Depuis plusieurs mois, la question de l’empreinte écologique du numérique prend de l’importance. Sous la présidence de Sébastien Soriano, l’Arcep s’est emparé du sujet et a récemment dévoilé ses pistes de réflexion qui tirent tous azimuts. Car de nombreux maillons de la chaîne ont leur rôle à jouer.
En juin, l’Arcep lançait sa plateforme « pour un numérique soutenable », avec un appel à contributions aux acteurs du numérique (opérateurs, entreprises, pouvoirs publics…) dans la foulée.
De septembre à novembre, cinq ateliers ont été organisés, ainsi que deux « grandes discussions ». De quoi nourrir une discussion assez dense. Le régulateur a récemment fait le point sur ce qu'il en est ressorti, ainsi que des 42 contributions écrites qu'il a reçues. Il en a tiré un premier rapport d‘étape.
Trois axes principaux
Il y dévoile onze proposions pour « conjuguer développement des usages et réduction de l’empreinte environnementale ». Pour l’Autorité, il est important que le numérique prenne « part à la stratégie bas carbone, sans renoncer aux possibilités d’échanges et d’innovation ». Le tout autour de trois grands thèmes :
- Améliorer la capacité de pilotage de l’empreinte environnementale du numérique par les pouvoirs publics.
- Intégrer l’enjeu environnemental dans les actions de régulation de l’Arcep.
- Renforcer les incitations des acteurs économiques, acteurs privés, publics et consommateurs.
L’Arcep propose, le pouvoir politique dispose
Dans cette bataille environnementale, l’Autorité se positionne comme une « force de proposition », ajoutant qu’il appartient au pouvoir politique de « définir le niveau d’ambition et en particulier la trajectoire dans laquelle il souhaite inscrire le secteur numérique ». Elle laisse donc au gouvernement le soin de définir « les outils de transparence, d’incitation et le cas échéant de contrainte ».
Pour apporter sa pierre à l’édifice, le régulateur récupère des données de l’ensemble des acteurs (notamment des opérateurs) selon des « méthodologies identiques afin de disposer d’indicateurs communs ». Elles manquent par contre à l’appel pour le moment, devant arriver en ce début d'année, sans plus de précisions.
Nul doute que le sujet occupera le nouveau président qui doit être nommé dans les semaines à venir. Laure de la Raudière a pour rappel été proposée par le premier ministre et doit être entendue par les parlementaires.
Ni condamner le numérique ni le mettre sur un piédestal
Avant toute chose, l’Arcep tient à préciser deux points importants : « Il ne s’agit pas de condamner le numérique en lui-même ni de brider ou restreindre a priori son utilisation : certains usages participent directement à la réduction des émissions de gaz à effets de serre. Il ne s’agit pas non plus de considérer le numérique comme un secteur dispensé des efforts à accomplir pour respecter l’Accord de Paris et ses exigences nouvelles ».
L’Autorité prône une approche « holistique » et ses pistes de réflexion concernent donc aussi bien les services, les opérateurs, les terminaux et, bien évidemment, les consommateurs à qui il faudrait donner plus d’informations… encore faut-il qu’elles correspondent à une réalité tangible et soient faciles à appréhender par tout à chacun.