En 2016, des investissements massifs dans le très haut débit, la croissance aux abonnés absents

En 2016, des investissements massifs dans le très haut débit, la croissance aux abonnés absents

Au moins on a une bonne 4G

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Guénaël Pépin

Publié dans

Internet

23/05/2017 6 minutes
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En 2016, des investissements massifs dans le très haut débit, la croissance aux abonnés absents

En 2016, les opérateurs ont investi la somme record de 8,9 milliards d'euros dans les réseaux, en priorité très haut débit. Le THD mène désormais les recrutements de clients, mais n'apporte pas la croissance qu'attend encore le marché. Malgré une consommation en hausse, portée par de meilleurs réseaux, les prix continuent bien de chuter.

Champagne à l'Arcep. Il y a quelques jours, le régulateur des télécoms présentait les chiffres du marché pour 2016 et, bonne nouvelle, les entreprises ont investi 8,9 milliards d'euros sur l'année, « un niveau jamais atteint depuis que cet indicateur est suivi par l'Arcep ». La doctrine de l'autorité, centrée sur la concurrence par les infrastructures dans les zones denses, porterait donc ses fruits, malgré la baisse continue des revenus des opérateurs.

En parallèle, l'utilisation d'Internet continue d'exploser. La 4G gagne encore du terrain et compte désormais pour la grande majorité des données consommées en mobilité. Un succès de consommation qui s'allie à toujours plus de forfaits, malgré un revenu moyen par abonné en légère baisse. Dans tout cela, c'est l'emploi direct dans le secteur qui semble servir de variable d'ajustement.

Le très haut débit en forme, les emplois beaucoup moins

Les revenus du secteur ont ainsi reculé de 1,1 % en 2016, pour atteindre 35,7 milliards d'euros (hors taxes). Sans les extras, comme la vente de terminaux, ils atteignent 32,2 milliards d'euros. Sur le fixe, le chiffre d'affaires était ainsi de 16,9 milliards d'euros (-0,5 %), contre 14,1 milliards d'euros sur le mobile (-0,7 %). Les services à valeur ajoutée sont en chute libre (-11,8 %), rapportant encore 1,17 milliard d'euros.

Les investissements ont, eux, bondi de 13,4 % par rapport à 2015, hors fréquences. Cette croissance est portée par le déploiement des réseaux très haut débit, qui représentent 3 milliards d'euros de dépenses (+25,1 % en un an). La course à la fibre et sur la couverture mobile, sur laquelle s'est réveillé SFR depuis quelques trimestres, semble jouer à plein.

Rappelons qu'avec l'acquisition de fréquences 700 MHz par trois opérateurs en 2015, le total éait passé à 10,6 millards d'euros dans les faits. L'emploi du secteur, une nouvelle fois, n'est pas au beau fixe : 3 100 postes ont été supprimés, un nombre dans la moyenne des années précédentes. Ce n'est pas le large plan de départ chez le futur Altice qui changera la tendance. Le climat social déjà tendu, notamment via des grèves ciblées, pourrait ne pas s'arranger.

Revenu moyen par abonné Arcep 2016
Crédits : Arcep

La fibre gagne du terrain

Sur 27,7 millions d'accès Internet, 22,2 millions sont encore en haut débit. Un nombre qui baisse tout de même de 1,8 % en un an, alors que le global grimpe de 3 %. Par quelle magie ? Celle du très haut débit, qui grignote ligne par ligne l'ADSL. Fin 2016, 5,4 millions de lignes permettent de télécharger à un débit supérieur à 30 Mb/s, soit 1,2 million de mieux qu'un an plus tôt.

Dans cela, la fibre jusqu'à l'abonné (FTTH) a conquis 2,2 millions de clients fin décembre, soit 740 000 de plus sur l'année. Malgré des soucis de déploiement (en zone moins dense ou sur les réseaux publics), ce futur réseau « pérenne » continue d'être une formidable arme commerciale pour Orange, qui appuie sa reconquête en ville avec des débits qu'il est régulièrement le seul à y proposer.

Le câble à plus de 100 Mb/s compte lui 1,243 million de clients (+56 000 sur 2016), quand les lignes entre 30 Mb/s et 100 Mb/s (donc VDSL2 et câble non rénové) comptent pour près de 2 millions de lignes (+416 000). La rénovation du réseau cuivre, notamment en zones rurales, semblent bien porter ses fruits.

Pourtant, les prix continuent bien de baisser sur ce segment, en moyenne de 2,1 %. Un chiffre en léger contraste avec 2015, où le revenu moyen avait monté de 0,5 %. L'Arcep cite « des ajustements de tarifs à la baisse, principalement concentrés sur la fin de l'année 2016 ».

6,9 millions de portabilités sur mobile

Côté mobile, le pays compte 73 millions de cartes SIM (+860 000 face à 2015). La croissance est menée par celle des forfaits, qui mangent peu à peu le marché prépayé. Fin décembre, les Français disposaient de 61,6 millions de forfaits (+3,4 %), dont 19,2 millions d'offres couplées fixe-mobile (+10,4 %). En clair, la liaison entre ces lignes, avec les remises qui les accompagnent, conquièrent peu à peu le marché. De quoi satisfaire les opérateurs, pour lesquels il s'agit d'un dispositif de rétention.

Cela n'a pas empêché les opérateurs de traiter 6,9 millions de portabilités, un niveau jugé bien supérieur que celui des trois années précédentes. 2012, avec l'arrivée de Free Mobile, est hors concours avec 7,164 millions de demandes. Rappelons que 2016 a été marqué par de nombreuses vagues de promotions sur le fixe et surtout sur le mobile, avec des prix fondant à vue d'œil. Pourtant, la baisse des prix ralentit (-1,6 %), contre -4,9 % en 2015 et -10,6 % en 2014. Le prix des forfaits chute ainsi de 1,9 % à 16,1 euros, quand celui des cartes SIM prépayées restantes monte légèrement (+1,5 %) à 5,6 euros.

Le trafic téléphonique reste, pour sa part, stable pour la troisième année, avec 237 milliards de minutes de communication. Le nombre grimpe de 5,4 % sur mobile, pour 3h15 en moyenne chaque mois pour chaque client (+8 minutes). Sur le fixe, cette moyenne s'établit à 2h57 par mois, soit 9,4 % de moins face à 2015. Le volume de SMS échangés est aussi stable à 203 milliards (+0,2 % à peine). En moyenne, chaque Français sur mobile envoie 245 messages par mois.

La 4G porte la consommation mobile

En fait, c'est la consommation de données mobiles qui a explosé, affichant 85,9 % de plus qu'en 2015. 44 % des cartes SIM sont utilisées sur ces réseaux, soit 10 millions de mieux en un an. Elles représentent 85 % de la consommation d'Internet mobile, avec 2,8 Go en moyenne mensuelle (contre 1,9 pour l'ensemble 3G/4G).

La récente hausse des volumes de consommation mobile, via l'offre 100 Go de Free Mobile (voire « illimitée » pour les abonnés Freebox) devrait encore désinhiber les mobinautes dans leur consommation.

À l'autre bout du spectre, les objets connectés qui promettent tant rapportent encore « peu » aux opérateurs, à peine 103 millions d'euros l'an dernier (+6,1 %). Le nombre de cartes SIM dédiées (exclues des autres calculs) s'élève à 11,7 millions, soit environ 1,2 million de plus qu'en 2015. Si la plupart des milliards d'objets attendus sur les réseaux (notamment 5G) n'exploiteront pas forcément des cartes classiques, elles devraient bien contribuer plus largement à leurs revenus à l'avenir.

MtoM Arcep 2016
Crédits : Arcep
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Écrit par Guénaël Pépin

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Sommaire de l'article

Introduction

Le très haut débit en forme, les emplois beaucoup moins

La fibre gagne du terrain

6,9 millions de portabilités sur mobile

La 4G porte la consommation mobile

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Commentaires (10)


 La doctrine de l’autorité, centrée sur la concurrence par les infrastructures dans les zones denses, porterait donc ses fruits, malgré la baisse continue des revenus des opérateurs.

Tu parles d’une réussite… une explosion des investissements qui ne permet pas une croissance des revenus et in fine une amélioration des marges. Il est ou l’intérêt pour l’économie globale du secteur et pour la collectivité ?



Un sur-investissement non rentable sur les zones denses et un sous-investissement critique dans les zones non denses. Faudrait leur rappeler la théorie du monopole naturel pour les infrastructures de réseaux….




Dans tout cela, c’est l’emploi direct dans le secteur qui semble servir de variable d’ajustement.



Quelle nouvelle. <img data-src=" />

Les opérateurs, ou tout autre agent économique qui produit, n’existe pas pour fournir des emplois, mais pour créer des biens et services à destination des consommateurs. Les emplois sont un effet secondaire.


Ce qui me sidère, c’est qu’il y ait encore 12 millions de lignes purement RTC.








Quiproquo a écrit :



Ce qui me sidère, c’est qu’il y ait encore 12 millions de lignes purement RTC.





C’est sûr que si les opérateurs avaient fibré la rase campagne en premier, ils auraient fait un carton plein.



&nbsp;Visiblement ils n’ont pas encore compris que cela serait rentable pour toute la population en maintenant à la campagne un tissu économique et humain pérenne &nbsp; … mais bon , eux ce qu’ils veulent c’est du pognon pour les actionnaires









Vin Diesel a écrit :



Visiblement ils n’ont pas encore compris que cela serait rentable pour toute la population en maintenant à la campagne un tissu économique et humain pérenne





C’est la vision qu’aurait du avoir nos élus mais visiblement ils ont préféré se défausser en laissant des boites privées faire un boulot qui n’est pas le leur. <img data-src=" />





Dans cela, la fibre jusqu’à l’abonné (FTTH) a conquis 2,2 millions de clients fin décembre, soit 740 000 de plus sur l’année. Malgré des soucis de déploiement (en zone moins dense ou sur les réseaux publics), ce futur réseau « pérenne » continue d’être une formidable arme commerciale pour Orange, qui appuie sa reconquête en ville avec des débits qu’il est régulièrement le seul à y proposer.





Tu m’étonnes…



SFR/Altice, c’est la FTDTC en ville quand il y a un réseau câblé cuivre, et Free, c’est que dalle.



La fibre, c’est le fruit ou rien dans la plupart des cas, même chez moi (fibré depuis bientôt 6 ans).


Pour ma ville, la conseillère municipal qui travail avec moi, ma appris que les boites principale pour la fibre sur la ville été déjà installé, mais qu’on aurait rien avant 2020.<img data-src=" />

Cela me laisse le temps d’upgrader mon matériel.

Mon ordi fait plein de BSOD si je le laisse utilisé ma connexion 4g à fond, plus qu’à remplacer le disque dur par un ssd.


La rentabilité qui intéresse les opérateurs, c’est la leur, pas celle de la population <img data-src=" />


J’aurais même précisé : “rentabilité immédiate”. Car le long terme ne les intéresse manifestement que très peu, vu de l’extérieur.


Perso je ne prends que l’abonnement mobile qui m’est 100% rentable : faut que ça capte partout et que ça soit rapide, y compris à la campagne (donc pas Free ni SFR) et faut des gigas. Dès que Sosh a proposé son offre 40Go, j’ai pris. Dès que Bouygues dépasse les 50Go sur l’offre B&You, je retourne chez eux.