À la découverte de macOS Big Sur, avec un MacBook Pro M1

Oxygène, poids lourds et ascenseurs émotionnels
À la découverte de macOS Big Sur, avec un MacBook Pro M1

Nous avons passé plusieurs mois sur un MacBook Pro M1 accompagné de Big Sur. Une utilisation quotidienne, aussi fixe que nomade, essentiellement dans un contexte de travail, entrecoupé de quelques jeux. Quel bilan retenir du temps passé sur cette machine et le dernier système d’Apple ?

Pour la première fois depuis longtemps, Apple mène un vaste renouvellement technologique dans ses gammes de Mac : le remplacement des processeurs Intel (x86) par ses propres puces (ARM).

La société n’a rien d’une novice dans ce domaine, puisque l’architecture utilisée est la même que celle des iPhone et iPad. La puce M1 est l’héritière directe de la série Ax, dont l’A14 (iPhone 12) est la plus récente. Changer d’architecture matérielle signifie s’adapter sur le terrain logiciel. Apple a pris son temps et les premières machines – MacBook Air, MacBook Pro et Mac mini – ont été présentées il y a sept mois.

Elles faisaient suite à la mise en place d'un kit développeur (DTK) les aidant à se préparer. Depuis, la situation de la compatibilité logicielle a nettement changé, tous les principaux éditeurs ayant suivi le mouvement. Y compris en dehors de l’univers Mac, puisque la récente RC1 du noyau Linux 5.13 ajoute officiellement le support de la puce.

Pour souligner cette évolution, Apple a réservé le ravalement de façade à la version de macOS accompagnant ces nouveaux Mac. Big Sur est à la fois une mise à jour pour tous les Mac Intel compatibles et le système dédié au M1. Durant ses présentations produit, Apple communique d’ailleurs abondamment sur la synergie des deux.

Autre élément significatif, du moins en matière de communication, Big Sur est officiellement macOS 11, impliquant une rupture avec l’ancien X, dont toutes les versions précédentes se réclamaient. Cette rupture n’est cependant que superficielle, car Big Sur est une évolution de plus sur la longue route du système. Même s’il apporte une interface modernisée et des nouveautés plus ou moins sympathiques, il n’y a pas de fossé technologique.

Cet article en deux parties clôt également notre série sur l’histoire de macOS, dans un format différent, moins statique. Il nous a paru intéressant de livrer un ressenti plus personnel, dans une période où Apple franchit une nouvelle étape de son évolution, la troisième dans l’histoire des Mac et certainement la plus significative.

Notre dossier sur l'histoire de macOS :

Le grand renouvellement graphique

Impossible de prendre Big Sur pour autre chose qu’un macOS, même si chaque petit élément d’interface a été remanié. On reste sur une ergonomie identique ou presque.

Le nouveau design du système est sa nouveauté la plus visible. Apple l’a présenté en affirmant qu’il s’agissait du plus grand remaniement graphique depuis les débuts d’OS X. Pour une fois, on sera d’accord avec l’argumentaire marketing. Cela n’a rien d’une révolution, mais l’impact est d’autant plus sensible qu’il ne s’agit pas seulement d’apporter un renouveau visuel dans chaque recoin.

Big Sur

Le Dock est le premier élément que l’on repère. Il reprend la même apparence que celui d’iOS, l’influence du système mobile jouant jusque dans les icônes, qui adoptent un style carré aux coins arrondis.

Le style pictographique est également moins « flat design », le dessin récupérant un peu de matière, en particulier des ombrages pour suggérer du relief. Ce changement est plus ou moins prononcé selon les applications. Les applications tierces suivent petit à petit cette tendance.

Chez les navigateurs, par exemple, Chrome, Edge et Vivaldi se sont adaptés, mais pas Firefox ni Opera, y compris dans leurs branches de développement. Chez Mozilla, la discussion s’est d’abord terminée sur un « non », avant que le ticket soit rouvert pour relancer la discussion. Un simple changement du format d’icônes crée d’intéressantes discussions, avec un argument régulier : quand un mouvement se crée, ceux n’y souscrivant peuvent apparaître comme dépassés. Chacun aura son opinion sur la question et les éditeurs sont libres de choisir.

Notez que la révision iconographique concerne aussi les symboles dans les barres d’outils. Ils sont tous été refaits, dans un style plus épuré et – dans la plupart des cas – plus lisible.

Big Sur

Autre point marquant, une utilisation plus prononcée des surfaces translucides, de manière plus ou moins intense. On reste dans un effet verre givré, que l’on remarque rapidement dans la barre de menu en haut de l’écran.

Les textes et icônes suivent la tendance pour rester lisibles, la barre reflétant le fond d’écran. Ils sont donc blancs quand le fond est à dominante sombre et noirs dans le cas contraire. Avec certaines vieilles applications ou non mises à jour (comme Mattermost), on peut obtenir une icône toujours blanche ou noire, nuisant à la lisibilité.

Ces surfaces se retrouvent dans chaque fenêtre disposant au moins d’une barre latérale, comme le Finder. Apple y a augmenté légèrement la taille des éléments, qui sont globalement plus espacés. On perd un peu en densité d’informations, mais on gagne en clarté. C’est également vrai dans tous les menus, aussi bien ceux des applications que les contextuels. L’élément barre latérale, commun à un grand nombre d’applications, change en outre pour remplir tout l’espace vertical. Elle n’est donc plus bloquée en haut par la barre d’outils.

Un changement simple, mais qui accentue le sentiment d’oxygénation. Notez que la couleur des icônes y dépend de celle d’accentuation choisie dans les réglages du système, sauf quand l'application impose sa palette.

  • Big Sur
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On note globalement une uniformité de ton dans l’ensemble de l’interface. Les couleurs sont légèrement moins vives, et en dépit d’un peu plus de profondeur dans les icônes, tout semble quand même plus plat. Nous ne sommes pas près de voir la fin du flat design, mais Apple s’est quand même débrouillée pour que l’ensemble de Big Sur paraisse plus « vivant ». L’influence d’iOS est toujours aussi vivace.

Nouveau centre de contrôle et notifications remaniées

Apple a intégré dans Big Sur une fonction de son système mobile que l’on aurait souhaité voir arriver plus tôt : le centre de contrôle. C’est le fameux panneau que l’on appelle depuis le coin supérieur droit d’un iPhone ou iPad depuis quelques années (depuis le haut de l’écran sur les anciens modèles).

Il offre une vue de synthèse qui manquait à macOS pour des réglages rapides sur le Wi-Fi, Bluetooth, mode Ne pas déranger, luminosité du clavier/écran, mode miroir pour l’écran, volume et autres contrôles de lecture.

Big Sur

Comme sur iOS, le centre d’actions est personnalisable. Rendez-vous dans Réglages > Dock et barre de menus. Là, pour chaque élément dans la colonne latérale, on peut cocher une case « Afficher dans le centre d’actions ».

Les éléments que l’on peut ajouter – niveau de la batterie, permutation d’utilisateur, horloge… – ne sont pas forcément utiles, car sont déjà disponibles autrement dans la barre de menus. En revanche, la possibilité d’ajouter les raccourcis d’accessibilité est un bon point. De manière générale, le centre de contrôle est un ajout utile, mais pas autant que sous iOS. Sur le système mobile, il évite d’avoir à plonger dans les paramètres.

Sur macOS, toutes ces fonctions sont disponibles dans la barre de menus ou via des raccourcis clavier. Le centre a au moins l’avantage de concentrer au même endroit des réglages importants et utilisés fréquemment. Ce sera sans doute encore plus vrai pour les nouveaux utilisateurs, qui repèreront d’autant mieux la similarité avec l’iPhone.

Le centre donne d’ailleurs une étrange sensation : il apparaît taillé pour une utilisation tactile, à laquelle pourtant Apple s’est toujours refusée sur les Mac (nous y reviendrons). Autre reprise très claire d’iOS : le centre de notifications nouvelle formule. Du moins nouvelle pour macOS. Comme dans le système mobile, on peut le remplir de widgets via le bouton « Modifier les widgets » situé sous les notifications.

On choisit leur arrangement et leur taille (petite, moyenne ou grande, jouant sur le nombre d’informations).

Big SurBig Sur

Big Sur reprend également – et enfin – le regroupement des notifications issues d’une même application, mettant fin du même coup à l’immense bazar que pouvait être la liste jusqu’ici. Vous aviez reçu 15 messages dans Telegram ? macOS affichait 15 notifications les unes sous les autres. Bien peu productif.

Les notifications deviennent en outre interactives. Selon les applications, on pourra déclencher une action depuis le petit panneau. Par exemple, dans le cas d’un mail ou d’un message, répondre directement depuis la notification, plutôt que d’ouvrir l’application liée.

Safari, Messages, Plans et Mail : un grand nombre de nouveautés

Avec Big Sur et iOS 14, Apple a inauguré Safari 14. Nous lui avons consacré un article dédié à l’automne dernier et nous ne rappellerons donc ici que ses principaux apports : personnalisation de la page de démarrage (fond d’écran, liens…), les fameux panneaux de vie privée informant des traqueurs bloqués, une fonction de traduction prenant en charge le français, la prévisualisation des onglets au passage de la souris, de meilleures performances, la surveillance des mots de passe ou une nouvelle section pour les extensions du navigateur dans le Mac App Store.

Le cas de Messages est plus symptomatique : presque toutes les nouveautés sont des rattrapages, que ce soit sur iOS ou même d’autres messageries. On retrouve ainsi l’épinglage des conversations (sous forme de bulles, ni pratiques ni esthétiques), les autocollants devenus si communs dans cette catégorie de service, la gestion des réponses aux messages façon Slack/Mattermost, l’épinglage des messages, une nouvelle recherche prenant en charge les images et classant les résultats par types de données, ainsi que les effets visuels.

Citons également la possibilité – enfin – de mentionner une personne dans une conversation de groupe (une option permet de ne recevoir des notifications du groupe que lorsque l’on est mentionné)

Big Sur

En résumé, rien de bien extraordinaire, car tout ceci existe depuis longtemps ailleurs. Si Apple est connue pour l’homogénéité de son écosystème, Messages sur macOS restait un parent pauvre, se contentant du minimum pour assurer le service : des messages, des statuts de lecture, des emojis. L’écart est donc comblé avec la version iOS, et on peut espérer que la société s’en tiendra à cette ligne désormais.

Plans intègre lui aussi bon nombre d’apports, à commencer par une nouvelle section dans la barre latérale. On y retrouvera les favoris et recherches récents, un manque important jusqu’à présent. L’application a enfin son propre mode équivalent à Street View, baptisé Look Arround. La fonction est disponible en France, mais n’est exploitée que dans les grandes villes américaines. Elle permet, depuis un point d’intérêt, de regarder ce qui se trouve autour.

Comme dans Google Maps, on peut ensuite se déplacer, Apple n’ayant clairement touché à une ergonomie que les utilisateurs connaissent depuis des années.

Big SurBig Sur

Même chose pour les directions données quand on se trouve à vélo ou que l’on conduit un véhicule électrique. Les itinéraires sont en cours d’adaptation pour les premiers, tandis que les seconds reçoivent des informations sur les bornes disponibles, les itinéraires pouvant être calculés en fonction de ces précieux endroits.

Idem pour les directions à l’intérieur des bâtiments, seuls certains aéroports et très grands centres commerciaux (aucun en France pour l’instant) étant pris en charge. On apprécie en revanche certaines améliorations disponibles pour tous. Par exemple, la possibilité de partager une heure estimée d’arrivée.

La nouvelle manière de présenter les informations pour les points d’intérêt est également bienvenue. Elles ne sont plus dans la barre latérale, mais réunies au sein d’une bulle sortant de l’endroit où l’on clique. Bien que Plans ait – lui aussi – fait surtout un rattrapage sur la version iOS, ces nouveautés sont bienvenues. On ne peut pas dire que le service soit en l’état meilleur que Google Maps, mais un plus grand nombre d’utilisateurs n’aura peut-être plus envie d’aller voir la concurrence en cas de déplacement. Ce qui, en soi, sera déjà une victoire.

Quant à Mail, on ne peut pas parler de révision majeure, en dépit des apparences. Car oui, Mail s’offre un sérieux ravalement de façade à la sauce Big Sur, qui le rend presque identique à sa cousine d’iPadOS. La répartition des informations y est nettement plus agréable. Sa seule autre nouveauté est la prise en charge par Siri des informations échangées dans les courriers pour proposer la création de rappels.

Big Sur

C’est tout ?

Pas tout à fait. Big Sur comprend son lot d’améliorations plus discrètes et qui peuvent faire la différence. Par exemple, il est compatible avec la bascule automatique des AirPods quand un son est lancé depuis le Mac ou quand on reçoit un appel. Il faut également parler de sa capacité à exécuter les applications conçues pour iOS et surtout iPadOS sur les Mac dotés de la puce M1. Puisque cette dernière dispose de la même architecture que les puces Ax des appareils mobiles Apple, la compatibilité est (quasi) totale.

Big SurBig Sur

Dans le Mac App Store, on peut donc lancer une recherche et filtrer les résultats selon la plateforme. Dans la catégorie « Apps pour iPhone et iPad », il n’y aura qu’à cliquer sur Obtenir pour récupérer l’application.

L’idée est bonne en théorie, et Apple a relativement bien travaillé l’intégration, surtout avec les mises à jour sorties pour Big Sur entre-temps. On s’apercevra malheureusement vite que la plupart des gros éditeurs ont verrouillé leurs applications mobiles, puisqu’ils le peuvent. Les développeurs peuvent, en effet, interdire la récupération depuis le Mac App Store, afin de contrôler l’expérience globale d’utilisation. Inutile donc de chercher à récupérer Facebook, Instagram, WhatsApp ou même un Candy Crush ou un Discord.

Puisque l’on parle de l’App Store, signalons que les applications sont accompagnées des mêmes fiches de confidentialité que sur iOS, qu’il s’agisse de celles pour macOS ou iOS/iPadOS. Pour rappel, ces fiches concentrent les informations sur les données utilisées par l’application, et lesquelles sont identifiantes (s’il y en a).

Big Sur

Enfin, la recherche Spotlight s’est améliorée, surtout deux points. D’une part, elle est plus rapide. D’autre part, elle peut afficher une prévisualisation de plus d’éléments, comme la météo, les pages web et les fichiers.

Big Sur, un très bon cru

On pourrait résumer Big Sur à une simple collection de petites modifications et améliorations çà et là. Dans le fond, on n’aurait pas tort, du moins sur le papier. Car entre lister les nouveautés et les utiliser, il existe un monde.

Comme on a pu le voir dans notre historique des versions de macOS, les moutures annuelles étaient presque devenues ennuyeuses. Les évolutions s’y faisaient tellement en douceur que l’on finissait par avoir du mal, certaines années, à savoir ce qui avait changé. Sans parler d’un rattrapage constant d’iOS, dont Apple récupérait les apports.

Avec Big Sur, on ne change pas l’inspiration d’iOS, bien au contraire. Le système semble être devenu le chainon manquant entre macOS et iPadOS, tellement les éléments récupérés ont changé la donne. Mais Apple l’a fait en donnant au Mac une identité propre, à la fois proche de ce que l’on trouve sur ses appareils mobiles et suffisamment spécifique pour ne pas être confondue. C'est un bon cru.

Sa genèse a été complexe, avec des premières bêtas redoutablement boguées. Aujourd’hui, on est face à un produit stable, surtout maintenant que la mise à jour 11.3 est passée par là. Nous n’aurions pas recommandé son installation dès sa sortie, pas même avec la 11.1. Apple se battait à la fois sur le front des inévitables bugs à corriger, des fonctions à ajouter et des corrections spécifiques au support de sa puce M1.

Aujourd’hui, le système est cependant stable, et si tout n’est pas parfait, la mise à jour peut se faire sans crainte. À condition, comme toujours, de prendre ses précautions, dont une sauvegarde complète de ses données.

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