Perdus face au cloud ? On vous explique les notions principales

Avec de la grosse donnée
Internet 10 min
Perdus face au cloud ? On vous explique les notions principales
Crédits : BsWei/iStock

Qu’est-ce que le cloud ? Voici un petit lexique pour vous y retrouver, avec les principales caractéristiques de chacun. Nous y avons ajouté des éléments de comparaison, car les technologies peuvent être en concurrence ou complémentaires, selon le contexte. Dans une deuxième partie, nous nous pencherons sur les edge et fog computing.

Pour de nombreuses personnes, le cloud est un concept nébuleux. Il est bien résumé par son nom : c’est loin.

Même quand on sait ce que la notion désigne, il n’est pas forcément simple de savoir ce que cela implique vraiment, d’autant que les technologies évoluent au gré des projets et de la géopolitique.

Parmi toutes les notions existant dans ce domaine, nous allons commencer par la principale, qui servira d’élément de comparaison pour la suite : le cloud lui-même. Voici la définition qu'en donne CNIL, que nous allons détailler par la suite :

« Le cloud computing (en français, "informatique dans les nuages") fait référence à l’utilisation de la mémoire et des capacités de calcul des ordinateurs et des serveurs répartis dans le monde entier et liés par un réseau. Les applications et les données ne se trouvent plus sur un ordinateur déterminé mais dans un nuage (cloud) composé de nombreux serveurs distants interconnectés. »

Notre lexique sur le cloud :

Cloud computing : loin là-haut dans le ciel

Le cloud désigne avant tout l’hébergement distant des données. Ces dernières peuvent être présentes ou non sur un appareil, mais celui-ci va se connecter dans tous les cas à un serveur pour les récupérer, pour vérifier par exemple si elles sont à jour.

Aujourd’hui, un smartphone est constamment connecté au cloud. Lorsqu’on utilise un compte Google ou Apple pour synchroniser ses données, c’est du cloud. Quand l’application météo se charge et affiche ses informations, elle les prend dans le cloud. Quand on utilise OneDrive, Google Drive, kDrive ou Proton Drive, c’est encore du cloud.

Plus spécifiquement, le « cloud computing » est intimement lié aux centres de données. Leur multiplication a permis l’explosion du nuage tel qu’on le connait aujourd’hui, avec une omniprésence posant de nombreuses questions.

Les avantages du cloud computing sont nombreux. Quand une application y est déployée par exemple, on connait à l’avance l’environnement d’exécution, ainsi que les résultats attendus. Cela permet d’offrir le même service pour tous les terminaux, sans trop s’inquiéter des caractéristiques techniques et matérielles. Un très bon exemple est le cloud gaming, avec des services comme le Xbox Game Pass, qui permettent de jouer sur presque n’importe quel appareil avec des performances stables, et souvent largement supérieures à ce que l’on obtiendrait localement. Dans le même esprit, on trouve l’offre Shadow.

Le cloud permet également la déportation d’une quantité titanesque de données. Par exemple, les datacenters des GAFAM – Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft – hébergent des montagnes de fichiers et contenus, auxquels on peut virtuellement accéder de n’importe où. Tous ne commercialisent pas des offres cloud, mais tous en ont fait un pivot de leurs services. On pourrait également citer OVHcloud en France ou Hetzner en Allemagne.

Ce point est devenu très important pour de nombreuses personnes, car il décorrèle l’espace de stockage local des données. Comme avec le cloud gaming, on n’est plus limité par les caractéristiques techniques de son téléphone ou ordinateur. Ce stockage distant permet de plus les sauvegardes régulières sans rien avoir à brancher. En cas de panne et de retour aux paramètres d’usine, on peut ainsi récupérer ses données et réglages. Même bénéfice avec les drives, puisque ces stockages bénéficient de multiples redondances, avec une chance virtuellement nulle d’entrainer une perte de données pour un client.

Tout n’est pas rose

Les inconvénients du cloud sont presque aussi nombreux. La multiplication des centres de données pose tout d’abord la question de leur énorme consommation énergétique, notamment pour refroidir les composants. Des efforts ont été faits et sont en cours, comme la construction de sources d’énergie renouvelables dans les « nouveaux » centres depuis plusieurs années, pour couvrir leur consommation. Plus récemment, on a vu d’autres solutions émerger, comme l’Hybrid Immersion Liquid Cooling d'OVHcloud, qui consiste à plonger les baies dans un liquide diélectrique. On se rappelle également des tests de Microsoft sur le concept de datacenter sous-marin, qui avaient donné d’ailleurs des résultats encourageants.

L’autre grand problème du cloud est politique. Chaque pays a sa législation dans le domaine, et certaines posent plus de problèmes que d’autres. Le cas le plus connu actuellement est le Cloud Act, une loi des États-Unis permettant à la justice de réclamer – avec un mandat – des données stockées dans d’autres pays, si le stockage est assuré par une société américaine.

Cette loi était venue apporter une solution radicale à la problématique posée par le périmètre juridique du cloud. Pour illustrer le souci, l’affaire qui avait opposé Microsoft à la justice américaine avait fait couler beaucoup d’encre. Dans une affaire de trafic de drogue, un tribunal réclamait des données stockées sur des serveurs irlandais. L’entreprise avait rétorqué que le mandat, alors délivré par un juge de New-York, n’était pas valable sur le sol irlandais. La justice, elle, avait rétorqué que l’emplacement des serveurs importait peu. On sait ce qu’il en est aujourd’hui, le Cloud Act ayant sanctuarisé depuis cette doctrine.

Il n’est donc pas étonnant qu’un mouvement de souveraineté se soit intensifié ces dernières années. En France notamment, on peut mesurer le changement de mentalité dans la manière dont ont été considérées les annonces de Bleu et S3NS par exemple. Plus récemment, OVHcloud s’est emparé du sujet dans sa communication, en insistant sur la notion de cloud souverain et en rappelant que la France a déjà tout ce qu’il faut. Même message chez Docaposte, qui s’est associée notamment à Dassault Systèmes pour annoncer l’offre NUMSPOT. Mais quel que soit le cas de figure, une phrase résume bien la situation : « le cloud, c'est utiliser l'ordinateur de quelqu'un d'autre ».

On note quand même qu’en dépit de ces questions de souveraineté, la notion de cloud n’est pas remise en question. Il faut pourtant se débarrasser d’une idée reçue : ce n’est pas le seul moyen de concevoir l’informatique, loin de là. Les technologies évoluent autant que les concepts.

Quelques notions techniques du cloud

Avant de plonger dans d’autres informatiques (mais liées), étendons un peu le lexique dans une direction plus technique, avec des termes courants du cloud.

Commençons par quelques éléments de base, comme le conteneur. Il est à la base de l’environnement modulaire et particulièrement présent dans le cloud. Dans un conteneur, on trouve généralement une application accompagnée de tout ce dont elle a besoin pour fonctionner. On parle alors d’application « conteneurisée », capable de s’exécuter sur n’importe quel système d’exploitation. Si vous avez croisé le nom Kubernetes, c’est de ça dont il s’agit : une infrastructure open source de déploiement, montée en charge et mise en œuvre de conteneurs sur des grappes de serveurs (ou clusters).

Viennent ensuite, avec les données, les notions de data lake (lac de données) et de data warehouse (entrepôt de données). Le premier désigne, de manière très imagée, une immense réserve de données brutes. Par brutes, on entend qu’elles sont dans le format dans lequel elles ont été générées, sans traitement supplémentaire. L’entrepôt, lui, est une base de données relationnelle dont les informations sont en attente d’utilisation pour des analyses, prises de décisions et autres traitements.

La virtualisation de serveur est également au cœur du cloud. Elle permet la création de machines virtuelles, dans lesquelles les ressources physiques du serveur sont réparties selon les besoins. Exemple très simple : un serveur contenant 64 Go de mémoire pour créer plusieurs machines virtuelles contenant chacune 8 Go, les systèmes pouvant être différents de l’une à l’autre. La virtualisation permet de proposer des configurations uniformes sur la base d’une architecture technique très différente. On la retrouve aussi sur des terminaux, comme solution permettant d’installer un système d’exploitation sur un autre, par exemple Ubuntu sur Windows ou l’inverse. Chaque solution de virtualisation comporte un hyperviseur, chef d’orchestre de l’ensemble.

La virtualisation est souvent liée à la notion d'élasticité des solutions cloud. Dans le cas d'un site par exemple, le fournisseur peut provisionner des instances supplémentaires pour mieux répartir la charge en cas de hausse importante de la fréquentation. L'élasticité est l'une des caractéristiques majeures du cloud, les entreprises pouvant demander plus de stockage ou de puissance en fonction de leurs besoins, même temporairement.

Du service en tant que plateforme

Le cloud se distingue également de l’informatique classique par des approches « en tant que plateforme ». Ces expressions recouvrent davantage des expressions commerciales que des réalités techniques.

SaaS, Software as a Service, logiciel en tant que service. Il s’agit simplement de mettre à disposition des applications distantes sur des terminaux. C’est le plus ancien concept, et pour cause : un webmail en fait partie. C’est également le cas de nombreux produits couramment utilisés aujourd’hui, comme Microsoft 365, les Google Apps, les drives, etc. Avantage pour les entreprises, elles n’ont rien à gérer. On parle aussi d’applications hébergées.

PaaS, Platform as a Service, plateforme en tant que service. On passe au cran supérieur, avec la possibilité de développer ses propres applications hébergées dans le cloud. Azure de Microsoft est une solution PaaS, de même qu’App Engine de Google, Lambda d’Amazon, Stratos chez Apache ou encore OpenShift. Le PaaS suppose également un déport de nombreux outils vers le cloud. C’est l’équivalent d’un parc informatique dématérialisé.

IaaS, Infrastructure-as-a-Service, infrastructure en tant que service. Ce type de solution s’adresse aux entreprises ayant des besoins plus précis, car l’hébergeur ne fournit que les serveurs, le stockage, le réseau et la virtualisation. Pour tout le reste, y compris le système d’exploitation, c’est au client de gérer. On retrouve ce type de service chez tous les grands fournisseurs de cloud (Amazon, Google, Microsoft), ainsi que chez Cisco, IBM encore Oracle.

Terminons enfin sur la notion de big data, que l’on entend souvent. Ces « grosses données » désignent en fait une quantité si énorme d’informations que l’on doit changer d’échelle dans la manière de les aborder, les capter, les stocker, les analyser ou encore les visualiser. Si l’on en parle beaucoup, c’est parce qu’elles représentent de grandes opportunités dans bien des domaines, en permettant la découverte de liens, de tendances et autres. Et si vous entendez parler d’un ou une « data scientist », c’est une personne spécialisée dans le traitement et l’analyse de ces quantités massives de données.

Notez que si l'on parle beaucoup de données, le cloud ne se résume pas à ce seul stockage. Certaines offres permettent de louer de la puissance de calcul (CPU et/ou GPU), de la bande passante réseau ou des capacités spécifiques. La puissance de calcul gagne notamment en visibilité avec l'explosion de l'intelligence artificielle. L'entrainement des modèles réclame une grande puissance, peu accessible physiquement à une grande partie des entreprises. Le cloud est donc une bonne solution, si l'on est prêt à s'acquiter de la facture.

Dans un prochain article, nous nous pencherons sur l'edge et le fog computing, respectivement traduits par informatiques de périphérie et géodistribuée.

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