Un an avec un MacBook Pro Apple Silicon (M1) : bilan et retour d’expérience

Travail, vidéos, musique et... jeux
Un an avec un MacBook Pro Apple Silicon (M1) : bilan et retour d’expérience

Nous vous proposons un retour d'expérience sur une année passée sur un MacBook Pro M1. L'utilisation a été essentiellement professionnelle, mais c'était une bonne occasion également de se projeter dans un scénario plus complet, avec d'autres applications, besoins et un certain nombre de jeux.

Il y a un an, nous avions publié un article centré sur un retour d’expérience : après trois mois, que penser d’une machine Apple Silicon ? La question recouvrant plusieurs thématiques, dont le matériel et le logiciel. À l’époque, la question du matériel était sans équivoque. La puce M1, dans son incarnation de base, était une franche réussite à bien des niveaux. Côté logiciel, le tableau était alors plus mitigé.

Un an plus tard, qu’en est-il ? Ce nouveau retour d’expérience sera cette fois à la première personne, car très dépendant de la manière dont j’ai utilisé ce MacBook Pro. Il met cependant en lumière des points restant valables pour bon nombre de personnes, dont le principal : le succès de la plateforme dépend avant tout de l’attention que lui portent les éditeurs tiers

La machine elle-même

Les premières machines équipées des puces M1 furent le MacBook Air, le MacBook Pro 13 pouces et le Mac mini pendant l’automne 2020. À ce moment, Apple n’avait pas encore de « redesign » à proposer, aussi les machines avaient la même apparence. À l’intérieur cependant, les processeurs Intel avaient été remplacés par la première incarnation de l’architecture Apple Silicon.

Après plusieurs mois passés sur le MacBook Pro, mon avis sur la machine était clair. La machine était clairement puissante et les performances de la puce largement suffisantes pour affronter de nombreuses tâches journalières. Avec une utilisation bureautique comme la mienne, l’ensemble se montrait très réactif, et seules les applications qui n’avaient pas sauté le pas de la compilation ARM montraient des signes de lenteur. Nous y reviendrons.

Un an plus tard, cet avis a-t-il changé ? Non. Sa réactivité ne s’est pas démentie, le macOS sorti entre temps (Monterey) n’y a rien changé.

La plus grande qualité de la machine était sans aucun doute son autonomie. Sans atteindre les 20h proclamées par Apple (en lecture vidéo avec luminosité moyenne), il m’a permis à plusieurs reprises de travailler presque deux jours de travail, sur une activité incluant essentiellement de la navigation web et de la rédaction de texte. Le MacBook Pro s’est révélé notamment très plaisant en déplacement.

Les griefs notés l’année dernière n’ont pas bougé non plus d’un iota. Les deux ports USB-C sont toujours une limitation que vient compenser un hub acheté pour 40 euros, pour ajouter trois ports USB-A, un port Ethernet (puisque la machine n’en a pas) et un port HDMI notamment. Autant de manques que nous jugions alors indignes d’une machine vendue sous l’étiquette « Pro » et qui le sont toujours.

Les 60 Hz de la dalle sont un problème constant. Je dispose à domicile d’un écran Agon fonctionnant en 144 Hz et la différence est désagréable. Il faut un temps d’adaptation pour revenir à cette fréquence qui fut celle de multiples écrans pendant des décennies. Il a fallu attendre les renouvellements de gamme 14 et 16 pouces du MacBook Pro pour enfin obtenir le ProMotion, capable de grimper jusqu’à 120 Hz. On ne le trouve toujours que sur ces machines, et même le tout récent – et dispendieux – MacBook Air M2 n’en est pas équipé.

Au moins, la prise en charge des écrans externes s’est améliorée avec le temps. Les mises à jour du système et l’arrivée de macOS Monterey ont apporté du mieux dans un support qui se révélait très aléatoire.

Logiciel : pour le travail, c'est parfait

Passons maintenant à une partie moins rose, même si au niveau de l’utilisation professionnelle la situation est bonne.

La manière dont j’utilise cette machine n’a que très peu changé en un an. Elle sert à 90 % pour le travail, où la réactivité et l’autonomie ont permis un vrai gain en confort. Les logiciels que j’utilise n’ont rien d’extraordinaire : Firefox comme navigateur et la suite Office pour travailler, y compris Teams.

Macbook Pro M1

Firefox a très rapidement disposé d’une version Universal Binaries, donc comprenant un code compilé nativement pour Apple Silicon. À l’heure actuelle, il est toujours un de ceux démarrant le plus vite et le plus léger des navigateurs tiers avec seulement 362 Mo au compteur. Pour comparaison, l’actuelle version de Chrome pèse 913 Mo, et Edge affiche même 1,37 Go au compteur (tous avec du code M1 natif). N’en jetez plus.

Certains m’ont posé la question depuis : pourquoi ne pas utiliser Safari ? Il est vrai que le navigateur d’Apple se lance vite et fait bien son travail. Je n’apprécie pas cependant la présentation de la barre personnelle de favoris, qui n’affiche pas les favicons et nécessite des noms écrits en toutes lettres, là où je préfère n’avoir justement que des favicons.

Il y a autre raison, technique : travaillant dans des environnements hétérogènes, j’ai besoin de navigateurs capables de fonctionner sur Windows, macOS et Linux pour y retrouver mes favoris. Safari n’existant que sur les machines Apple, il n’est pas une option.

La suite Office n’a pas posé de problème non plus. Ses composants faisaient partie des premières applications à sortir compilées pour Apple Silicon et n’ont pas rencontré les problèmes de performances affichés par bon nombre d’autres. À l’exception de Teams.

L’application de Microsoft est, certes, un univers à part entière, mais un univers parfois très limité et affichant de réels problèmes de consommation et de performances. Sur Mac, Microsoft publie depuis peu une préversion compilée pour Apple Silicon qui change radicalement la donne. Car il faut bien le dire, la version Intel classique, émulée par Rosetta 2, est d’une lenteur exaspérante au quotidien. Au moins la préversion permet de se débarrasser de la dernière application x86 pour ce type d’utilisation.

Utilisation personnelle : de vraies améliorations

Côté loisirs, l’utilisation de la machine s’est améliorée avec le temps. Il est toujours aussi agréable de pouvoir enchainer les heures de train sans se soucier de la batterie quand on enchaine films et épisodes de série.

J’en profite pour faire un petit aparté sur les vidéos. Dans de nombreux cas, l'iPad reste meilleur, pour une seule raison : les applications des plateformes de streaming pour iOS permettent toutes de télécharger des épisodes de séries et des films hors-ligne. Sur Mac, les versions web de ces mêmes services ne le permettent pas. Il faut une application dédiée, et seul Prime Video en propose une (depuis peu). Adaptée de la mouture iPadOS, elle a été adaptée a minima – comme toujours chez Amazon – mais a le mérite d'être fonctionnelle.

C'est surtout sur le reste que l’utilisation générale s’est améliorée, grâce surtout aux mises à jour progressives des applications tierces.

La plupart de celles que nous avions pointées ont reçu depuis une version Apple Silicon. Je pense notamment à Spotify, Discord, Signal ou encore TeamViewer. À chaque fois, le bénéfice est le même : un temps de lancement divisé par 2, 3 ou même 4, une réactivité nettement supérieure et une consommation moindre des ressources. OneDrive aussi a été mis à jour, tout comme Dropbox et Google Drive. Idem pour le client NextCloud. À noter que tous ces services cloud ont dû transiter vers l’API File Provider déployée dans macOS 12.3, et que cela ne s’est pas fait sans heurts.

Malheureusement, plus d’un an et demi après la disponibilité des premières machines M1, des applications ne proposent toujours qu’une version Intel de leurs binaires. C’est notamment le cas de Twitch, qu’il vaut clairement mieux utiliser au sein d’un navigateur. Idem pour Audacity, Calibre, Deezer, Skype ou encore Plex Media Server, même si une bêta Apple Silicon existe pour ce dernier depuis quelques semaines, avec à la clé notamment de meilleures vitesses de transcodage.

Et il ne s’agit que de l’utilisation personnelle « habituelle ». Dès que l’on aborde les jeux, on passe dans une tout autre catégorie.

Jeux vidéo : tout reste à faire, ou presque

La situation du jeu sur Mac n’a jamais été simple. Peu d’éditeurs ont basculé leurs titres sur la plateforme. Pour donner un aperçu de la difficulté pour les utilisateurs, même une entreprise comme Blizzard – pourtant connu pour avoir lancé des versions Mac de tous ses jeux dès la sortie – a fini par arrêter les frais. Actuellement, seul Word of Warcraft est optimisé pour l’architecture Apple Silicon. Même le récent Diablo II Resurrected ne l'est pas et aucun des nouveaux titres en préparation ne semble prévu sur Mac pour l’instant.

S’il ne s’agit que d’un seul éditeur, le cas est représentatif de la situation générale. Si peu de jeux sont disponibles en versions Mac, il y a encore moins de jeux optimisés pour la puce M1.

Et puisqu’il est difficile de parler jeu sans évoquer Steam, arrêtons-nous sur la boutique de valve. Il a fallu environ un an pour que l’application Steam propose des outils permettant aux éditeurs de proposer des versions Apple Silicon de leurs titres. Avant ça, ce n’était pas possible, car la plateforme renvoyait systématiquement vers la version Intel et donc l’émulation par Rosetta. Depuis, les outils ont été adaptés, mais on ne peut pas dire que le nombre de jeux optimisés ait grimpé en flèche.

Steam
Steam est l'une des dernières applications x86 sur ma machine

L’application Steam elle-même n’est toujours pas en binaire universel. Son lancement est lent, sa réactivité approximative et les bugs d’affichage courants. Par exemple, les catégories en haut disparaissent de manière aléatoire, et certaines pages n’affichent pas leur contenu. Il n’y a pas d’autres solutions parfois que de redémarrer l’application.

Concernant les jeux eux-mêmes, soyons clairs : il ne s’agit pas d’une machine pour jouer. Les performances sont correctes, voire très correctes dans certains cas (notamment Word of Warcraft), mais il ne faut pas en demander trop. Civilization VI tourne relativement bien par exemple tant qu’on ne joue pas sur des cartes trop grandes, et le problème s’intensifie avec l’évolution de la partie.

Path of Exile tourne correctement mais fait chauffer la machine au point que les ventilateurs se mettent en route (ce qui arrive rarement), Cities Skyline fonctionne assez bien mais ne prend pas en charge les définitions Retina, Divinity 2 tourne bien, Crusader Kings III est presque injouable, mention passable pour Humankind. D’autres titres plus légers comme Hades et Hollow Knight fonctionnent à plein régime. Aucun de ces titres n’est optimisé pour Apple Silicon.

Au cours de l’année écoulée, j’ai tenté d'autres approches : GeForce Now, Xbox Game Pass et Shadow. Chaque solution a eu ses avantages et ses inconvénients. Je faisais partie des premiers inscrits à GeForce Now et pouvais donc garder « à vie » le tarif moins élevé. Le service a bien fonctionné, mais il a été longtemps limité à une partie du catalogue Steam, avant qu’Epic vienne le rejoindre. Pour mon utilisation, le problème était surtout que l’on n’accédait qu’à la version de base du jeu. Pour un titre comme Satisfactory, cela signifiait que la branche expérimentale n’était pas disponible.

Le catalogue du Game Pass me tentant, je me suis lancé, avec pour bénéfice de récupérer Age of Empires IV sur mon PC Windows 11. Sur Mac malheureusement, le problème est vite devenu évident : le clavier et la souris n’étant pas pris en charge, je ne voulais pas réapprendre à jouer avec une manette.

Quant à Shadow, j’ai pris un mois pour un long déplacement, afin de pouvoir jouer de temps à autre. Cette fois, le problème était technique : les performances disques très en deçà de ce que l’on peut attendre légitimement d’un SSD. De multiples navettes avec le support n’ont guère amélioré la situation et j’ai pu compter les secondes entre un clic sur l’icône de l’Explorateur et son ouverture. L’installation des jeux s’est révélée très lente, avec un taux d’utilisation disque de 100 % et un taux de transfert parfois bloqué à 10 Mo/s. Les performances en jeux étaient bonnes (Fallout 76, Satisfactory, Raft...), mais leur lancement était cruellement long.

Je n’ai retenu aucune de ces trois solutions finalement, elles n’étaient pas adaptées à mes besoins épisodiques.

Le regretté Bootcamp

La disparition de Bootcamp sur les machines Apple Silicon est dans mon cas un problème double. Côté travail, l’absence de Windows se révèle régulièrement un problème, ne serait-ce que parce que j’assure le suivi de la plateforme via le programme Insider pour les préversions. En déplacement longue durée, j’ai donc besoin d’une deuxième machine, qui permettra aussi de tester des distributions Linux.

Cette disparition a également un gros impact sur l’utilisation personnelle. Le MacBook Pro M1 n’est pas le premier Mac que j’utilise, loin de là. Sur chaque machine, une partition Windows me permettait de lancer des jeux, car la plateforme exploitait mieux le matériel dans ce cas d’utilisation, avec une différence notable à la clé.

Il y a donc un sentiment mitigé sur ce retrait. C’est une vraie perte fonctionnelle dans mon cas, car Bootcamp avait un intérêt dans de multiples scénarios. D’un autre côté, le changement d’architecture a amené le Mac dans une direction impossible en l’état en continuant à se fournir chez Intel. On peut comprendre qu’Apple n’ait pas considéré en outre comme une priorité la possibilité d’installer un système concurrent sur son précieux matériel.

Bon… et donc ?

Y a-t-il des regrets après cet achat ? Non, l’ordinateur lui-même est de qualité. Il est puissant, silencieux et très autonome. Tant que les besoins sont satisfaits par ce que l’on trouve sur macOS, tout va bien. L’amélioration significative du parc logiciel et sa transition vers l’architecture Apple Silicon ont largement participé à ce ressenti.

La machine n’est pas exempte de défauts, mais rien de rebutant quand on sait précisément ce que l’on va obtenir. Il s’agissait pour moi d’avoir en premier lieu un ordinateur me permettant de suivre l’évolution de l’environnement Mac et, tant qu’à faire, qui me servirait dans mes déplacements, avec une utilisation à 90 % bureautique. De ce point de vue, c’est une réussite.

Je dirais qu’actuellement, le gros point noir reste le jeu, car il faut jongler entre les titres compatibles Mac et les solutions pour accéder à ceux qui ne le sont pas. Si j’insiste autant sur ce point, c’est qu’Apple a déclenché une offensive dans ce domaine lors de sa dernière conférence.

Le Mac y était présenté comme une alternative crédible, dans le sillage de la présentation de la puce M2, plus puissante évidemment que la M1 (mais moins que la M1 Pro). La nouvelle version de Metal, avec des équivalents maison du DLSS et de Direct Storage, est un signal clair qu’Apple veut se positionner dans cet univers.

Mais pour que ce vœu se concrétise, et comme on l’a vu, il faut que les éditeurs suivent. En dehors des effets d’annonces, la segmentation de la gamme pourrait jouer en sa défaveur, car la capacité de calcul graphique n’est pas disponible uniformément sur les Mac avec le passage à Apple Silicon. Le plus grand nombre de cœurs GPU se trouve sur les configurations M1 Pro, Max et Ultra, sur des configurations dispendieuses comme les MacBook Pro 14 et 16 pouces, ou le Mac Studio.

À ce moment, on se retrouve sur une très ancienne problématique, puisque parmi ces machines, le ticket d’entrée est à 2 249 euros, ce qui en équivalent PC permet d’acheter un monstre de puissance presque sans aucune limitation de disponibilité pour les jeux. Il y aura donc le choc habituel entre la disponibilité des configurations permettant de jouer et les débouchés perçus par les éditeurs.

Même si l’on garde la puce M1 comme base pour jouer et en dépit de très bonnes ventes depuis sa sortie (particulièrement le MacBook Air, récemment renouvelé), le parc Apple Silicon reste une fraction du parc Mac global. Pour une utilisation aussi optionnelle que le jeu, il est très probable que les studios attendent encore une évolution de la base utilisateur pour s’investir davantage.

Dans tous les cas, il sera très intéressant de voir comment ces puces réagissent avec une nouvelle génération de jeux qui auront été compilés pour profiter pleinement de leur architecture. En attendant, je m’en passe très bien et la machine continuera de remplir sa mission : être un support efficace pour le travail.

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