L’Arcom vient de mettre en ligne sa recommandation aux services audiovisuels et numériques afin qu’ils puissent « mieux informer les consommateurs sur l’impact environnemental de la consommation de contenus audiovisuels ». Le régulateur souhaite aussi « leur donner accès à des solutions ». Les idées ne sont pas nouvelles, mais un rappel est toujours bon à prendre.
Ce rapport s’inscrit dans le cadre l’article 26 de la loi n° 2021-1485 du 15 novembre 2021 (REEN). Comme le rappelle l’Arcom (qui travaille conjointement avec l’Arcep et l’Ademe sur ce sujet), cet article 26 lui demande de publier une recommandation sur « l'information des consommateurs par les services de télévision, les services de médias audiovisuels à la demande et les services de plateforme de partage de vidéos […] en matière de consommation d'énergie et d'équivalents d'émissions de gaz à effet de serre de la consommation de données liée à l'utilisation de ces services, en tenant compte notamment des modalités d'accès à ces contenus et de la qualité de leur affichage ».
Le numérique, c’est 2,5 % de l’empreinte carbone des Français…
Une consultation publique a ainsi été lancée fin 2022 afin de recueillir des retours des acteurs du secteur. La recommandation est désormais disponible et publiée au Journal officiel. Elle incite les plateformes et les services à « informer les consommateurs de l’impact environnemental », en particulier sur la consommation d'énergie et d'équivalents d'émissions de gaz à effet de serre. Des leviers d’action sont également précisés afin que les consommateurs de contenus puissent devenir acteurs de leur consommation énergétique… dans une certaine mesure évidemment.
Commençons par planter le décor de la consommation du numérique en France. Selon une étude Arcep/Ademe, « le numérique représentait en 2020 près de 2,5 % de l’empreinte carbone des Français, soit 17,2 millions de tonnes équivalent CO2 (MtCO2éq) ». Sauf grosse surprise, la consommation devrait largement grossir au fil des années puisque le numérique occupe une place toujours plus importante dans nos vies. Elle pourrait ainsi passer à 25 MtCO2éq en 2025 (+45 %) et 49 Mt CO2éq en 2050 (x3 par rapport à 2020), selon les estimations de l’Arcep et de l’Ademe.
… avec une forte disparité (fabrication/utilisation)
Autre point important à prendre en compte : la forte disparité entre fabrication et utilisation des équipements. Nous avons déjà abordé le sujet à plusieurs reprises, mais pour résumer : « la fabrication des équipements (terminaux, centres de données, infrastructures réseaux), concentre 78 % de l’empreinte carbone du numérique. La phase d’utilisation de ces équipements représente quant à elle 21 % des émissions carbone et tendrait à s’accroître ».
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Si au lieu de prendre le cycle de vie pour mesurer l’empreinte carbone, on prend les composantes du numérique, on arrive toujours à une répartition déséquilibrée : 79 % de l’empreinte carbone vient des équipements pour le grand public (télévision, smartphones…), 16 % des datacenters et seulement 5 % des réseaux fixes et mobiles.
L’œuf et la poule
Pourquoi, dans ces conditions, se focaliser sur une seule partie du problème ? Pour l’Arcom, la problématique doit être traitée de manière globale (il ne faut laisser aucun aspect de côté), car l’ensemble de l’écosystème est interdépendant et s’auto-alimente. En effet, il ne faut pas oublier que l’utilisation des services numériques a « un effet direct sur le renouvellement et la commercialisation de nouveaux équipements, la quantité de données consommées ou le dimensionnement des réseaux », qui a leur tour ouvrent de nouveaux usages. La boucle est bouclée.
Quoi qu’il en soit, la vidéo – sans surprise – occupe une place très importante dans le volume des échanges : « Les flux vidéo représentaient en effet 66 % du trafic internet mondial en 2022 selon Sandvine (janvier 2023) », indique l’Arcom dans son rapport. En France, environ 54 % du trafic envoyé vers les clients des principaux FAI en France provient de cinq acteurs : Netflix (à près de 20 %), Google, Akamai, Meta et Amazon.