La compensation carbone, comment ça fonctionne ?

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Certaines entreprises, notamment numériques, déclarent compenser les émissions de gaz à effets de serre que produisent leurs activités pour devenir « neutres » en carbone. On vous explique comment fonctionne ce système de compensation.

Un des points importants, dans la lutte contre le réchauffement climatique, consiste à viser la neutralité carbone : atteindre l’équilibre entre les émissions de gaz à effets de serre (GES) et les émissions capturées et stockées à l’échelle mondiale. 

Le concept de compensation carbone propose de répondre à cet enjeu en calculant les émissions générées par une activité humaine – production d’une entreprise, voyage, événement, etc – pour les compenser en finançant la création de projets de réduction ou de séquestration d’émission. Grosse émettrice de GES, l’informatique est une des industries qui recourt facilement à cette logique. Dans l’Europe des 28, fin 2021, le numérique émettait 185 Mt équivalent CO₂, selon les calculs de GreenIT, soit 4,2 % des émissions européennes. 

Dans le monde, le numérique est aussi à l’origine de 3 à 4 % des émissions. Amazon, Apple, Samsung, Atos, Microsoft… de nombreux acteurs du secteur se sont donc lancés dans des processus de compensation carbone. Pourtant, la compensation carbone est un mécanisme présentant des défauts.

Comment calcule-t-on une compensation carbone ?

Pour établir la compensation nécessaire aux émissions produite par une activité, on réfléchit en termes planétaires : l’idée est qu’une émission de GES quelque part sur la planète peut être compensée ailleurs, en finançant, par exemple, un projet de réduction ou de séquestration d’émissions de GES sans que celui-ci vise spécifiquement les émissions réalisées par l’entreprise ou l’entité concernée.

Depuis quand ce système existe-t-il ? 

Le système économique des compensations carbones découle des principes édictés en 1997 lors du Protocole de Kyoto. Celui-ci a permis la création d’un marché réglementé de la compensation carbone, pensé pour les entreprises légalement obligées de réduire leurs émissions de GES.

Reposant sur un Mécanisme de développement propre (MDP), celui-ci ne s’intéresse pas aux sources des émissions de GES. Il se concentre seulement sur l’échange entre financement de dispositifs de réduction des GES, souvent dans des pays du Sud, et « crédit carbone ». Ces derniers permettent, de fait, à l’entreprise (souvent du Nord) d’émettre des GES via ses activités. 

Depuis que ce système s’est généralisé, il existe aussi des systèmes de compensation volontaire de carbone, plutôt dédié aux particuliers et aux entités non assujetties à des réglementations en la matière. Cela permet de financer des opérations de réduction équivalente à sa production de GES, le plus souvent hors du territoire.

Comment fonctionne le marché de la compensation carbone ? 

Le Protocole de Kyoto a permis la création d’un Système Communautaire d’Échange de Quotas d’Émission, le SCEQE. Lancée en 2005, cette bourse européenne est le système d’échange de crédit carbone le plus vaste au monde, qui permet la mise en place d’un quota d’émission de GES par entreprise, puis l’achat ou la vente de crédit carbone, qu’on peut aussi envisager comme autant de « droits à polluer ». C’est la logique du « pollueur-payeur ». 

Quels sont les dispositifs pratiques de compensation ? 

La neutralité carbone s’atteint en travaillant sur deux piliers essentiels : la réduction et la séquestration des émissions. Lorsqu’elles financent des projets liés aux énergies renouvelables ou aux économies d’énergie, les entreprises travaillent plutôt sur le premier. 

Elles peuvent aussi œuvrer au second en orientant leurs fonds vers la constitution de puits de carbone, des espaces qui, par mécanisme naturel ou artificiel, stockeront les GES émis. Les océans, les forêts (grâce à la photosynthèse), les tourbières sont autant de puits naturels de carbone.

L’industrie technologique est quelquefois présentée comme pourvoyeuse de solutions, parce que ses outils permettent d’améliorer la connaissance et la transparence sur les émissions réelles de GES et parce qu’elle peut participer au développement d’outils, voire d’énergies plus propres (via la filière photovoltaïque, par exemple). Microsoft joue clairement sur ce créneau avec son programme « objectif empreinte carbone négative d’ici 2030 » : celui-ci contient notamment un volet innovation et investissement et un autre dédié au partage de connaissances.

Compensation carbone ou contribution carbone ? 

Un nombre croissant d’acteurs militent pour remplacer l’expression « compensation carbone » par « contribution carbone » pour rendre l’opération plus claire. La raison : le terme « compensation » sous-entendrait qu’il est possible d’annuler ses émissions, ce qui est faux.

Il n’existe pas assez d’espace sur la planète pour planter tous les arbres qui permettraient d’absorber les 40 milliards de tonnes d’équivalent CO₂ que nous produisons chaque année. Les puits de carbone ne permettront donc pas de compenser l’intégralité des émissions produites par des entreprises.

Par ailleurs, les émissions que les entreprises cherchent à « compenser » sont directement émises dans l’atmosphère, tandis que les mesures qu’elles adoptent pour contrebalancer ces pollutions sont plus progressives – une forêt, ça prend du temps à pousser. Résultat des courses, il serait incorrect de considérer que financer un projet de compensation neutralise effectivement les émissions de GES générées par les activités d’une entreprise.

Dans les années récentes, plusieurs entreprises se sont servies des logiques de compensation carbone pour mettre en avant des produits et services « neutres en carbone » ou « climatiquement neutres ». Pour lutter contre ces pratiques de « greenwashing », un décret d’avril 2022 est venu encadrer leurs pratiques publicitaires.

Autre grosse problématique : les enquêtes se succèdent, qui pointent la faiblesse des dispositifs réels de « compensation » carbone. Mi-janvier, les journaux anglais The Guardian et allemand Die Zeit démontraient par exemple que plus de 90 % des crédits carbones obtenus auprès du programme de l’ONG Verra de protection des forêts tropicale sont « fantômes ». 

Or ceux-ci représentaient 40 % des crédits approuvés et vendus dans le monde. En définitive, ces transactions pourraient même aggraver la situation.

Pourquoi la compensation carbone ne suffit pas ? 

Le numérique émet des GES, c’est certain, mais ça n’est pas la seule pollution qu’il produit. Une étude publiée par GreenIT fin 2021 démontre que le seul numérique européen (pour l’Union Européenne des 28) mobilise 571 millions de tonnes de matières premières, soit une masse équivalente à 9,2 milliards d’êtres humains. C’est plus que le poids actuel de l’humanité.

Or, pour obtenir puis utiliser toutes ces matières premières à des fins informatiques (uniquement européens, toujours), le secteur excave 71 kg de terre par jour et par européen. Grand consommateur de terres rares, l’industrie participe directement à l’épuisement des ressources abiotiques. Ces dernières, non vivantes, sont naturellement présentes dans l’environnement, comme l’eau, la lumière, l’air, les minéraux et métaux. On y trouve les fameux cérium, scandium, lithium et autres éléments nécessaires à la création de produits de haute technologie. 

L’épuisement des ressources abiotiques provoqué par le seul numérique européen grimpait en 2021 à 5 760 tonnes équivalent antimoine (l’antimoine est un corps simple connu depuis la préhistoire et utilisé pour calculer les effets des activités humaines sur le non-vivant). Selon une étude de l’ADEME citée par Frédéric Bordage (GreenIT), 52 % de l’empreinte numérique française est due à cet épuisement des ressources abiotiques, 28 % à des radiations ionisantes, et « seulement » 11 % aux GES.

Autre élément mis en avant par Carbone 4 (entreprise à l’origine de la Net Zero Initiative, un référentiel soutenu par l’ADEME et dédié à la réduction des émissions du secteur privé) : l’idée que l’on puisse simplement « supprimer » le risque environnemental par un jeu d’écritures comptables ne pousse pas les dirigeants et salariés des entreprises concernées à imaginer d’autres solutions. Or leur créativité est nécessaire pour réduire l’empreinte environnementale des activités de production.

Enfin, la logique du pollueur-payeur n’enjoint pas à la sobriété, quand bien même tous les travaux scientifiques pointent vers l’urgence de réduire nos activités, donc notre consommation de ressources, pour lutter contre le changement climatique.

Commentaires (25)


ça fait plaisir de lire un article sur ce sujet et j’aimerais bien voir ces sujets de plus en plus.



Effectivement, les immenses entreprises qui se présentent “neutres en carbone” ça fait exploser le bullshitomètre à tous les niveaux.



Déjà que les règles de fiscalité et de comptabilité financière sont très orientées et biaisées (brûler du pétrole dans une voiture ou incendier un bâtiment font augmenter le PIB, la fiscalité des véhicules, des bâtiments encouragent la consommation et les dépenses)



Mais en plus on a une comptabilité carbone qui est dans son état actuel une forfaiture grotesque, qui n’engage que ceux qui y croient.



il n’est pas si simple de compter le carbone émis et celui absorbé par les arbres (et le surtout le sol). Les connaissances évoluent et on a vu il y a peu des études montrer par exemple que l’amazonie n’était plus un puit de carbone..
C’est flippant.


C’est possible pour un particulier qui aurait un bout de forêt de “vendre” des crédits carbone ?
EDF va pouvoir financer ses futures centrales nucléaires avec ce mécanisme ?


Pour les particuliers, ça passe par les CEE (certificats d’économie d’énergie).



Pour les centrales nucléaires, je ne sais pas du tout comment est calculé leur impact carbone. J’ai de gros doutes que ça puisse être vendu en compensation : ça ne compense rien du tout, le bilan carbone net d’une centrale nucléaire est très positif (au sens où ça produit beaucoup de CO2), surtout au moment de sa construction, mais même durant l’exploitation ça reste un contributeur net en terme de CO2 (certes, beaucoup mois qu’une centrale à charbon équivalente).




aurejac a dit:


il n’est pas si simple de compter le carbone émis et celui absorbé par les arbres (et le surtout le sol). Les connaissances évoluent et on a vu il y a peu des études montrer par exemple que l’amazonie n’était plus un puit de carbone..




En fait c’est déjà ce que disait mon prof de SVT il y a 25 ans. Une forêt « mature », niveau CO2 ce serait plutôt neutre. Une forêt qui capte du CO2, c’est une forêt dont la masse carbonée augmente, donc dans l’idée plutôt une forêt en expansion.


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Pour les particuliers, ça passe par les CEE (certificats d’économie d’énergie).



Pour les centrales nucléaires, je ne sais pas du tout comment est calculé leur impact carbone. J’ai de gros doutes que ça puisse être vendu en compensation : ça ne compense rien du tout, le bilan carbone net d’une centrale nucléaire est très positif (au sens où ça produit beaucoup de CO2), surtout au moment de sa construction, mais même durant l’exploitation ça reste un contributeur net en terme de CO2 (certes, beaucoup mois qu’une centrale à charbon équivalente).




aurejac a dit:


il n’est pas si simple de compter le carbone émis et celui absorbé par les arbres (et le surtout le sol). Les connaissances évoluent et on a vu il y a peu des études montrer par exemple que l’amazonie n’était plus un puit de carbone..




En fait c’est déjà ce que disait mon prof de SVT il y a 25 ans. Une forêt « mature », niveau CO2 ce serait plutôt neutre. Une forêt qui capte du CO2, c’est une forêt dont la masse carbonée augmente, donc dans l’idée plutôt une forêt en expansion.


Tesla a été bénéficiaire pour la première fois, grâce à la revente de crédit carbone.



Supposons qu’on puisse calculer l’empreinte carbone moyenne des voitures dans son ACV.
Admettons que l’empreinte carbone d’une tesla est inférieure à celle d’une voiture.
Il est donc considéré que la tesla émet moins de carbone. Donc Tesla se voit attribuer en quelque sorte d’un certificat de CO2 évité pour chaque tesla vendue.
En face, le producteur de gros SUV polluant compense en achetant des certificats CO2 à Tesla.



Du côté de la production électrique, on a l’empreinte carbone du mix électrique français. On a également l’empreinte carbone de la production d’origine nucléaire. On peut en déduire le certificat de CO2 “évité” du nucléaire, que doivent racheter les producteurs d’origine thermiques.



On peut adapter 2 paramètres:
-le ratio de compensation ( 1g CO2 évité par une tesla pour 1g de CO2 généré par un véhicule T, ou 10g de CO2 évité pour 1g de CO2 généré) ==> ceci engendre un coût supplémentaire pour les VT
-le prix du certificat de CO2 évité



Dans les 2 exemples, le principe repose sur le pollueur-payeur. Le but global étant d’inciter à privilégier une production dite plus vertueuse, par le cout.
La partie plus vertueuse gagnant plus de bénéfique. La partie plus polluante, verrait ses marges amputées, voir sa clientèle impactée (par répercussion du prix du certificat) .
Enfin ça c’est la théorie.



Car ça donne une impression de bonne consience qui n’incite pas forcément à la sobriété ou aux pratiques moins impactante.


il faut savoir que toute production ou capture d’énergie émet du CO2 (y compris le solaire ou l’éolien). Parmi celles-ci, le nucléaire est, toujours du point de vue du CO2, une des plus vertueuses (voir tableau A.III.2 dans la source).
Évidemment, cette source est d’autant plus vertueuse qu’on maintient en état de marche les centrales existantes - ça exclut de fermer les centrales qui viennent de sortir de révision pour des raisons électorales…



anagrys a dit:


il faut savoir que toute production ou capture d’énergie émet du CO2 (y compris le solaire ou l’éolien). Parmi celles-ci, le nucléaire est, toujours du point de vue du CO2, [une des plus vertueuses]




C’est toujours à mettre en face du besoin auquel elle réponds . La centrale qui émets le moins est celle qui ne sort pas de terre car on en a pas besoin grâce à la baisse de la demande en élec.
Dans l’absolu, quand elle fonctionne elle émets du CO2 : A sa construction, lors de son entretien, et lors de l’extraction + traitement du combustible. Alors oui, point de vue CO2 elle est plus efficace que beaucoup d’autre chose au regard de la prod électrique (y compris bon nombre d’ENR). Mais en valeur absolue par contre….



J’ajouterais que la centrale la moins efficace est celle qui est construite mais ne marche pas… Une chose dont on est spécialiste avec les EPR.


je t’invite à te renseigner sérieusement sur les EPR, sur les raisons pour lesquelles les réacteurs ne fonctionnent pas (en France, parce-que la Chine en construit en série). Évite Greenpeace pour les sources, par contre, ils ont un léger biais dès que l’atome est en jeu :mdr:
Au passage, tu n’as répondu qu’à la première partie de mon message, est-ce que c’est parce-que le 2e paragraphe allait à l’encontre de ce que tu sembles vouloir dire…?



Ceci étant, tu as raison la centrale la moins efficace est celle qui est construite mais ne marche pas. Et en 2e vient celle qui est construite mais fonctionne par à-coups. Ce qui achève de disqualifier complètement la production éolienne ou solaire dans le cadre d’un réseau organisé comme celui que nous avons en France métropolitaine. C’est un autre débat…



OB a dit:


Alors oui, point de vue CO2 elle est plus efficace que beaucoup d’autre chose au regard de la prod électrique (y compris bon nombre d’ENR). Mais en valeur absolue par contre….




En valeur absolue aussi, c’est beaucoup mieux que beaucoup d’autres sources.
Les valeurs qu’on donne pour les centrales nucléaires de quelques grammes de co2/kwh c’est construction, fonctionnement, traitement, combustible et démantèlement (estimations) inclus. C’est souvent valable pour toutes les sources renouvelables bas carbonne. En général, pour les énergies fossiles,le fonctionnement (consommation du combustible) émet tellement qu’on peut ignorer les autres sources.



anagrys a dit:


je t’invite à te renseigner sérieusement sur les EPR,




Merci de ta condescendance. Je me suis justement pas mal renseigné et mon opinion est faite.
Chacun la sienne.
Sur la seconde partie de ton message je suis d’accord (et oui j’aurais dû le préciser).
Ce que j’avais de mon coté entendu est que fessenheim a été fermée le jour où les allemands ont activé Datteln et que donc ils achetaient plus d’élec sur cette zone, ce qui rendait cette centrale moins intéressante (ce que je trouve stupide).
Là encore c’est mon avis.




anagrys a dit:


Et en 2e vient celle qui est construite mais fonctionne par à-coups. Ce qui achève de disqualifier complètement la production éolienne ou solaire dans le cadre d’un réseau organisé comme celui que nous avons en France métropolitaine. C’est un autre débat…




En cela je suis d’accord.



Et (encore une fois selon moi puisqu’il parait crucial de le re-re-re-répéter à chaque paragraphe) ce “cadre de réseau organisé” revient à héberger tous ses serveurs chez OVH à Strasbourg.




Paraplegix a dit:


En valeur absolue aussi, c’est beaucoup mieux que beaucoup d’autres sources. Les valeurs qu’on donne pour les centrales nucléaires de quelques grammes de co2/kwh c’est construction, fonctionnement, traitement, combustible et démantèlement (estimations) inclus. C’est souvent valable pour toutes les sources renouvelables bas carbone. En général, pour les énergies fossiles,le fonctionnement (consommation du combustible) émet tellement qu’on peut ignorer les autres sources.




Si l’on ignore les sources fossiles (effectivement) je serait curieux de voir les sources de ces données car pour moi vu la durée de vie d’une centrale, ses pannes, et l’évolution du prix du fuel lourd (qui sert aux bateaux & à l’extraction du minerai) , il doit y avoir pas mal d’hypothèses de faites.
Ceci étant dit j’ai bien conscience qu’un panneau solaire est pas spécialement économique à produire en CO2.



(et pour la suite aussi)



:yes:



KMD55 a dit:


C’est possible pour un particulier qui aurait un bout de forêt de “vendre” des crédits carbone ?
Je ne sais, pas, je sais qu’il est possible, c’est de financer la plantation / replantation de ton bout de forêt via divers programmes portés par des ONG et financés par ces sociétés.
C’est par contre plutôt contraigant.




OB a dit:


Si l’on ignore les sources fossiles (effectivement) je serait curieux de voir les sources de ces données car pour moi vu la durée de vie d’une centrale, ses pannes, et l’évolution du prix du fuel lourd (qui sert aux bateaux & à l’extraction du minerai) , il doit y avoir pas mal d’hypothèses de faites. Ceci étant dit j’ai bien conscience qu’un panneau solaire est pas spécialement économique à produire en CO2.




D’après UNECE: 5-6g/kwh source: https://unece.org/sites/default/files/2022-04/LCA_3_FINAL%20March%202022.pdf
D’après le giec 18g/kwh. source: https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/ipcc_wg3_ar5_annex-iii.pdf (2018 je suis sur qu’il y a plus récent, mais c’est le premier que j’ai trouvé)



Le giec c’est pas les plus gentils avec le nucléaire, ils le donne a 18g/kwh la où L’eu/RTE/EDF nous donne des chiffres a 5g/kwh



Après si on se base sur les données du giec il y a que l’éolien qui fait “mieux” (15-17%).



Après on peut débattre des chiffres et autres, mais ça serait probablement perdre du temps. Dire “L’éolien c’est mieux parce que c’est que 15g aux lieux de 18 pour le nucléaire” quand à côté de ça l’Allemagne bouffe des tonnes de charbon a 1000g/kwh c’est peut-être un peu contre productif ^^
“La solution” c’est juste de faire un peu de tout et d’arrêter de chercher la solution miracle, chaque énergie à ses avantages et inconvénients (oui même le fossile), et vouloir se priver d’une energie parce qu’il y a des détails qui nous gênent, c’est se tirer une balle dans le pied (même si de manière global niveau écologie on est en train de dégoupiller une grenade et de la garder dans la main).



D’ailleurs, j’en profite pour partager ce site qui est plutôt pas mal pour voir le mix énergétique Europe en temps réel :
https://app.electricitymaps.com/



OB a dit:


La centrale qui émets le moins est celle qui ne sort pas de terre car on en a pas besoin grâce à la baisse de la demande en élec.




Je te rappelle que tous les scénarios compatibles avec une hausse limitée de la température reposent sur l’électrification de tout ce qui est actuellement fossile, donc une hausse très importante de la consommation d’électricité. Avant de parler de baisse de la demande d’électricité, commençons par supprimer le charbon, le gaz et le pétrole.




Paraplegix a dit:


Le giec c’est pas les plus gentils avec le nucléaire, ils le donne a 18g/kwh la où L’eu/RTE/EDF nous donne des chiffres a 5g/kwh




C’est pas une question de gentillesse (d’ailleurs, il me semble que l’estimation du GIEC est 12 g/kWh), mais d’impact d’enrichissement de l’uranium (en France, on utilise un procédé efficace et alimenté par du nucléaire, donc bien inférieur à la moyenne mondiale). Il reste que, 5 ou 12 ou 18, c’est du même acabit : similaire au ENR et infiniment meilleur que la moins pire des énergies fossiles (>500 g/kWh pour le gaz).


Il n’y a bien sur pas de débats sur le fait que le nucléaire comme les ENR c’est largement mieux que le fossile.
Le débat porte sur le mix énergétique hors fossile (même si le fossile PEUX avoir, pour des besoins très ponctuel aussi une utilité sur le court terme, notamment par sa vitesse de démarrage. Mais elle partage aussi avec le nucléaire son besoin en eau de refroidissement donc un problème potentiel en été).
Bref. Mon propos initial était juste sur la pertinence des grosses unités nucléaires vs plusieurs petites et sur le fait que ces unités sont, en ordre de grandeur, identiques à celles des ENR sous réserve qu’elles fonctionnent bien et longtemps (elles ont aussi un avantage certain en terme de constance de prod).



Concernant la conso élec, qui dit plus d’élec (beaucoup plus) implique aussi plus de moteurs / générateurs (puisque aujourd’hui, en dehors du générateur rotatif électromagnétique il n’y a guère que le solaire) , donc cuivre et béton (beaucoup de béton) principalement.
Or ces éléments sont aussi en tension d’approvisionnement.



Alors soit on monte vraiment une grande filière de recyclage (pas simple), soit les “scénarios compatibles avec une hausse limité de la t°” vont vite se retrouver planté.



Paraplegix a dit:



D’ailleurs, j’en profite pour partager ce site qui est plutôt pas mal pour voir le mix énergétique Europe en temps réel : https://app.electricitymaps.com/




J’aime bcp ce site.
Il me semble que ce sont eux qui font ca : https://www.co2signal.com/ , qui est intégrable à HomeAssistant et qui à mon sens serait très utile pour, par ex, faire chauffer les cumulus des particuliers au bon moment plutôt qu’à heure fixe et identique pour tlm …



OB a dit:


Il n’y a bien sur pas de débats sur le fait que le nucléaire comme les ENR c’est largement mieux que le fossile. Le débat porte sur le mix énergétique hors fossile (même si le fossile PEUX avoir, pour des besoins très ponctuel aussi une utilité sur le court terme, notamment par sa vitesse de démarrage. Mais elle partage aussi avec le nucléaire son besoin en eau de refroidissement donc un problème potentiel en été). Bref. Mon propos initial était juste sur la pertinence des grosses unités nucléaires vs plusieurs petites et sur le fait que ces unités sont, en ordre de grandeur, identiques à celles des ENR sous réserve qu’elles fonctionnent bien et longtemps (elles ont aussi un avantage certain en terme de constance de prod).




Les grosses unités ont l’avantage d’être plus simples à gérer pour le réseau. En ordre de grandeur, il faut moins de puissance en grosses unités pilotables qu’en petites unités non pilotables (l’éolien requiert une puissance installée 2 à 3 fois supérieure, le solaire, une puissance 7 fois supérieure).




Concernant la conso élec, qui dit plus d’élec (beaucoup plus) implique aussi plus de moteurs / générateurs (puisque aujourd’hui, en dehors du générateur rotatif électromagnétique il n’y a guère que le solaire) , donc cuivre et béton (beaucoup de béton) principalement. Or ces éléments sont aussi en tension d’approvisionnement.




Ce ne sont pas des problèmes bloquants (le béton nécessaire aux éoliennes est une goutte d’eau dans l’océan des utilisations du béton dans le monde; le cuivre peut être en tension, mais c’est principalement une question de flux et pas de stock - et il se recycle donc limitera le besoin en extraction à un moment donné).



Le problème est d’avoir une stratégie à long terme, plutôt que des réactions qui changent la donne pour l’industrie en fonction des événements et des sondages.




Alors soit on monte vraiment une grande filière de recyclage (pas simple), soit les “scénarios compatibles avec une hausse limité de la t°” vont vite se retrouver planté.




Les filières de recyclage sont en place pour un certain nombre de composants, et on en connaît la faisabilité (pour les batteries par exemple). Elles ne sont pas toutes déployées parce que la plupart des composants sont trop jeunes (les premières batteries de voitures partent aujourd’hui en stockage stationnaire, sauf batteries défaillantes, il faudra donc encore 5 à 10 ans avant de voir arriver du volume en recyclage)



deathscythe0666 a dit:


Les grosses unités ont l’avantage d’être plus simples à gérer pour le réseau. En ordre de grandeur, il faut moins de puissance en grosses unités pilotables qu’en petites unités non pilotables (l’éolien requiert une puissance installée 2 à 3 fois supérieure, le solaire, une puissance 7 fois supérieure).




Plus facile à gérer mais plus vulnérables - si elles doivent être stoppée, c’est bcp de prod qui s’arrête. Et en plus si elles sont toute sur le même modèle, ben faut toute les arrêter (cf le problème de corrosion mais aussi le problème à Taishan.



Les SMR sont pas des mobylettes non plus, on parle de 10 à 20Mw par unité, sachant que l’idée est d’en placer plusieurs au même endroits (mais pas forcément du même constructeur).




deathscythe0666 a dit:


Ce ne sont pas des problèmes bloquants (le béton nécessaire aux éoliennes est une goutte d’eau dans l’océan des utilisations du béton dans le monde; le cuivre peut être en tension, mais c’est principalement une question de flux et pas de stock - et il se recycle donc limitera le besoin en extraction à un moment donné).




Ce sont jamais des problèmes bloquants jusqu’à ce soit le nez dessus.
L’argument reste toujours “oh, mais bon, ça consomme [du béton|du cuivre|…] mais bon c’est beaucoup moins que d’autres choses alors bon c’est pas grave. Mais avec ce raisonnement , chaque domaine peux “justifier” son choix , et à la fin tout le monde est planté.
D’autant que aujourd’hui le cuivre reste un produit extractif simplement car il est moins cher économiquement dans ce cadre (d’autant qu’on ne compense jamais les dommages environnementaux).



Le recyclage reste très théorique , même nos amis roumains qui le font “gratuitement finissent en cramant le plastique en pleine nature….




Le problème est d’avoir une stratégie à long terme, plutôt que des réactions qui changent la donne pour l’industrie en fonction des événements et des sondages.




La dessus on est d’accord, sauf que justement nous ne sommes pas d’accord sur ladite stratégie…




Les filières de recyclage sont en place pour un certain nombre de composants, et on en connaît la faisabilité (pour les batteries par exemple). Elles ne sont pas toutes déployées parce que la plupart des composants sont trop jeunes (les premières batteries de voitures partent aujourd’hui en stockage stationnaire, sauf batteries défaillantes, il faudra donc encore 5 à 10 ans avant de voir arriver du volume en recyclage)




En effet ce sera intéressant à voir . Les moteurs par exemple.
Pour les batteries on peux pas vraiment dire que les filières de recyclage du plombs ou du cobalt sont très bien implantées - mais ça coute + cher que l’extractif, comme d’hab.



OB a dit:


Plus facile à gérer mais plus vulnérables - si elles doivent être stoppée, c’est bcp de prod qui s’arrête. Et en plus si elles sont toute sur le même modèle, ben faut toute les arrêter (cf le problème de corrosion mais aussi le problème à Taishan.




Le problème des SMR, c’est qu’ils risquent aussi d’être déployés en série, donc sur des modèles identiques (encore plus standard que des grosses unités).




Les SMR sont pas des mobylettes non plus, on parle de 10 à 20Mw par unité, sachant que l’idée est d’en placer plusieurs au même endroits (mais pas forcément du même constructeur).




Ce serait même plutôt dans les 300MW. Mais je t’ai mal compris, j’ai cru que tu parlais d’installation ENR.




Ce sont jamais des problèmes bloquants jusqu’à ce soit le nez dessus. L’argument reste toujours “oh, mais bon, ça consomme [du béton|du cuivre|…] mais bon c’est beaucoup moins que d’autres choses alors bon c’est pas grave.




Ça sera un problème uniquement si on se tourne les pouces en attendant que ça en soit un. Pour rappel, une centrale à charbon brûle 9000T de combustible par jour. Pour le coup, les ordres de grandeur sont totalement différents avec les matériaux de la transition. Et il faut arrêter de faire croire que toute extraction de métaux est pour la transition. Tous ces problèmes ne gênaient personne quand c’était pour produire des smartphones, ou des systèmes de dépollution, ou tout autre objet reposant sur les énergies fossiles.




Mais avec ce raisonnement , chaque domaine peux “justifier” son choix , et à la fin tout le monde est planté. D’autant que aujourd’hui le cuivre reste un produit extractif simplement car il est moins cher économiquement dans ce cadre (d’autant qu’on ne compense jamais les dommages environnementaux).




Toute notre activité a un impact environnemental, le travail, c’est de limiter ce dernier, exactement ce qu’on cherche à faire avec la transition. Vouloir plus, c’est le sophisme de la solution parfaite, qui conduit in fine à ne rien changer et continuer avec la pire des solutions.




Le recyclage reste très théorique , même nos amis roumains qui le font “gratuitement finissent en cramant le plastique en pleine nature….




Tu confonds le problème du recyclage et celui de la collecte (qui est bien plus simple avec les gros objets de la transition : éoliennes, panneaux solaires, batteries de véhicules, pas le genre de choses qui finissent par inadvertance dans la poubelle marron)




La dessus on est d’accord, sauf que justement nous ne sommes pas d’accord sur ladite stratégie…



En effet ce sera intéressant à voir . Les moteurs par exemple. Pour les batteries on peux pas vraiment dire que les filières de recyclage du plombs ou du cobalt sont très bien implantées - mais ça coute + cher que l’extractif, comme d’hab.




C’est avec ce genre d’argument à court terme qu’on a décidé de fermer superphénix. Ce n’est pas parce que le cobalt est quasi donné aujourd’hui qu’il le sera toujours. Recycler le plomb, c’est aussi nécessaire écologiquement, peu importe le coût, donc autant recycler que juste confiner (ce qui serait pour le coup vraiment de l’argent en l’air). Le recyclage dépendra principalement de plusieurs facteur : tension sur les flux d’approvisionnement, coût du recyclage, et réutilisation (sur les batteries, il y a des incertitudes sur le cobalt qui pourrait disparaître des batteries).


La logique du « pollueur-payeur » débouche sur le trafic de crédits carbone. Tesla, par exemple, ne serait bénéficiaire qu’en vendant les crédits carbone gagnés par sa production “vertueuse” à GM ou Ford dont les véhicules sont majoritairement thermiques et très polluants. Cela, dans les états des USA comme la Californie qui joue le jeu de ces crédits et des bonus/malus associés. Drôle car la production de Tesla me semble tout sauf vertueuse.



Le but est immédiatement louche de déboucher sur un marché et donc de permettre de spéculer, voire d’escroquer (cf. Fraude à la TVA sur les quotas de carbone). À la fin, on découvrira qu’aucun progrès significatif pour le climat n’en est résulté, rien qu’un progrès dans les biens mal acquis de diverses crapules.



OB a dit:


Les SMR sont pas des mobylettes non plus, on parle de 10 à 20Mw par unité, sachant que l’idée est d’en placer plusieurs au même endroits (mais pas forcément du même constructeur).



deathscythe0666 a dit:


Le problème des SMR, c’est qu’ils risquent aussi d’être déployés en série, donc sur des modèles identiques (encore plus standard que des grosses unités).




Le problème des SMR est surtout qu’ils n’existent qu’à l’état de concepts. On n’a même pas un seul début de prototype fonctionnel…



Patch a dit:


Le problème des SMR est surtout qu’ils n’existent qu’à l’état de concepts. On n’a même pas un seul début de prototype fonctionnel…




Exact, et c’est l’argument le plus pertinent actuellement pour ne pas baser la transition sur les SMR (ou tout autre technologie non existante/non industrialisée, genre l’H2 ou les e-fuels).



deathscythe0666 a dit:


Le problème des SMR, c’est qu’ils risquent aussi d’être déployés en série, donc sur des modèles identiques (encore plus standard que des grosses unités).




Ah ! Dans mon idée , les SMR viendraient de plusieurs constructeurs différents, y compris étrangers.
Sinon effectivement c’est très con.




Tous ces problèmes ne gênaient personne quand c’était pour produire des smartphones, ou des systèmes de dépollution, ou tout autre objet reposant sur les énergies fossiles.
Toute notre activité a un impact environnemental, le travail, c’est de limiter ce dernier, exactement ce qu’on cherche à faire avec la transition. Vouloir plus, c’est le sophisme de la solution parfaite, qui conduit in fine à ne rien changer et continuer avec la pire des solutions.




Le problème est dénoncé depuis un moment, donc si, ça gênait des gens. Ce qui veux pas dire qu’on y fasse grand chose.
Personne ne cherche la solution parfaite , tout le monde sais bien que chacune présente des inconvénients. C’est juste qu’on est pas d’accord sur déjà la meilleure solution à démarrer.



Pour moi un bon exemple de sophisme, c’est le projet ITER, qui promet un truc dans un futur tellement loin et sur une techno tellement complexe que si ça arrive un jour les humains restant seront bien peu à en profiter.




C’est avec ce genre d’argument à court terme qu’on a décidé de fermer superphénix.
J’avoue que c’était con, même si c’était aussi un merdier pas possible à faire tourner (sodium, franchement…)



Ce n’est pas parce que le cobalt est quasi donné aujourd’hui qu’il le sera toujours. Recycler le plomb, c’est aussi nécessaire écologiquement, peu importe le coût, donc autant recycler que juste confiner (ce qui serait pour le coup vraiment de l’argent en l’air). Le recyclage dépendra principalement de plusieurs facteur : tension sur les flux d’approvisionnement, coût du recyclage, et réutilisation (sur les batteries, il y a des incertitudes sur le cobalt qui pourrait disparaître des batteries).




Ben on est bien d’accord. Mais je constate qu’on le fait pas ou peu.




Patch a dit:


Le problème des SMR est surtout qu’ils n’existent qu’à l’état de concepts. On n’a même pas un seul début de prototype fonctionnel…




On a les machin qui tournent dans les porte-avions.
Mais j’admets que c’est très très court pour faire un SMR & monter une filière.



Néanmoins de mon point de vue créer une filière de SMR via de petites structures me parait dans le modèle actuel de notre productivité plus réaliste que de demander à EDF de fabriquer des EPR en utilisant les process administratifs et d’organisation du travail qui ont mené à Flamanville.



Alors oui, si tu me dit qu’on retourne à une organisation façon années 60 qui a donné le parc nucléaire actuel , là je pense que c’est faisable.
C’est juste que vu la manière dont sont gérés les grandes entreprises et leurs grands projets d’infra ces 20 dernières années , ça me parait être du whishfull thinking. Et lancer 10 unités EPR avec cette manière de faire c’est juste faire cadeau de milliards d’euros à Bouygues et dans 30 ans on aura 10 Flamanville.



Au moins avec de petites unités faites par plusieurs “petites” sociétés on a une chance (c’est pas automatique : j’ai vu trop de petites boites avoir les même travers que les grandes) d’arriver à un truc qui marche un peu à la fin.



Mais oui effectivement, comme depuis 2020 (date de 1ère annonce par macron) il n’y a pas eu le moindre mouvement sur le sujet, je ne suis plus trop optimiste non plus (et ça m’étonnerais qu’en 7 ans on arrive à prototyper & lancer des modèles de SMR industrialisables).



C’est je pense aussi une des raisons de l’essor du renouvelable malgré ses inconvénients : Poser des panneaux et des éoliennes , la techno est maitrisé par de “petits” acteurs, la filière existe en pratique=> Tu poses le pognon sur la table et 3 ans après t’a de la prod. Et en plus t’a le choix du constructeur et du maitre d’ouvrage. C’est pas top en terme de renta mais c’est toujours mieux qu’une centrale indéfiniment pas finie.



Après c’est une question de confiance. Moi j’ai pas confiance dans une boite qui a raté tous ses EPR depuis qu’elle a dit qu’elle voulais en faire, surtout qu’on parle d’argent public ici (livret A dernièrement), et je suis pas d’accord pour mettre mes impôts dans un puis sans fond (mais qui sont pas perdu pour tout le monde).



Si tu me dit que les SMR seront construits par EDF , Vinci & Bouygues j’aurais exactement la même défiance.



OB a dit:


Ah ! Dans mon idée , les SMR viendraient de plusieurs constructeurs différents, y compris étrangers. Sinon effectivement c’est très con.




Le but, c’est la modularité, rien ne dit dans les annonces actuelles que ça se combine n’importe comment. Ça reste relativement vaporware pour l’instant, même si la technologie de base (fission nucléaire) est nettement mieux connue que d’autres paris technologiques faits dans certains scénarios.




Le problème est dénoncé depuis un moment, donc si, ça gênait des gens. Ce qui veux pas dire qu’on y fasse grand chose. Personne ne cherche la solution parfaite , tout le monde sais bien que chacune présente des inconvénients. C’est juste qu’on est pas d’accord sur déjà la meilleure solution à démarrer.




Il faut toutes les démarrer en même temps : des EPR2, des SMR, des ENR, des véhicules électriques, la réduction du véhicule personnel, le recyclage, la cogénération, tout doit être fait ASAP.




Pour moi un bon exemple de sophisme, c’est le projet ITER, qui promet un truc dans un futur tellement loin et sur une techno tellement complexe que si ça arrive un jour les humains restant seront bien peu à en profiter.




On ne sait pas pour la faisabilité, et on ne sait surtout pas pour la pertinence financière (si ça marche mais avec un kWh en sortie de réacteur à 3€, autant dire que ça ne marche pas tellement).




Ben on est bien d’accord. Mais je constate qu’on le fait pas ou peu.




On sait faire pour une grosse partie du recyclage, mais la filière industrielle ne peut démarrer qu’avec des volumes suffisants, qui ne sont pas encore là.




On a les machin qui tournent dans les porte-avions. Mais j’admets que c’est très très court pour faire un SMR & monter une filière.




Vu les start up qui montent sur le domaine et l’absence de résultats qql années plus tard, ça doit être légèrement plus complexe que ça.




Néanmoins de mon point de vue créer une filière de SMR via de petites structures me parait dans le modèle actuel de notre productivité plus réaliste que de demander à EDF de fabriquer des EPR en utilisant les process administratifs et d’organisation du travail qui ont mené à Flamanville.




Le but est justement de ne pas refaire ça (déjà, Areva n’existe plus, donc on ne leur confiera plus ce projet).




Alors oui, si tu me dit qu’on retourne à une organisation façon années 60 qui a donné le parc nucléaire actuel , là je pense que c’est faisable. C’est juste que vu la manière dont sont gérés les grandes entreprises et leurs grands projets d’infra ces 20 dernières années , ça me parait être du whishfull thinking. Et lancer 10 unités EPR avec cette manière de faire c’est juste faire cadeau de milliards d’euros à Bouygues et dans 30 ans on aura 10 Flamanville.




C’est EDF qui sera chargé des chantiers, en étant à 100% propriété de l’état. Comme dans les années 60 sauf qu’aujourd’hui il y a une désinformation massive sur le nucléaire et une frilosité de l’état à se frotter à la contestation (on aura autant de ZAD que de sites de construction). C’est exactement le même problème pour les ENR.




Au moins avec de petites unités faites par plusieurs “petites” sociétés on a une chance (c’est pas automatique : j’ai vu trop de petites boites avoir les même travers que les grandes) d’arriver à un truc qui marche un peu à la fin.




Avec le nucléaire, on ne peut pas se contenter de marcher “un peu”.




Mais oui effectivement, comme depuis 2020 (date de 1ère annonce par macron) il n’y a pas eu le moindre mouvement sur le sujet, je ne suis plus trop optimiste non plus (et ça m’étonnerais qu’en 7 ans on arrive à prototyper & lancer des modèles de SMR industrialisables).



C’est je pense aussi une des raisons de l’essor du renouvelable malgré ses inconvénients : Poser des panneaux et des éoliennes , la techno est maitrisé par de “petits” acteurs, la filière existe en pratique=> Tu poses le pognon sur la table et 3 ans après t’a de la prod. Et en plus t’a le choix du constructeur et du maitre d’ouvrage. C’est pas top en terme de renta mais c’est toujours mieux qu’une centrale indéfiniment pas finie.



Après c’est une question de confiance. Moi j’ai pas confiance dans une boite qui a raté tous ses EPR depuis qu’elle a dit qu’elle voulais en faire, surtout qu’on parle d’argent public ici (livret A dernièrement), et je suis pas d’accord pour mettre mes impôts dans un puis sans fond (mais qui sont pas perdu pour tout le monde).




Olkiluoto est sur les rails pour son démarrage final, Taishan 1 et 2 fonctionnent (il y a eu un arrêt lié à un pb sur le combustible, mais rien de totalement inédit). Il reste Flamanville qui fait les frais de 30 ans de politique industrielle inexistante et d’absence de vision à long terme.




Si tu me dit que les SMR seront construits par EDF , Vinci & Bouygues j’aurais exactement la même défiance.




Tu sais, autant je suis d’accord que les start up ont certains avantages, autant des sociétés comme EDF, quand il s’agit de secteurs très capitalistiques, avec un savoir-faire construit sur des décennies (même amoindri) et une réglementation très dure, ont beaucoup d’avantages.



deathscythe0666 a dit:


Tu sais, autant je suis d’accord que les start up ont certains avantages, autant des sociétés comme EDF, quand il s’agit de secteurs très capitalistiques, avec un savoir-faire construit sur des décennies (même amoindri) et une réglementation très dure, ont beaucoup d’avantages.




Au final, on a beaucoup parlé pour arriver à cette conclusion. Je constate ton avis mais je ne le partage simplement pas du tout.



PS: Je me suis abstenu de parler de “startup” pour ce domaine car je n’imagine bien sur pas qu’on fait des SMR comme on fait des trotinettes électrique avec un site web en bootstrap et une tournée de financement. Je pensais davantage à des PME déjà existantes et assez grandes capable de mobiliser du personnel, attirer des gens compétents et les payer correctement, tout en refusant le modèle d’externalisation systématique de la moindre fonction technique qui a planté bon nombre de projets et/ou qui les a rendu laborieux et au résultats médiocres.




deathscythe0666 a dit:


Avec le nucléaire, on ne peut pas se contenter de marcher “un peu”.




Bah c’est con parceque c’est au mieux ce que nous promettent les grands “grands projets d’infrastructure” français. Le dernier en date c’est le FTTH. Et au pire…. rien. Pas de centrale (mais bcp de béton).




Olkiluoto est sur les rails pour son démarrage final, Taishan 1 et 2 fonctionnent (il y a eu un arrêt lié à un pb sur le combustible, mais rien de totalement inédit). Il reste Flamanville qui fait les frais de 30 ans de politique industrielle inexistante et d’absence de vision à long terme.




Olkiluoto , cf wikipedia:




La construction du troisième (OL3 – le premier EPR commercialisé par Areva) a débuté en 2004, sa première criticité a été établie le 21 décembre 2021 ; sa première connexion au réseau a eu lieu le 12 mars 2022. L’exploitation commerciale du réacteur devrait commencer, au mieux, en avril 2023.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/11/04/nucleaire-l-interminable-saga-de-l-epr-finlandais-olkiluoto-3_6148419_3234.html
Si on commence maintenant, on devrait avoir de l’elec pour 2042.




Taishan 1 et 2 fonctionnent mais on été fabriqué par des chinois (et non sans mal, sans reports, …). les chinois ont eu l’intelligence de ne pas tout confier à Areva.
Et la panne qui les a mis à l’arrêt est un défaut de conception justement sur la partie Française.



Quant à flamanville, c’est surtout lié au mode de gouvernance des entreprises successive (cf mon laius sur la sous-sous-sous-traitance) et au désir de traire le pourvoyeur d’argent public.
Il y a eu une interview edifiante de Proglio sur (entre autre) ce sujet récemment:
https://videos.assemblee-nationale.fr/video.12629753_63989173d5cd8 . J’ai tendance à être assez confiant dans son jugement.



Et je ne vois pas, mais alors pas du tout, de trajectoire qui permette de dire que si on lance de prochains chantiers (à grand mal, car effectivement beaucoup de gens n’y croient plus, et pas que des zadistes) , tout d’un coup par magie on va retourner dans une logique de production similaire à celle des années 60. Encore une fois pour moi le défi n’est pas technique, mais uniquement managerial. Et d’autant moins avec un gouvernement qui fait tout pour exacerber les divisions au lieu de parlementer et finalement rassembler la population derrière un projet de société limpide et de long terme.



Voila. Après, je comprends que tu ne partages pas mes doutes. Don acte.



OB a dit:


PS: Je me suis abstenu de parler de “startup” pour ce domaine car je n’imagine bien sur pas qu’on fait des SMR comme on fait des trotinettes électrique avec un site web en bootstrap et une tournée de financement. Je pensais davantage à des PME déjà existantes et assez grandes capable de mobiliser du personnel, attirer des gens compétents et les payer correctement, tout en refusant le modèle d’externalisation systématique de la moindre fonction technique qui a planté bon nombre de projets et/ou qui les a rendu laborieux et au résultats médiocres.




Les PME vont aussi s’appuyer sur une externalisation (couler des milliers de m³ de béton, c’est en général confié à ceux qui savent faire et qui ont le matériel, par exemple)




Bah c’est con parceque c’est au mieux ce que nous promettent les grands “grands projets d’infrastructure” français. Le dernier en date c’est le FTTH. Et au pire…. rien. Pas de centrale (mais bcp de béton).




Je ne vois pas où on promet de marcher un peu : on construit une centrale et elle doit satisfaire à 100% la réglementation, sous contrôle de l’ASN. Ça ne s’improvise pas.




Olkiluoto , cf wikipedia:




Olkiluoto est dans la dernière phase de tests de montée en charge (il a déjà fonctionné mais hors cadre commercial).




Taishan 1 et 2 fonctionnent mais on été fabriqué par des chinois (et non sans mal, sans reports, …). les chinois ont eu l’intelligence de ne pas tout confier à Areva. Et la panne qui les a mis à l’arrêt est un défaut de conception justement sur la partie Française.




Fabriqué par les Chinois sur un modèle français.




Quant à flamanville, c’est surtout lié au mode de gouvernance des entreprises successive (cf mon laius sur la sous-sous-sous-traitance) et au désir de traire le pourvoyeur d’argent public. Il y a eu une interview edifiante de Proglio sur (entre autre) ce sujet récemment: https://videos.assemblee-nationale.fr/video.12629753_63989173d5cd8 . J’ai tendance à être assez confiant dans son jugement.




L’analyse de Brotte était plus complète. Flamanville 3 a pâti de la conjonction de bcp de choses (faire du nuc avec les Allemands, bonne blague; les changements de réglementation en cours de construction; le manque de responsable/chef de projet qui fait que rien n’avance puisque tout le monde s’occupe de tout mais personne ne fait rien; la perte de compétences entre les 90’ et 2008; le projet affecté à Areva qui n’avait jamais dirigé de construction de centrale nucléaire, en plus sur un nouveau modèle)




Et je ne vois pas, mais alors pas du tout, de trajectoire qui permette de dire que si on lance de prochains chantiers (à grand mal, car effectivement beaucoup de gens n’y croient plus, et pas que des zadistes) , tout d’un coup par magie on va retourner dans une logique de production similaire à celle des années 60. Encore une fois pour moi le défi n’est pas technique, mais uniquement managerial. Et d’autant moins avec un gouvernement qui fait tout pour exacerber les divisions au lieu de parlementer et finalement rassembler la population derrière un projet de société limpide et de long terme.




Au contraire, il y a de plus en plus de personnes convaincues que le nucléaire fait partie des solutions, y compris chez EELV qui essaie de cacher cette discorde interne. On ne retournera pas dans le cadre des 60’ tout simplement parce qu’à l’époque on pouvait faire un peu n’importe quoi par rapport aux normes actuelles. Donc, oui, ce sera plus difficile, mais ça reste faisable, la techno est connue, il reste des compétences, le retex de FLA-3 sera utile pour améliorer les 3 nouvelles paires d’EPR2.




Voila. Après, je comprends que tu ne partages pas mes doutes. Don acte.




J’ai des doutes, mais ils sont principalement portés sur le politique. Si on donne réellement à EDF pouvoir pour construire et opérer au moins 60 ans des EPR2, avec des garanties qu’on ne démolit pas tout à la prochaine mandature, ce sera fait.


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