Reprise de Blade (Shadow) : Octave Klaba réhausse son offre, OVHcloud participe... Xavier Niel aussi

Le Suisse rentre à la maison
Economie 5 min
Reprise de Blade (Shadow) : Octave Klaba réhausse son offre, OVHcloud participe... Xavier Niel aussi

La procédure de redressement de Blade vient de vivre plusieurs rebondissements. Les éventuels repreneurs avaient jusqu'à hier soir, minuit, pour retravailler leurs offres. Les changements ont été nombreux, à la hausse, avec un même objectif : montrer que l'on est le plus à même de développer le projet.

Début mars, nous révélions que Blade, la société qui édite le service de Cloud computing Shadow, était dans une situation financière difficile. Après une levée de fonds ratée, elle arrivait à court de cash et s'était placée sous la protection du tribunal de commerce de Paris. Une procédure de redressement judiciaire était lancée.

Rapidement, Octave Klaba s'est présenté comme l'un des repreneurs les plus motivés. Il mettait 29,5 millions d'euros sur la table avec son frère Miroslaw, voulant développer l'entreprise à travers HubiC qui doit accueillir son bouquet de services européens. OVHcloud était alors désigné comme le partenaire en charge des infrastructures.

Lors du dépôt des offres, trois autres s'étaient manifestés. Le Suisse Also AG, Scaleway et... Jean-Baptiste Kempf, actuel CTO accompagné de plusieurs salariés. Depuis, tous ont dû faire un choix : revoir leurs ambitions à la hausse ou abandonner. Et selon nos informations, plusieurs surprises sont au rendez-vous.

À cette occasion, nous avons pu nous entretenir avec Octave Klaba pour échanger sur son projet

Hausse de l'offre et participation d'OVHcloud

Pour le fondateur d'OVHcloud, sa vision est la plus aboutie. Il y travaille depuis des mois, a décortiqué le modèle de Blade dans tous les sens et échangé directement avec les équipes de la startup. « On a craqué tous les problèmes », nous confie-t-il. Pour lui, le point de rentabilité peut être atteint avec 100 000 clients, mais il faut faire perdurer l'offre, la diversifier et surtout lui faire changer de modèle « en passant de CAPEX à OPEX ».

Comprendre que ce ne soit plus à Blade de porter le coût de l'infrastructure, mais à un tiers. Un propos que Klaba tient depuis ses premiers échanges avec Emmanuel Freund. À l'époque, OVHcloud devait héberger la nouvelle offre de Shadow avec un contrat de location sur quatre ans. Cela ne s'est pas passé comme prévu.

Les 29,5 millions d'euros d'investissement personnel sont portés à 31,5 millions d'euros, toujours par les deux frères Klaba. « Cela montre que je crois dans le projet, que je veux le développer, pas le racheter pour tout revendre dans deux ans », avec au contraire une volonté d'investissement pour porter le produit plus loin qu'actuellement.

Pour y parvenir, Octave Klaba ajoute OVHcloud dans la balance. L'hébergeur n'est plus un simple partenaire à qui sont louées les infrastructures, il promet d'investir 30 millions d'euros pour acquérir les machines actuelles nécessaires au bon fonctionnement de Shadow pour ses 100 000 clients et développer l'activité.

Blade en serait facturée mensuellement, la startup ne portant alors pas le risque financier.

Quid de 2CRSi ?

La question est néanmoins de savoir si 2CRSi acceptera de céder ces machines, qu'elle mettait à disposition de Blade via des crédits-baux, ou si elle cherchera à les revendre au plus offrant (ce qui n'est guère difficile en cette période de pénurie et de folie autour des cryptomonnaies). Interrogée, l'entreprise ne nous a pas répondu.

Octave Klaba se veut néanmoins confiant sur le sujet, indiquant que ses équipes ont évalué les contrats et qu'il ne devrait pas y avoir de problèmes sur ce point. « Il y a une réalité juridique à respecter », ajoute-t-il. Shadow devrait donc pouvoir perdurer dès le premier jour de la reprise en cas de victoire du dossier HubiC. « Nous avons déjà un plan, nous savons ce que nous voulons faire day one et pour les semaines qui suivront ».

Rassurer les salariés

Mais son objectif est également de fédérer les équipes autour de son projet. Il leur promet ainsi de faire vivre à Shadow ce qui était son ambition de départ : développer le meilleur service de cloud computing possible... de manière rentable, en investissant dans un projet qui tienne la route, visant différents marchés.

Il est envisagé d'attribuer jusqu'à 15 % du capital aux salariés. 122 des 123 emplois sont préservés. Qui est celui qui manque ? Jean-Baptiste Kempf, actuel CTO et porteur d'une autre offre de reprise. Klaba n'a-t-il pas peur que la « fronde » soulevée face à son offre ne lui coûte de nombreux départs ? « Les employés de Blade ont vécu pas mal d'épreuves et n'en ont pas bavé autant pour tout abandonner maintenant » selon lui.

Il ajoute avoir déjà entamé des discussions avec des constructeurs comme NVIDIA pour continuer le développement de Shadow au plus vite et ne pas perdre l'avance prise par la startup ces dernières années. 

Jean-Baptiste Kempf, Scaleway et Xavier Niel

Du côté des autres dossiers aussi, les choix ont été radicaux. Also AG a tout simplement laissé tomber, n'ayant pas déposé d'offre améliorée. Celle de Scaleway et des employés ont, d'une certaine manière... fusionné. 

Nous nous y attendions, puisque le premier dispose de l'infrastructure et du savoir-faire technique en la matière, la seconde portait la légitimité qui est celle d'une partie des employés de Blade, mais sans grande capacité de financement. Il était presque impensable qu'une solution commune ne soit pas envisagée ou proposée.

C'est donc finalement Scaleway qui porte la seule seconde offre. Elle reprend presque intégralement le dossier de Kempf et d'autres salariés (KLabs), gardant tous les employés, qui se verront attribuer 20 % du capital. Mais aussi le paiement des arriérés sociaux (absent de l'offre initiale). Le montant du rachat est néanmoins inférieur à celui proposé par Octave Klaba. Mais l'équipe avait un autre atout dans sa manche.

Car c'est sous la forme d'une filiale du groupe Iliad – et donc le soutien financier de Xavier Niel – que le développement du projet sera assuré en cas de victoire. Avec toutes les synergies possibles à l'échelle d'un FAI, tant sur l'offre grand public que professionnelle, via les services de Scaleway, etc. Blade resterait néanmoins autonome. 

Le Comité social et économique (CSE) de l'entreprise a échangé avec les deux repreneurs afin de formuler une recommandation. Ce sera au tribunal de commerce de faire son choix, l'audience étant prévue pour ce mardi.

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