Service public : le plan pour favoriser les logiciels libres et l’ouverture des codes sources

Et si on commençait par Parcoursup ?
Logiciel 6 min
Service public : le plan pour favoriser les logiciels libres et l’ouverture des codes sources
Crédits : cacaroot/iStock

Afin de pousser les administrations à passer aux logiciels libres et à libérer le code source de leur application, Amélie de Montchalin présente un plan d’action en trois axes : faire connaitre, accompagner et renforcer l’attractivité. Cela passe notamment par la mise en ligne d’une plateforme dédiée : code.gouv.fr.

La ministre de la Transformation et de la Fonction publiques profite du salon Open Source Experience (qui se déroule en ce moment au Palais des Congrès à Paris) pour présenter « le plan d’action du gouvernement pour accélérer le recours aux logiciels libres et aux communs numériques dans l’administration ».

En amont, Antoine Michon, conseiller au cabinet de la ministre, en exposait les grandes lignes lors d’une conférence de presse. Il a commencé par rappeler trois principaux enjeux autour des logiciels libres : « qualité de service, à la fois pour les agents et aussi pour les usagers », « ouverture et transparence » et enfin « souveraineté ».

Le code source de France Connect dans quelques jours

Concernant le second point, il est précisé que, « dans les tout prochains jours, le code source de France Connect [qui est] utilisé au quotidien par 32 millions de Français » sera ouvert.

La ministre l’avait déjà annoncé en septembre dernier. Le conseiller rappelle aussi que le gouvernement s’est « engagé cette année à ouvrir le code source du calcul du prélèvement à la source ». Nous profitons de ces annonces pour demander quand il en sera de même avec l’intégralité du code source de Parcoursup ? Antoine Michon n’avait pas de réponse à nous apporter sur le moment, mais il nous précise qu’il reviendra vers nous prochainement.

Pour rappel, la Cour des comptes regrettait en 2020 que, « en dépit des actions de mise en transparence du ministère, le code de Parcoursup reste à 99 % fermé ».

Les bons points (et les hétérogénéités) de la France

Le conseiller rappele que « la France fait déjà figure d’exemple » sur la question de l’open source : « la Commission européenne, dans les récents classements qu’elle a publiée, plaçait la France en tête de son échantillon de pays ; à la fois au niveau de l’Union européenne mais aussi au niveau international, devant l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni et les États-Unis sur le sujet de cette politique en matière de logiciel libre ciblant le secteur public ».

Il fait ici référence à un rapport de 390 pages déjà évoqué de manière optimiste par Amélie de Montchalin début septembre, qui, comme nous le notions alors, salue l'action publique depuis 2012 et le travail du tissu associatif. L'écosystème français a d'ailleurs une vision moins idéale en la matière.

Un plan d’action sur trois axes

Rebondissant sur le rapport d’Éric Bothorel, le conseiller reconnait néanmoins que « les administrations présentaient un niveau de maturité de recours au logiciel qui était hétérogène ». Le but de ce plan d’action est donc aussi de pousser les « mauvais élèves » à suivre le mouvement.

Il repose sur trois axes. Le premier est « de mieux faire connaitre, utiliser et concevoir les logiciels libres au sein des administrations. Ça passe, bien sûr, par un référencement et de la visibilité », via le catalogue GouvTech par exemple. C’est aussi l’occasion pour Antoine Michon de rappeler qu’on dispose déjà d’un « écosystème de logiciel libre qui en France est très dynamique ».

Le second « consiste à développer et accompagner l’ouverture des codes sources qui sont développés par les administrations ». C’était également un des points mis en avant par le député Bothorel dans son rapport. En effet, cette mise à disposition des lignes de code peut poser « un certain nombre de questions en matière de sécurité et d’architecture du code source » et d’« aider les ministères en la matière, via notamment une nouvelle plateforme » code.gouv.fr « qui aura vocation à référencer les codes et bibliothèques publiées par les administrations ».

Elle avait pour rappel été annoncée par Jean Castex dans une circulaire d’avril et doit aussi permettre de « valoriser les codes sources ayant un fort potentiel de réutilisation », de « construire un inventaire des codes sources non publiés mais susceptibles d’être réutilisés » et de « mettre en avant les contributions de l’administration à l’écosystème des logiciels libres et des communs numériques ».

Une « vitrine » pour recruter des talents (ou du moins essayer)

Enfin, le troisième axe de développement est de « s’appuyer sur ces logiciels libres et ce code source ouvert pour renforcer l’attractivité de l’État-employeur auprès des talents du numérique ».

Le but est cette fois de mettre en place une « vitrine technologique » afin de « montrer que ces bases technologiques sont à un haut niveau d’avancement [et] que la qualité des codes sources qu’on produit est bonne »… en espérant que le code sera de meilleure qualité que celui de Parcoursup.

La Cour des comptes était en effet montée au créneau sur ce sujet. Dans son rapport de 2020, elle parlait d’une « architecture complexe, inhabituelle et dépassée […] Le code actuel est en effet d’une facture plus artisanale [et] présente un niveau de complexité anormalement élevé ». Ambiance.

Ce troisième axe doit aussi permettre d’« animer le réseau d’échange d’information et d’expertise BlueHats » lancé en 2018, « attirer des experts du libre, de l’open source et des communs numériques dans l’administration en lien avec les autres actions de la mission TALENTS » et « valoriser les agents et les chercheurs ».

Questionné sur les salaires, le conseiller rappelle qu’il « y a un véritable plan d’action qui vise notamment à faire en sorte que l’État en matière de numérique puisse rémunérer correctement » les acteurs venant du privé… un problème que l’on retrouve aussi dans la science (IA et quantique par exemple).

« On est tout à fait conscient, mais aussi mobilisé, qu’il faut qu’on soit en capacité de bien rémunérer les garçons qui nous rejoignent », ajoute Michon. Reste à voir les actions qui seront réellement mises en place.

Une équipe de quatre personnes à la DINUM

Afin de passer de la théorie à la pratique, la ministre annonce « un renforcement des équipes du ministère chargé de la promotion et de l’animation en matière de logiciel libre et commun numérique ». La mise en place à la DINUM d’une équipe de quatre personnes a été proposée au Parlement. Il s’agit selon Antoine Michon de suivre « à la lettre » la « préconisation du député Bothorel dans son rapport ».

Une instance dédiée ouvrira un « dialogue partenarial et pérenne avec les acteurs de cet écosystème ». Une espèce de « Tinder » entre les experts de l’administration et les représentants de l’écosystème (éditeurs et entreprises de services de logiciels libres) pour qu’ils puissent travailler ensemble « sur des projets très concrets en matière de gouvernance, de mutualisation ou encore de partenariat ».

Durant la conférence, il a été demandé s’il était prévu d’imposer le recours aux logiciels libres (sauf exception) comme le préconisait Philippe Latombe dans son rapport : « L’enjeu de notre plan d’action c’est de favoriser le recours au logiciel libre et au commun numérique dans les administrations en les appuyant et les aidant à se saisir des opportunités ». En clair, la réponse est non : le mot n’est pas « imposer », mais « favoriser ». 

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