Cloud « à la française » : Google entre en piste, Thales présente « S3ns », des Français montent au créneau

Ça fait S3ns
Internet 6 min
Cloud « à la française » : Google entre en piste, Thales présente « S3ns », des Français montent au créneau

C’est aujourd’hui que Google Cloud ouvre sa région en France. Pour l’occasion, Thales annonce le lancement de S3ns, son « cloud de confiance » en partenariat avec Google. Hier, trois hébergeurs français (Clever Cloud, OVHcloud et Scaleway) ont publié une tribune commune pour rappeler qu’il existe des acteurs français trop souvent oubliés.

La question de la souveraineté n’est pas nouvelle dans le cloud (au sens large du terme). Il y a eu diverses tentatives, notamment avec le cloud souverain (soldé par deux échecs) et le plus récent « cloud de confiance » avec les acteurs américains comme partenaires. De manière générale, les acteurs français n’ont pas toujours l’impression d'être mis en avant ou appréciés à leur juste valeur par les pouvoirs publics.

La question de la concurrence se pose aussi dans ce domaine avec des acteurs américains qui occupent une place très importante, au moins pour deux d’entre eux : Amazon et Microsoft. Une situation qui a poussé l’Autorité de la concurrence à s’auto-saisir de ce dossier. Quelques mois plus tard, Microsoft reconnaissait que certaines inquiétudes étaient « justifiées » et en profitait pour faire de vagues annonces. 

C’est donc dans un climat tendu que Google Cloud fait son entrée sur le territoire en ouvrant aujourd’hui sa première région dans l’Hexagone. Pour rappel, deux autres géants américains sont déjà présents en France depuis plusieurs années : Amazon (2017) et Microsoft (2018).

Des pépites françaises méconnues 

Juste avant la conférence du géant américain, trois acteurs français se sont mobilisés hier pour publier une tribune dans Les Echos commune, co-signée par Quentin Adam (PDG de Clever Cloud ), Yann Lechelle (PDG de Scaleway) et Michel Paulin (directeur général d’OVHCloud). Ils partagent évidemment notre analyse sur le manque de reconnaissance par la France de « ses champions » :

« Bluemind, Clever Cloud, Docaposte, Jamespot, Murena, Oodrive, OVHcloud, Outscale, Platform.sh, Qarnot, Rapid. space, Scaleway, Talkspirit, Vates, Whaller, Wimi… ces pépites françaises, résistent aux assauts hégémoniques de quelques géants internationaux sans pour autant être connues du grand public ».

Alexandre Archambault (avocat spécialisé dans le numérique, ex-responsable des affaires réglementaires d’Iliad) en rajoute une couche : « La formidable méconnaissance de l'écosystème numérique […] par les décideurs publics fait le jeu des acteurs non européens, qui captent ainsi près de 99 % de la commande publique ».

Il explique qu’Orange « est totalement marginalisée au niveau international sur le Cloud […] supplantée par les OVHcloud / Scaleway / 3DOutscale (+ d'autres pépites de proximité au niveau local) […] Saviez-vous par exemple que la majorité de l'Internet sud-américain, notamment brésilien, est hébergé chez ces trois-là ? ». 

Jean-Paul Smets (fondateur Nexedi et co-fondateur d’Euclidia) expliquait récemment que, en France, « on a tout d'un pays colonisé […] On reconnait [cette situation] quand l’élite d'un pays n'arrive plus à reconnaitre les talents de son pays […] La première bataille c’est de faire en sorte que notre élite reconnaisse notre talent ».

Quentin Adam, Yann Lechelle et Michel Paulin persistent et signent : « le cloud à la française n’a donc pas besoin d’être réinventé : il existe déjà ! […] Face aux sirènes marketing des géants de la Tech, il est indispensable que l’excellence technologique de cette ’équipe de France du Cloud’ soit, enfin, reconnue à sa juste valeur, et encouragée ». 

Une région Google c’est trois datacenters à plus de 10 km 

Nous avons suivi la conférence de Google Cloud France… qui était assez étrange. Après les présentations d’usage,  Magite Tech est monté sur scène avec un robot Pepper pour une présentation « tech et magie »… une animation dont on cherche encore le rapport avec l’ouverture de la région française de Google Cloud. C’était l’occasion pour l’intervenant d’expliquer qu’en « France on est un peu complotiste » et de faire bien rigoler le robot lorsqu’il explique que « l’homme est en contrôle de ce qu’il fait ». Bref, passons. 

Anthony Cirot (directeur général Google Cloud France) reprend la main et revient sur le cœur du sujet. Il ajoute qu’une région est « la somme de trois datacenters répartis à plus de 10 km » et que dans chaque datacenter « il y a un certain nombre de services ». L’avantage d’avoir une région en France est de permettre « plus de proximité […], moins de latence et plus de disponibilité ».

« La nouvelle région France vient se connecter aux 30 régions existantes et repose sur la même infrastructure et les mêmes services de sécurité utilisés pour nos propres opérations chez Google », explique la société. Des détails techniques ? « On a des interfaces non soviétiques », se félicite Anthony Cirot. 

Le directeur général affirme que Google Cloud « est en avance » sur ses concurrents… bien qu’elle soit en retrait sur les parts de marché face à Amazon et Microsoft. Il ajoute que Google serait « en train de dépasser tous les autres », sans donner la moindre précision sur ce qu’il entend par là. 

S3ns (SecNumCloud) de Google Cloud et Thales arrivera en 2024

Marc Darmon (directeur général adjoint de Thales) monte sur scène pour revenir sur l’accord annoncé en octobre dernier avec Google autour du « Cloud de Confiance ». Il explique que ce partenariat permet de « réunir le meilleur des deux mondes ».

Une déclaration qui va malheureusement dans le sens d’un message d’Alexandre Archambault qui explique que, en France, « on n'arrive toujours pas […] se défaire de cette délétère culture du champion national, qui fait que des projets stratégiques ne peuvent être portés que par des mastodontes fort peu agiles ».

Quoi qu’il en soit, cette offre de « cloud de confiance » permet selon Thales de profiter de la « puissance de Google Cloud Plateform » avec « le niveau le plus élevé de sécurité d’un cloud qui n’est pas classifié défense ». Cette offre sera labélisée SecNumCloud par l’ANSSI. Marc Darmon tient à « rappeler au marché et aux haters qu’on a bien compris ce qu’était la norme SecNumCloud, on sera conforme ».

S3ns

L’offre et la société se partagent le même nom : S3ns. Il s’agit du mot sens avec un e à l’envers pour faire un 3. L’idée n’est officiellement pas de vous « la faire à l’envers », mais d’aller dans « le sens de l’histoire » (quelle histoire ?) et de mettre en avant un trilogue entre Google, Thales et les clients. « Tout Google Cloud Plateform [GCP, ndlr] est offert par S3ns », affirme Marc Darmon, qui ajoute ainsi que la « migration GCP vers S3ns est extrêmement simple »… mais sans préciser ce qu’il en est pour partir de S3ns ou de GCP. 

« S3ns sera en service au deuxième trimestre de 2024 », le temps pour Thales de déployer l’ensemble de l’infrastructure, et pour Google de « faire les évolutions logicielles nécessaires » et d’obtenir la certification SecNumCloud de l’ANSSI.

Une offre Thales avec « contrôles locaux » dès maintenant

En attendant 2024, une offre intermédiaire est dès à présent disponible. Il s’agit de GCP avec des « contrôles locaux opérés par S3ns », des « données gérées en France » dans des datacenters Google et un « niveau de sécurité important ». Par contre, cette offre « n’est pas labélisée et ne sera pas certifiée ».

S3ns propose un comparatif maison entre l’offre actuellement disponible (à gauche) et celle qui sera disponible en 2024 (à droite) : 

S3ns

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