numérotée « 12 », macOS adoptant finalement la même nomenclature qu’iOS, iPadOS, tvOS et watchOS. Le système est rentré dans le rang. La suite devrait s'écrire à compter de ce soir.

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