État de l’Internet en France : qualité de service, IPv6 progresse, la capacité d’interconnexion dépasse les 100 Tb/s

Je surfe déjà en IPv12 avec mon abo 42G !
Internet 9 min
État de l’Internet en France : qualité de service, IPv6 progresse, la capacité d’interconnexion dépasse les 100 Tb/s
Crédits : Filograph/iStock

L’Arcep vient de mettre en ligne le Tome 3 de son rapport (85 pages) sur l’état de l’Internet en France. Il fait le tour de plusieurs sujets, notamment la qualité de service et transition vers IPv6. C’est également l’occasion de faire un point sur l’interconnexion, qui ne cesse d’augmenter rapidement. Fin 2022, la capacité des principaux FAI dépassait les 100 Tb/s. 

Il y a maintenant plusieurs années que l’Arcep a présenté son plan pour ajouter une API « Carte d’identité de l’accès » dans les box des FAI. Le but est de permettre à des applications de tests de débits de caractériser précisément « l’environnement de l’utilisateur lors du test de mesure de la qualité de service internet ».

nPerf se sert de l'API

La liste des box compatibles avec cette API est disponible dans l’annexe 1 de ce document. On y retrouve les principales box des quatre fournisseurs nationaux, soumis pour rappel à une obligation légale. L’Arcep en profite pour encourager les autres opérateurs (ceux ayant moins d’un million de clients, opérateurs fournissant des offres entreprises, etc.) à implémenter, eux aussi, cette API. 

Si vous vous posez la question : « Les modalités de fonctionnement de l’API prennent pleinement en compte les questions de respect et de protection de la vie privée des utilisateurs ». Le régulateur précise que « la CNIL a pu s’assurer que le dispositif répondait dans son principe aux exigences en matière de protection des données personnelles ».

Pour accéder à cette API, les outils de mesure doivent se conformer au « Code de conduite de la qualité ». « Aujourd’hui seul le test de débit de nPerf utilise l’API, son activation dans nPerf a été réalisée en décembre 2022 », explique le gendarme des télécoms. 

État Internet France juillet 2023

Débits moyens sur le mobile, avec ou sans 5G

L’Arcep fait un point sur les débits descendants moyens tous opérateurs confondus. En 2G/3G/4G, ils sont de 63 Mb/s en 2022, contre 71 Mb/s en 2021. Sur la 5G, c'est l’inverse : de 82 à 94 Mb/s. Par contre, « en ce qui concerne les usages, en 2G/3G/4G/5G, l’expérience utilisateur apparaît similaire à celle obtenue en 2G/3G/4G ». 

L’Autorité fait aussi un rapide point de la situation pour les appels et les SMS : « au niveau national, la qualité vocale progresse en 2022 […] La qualité de service SMS reste excellente et s’est améliorée en 2022 ». 

IPv6 : la France en deuxième position, mais il reste du travail

Un gros morceau du rapport concerne la transition vers IPv6. On est pour rappel en pénurie d’adresses IPv4 depuis maintenant plusieurs années. Le RIPE NCC (alloue les IPv4 pour l’Europe et le Moyen-Orient) « a en effet annoncé la pénurie d’IPv4, après avoir effectué l’attribution du dernier bloc » fin 2019. Avec IPv6 on a de la marge puisqu’il est techniquement possible d’attribuer « 667 millions d’IPv6 pour chaque millimètre carré de surface terrestre ».

Sur le fixe, Free est en tête avec 99 %, Orange second à 89 %, Bouygues Telecom troisième à 53 % et SFR ferme la marche avec 22 % seulement. Sur le mobile, le classement n’a rien à voir : Bouygues est premier avec 89 %, Orange second avec 71 %, SFR troisième avec 49 % et enfin Free bon dernier avec… 1 % (à mettre en balance avec les 99 % sur le fixe). 

  • État Internet France juillet 2023
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Mais, pour profiter d’IPv6, il faut que l’ensemble des maillons de la chaine soient compatibles. Si cela ne pose pas de souci depuis longtemps pour les terminaux et les systèmes d’exploitation, « les hébergeurs de sites web représentent encore l’un des principaux goulots d’étranglement dans la migration vers IPv6 : sur les principaux sites visités par les Français selon le classement Alexa, seuls 31 % sont accessibles en IPv6 (contre 26 % en octobre 2020) ».

C’est encore pire avec les emails : « la transition des hébergeurs mail connaît également un très fort retard : seuls 8,3 % des serveurs mail (contre 7,4 % à mi-2021) sont à ce jour adressés en IPv6 ». Dans le Top 10, Infomaniak est à 93,9 %, Google à 89,3 % et on passe ensuite à Scaleway avec… 27,4 %. Les autres sont à moins de 1 % !

État Internet France juillet 2023État Internet France juillet 2023

« Au niveau mondial, la France passe de la huitième place en février 2022 à la seconde place en février 2023 [après l’Inde, ndlr] en termes de taux d’utilisation d’IPv6 d’après la médiane (moyenne arithmétique des deux valeurs centrales) pour les quatre principales sources de données publiquement disponibles pour évaluer l’utilisation d’IPv6 », affirme l’Arcep.

On est en effet passé de 47 % en février 2022 à 62 % en février de cette année, soit 15 points de plus en un an. L’Europe se divise en deux : 56 % d’utilisation à l’Ouest contre seulement 12 ou 13 % à l’Est et au Sud (12 %). L’Afrique est de loin le continent le plus en retard avec à peine 1 %.

Depuis plusieurs années, une task-force est en place chez le régulateur pour accélérer toujours plus cette transition. Deux guides – Entreprises : pourquoi passer à IPv6 et Entreprises : comment déployer IPv6 » – ont été mis en ligne ces dernières années et des travaux sont en cours pour les prochaines : « En 2023 et 2024, la task-force IPv6 travaillera sur la mise à disposition d’outils pour aider à valider le fonctionnement d’applicatifs dans un environnement où IPv4 est absent, et à tester la bonne accessibilité des services d’entreprise en IPv6 ». 

État Internet France juillet 2023État Internet France juillet 2023

43,2 Tb/s de trafic entrant, pour une capacité de 108 Tb/s

L’interconnexion est un point important du bilan du régulateur. En effet, il permet une vision globale des échanges de données entre la France et le reste du mode : « Le trafic entrant vers les quatre principaux FAI en France à l’interconnexion est passé de plus 35,6 Tbit/s à fin 2021 à 43,2 Tbit/s fin 2022, marquant ainsi une augmentation de 21,54 % en un an ». L’évolution est impressionnante si l'on remonte le temps : on était à moins de 20 Tb/s fin 2019, moins de 10 Tb/s fin 2016 et moins de 5 Tb/s fin 2014. En dix ans, le trafic a donc été multiplié par 10 environ.

La moitié vient de liens de transit (49,5 %, soit 21,4 Tb/s), mais cela s’explique facilement : « Ce taux de transit assez élevé est dû en grande partie au trafic de transit entre Open Transit International (OTI), Tier 1 appartenant à Orange, et le Réseau de Backbone et de Collecte Internet d’Orange (RBCI) ».

Pour rappel, seul Orange a une activité de transitaire en France, ce taux est donc bien moins élevé chez les autres FAI qui utilisent davantage le peering. Le peering privé est de 20,9 Tb/s (48,8 % du trafic global) contre 0,9 Tb/s pour le peering public (2 %). Si vous êtes perdus dans les termes Tier, peering, transit… nous avons pour rappel publié un dossier complet sur le sujet : 

Les capacités installées à l’interconnexion sont évidemment bien supérieures et suivent l’évolution du trafic entrant : « Les capacités installées à fin 2022 sont estimées à environ 108 Tbit/s, soit 2,7 fois plus importantes que le trafic entrant. Ce ratio n’exclut pas l’existence d’épisodes de congestion, qui peuvent survenir entre deux acteurs sur un ou des lien(s) particulier(s) en fonction de leur état à un instant donné ».

État Internet France juillet 2023État Internet France juillet 2023

Moins de 4 Tb/s de trafic sortant

Le trafic sortant est bien inférieur, mais il progresse aussi largement : « À fin 2022, le trafic sortant du réseau des quatre principaux FAI en France à l’interconnexion atteint environ 3,8 Tbit/s, soit une augmentation de 30 % en comparaison avec fin 2021. Entre 2012 et 2022, ce trafic a été multiplié environ par 7 ». 

Le taux d’asymétrie entre trafic entrant et sortant est ainsi « de 1/4 en 2012 à plus de 1/12 en 2021 », détaille le régulateur. Rien de surprenant, l’écart se creuse à cause des contenus multimédias, streaming vidéo et audio en tête. Dans son rapport, l’Arcep cite une étude de Sandvine qui annonce que, en 2022, « le trafic IP mondial transitant sur les réseaux de communications électroniques était composé pour 65,93 % de trafic vidéo ». 

L’année dernière, ce taux a néanmoins baissé pour la première fois pour arriver à 1/11. « Outre les efforts éventuels de compression et d’optimisation des flux consentis par les FCA [Fournisseur de Contenu et d’Applications, ndlr], qui diminuent le trafic entrant auprès des FAI, cette évolution peut en partie s’expliquer par le développement de nouvelles modalités de transport du trafic vidéo en peer-to-peer qui contribuent à augmenter le trafic sortant ».

État Internet France juillet 2023État Internet France juillet 2023

Les cinq plus gros représentent plus de 50 % du trafic

« Fin 2022, environ 54 % du trafic vers les clients des principaux FAI en France provient des cinq acteurs suivants (FCA et CDN) : Netflix, Google, Akamai, Meta et Amazon », explique l’Arcep. Rien de surprenant puisqu’on retrouve les mêmes acteurs depuis des années. Aucun n’est européen, tous sont américains. 

L’Autorité a la bonne idée de proposer un découpage du trafic en fonction de son origine : GAFAM, CDN, Streaming, jeux vidéo, cloud, réseaux sociaux, etc. Une représentation visuelle permettant de bien comprendre l’origine du trafic. 

Les GAFAM sont à 28 %, les CDN à 19 %, Valve à 0,6 %… On voit bien la part du lion que s’attribue Netflix avec 19,7 % du trafic, soit quasiment le double de Google, second du classement avec 10,5 %.

État Internet France juillet 2023

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