Et si Electronic Arts parvenait vraiment à se refaire une virginité ?

Ne rigolez pas dans le fond, c'est déjà en train de se faire
Et si Electronic Arts parvenait vraiment à se refaire une virginité ?

Parmi les trois grands éditeurs du marché des jeux vidéo, il y en a un qui a passé une meilleure année que les autres. Il n'est pas question d'Activision, dont les ventes de Call of Duty s'écroulent, ni même Ubisoft dont le déficit d'image ces derniers mois n'égale que la profondeur de la fosse des Mariannes, mais bien d'EA. Encore élu pire entreprise américaine de l'année en 2013, le géant de Redwood a réussi à redorer son image.

En 2012 et 2013, Electronic Arts a accumulé les erreurs, au point de se faire détester par une assez large partie de la communauté des joueurs. Il faut dire que le palmarès de l'entreprise sur cette période est tout simplement monstrueux en matière de bourdes impardonnables.

Mass Shitstorm 3

Petit retour en arrière. L'éditeur a en effet frappé fort dès le mois de février 2012 peu avant le lancement de Mass Effect 3 en annonçant qu'un DLC baptisé From Ashes allait être disponible dès le jour de la sortie, et que celui-ci allait être facturé 15 euros. Une façon de faire qui avait fait hurler les joueurs, notamment parce que ce contenu optionnel, bien que n'ayant aucune influence sur le déroulement du scénario, était somme toute assez conséquent. Les joueurs estimaient alors que si le contenu étant prêt pour le lancement, il n'y avait aucune raison qu'il ne soit pas fourni avec le reste du jeu sans surcoût.

Ajoutez à cela un autre drame autour de la fin du titre, qui ne tenait pas assez compte des différents choix effectués par le joueur au cours de l'ensemble de la trilogie au goût de certains. En effet, la différence la plus visible concernait la couleur de l'explosion finale, qui varie entre l'orange et le bleu, en passant par le vert, comme vous pourrez le constater dans cette vidéo :

L'éditeur finira par distribuer gratuitement en juin un DLC baptisé Extended Cut, offrant des scènes de fin un peu plus élaborées. Trop tard, le mal était fait, et certains revendeurs comme Amazon avaient déjà remboursé depuis longtemps les clients les plus mécontents.

La médaille du déshonneur

En 2012 toujours, EA a renforcé une fois de plus sa réputation de tueur de licences. L'éditeur avait tenté en 2010 (sans grand succès) de relancer sa franchise Medal of Honor avec un nouvel opus à la qualité assez moyenne, comme en témoigne son score Metacritic de 72/100. L'éditeur a réussi à faire encore pire avec sa suite sortie deux ans plus tard : Medal of Honor Warfighter. Pour résumer l'ampleur des dégâts, voici ce que l'on pouvait lire à la fin du test de l'habituellement très conciliante équipe d'IGN, noté 4/10 : « Warfighter paraît vieux, ne respecte pas le joueur et manque sa cible aussi bien pour ce qui est de la campagne que du mode en ligne ». 

En plus d'être mauvais, le titre parvient même à créer un véritable scandale aux États-Unis à cause d'une initiative baptisée « Projet Honor ». L'éditeur avait conclu des partenariats avec des fabricants d'armes et d'équipements militaires afin de faire la promotion de son jeu avec le slogan « Jeu authentique, marques authentiques », tout en apportant son soutien à des associations venant en aide aux anciens soldats et à leur famille. Entre temps, la fusillade de Newtown était passée par-là et, soudainement, faire la promotion d'armes à feu dans un jeu vidéo ne ressemblait plus vraiment à une bonne idée. Trop tard, l'image de l'éditeur était alors plus qu'écornée.

SimCity et Battlefield 4 continuent de creuser la tombe de l'éditeur

Comme si tout ceci ne suffisait pas, en 2013 SimCity est arrivé avec son lot de couacs tout aussi retentissants les uns que les autres. Cela a commencé avec la bêta du jeu, dont les termes et conditions (ToS) stipulaient qu'EA se réservait le droit de bannir le compte des testeurs s'ils ne signalaient pas les bugs qu'ils rencontraient. Une maladresse que l'éditeur rectifiera dans une nouvelle version des ToS, mais là encore un peu trop tard.

Et les problèmes autour de SimCity vont continuer encore un moment, puisque lors de son lancement, le titre est purement et simplement injouable, la faute à la nécessité de maintenir une connexion permanente avec les serveurs pour jouer même en solo et à une infrastructure sous-dimensionnée. Lancé au début du mois de mars, l'ensemble des fonctionnalités du jeu ne sera rétabli qu'en mai. Entre temps, Electronic Arts est contraint d'offrir un titre aux acheteurs pour calmer leur colère, avant que John Riccitello, le PDG de l'entreprise ne pose sa démission.

Et ce n'est pas fini. Sim City ne sera pas le seul lancement raté par EA, le dernier en date étant celui de Battlefield 4, à la fin du mois d'octobre 2013. Le titre a souffert de nombreux bugs, causant des déconnexions en multijoueur, voire des crashs, et la situation a duré plusieurs semaines. En outre, sur PC, la compatibilité avec Mantle, vantée par l'éditeur et AMD mettra plusieurs mois avant d'arriver, causant là aussi une certaine déception pour les joueurs. Grâce à ce festival d'erreurs, la société remportera deux fois de suite le titre de pire entreprise américaine de l'année.

Une lente convalescence, bien aidée par un nouveau PDG

En septembre 2013, Electronic Arts nomme un nouveau PDG : Andrew Wilson. L'homme connait bien les soucis que rencontre l'entreprise puisqu'il était à la tête de la branche EA Sports et de la plateforme Origin depuis plusieurs années. Sur la fin de 2013 ses décisions n'ont pas eu un grand impact sur les évènements, initiés par son prédécesseur, mais c'est à partir de 2014 que sa politique a commencé à faire effet. 

L'objectif du dirigeant semble alors assez clair : il faut à nouveau séduire les joueurs et regagner leur confiance. L'éditeur se met alors à offrir gratuitement des jeux sur Origin, avec des titres comme Battlefield 3, ou Peggle. Pour remédier à l'absence de démos jouables, l'initiative Origin Game Time est lancée en juin avec Titanfall. Celle-ci permet de télécharger gratuitement la version complète d'un jeu sur PC, et de l'essayer pendant quelques jours avant de décider de l'acheter ou non. Pour remédier aux problèmes de Battlefield 4de nouveaux serveurs sont mis en place en avril.

La franchise a droit un nouvel épisode, Hardline, dont le lancement était prévu pour le mois d'octobre, afin de faire face à l'itération annuelle de Call of Duty. Après des phases de bêta aux résultats peu satisfaisants, l'éditeur a décidé de repousser son lancement au premier trimestre 2015, le temps de remédier à la plupart des problèmes rencontrés. Il repousse aussi le lancement de Dragon Age : Inquisition, ce qui lui permettra de sortir sans connaître de problèmes majeurs. Et les lancements sans encombre, cela commençait à se faire rare chez EA.

Enfin, la société a surpris son monde en annonçant son offre EA Access à la fin du mois de juillet. Disponible sur Xbox One, elle permet d'accéder à un catalogue de jeux contre un abonnement mensuel de 4 euros ou annuel de 25 euros. Le principe est le même que celui de Netflix : on accède tant que l'abonnement est actif à un catalogue de jeux qui s'étoffe avec le temps.

Initialement quatre titres étaient proposés : FIFA 14, Madden NFL 25, Peggle 2 et Battlefield 4. Désormais, il y en a sept, Plants vs Zombies Garden Warfare, Need For Speed Most Wanted et EA Sports UFC s'étant ajoutés à la liste. En plus de cela, le bouquet permet de bénéficier de 10 % de réduction sur les jeux dématérialisés d'EA et les micro-transactions, ainsi que d'accéder à des démos exclusives de toutes les nouveautés, sur le même principe qu'Origin Game Time.

Pourvu que cela dure

Finalement, un faux pas, EA n'en aura fait qu'un seul cette année : le lancement de la version mobile de Dungeon Keeper en février. Un exemple parfait de tout ce qu'il ne faut pas faire avec un titre Free-to-play. L'éditeur a su faire les choix qui s'imposaient en retardant ses jeux ou même en abandonnant leur développement quand c'était nécessaire, et a lancé des offres qui ont le mérite d'aller dans la bonne direction.

Certes cela n'est pas encore suffisant pour faire oublier aux acheteurs de SimCity et de Battlefield 4 tous leurs ennuis, ni même pour excuser les fins de Mass Effect 3, mais contrairement à d'autres, EA ne s'est pas enfoncé dans ses erreurs et a réussi à redresser la barre ce qui est une bonne chose pour tout le monde.

Il ne reste maintenant plus qu'à espérer qu'Ubisoft suive la même trajectoire, après avoir touché le fond cette année, et qu'Andew Wilson ira jusqu'au bout de son plan sur 3 ans pour redorer l'image de son entreprise. Rendez-vous d'ici quelques temps pour un nouveau bilan.

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