Rapport de Cédric Villani sur l'IA : formation, emplois, écologie et « excellence » à la française

Rapport de Cédric Villani sur l’IA : formation, emplois, écologie et « excellence » à la française

En France, on a... des idées

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Sébastien Gavois

Publié dans

Sciences et espace

29/03/2018 10 minutes
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Rapport de Cédric Villani sur l'IA : formation, emplois, écologie et « excellence » à la française

La recherche et le monde du travail occupent également une place importante dans le rapport de Cédric Villani sur l'intelligence artificielle. Il évoque la mise en place d'Instituts interdisciplinaires d'IA et le doublement du salaire pour inciter les jeunes chercheurs à rester en France. Les enjeux écologiques et matériels sont également cités.

Après avoir étudié les propositions de Cédric Villani sur la délicate question des données et le rôle que pourrait jouer l'État, nous continuons son analyse avec les trois parties suivantes du rapport : une recherche agile et diffusante, anticiper et maîtriser les impacts sur le travail, et l’intelligence artificielle au service d’une économie plus écologique.

Notre dossier sur le rapport de Cédric Villani sur l'intelligence artificielle :

Renforcer la recherche et la formation, pour ne pas subir l'IA

Comme bon nombre de rapports sur l'intelligence artificielle, celui de Cédric Villani explique que « l’offre de formation se situe bien en deçà des besoins en matière d’IA et science des données ». Le sujet est important à plus d'un titre : l'intelligence artificielle n'est pas une mode qui va disparaitre dans quelques années. Elle promet des conséquences importantes et durables au niveau mondial, affirme la mission.

« L’enjeu n’est rien moins que le choix de la société dans laquelle nous voulons vivre demain. Et nous devons préserver notre indépendance en la matière si nous ne voulons pas voir ces choix imposés par d’autres ». Or, un des « rares atouts » de la France est l'excellence de sa formation scientifique et des « cerveaux » qui en sortent. Il faut donc absolument la préserver et la renforcer, en essayant d'avoir toujours plus d'étudiants en master et doctorat sur l'intelligence artificielle.

Mettre en place des Instituts Interdisciplinaires d’IA, simplifier les démarches

Le rapport préconise ainsi de créer quatre à six Instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle (3IA) à l'intérieur des établissements publics. Ils seront répartis sur l'ensemble du territoire, organisés en réseau et devront avoir une grande autonomie « en termes de vision, d’organisation et de gouvernance, afin de permettre le développement de solutions originales »... et surtout éviter de retomber dans les travers actuels.

De plus, pour être attractifs, Ils devront s'articuler autour de trois axes : l’accès à des moyens de calcul quasi illimités, des procédures administratives simplifiées au maximum et une aide aux conditions de vie, en particulier pour les étrangers.

« Tout chercheur attiré en France puis rebuté par les délais de réponse et les arguties incompréhensibles de l’administration fera une contre-publicité durable à l’ensemble de notre système. Il faut relâcher la pression administrative » note à juste titre le rapport.

Augmenter les salaires et disposer de moyens techniques conséquents

La notion de « zones franches de l’IA » est avancée dans le rapport, pour augmenter l'attractivité face aux gigantesques moyens financiers des géants du Net. Actuellement, l’écart est si important qu’il « tend à décourager les jeunes diplômés, y compris ceux qui sont le plus attachés à la recherche publique et au bien commun [...] Un doublement des salaires en début de carrière est un point de départ minimal indispensable ». Le salaire d’un chercheur débutant, après 8 ans d’études post-bac, est de l’ordre de 1,7 SMIC affirme le rapport, trop peu face au pont d'or de certaines multinationales.

En plus des données, l'intelligence artificielle nécessite de grosses puissances de calcul. Les 3IA devront donc « disposer d’outils de calcul qui leur permettent de rivaliser avec les moyens quasi illimités des grands acteurs privés ». La mission recommande ainsi un supercalculateur dédié aux chercheurs et à leurs partenaires. 

Elle évoque également « un forfait d’accès à un cloud privé, développé à un niveau européen et adapté aux spécificités de l’IA (en temps de calcul et en espace de stockage) »... en espérant qu'on ne retombera pas dans les travers (et le naufrage) du cloud souverain à la française.

Au-delà de la formation et des besoins matériels, le rapport promeut la nécessité de liens forts entre le monde académique et l'industrie. Lorqu'il est actionnaire d'une société, l'État pourrait pousser un chercheur en intelligence artificielle au conseil d'administration.

La révolution du monde du travail

Enfonçant des portes largement ouvertes depuis des lustres, le rapport explique que « le monde du travail est à l’aube de
grandes transformations et n’y est encore que peu préparé ». Face à ce phénomène, et comme les autres missions, le rapport de Cédric Villani ne peut prédire l'avenir.

Seule certitude, commune à d'autres rapports : « Les formations actuelles, qu’il s’agisse de la formation professionnelle ou de la formation initiale sont loin d’être adaptées pour assurer cette transition ».  Il recommande donc « de prendre le problème à bras le corps et d’agir résolument, sans céder à la panique ni au fatalisme ».

Des « labs » comme lieux de réflexion sur l'IA et les métiers

Plusieurs pistes de réflexion sont envisagées : les conditions de travail à l’heure de l’automatisation et une transformation du dialogue social et de la formation. Afin de ne pas louper le coche, une nouvelle structure aurait un rôle de « tête chercheuse » à l’intérieur des politiques publiques (emploi, formation). Elle serait tripartite entre l'État, les syndicats et les collectivités, avec un rôle à la fois d'anticipation, d'expérimentation et d'animation du débat.

Au niveau local, des « labs » pourraient servir de « lieux ouverts permettant à chacun d’envisager les évolutions de leurs métiers et d’y réfléchir collectivement » ; une recommandation issue d'un rapport Vers une société apprenante de François Taddéi. 

Toujours dans le monde du travail, un chantier législatif devrait prendre en compte certaines tendances développées apparues avec l'IA : obéissance exclusive aux instructions d’une machine, impossibilité de discuter avec ses collègues sans passer par une interface machine, etc. 

Pousser la créativité, financer la formation

Alors que les compétences cognitives sont bien trop souvent mises en exergue, la formation devra s'intéresser à une autre qualité qui va prendre de l'importance : la créativité. « C’est pour cette raison qu’il ne sera pas possible de faire l’économie d’une transformation du système éducatif français qui mette en avant l’exigence de l’apprentissage de la créativité ». « C’est la manière d’enseigner les matières fondamentales qui doit être modifiée pour des pédagogies nouvelles qui soient orientées davantage vers le développement de l’esprit critique et de la coopération » ajoute le rapport.

Concernant la formation (initiale et continue), le rapport soulève un point intéressant : le financement de la formation professionnelle est basé sur la masse salariale. Or, « le développement de l’IA renforce la mutation des chaînes de valeur et entraîne une décorrélation entre les acteurs qui financent la formation professionnelle et ceux qui captent la valeur ajoutée ».

Une entreprise avec une faible masse salariale peut ainsi être à l'origine d'une grande partie de la valeur ajoutée. Voici un exemple : 

« aujourd’hui l’équipement logiciel représente 40 % de la valeur ajoutée dans une voiture, ce chiffre pourrait s’élever à 70 % dans 10 ans. Si l’entreprise qui développe le logiciel n’est pas la même entreprise que celle qui construit le reste de la voiture, on assiste alors à un phénomène de captation de la valeur ajoutée par un des éléments de la chaîne de valeur globale ».

Si le problème est identifié, la solution n'a pas encore été trouvée, pour plusieurs raisons. L'une d'elles est de savoir si on doit taxer le robot, le logiciel ou les algorithmes. Il faudrait donc instaurer un dialogue social sur ce sujet et des expérimentations pourraient être mises en place sous l'égide de l’Organisation internationale du travail. 

Former des spécialistes de l'IA

Tout le monde semble néanmoins s'accorder sur un point : spécialiste de l'IA est un métier d'avenir... encore faut-il avoir les formations adéquates. Le rapport souhaite donc, au minimum, « multiplier par trois le nombre de personnes formées en IA, à horizon trois ans », aussi bien en promouvant mieux les formations existantes qu'en en créant de nouvelles. 

Les existantes doivent être complétées par d'autres sur l’éthique, la vie privée et la protection des données. Pour soutenir cette croissance, il faudra également renforcer l'apprentissage des mathématiques et de l'informatique. Si la France occupait le haut du panier ces dernières années, la situation change. Le rapport souhaite également fixer un objectif de 40 % de femmes dans les filières du numérique (nous y reviendrons).

L’intelligence artificielle au service d’une économie plus écologique

Un point rarement évoqué est l'impact écologique de l'intelligence artificielle : « D’ici 2040, les besoins en espace de stockage au niveau mondial, fondamentalement corrélé au développement du numérique et de l’IA, risquent d’excéder la production disponible globale de silicium » estime le rapport. 

En 2030, la consommation énergétique du numérique pourrait être multipliée par 10, atteignant 20 à 50% de la consommation mondiale d’électricité souligne le rapport. Dix ans plus tard (en 2040), « l’énergie requise pour les besoins en calcul devrait également dépasser la production énergétique mondiale »... et c'est sans compter sur la blockchain ou les crypto-monnaies.

La France et l'Europe pourraient jouer un rôle moteur dans cette prise de conscience, notamment par un lieu dédié à une rencontre entre recherche en IA et optimisation des ressources énergétiques. Le consommateur doit également être acteur de cette prise de conscience : le rapport préconise « une plateforme dédiée à la mesure de l’impact environnemental des solutions numériques intelligentes ».

La piste neuromorphique à la rescousse...

Il ne faut pas seulement constater, mais aussi agir. Par exemple, des technologies neuromorphiques (s’inspirant du cerveau humain) peuvent réduire considérablement la consommation d'une intelligence artificielle... et donc des datacenters. Si le recyclage de la chaleur et l'optimisation des systèmes de refroidissement sont des pistes, d'autres sont aussi évoquées : nouveaux modes de stockage  (par exemple sur l'ADN), développer des projets à la croisée des sciences du vivant et de l’écologie (comme Tara Océans) et enfin la recherche sur le climat et la météo.

Nous avions pour rappel abordé dans nos colonnes les études de Julie Grollier, directrice de recherche au CNRS et co-auteure d'une publication dans Nature sur « le premier nano-neurone artificiel capable de reconnaitre des chiffres prononcés par différents locuteurs ». Avec ses travaux, elle souhaitait « repenser l’architecture interne de l’électronique » en s'inspirant du cerveau humain, consommant 10 000 fois moins que les ordinateurs conventionnels. 

Pour arriver à une intelligence artificielle verte, le rapport préconnise des architectures matérielles et logicielles ouvertes (open hardware et open software). En plus d’être un facteur de confiance, elles peuvent permettre des économies d’énergie significatives.

... un label en attendant

L'idée d'un label valorisant les solutions les plus exemplaires est également évoquée. Il serait géré par le ministère de la Transition écologique et solidaire. Pour inciter les entreprises à sauter le pas, la carotte pourrait prendre la forme d'une récompense fiscale. 

Écrit par Sébastien Gavois

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Renforcer la recherche et la formation, pour ne pas subir l'IA

Mettre en place des Instituts Interdisciplinaires d’IA, simplifier les démarches

Augmenter les salaires et disposer de moyens techniques conséquents

La révolution du monde du travail

Des « labs » comme lieux de réflexion sur l'IA et les métiers

Pousser la créativité, financer la formation

Former des spécialistes de l'IA

L’intelligence artificielle au service d’une économie plus écologique

La piste neuromorphique à la rescousse...

... un label en attendant

Commentaires (29)




« excellence » à la française



La France est a la bourre côté recherche/dev dans le domaine de l’IA, alors parler d’excellence, ça me fait marrer <img data-src=" />


Il s’agit justement de rattrapper le retard en s’appuyant notamment sur l’excellence française en matière de formation scientifique.



Faut pas lire que le titre ;)


Mais le “sous-titre” résume tout le problème en une phrase


Bof déçu de ce rapport, ça f’ra mousser les politiques en plus quand il dit de s’appuyer sur l’état … l’état français détruit tout ce qu’il touche ça va juste finir par coûter un max pour un résultat inexistant comme à chaque fois


L’Etat a actuellement l’opportunité de nous faire mentir à ce sujet, je suis plutôt sur le “wait and see”. Il y a malgré tout des idées intéressantes dans ce rapport.








Yutani a écrit :



La France est a la bourre côté recherche/dev dans le domaine de l’IA, alors parler d’excellence, ça me fait marrer <img data-src=" />





Sauf que la France forme certains des meilleurs ingénieurs et informaticiens au monde et qui en priment sont pas payés bien cher par rapport à la silicon valley ^^



Tu serais surpris de voir tout ce qui est fait en France et vendu par des grosses boites US (Industrie mécanique comme informatique)



En tout cas, y a plus qu’à comme on dit !



Il y a la même chose à l’étranger ? Ou bien ils arrivent à développer l’IA aux USA, au Royaume-Uni, en Chine sans l’Etat-stratège ?



C’est quand même encourageant de voir un diagnostic lucide.


“Le salaire d’un chercheur débutant, après 8&nbsp;ans d’études post-bac, est de l’ordre de 1,7&nbsp;SMIC affirme le rapport”



&nbsp;Le traitement brut d’un enseignant chercheur est de 2068,85 € en début de carrière.&nbsp;Le montant brut du Smic mensuel 2018 est de 1 498,47 euros.




nécessité de liens forts entre le monde académique et l’industrie. Lorqu’il est actionnaire d’une société



En France l’industrie se limite à l’État actionnaire de société, ça promet. <img data-src=" />


son “de l’ordre de” fait 500 balles… une paille compte tenu des montants dont on parle <img data-src=" />




L’idée d’un label valorisant les solutions les plus exemplaires est également évoquée. Il serait géré par le ministère de la Transition écologique et solidaire. Pour inciter les entreprises à sauter le pas, la carotte pourrait prendre la forme d’une récompense fiscale.



Si le sinistère de la Transitude bobologique et suicidaire s’en mêle, le pari est gagné : l’IA n’attendait qu’un label et des autocollants Made in IA pour décoller (et ne plus jamais revenir). Bande de clowns.








Yutani a écrit :



La France est a la bourre côté recherche/dev dans le domaine de l’IA, alors parler d’excellence, ça me fait marrer <img data-src=" />







Rigole si tu veux…

Au contraire, sur la connaissance et la technique pure, les français ont toujours été excellent, c’est au moment de passer à l’opérationnel que ça se gâte (en général on se fait doubler par les anglosaxons à ce moment là).







Vesna a écrit :



Il y a la même chose à l’étranger ? Ou bien ils arrivent à développer l’IA aux USA, au Royaume-Uni, en Chine sans l’Etat-stratège ?



C’est quand même encourageant de voir un diagnostic lucide.







Parce que la Chine et les US n’ont pas un Etat-stratège, première nouvelle ! <img data-src=" />

Et en quoi regarder ce qu’il se fait à l’étranger nous donnera de l’avance dans ce domaine ? Au contraire, développons notre propre modèle sans nous occuper des autres, on verra bien, c’est risqué c’est sûr mais c’est le jeu :-)

Et en France qu’on le veuille ou non, on a un état fort et centralisé. ça peut-être une chance (l’espace, l’énergie,…).

Faudrait arrêter le Fr-bashing sur NXi…







tmtisfree a écrit :



Si le sinistère de la Transitude bobologique et suicidaire s’en mêle, le pari est gagné : l’IA n’attendait qu’un label et des autocollants Made in IA pour décoller (et ne plus jamais revenir). Bande de clowns.







Tu passes une mauvaise journée ?









Mintsugar a écrit :



Tu passes une mauvaise journée ?







Ou alors elle en a marre de ces labels à la con qui ne servent à rien alors que le nerf de la guerre c’est la tune.



On commence par pinailler pour un écart de 500 euros sur la fiche de paie, et on finit par pleurer pour 5 euros de baisse des APL.


Au risque d’apparaitre comme sévère, c’est souvent en mode “y’a qu’à, faut qu’on” : y a qu’à former faut qu’on cherche, y a qu’à avoir des moyens faut qu’on attire sur l’IA, y a qu’à augmenter les salaires faut faire attention à l’écologie, y a qu’à faire de l’excellence faut qu’on labellise etc…



Pas grand chose pour dire comment y parvenir.



Le sommet étant la formule “Il recommande donc « de prendre le problème à bras le corps et d’agir résolument, sans céder à la panique ni au fatalisme », ah là d’accord, c’est du concret, c’est une petite phrase pour l’homme mais un grand pas pour l’avancement “de qu’est qui faut qu’on fait” pour préserver l’emploi ^^





  • Gérard demain t’es remplacé par un robot prédictif!

  • Ah merde!?! Et du coup je fais quoi ?

  • Ben tu prends le problème à bras le corps et tu vas agir résolument sans céder à la panique ni au fatalisme en pointant à Pole Emploi!


<img data-src=" /><img data-src=" /><img data-src=" /><img data-src=" />


C’est peut-être le salaire moyen à l’embauche qu’il considère. Si le jeune chercheur ou la jeune chercheuse a fait un ou des post-docs, il y a une reconstitution de carrière et elle ne commence pas au premier échelon.


Il y a 6 mois, M\( a proposé à un jeune docteur que je connnais très bien de rester bosser avec eux après un stage (domaine proche de l'IA). Salaire de base proposé direct sans négo : 150 k\) annuel + 300 k\( de stock option après trois ans.



Il a voulau essayer de rester dans le monde academic... et est maintenant payé 45k\)
sans prime (et bosse plus). Il faut vraiment, vraiment être motivé !

&nbsp;


oui… ca monte au alentour de 2500 net apres 5-6 d’experience international, sans aucune prime… et à plus de 30 ans.








crocodudule a écrit :





  • Gérard demain t’es remplacé par un robot prédictif!



    • Ah merde!?! Et du coup je fais quoi ?

    • Ben tu prends le problème à bras le corps et tu vas agir résolument sans céder à la panique ni au fatalisme en pointant à Pole Emploi!





      totalement mérité puisque Gérard a manqué de prédictivation <img data-src=" />

      (com très bien tourné, cela étant <img data-src=" /> )







      Eldusole a écrit :



      Il y a 6 mois, M\( a proposé à un jeune docteur que je connnais très bien de rester bosser avec eux après un stage (domaine proche de l'IA). Salaire de base proposé direct sans négo : 150 k\) annuel + 300 k\( de stock option après trois ans.



      Il a voulau essayer de rester dans le monde academic... et est maintenant payé 45k\)
      sans prime (et bosse plus). Il faut vraiment, vraiment être motivé !





      limite sacerdoce, oui. (MyLife : Mon petit frère voulait faire enseignant-chercheur après son école d’ingé. Bah voyant la paie, d’une part, et que la recherche était à +80% de la recherche de crédits, d’autre part, il a lâché l’affaire :/ /MyLife)



      edit : menue corrections pour cause de gros doigts




C’est la valeur que la société attribue a un enseignement et une recherche, publique, indépendante, et de haut niveau. Je sais pas si ça aide beaucoup d’être représenté par un mec qui porte des lavallières en soie.








AhLeBatord a écrit :



C’est la valeur que la société attribue a un enseignement et une recherche, publique, indépendante, et de haut niveau. Je sais pas si ça aide beaucoup d’être représenté par un mec qui porte des lavallières en soie.





Comme répondu au brave Jean-Luc, le mec en question gère aussi un labo et a quand-même une légère expérience opérationnelle, faut pas croire que parce-qu’il porte des lavallières et des broches en forme d’araignée il n’a que ses maths dans la tête.

&nbsp;

Globalement, je trouve que ça fait peur, et les “réussites” précédentes de notre grand Etat Stratège ne portent pas à l’optimisme. Voir le Plan Calcul, le Minitel, le coche joliment raté sur l’Internet (note de nos services compétents en 1997&nbsp; : “pas moyen de créer de la valeur avec ce truc, marchera jamais”)… le souci, c’est qu’on engage des fonds sur une vision à long terme alors qu’aujourd’hui personne ne l’a. Je pense notamment aux projections sur la consommation électrique des IA à l’horizon 2040. À lire les projections du début du XXe siècle les grandes villes avaient encore 50 ans devant elles avant d’étouffer sous des tonnes de crottin de cheval.



&nbsp;Ce que je veux dire pas là, c’est qu’on néglige juste un petit détail : la rupture technologique. Qui aura lieu, au vu des enjeux. Bien malin qui saura prédire d’où elle viendra, mais une chose est sûre : ce n’est pas de notre administration, toute peuplée de hauts fonctionnaires bien tranquilles dans leur petit monde de certitudes et qu’il ne faut surtout pas trop perturber…



Oui, enfin pour une rupture, il faut-il qu’il y ait déjà progrès technique, et (dans le système actuel, tout du moins) ce dernier requiert une accélération permanente de la puissance dissipée, de l’extraction des ressources naturelles, et de la destruction de la biosphère.

On ne va pas pouvoir continuer comme ça longtemps…








BlueTemplar a écrit :



Oui, enfin pour une rupture, il faut-il qu’il y ait déjà progrès technique, et (dans le système actuel, tout du moins) ce dernier requiert une accélération permanente de la puissance dissipée, de l’extraction des ressources naturelles, et de la destruction de la biosphère.

On ne va pas pouvoir continuer comme ça longtemps…





c’est exactement ce que disait Malthus au XVIIIe siècle&nbsp;<img data-src=" />









anagrys a écrit :



c’est exactement ce que disait Malthus au XVIIIe siècle <img data-src=" />



Curieux argument…

La grosse différence c’est que depuis on est entré de plein pied dans l’ère industrielle et que la démographie mondiale a littéralement explosé.

Et pendant ce temps, la planète est toujours la même que ce soit en taille ou en ressources.



Si tu es tout seul dans un super marché bien approvisionné il te faudra pas mal de temps pour le vider mais si tu te retrouves avec des centaines d’autres personnes ça ira beaucoup plus vite pour vider ce qui te semblait infini. <img data-src=" />



Comparaison certes assez simpliste mais qui illustre bien à quel point ce que pouvaient dire des gens, aussi intelligents qu’ils aient pu être, il y a plusieurs siècles n’a plus guère de sens de nos jours.



Ça me fait toujours marrer quand par exemple on nous balance des citations d’économistes et/ou philosophes qui vivaient il y a 2 ou 3 siècles et qui ne faisaient que raisonner avec les données de leur époque.

Données qui n’ont plus rien à voir avec les données actuelles.



Et peu importe que ces citations soient faites pour confirmer ses propos ou infirmer ceux des autres, dans tous les cas ça n’a aucun sens quand il s’agit de comportements sociétales qui ne sont absolument pas comparables d’une époque à l’autre.



A part des évidences du type “l’eau ça mouille et le feu ça brûle” rien n’est immuable et tout change de plus en plus vite.



Personne ne peut prédire l’avenir avec certitude mais il y a quand même pas mal de signaux dans le rouge qui justifient que l’on puisse au moins s’inquiéter un minimum sur ce que sera cet avenir, que ce soit sur le plan social ou écologique.



Et comme disait le grand philosophe Pierre Dac :



“Si tous ceux qui sont certains d’avoir raison n’avaient pas complètement tort, on ne serait pas loin de la vérité.”… <img data-src=" />









gavroche69 a écrit :



La grosse différence c’est que depuis on est entré de plein pied dans l’ère industrielle et que la démographie mondiale a littéralement explosé.

Et pendant ce temps, la planète est toujours la même que ce soit en taille ou en ressources.



un truc que ne connaissait pas Malthus à son époque, c’est la transition démographique. La vieille Europe porte de mieux en mieux son nom, puisque le taux de naissances est inférieur à celui de renouvellement dans tous les pays, et la population en train de vieillir. On retrouve ce schéma dans beaucoup de pays (1,68 le taux de natalité iranien par exemple, en Asie c’est également bas en Chine, au Japon…).

Au passage, quand on parle d’ère industrielle, pas mal de gens considèrent qu’on est dans une société post-industrielle, où l’usine n’occupe plus une place centrale dans nos vies.



En ce qui concerne les ressources de la planète, je ferais remarquer qu’avec une densité de population comme celle de l’île-de-france, les 7 milliards d’habitants sauraient tenir par exemple dans l’Australie ou plus petit.

Il me semblait qu’une étude avait été faite il y a longtemps sur les ressources de la terre, pour savoir si une catastrophe malthusienne était possible, et la conclusion était qu’à part les ressources fossiles (charbon, pétrole, etc.) on n’aura pas ce problème.



gavroche69 a écrit :



Ça me fait toujours marrer quand par exemple on nous balance des citations d’économistes et/ou philosophes qui vivaient il y a 2 ou 3 siècles et qui ne faisaient que raisonner avec les données de leur époque.

Données qui n’ont plus rien à voir avec les données actuelles.&nbsp;



Malthus ne connaissait pas la transition démographique, par exemple. Je ne lui jette pas la pierre, mais les gens qui le citent devraient, effectivement, prendre ça en compte.



gavroche69 a écrit :



Personne ne peut prédire l’avenir avec certitude mais il y a quand même pas mal de signaux dans le rouge qui justifient que l’on puisse au moins s’inquiéter un minimum sur ce que sera cet avenir, que ce soit sur le plan social ou écologique.&nbsp;





hélas oui, mais surtout sur le plan écologique.

Sur le plan social, l’homme dispose d’une capacité d’adaptation phénoménale, que n’a malheureusement pas notre maison commune la terre.









tpeg5stan a écrit :



…Sur le plan social, l’homme dispose d’une capacité d’adaptation phénoménale…



Faut voir de quelle façon…

Se foutre sur la gueule a été une des solutions la plus utilisée au cours de l’histoire.



Croire aveuglément que l’occident est définitivement à l’abri d’une guerre me semble un peu optimiste, surtout quand on voit une tendance généralisée au repli et au “chacun chez soi”.

On rajoute à ça de plus en plus de “tarés” installés au pouvoir (plus ou moins démocratiquement) un peu partout dans le monde et on peut se permettre une certaine inquiétude. <img data-src=" />



ça te semblera peut-être stupide, hypocrite ou autre, mais je suis convaincu que sur ce point nous avons tous raison, en partie - même si je ne m’en cache pas j’aimerais bien que tu aies un peu plus tort <img data-src=" />








anagrys a écrit :



ça te semblera peut-être stupide, hypocrite ou autre, mais je suis convaincu que sur ce point nous avons tous raison, en partie - même si je ne m’en cache pas j’aimerais bien que tu aies un peu plus tort <img data-src=" />



Je te rassure, moi aussi j’aimerais bien avoir tort, même complètement. <img data-src=" />