Histoire de macOS : d'El Capitan à Catalina, l'influence toujours plus forte d'iOS

Histoire de macOS : d’El Capitan à Catalina, l’influence toujours plus forte d’iOS

De gros cailloux, un désert, une île

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Vincent Hermann

Publié dans

Logiciel

17/02/2021 14 minutes
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Histoire de macOS : d'El Capitan à Catalina, l'influence toujours plus forte d'iOS

Après l'enfance et l'adolescence, macOS est entré dans une longue période de maturité, durant laquelle iOS va imposer progressivement sa loi. Au point d'être aujourd'hui dilué dans un lot de plateformes.

À compter d'El Capitan, on assiste à l'arrivée de technologies maison au sein de macOS. Elles en remplacent progressivement d’autres plus anciennes, créées par Apple ou non. Nous sommes alors dans une sorte de dernière ligne droite devant nous amener à ce que nous connaissons aujourd'hui : Big Sur et la migration vers ARM.

C’est aussi à une présence toujours plus forte d’iOS que l’on assiste. L’empreinte du système mobile était déjà prégnante depuis plusieurs versions, mais la volonté d’Apple est on ne peut plus claire : parvenir à une sorte d’équilibre, entre ergonomie commune et respect des spécificités de chaque matériel.

Notre dossier sur l'histoire de macOS :

El Capitan accélère et introduit Metal

OS X 10.11, alias El Capitan, a été l’une de ces versions se concentrant sur la technique et le fonctionnement général. Plutôt qu’un réel nouveau lieu de Californie, El Capitan fut nommé d’après une formation rocheuse du parc de Yosemite. Il est proposé en mise à jour (gratuite) en septembre 2015.

Il fut en conséquence l’une des versions les plus appréciées du système. Moins de nouveautés de premier plan, mais une stabilité accrue et surtout des performances supérieures, en particulier sur certaines opérations. On se souvient qu’à l’époque Apple avait fait grand cas de lancements d’applications jusqu’à 40 % plus rapides ou d’ouverture de PDF en quatre fois moins de temps.

El Capitan a signé l’arrivée de Metal, une API permettant d’effectuer sur le GPU des opérations à peu près équivalentes à ce que l’on trouvait dans DirectX 12 et Vulkan. Sur Mac, les développeurs pouvaient ainsi manipuler la puce graphique de manière beaucoup plus précise via l’utilisation des compute shaders, avec un impact significatif sur les performances. Aujourd’hui, Metal joue un rôle encore plus crucial sur les Mac M1.

Parallèlement, les Mac de l’époque faisaient grimper la quantité de mémoire partagée de 1 024 à 1 536 Mo avec les processeurs embarquent une partie graphique Intel HD 4000.

OSX El Capitan

Cette version n’était pas la plus riche en nouvelles fonctions, loin de là, mais elle n’est pas vide non plus. On commençait par exemple à trouver les informations de trafic routier dans Plans, un remaniement complet de Notes équivalent à celui d’iOS 9 et aux capacités étendues (tâches, photos et vidéos, dessins…), l’épinglage des onglets dans Safari (bien après les autres), la possibilité pour Photos d’embarquer des outils d’autres applications (via des extensions) ou encore la possibilité de poser des questions à Spotlight en langage naturel.

Safari est en outre devenu capable de streamer une vidéo via AirPlay vers l’Apple TV sans envoyer toute la page. Cette version d’OS X signait également les premiers pas d’Apple dans l’automatisation, qui allait prendre petit à petit une place prépondérante. El Capitan analysait ainsi le contenu de Mail pour en tirer certaines informations. Des rendez-vous pouvaient être ajoutés dans Calendrier avec des éléments de contexte tirés, par exemple, de courriers liés à la livraison ou aux confirmations des déplacements en train ou en avion.

Enfin, El Capitan s’est fait remarquer pour deux autres raisons. D’abord, le remplacement de la police par défaut Helvetica Neue par San Francisco, que le système utilise toujours. Ensuite, un rattrapage partiel sur la manipulation des fenêtres, notamment par rapport à Windows 7. Il devenait enfin possible de positionner deux applications côte à côte, mais uniquement en mode plein écran.

Sierra : ne l'appelez plus OS X

Lorsque Sierra sort en septembre 2016, les utilisateurs Mac sont déjà rodés au nouveau cycle. C’est à cette époque particulièrement que « l’enthousiasme » pour OS X baisse d’un cran, car il est devenu clair qu’iOS concentre la plupart des améliorations. Le dernier changement de nomenclature d’Apple n’y changera rien, il ne faut plus parler d’OS X, mais de macOS. Une rationalisation imposée aux (désormais) quatre plateformes de l’éditeur :

  • macOS pour les ordinateurs
  • iOS pour les iPhone, iPad et iPhone Touch (et plus tard un iPadOS spécifique)
  • tvOS pour l’Apple TV
  • watchOS pour l’Apple Watch

Cette organisation permet à Apple de proposer dans de nombreux cas des API équivalentes, mais contrairement à d’autres sociétés comme Microsoft, la société ne tentera rien sur la convergence des appareils... jusqu’à Big Sur.

Sierra, fait une nouvelle fois place à des apports venant d’iOS. C’est particulièrement le cas avec l'assistant vocal Siri, qui débarque pour la toute première fois sur macOS. On reprend les mêmes capacités, étendues aux ordinateurs avec des possibilités supplémentaires. Les résultats pouvaient notamment être manipulés à la souris pour être placés par exemple dans des applications. Photos, adresses et autres éléments étaient compatibles.

Parmi les quelques évolutions notables de Sierra, signalons surtout l’arrivée des onglets dans toutes les applications (du moins celles qui supportaient les fenêtres multiples), iCloud Drive comme stockage distant, le mode picture-in-picture pour les applications sachant l’exploiter, Night Shift et sa coloration de l’écran en fonction de l’heure (comme sur iOS), le déverrouillage automatique de la session par l’Apple Watch, la possibilité de collaborer sur des notes, ou encore le presse-papier universel (contenu synchronisé entre les appareils), dont l’intégration fut très appréciée.

Sierra est également la première version de macOS à donner un tour de vis sur Gatekeeper, en masquant par défaut l’option qui permettait d’exécuter n’importe quelle application. Désormais, seules celles du Mac App Store et celles signées ont le droit de se lancer. S’agissant d’une simple option, le comportement était cependant simple à rétablir.

High Sierra : une nouvelle pause technique

High Sierra, ou macOS 10.13, est à nouveau l’une de ces versions centrées davantage sur l’amélioration de l’existant qu’une évolution en profondeur. C’est la quatrième mouture du système à faire ainsi, après Snow Leopard, Mountain Lion et El Capitan. Il sort en septembre 2017 et propose d’importantes améliorations techniques.

C’est ainsi la version qui introduit sur Mac les formats HEVC pour la compression vidéo et HEIF pour les photos. Ils sont déjà utilisés par iOS et permettent donc la compatibilité pour l’affichage et la modification. Les performances dépendent fortement du matériel utilisé, plus précisément de la génération de processeur Intel présent dans le Mac. High Sierra intègre également Metal 2, utilisé par macOS pour le rendu de l’interface et apportant des fonctions de machine learning, ainsi que le support des GPU externes et de la réalité virtuelle.

High Sierra est également le premier système de l’entreprise à supporter pleinement APFS, ou Apple File System, le système de fichier créé pour remplacer HFS+. Conçu pour les SSD, il se veut plus rapide, notamment pour les opérations comme la duplication des fichiers. Nous avions consacré un article aux capacités d’APFS.

On trouve toute une série d’améliorations plus ou moins importantes, comme la première mouture de l’Intelligent Tracking Protection dans Safari et le début de la chasse aux outils de pistage, de nouveaux outils d’édition dans Photos, un phrasé plus naturel pour Siri (en anglais en tout cas) ainsi qu’une synchronisation de Messages entre tous les appareils, y compris pour les SMS qui pouvaient ainsi être envoyés depuis un Mac.

High Sierra est aussi connu pour avoir prévenu les utilisateurs que certains ménages allaient être faits. Les fameuses Kernel extensions (kexts) ont ainsi commencé à réclamer l’autorisation expresse de l’utilisateur pour se lancer, signe que leur temps approchait de la fin.

De même, l’arrivée de la mise à jour 10.13.4 a affiché des alertes aux utilisateurs lançant des applications 32 bits. Le message expliquait qu’il s’agissait d’une vieille application et qu’une prochaine version de macOS en casserait la compatibilité. Mais en dépit de l’imminence annoncée, le macOS suivant supportera encore les logiciels 32 bits.

Mojave et son thème sombre si attendu

Quand Mojave arrive en septembre 2018, il est attendu de pied ferme. Contrairement aux versions précédentes, une certaine excitation s’est emparée des utilisateurs : le mode sombre, longtemps attendu, est enfin de la partie. Après tout, iOS y était passé l’année précédente, et on pensait alors que High Sierra suivrait immédiatement.

Mojave propose donc plusieurs modifications de l’interface, à commencer par le fameux thème sombre, qui rejaillit sur l’intégralité des éléments. Il s’active automatiquement en fonction de l’heure (automatique ou définie par l’utilisateur) ou à la demande. Toutes les applications d’Apple prennent le pas et s’adaptent en conséquence.

Dans les applications tierces, le résultat est globalement bon, mais l’automatisme montre ses limites et il faudra attendre des mises à jour – parfois longtemps – pour que le mode soit pleinement supporté. Le thème sombre est accompagné d’un fond d’écran dynamique qui évolue en fonction de l’heure. Une dune, en référence au désert du Mojave en Californie. Quand il fait nuit par exemple, elle n’est éclairée que par le clair de lune.

macOS Mojave

Les autres améliorations générales sont les regroupements thématiques automatiques des fichiers (piles) sur le bureau, l’apparition d’une zone à droite dans le Dock pour afficher les applications récentes (comme sur iPad), l’arrivée des appels de groupe FaceTime ou encore une réécriture complète du Mac App Store, bien plus réactif.

Dans la foulée, les mises à jour sont décorrélées de la boutique et prennent place dans le panneau des Préférences. Mojave continue en outre le travail sur les bases du système. Il supporte encore les applications 32 bits (avec un avertissement) mais supprime ou fait tomber en désuétude plusieurs composants, dont OpenGL et OpenCL.

APFS passe à la vitesse supérieure avec une conversion automatique des partitions vers le nouveau système de fichiers, y compris sur les disques classiques et Fusion Drive (disque dur avec amorce en mémoire flash). Côté sécurité, c’est également le début des permissions à la manière d’iOS. Toute application ayant besoin d’accéder au micro ou aux données système génère ainsi une notification, dans laquelle l’utilisateur autorise ou non cet accès.

Mais Apple mettra surtout l’accent sur l’arrivée possible des applications iPad sur macOS. Mojave intègre pour la première fois News (mais pas en France), Bourse, Maison et Dictaphone. Il s’agit de conversions directes des versions iPad, réalisées à travers une adaptation d’UIKit pour macOS.

Apple laisse entrevoir l’arrivée future de n’importe quelle application pour la tablette, avec une conversion que la firme décrira comme « très simple ». En pratique, les développeurs auront besoin d’y consacrer du temps.

Catalina en finit avec les Kernel extensions, iTunes explose

À la lumière des dernières annonces d’Apple, macOS 10.5 est le dernier à pouvoir encore être appelé Mac OS X. Le nom est resté courant chez les utilisateurs du grand public, en dépit de plusieurs changements.

Et c’est sur une version somme toute assez banale que cette série 10.x va s’achever en octobre 2019 avec Catalina, du nom d’une île au sud de la Californie. Elle commence par rompre la compatibilité avec un certain nombre d’anciennes briques. Les applications purement 32 bits n’ont ainsi pas droit de cité sur le nouveau macOS, mais les utilisateurs étaient avertis depuis un bon moment.

Resteront quand même un certain nombre de situations qui pousseront certains à attendre avant de faire la mise à jour, pour trouver des remplaçants aux logiciels qu’ils apprécient (et qui n’étaient peut-être plus mis à jour).

Catalina Catalyst

macOS 10.15 annonce clairement la fin des kexts, les fameuses Kernel extensions. Désormais, il faudra en passer par les System Extensions, que les développeurs pourront créer grâce à DriverKit.

Elles se divisent en trois catégories – Network Extensions, Endpoint Security Extensions et Driver Extensions – mais ont toutes un trait commun, crucial : elles s’exécutent en espace utilisateur et n’ont plus accès au noyau. En matière de sécurité, c’est un pas important, car cela signifie des droits moindres pour les processus liés. Mais en matière de fonctions, les nouvelles extensions offrent moins de capacités, comme on le verra plus tard avec le cas Little Snitch.

Ce tour de vis sécuritaire se retrouve également dans Gatekeeper, qui accentue sa pression. Désormais, tout développement réalisé par une personne disposant d’un Developer ID devra être notarié par Apple, ce à des fins de vérification d’intégrité. L’ancien comportement peut cependant être retrouvé via le panneau des Paramètres.

Toujours au chapitre de la sécurité, les Mac équipés d’une puce T2 bénéficient du verrou d’activation. Si c’est une nouveauté pour les ordinateurs d’Apple, on retrouve cette fonction sur iPhone depuis des années. Depuis le panneau de gestion du compte iCloud, Localiser s’accompagne ainsi d’un verrouillage de la machine, qui ne peut alors plus être utilisée à moins de connaitre le mot de passe du compte iCloud.

Concernant le système proprement dit, et outre le déplacement sur un volume dédié, Catalina sera surtout retenu pour Catalyst. Ce projet est l’aboutissement des travaux d’Apple pour automatiser – dans une certaine mesure – le portage des applications iPad vers macOS. Mais bien que la fonction ait été lancée en grande pompe, ce ne sera pas la déferlante attendue dans le Mac App Store.

Comme dit précédemment, le travail restant à accomplir reste copieux, car il faut vérifier en particulier toutes les interactions avec l’interface. Pas si simple de passer du tactile au vieux couple clavier-souris. L’iPad est quand même l’invité star de Catalina, grâce aussi à Sidecar. Avec cette fonction, il peut être connecté au Mac et servir de surface tactile, voire de tablette graphique.

Côté utilisateurs, beaucoup se rappelleront l’éclatement d’iTunes en quatre applications distinctes et beaucoup plus légères : Books, Music, TV et Podcasts. La gestion des appels mobiles est reportée dans le Finder. Le vieux logiciel ne meurt pas pour autant : il est toujours distribué sur Windows. À noter pour TV, et comme sur l’Apple TV, le support des Dolby Atmos, Dolby Vision et HDR10. Tous trois inexploitables sur les Mac en l’état, à moins qu’ils soient reliés à des appareils compatibles.

Dans une moindre mesure, Catalina a fourni un support pour les manettes des PlayStation 4 et Xbox One. Côté accessibilité en revanche, le système franchit un grand pas avec Voice Command, qui permet de piloter la plupart des applications avec des commandes vocales universelles.

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Écrit par Vincent Hermann

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Introduction

El Capitan accélère et introduit Metal

Sierra : ne l'appelez plus OS X

High Sierra : une nouvelle pause technique

Mojave et son thème sombre si attendu

Catalina en finit avec les Kernel extensions, iTunes explose

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Commentaires (4)


Merci pour l’article et le dossier !!


Top comme série d’article, merci !


glop glop


Et beh, je n’avais pas l’impression d’être passé par tant de système depuis que j’ai mon MBA acheté mi 2013 !
Merci, c’était très intéressant :)