Après de nombreux mois d’attente, Shadow annonce enfin du neuf. Une nouvelle formule plus puissante arrivera bientôt, de même qu’une offre de stockage en ligne. Des préversions seront disponibles cet été, pour des services finalisés à l’automne.
C’est peu dire que les quelques dernières années ont été complexes pour Shadow. Après un démarrage en trombe, Blade rencontre des problèmes. Les personnes ayant commandé l’offre commencent à attendre, parfois de longs mois avant d’être servies. L’entreprise française fait des promesses, tant sur l’approvisionnement que la puissance des instances. Certaines sont tenues – notamment le remplacement des GeForce GTX 1070 par des GTX 1080 puis des Quadro P5000 –, d’autres pas.
Fin 2020, la situation empire. Blade avait promis une nouvelle offre plus puissante, qui n’arrive pas. Les raisons données alors étaient liées à des problèmes d’approvisionnement en composants. En réalité, l’entreprise ne voulait plus se reposer sur OVHcloud, avec un énorme souci de réorganisation. Parallèlement, les tarifs baissaient, limitant les ressources de Blade, qui en avait pourtant bien besoin.
On connait la suite : des changements dans la direction, le rachat par HubiC, l’arrivée d’Eric Sèle à la tête de l’entreprise sous la houlette d’Octave Klaba, la réorganisation et un tarif doublé. L’entreprise a d’abord été renommée HubiC, avant de revenir à Shadow. OVHcloud, que l’ancienne structure semblait à une époque vouloir éviter, est au cœur de l’offre. Objectif : revenir à la rentabilité.
Aujourd’hui, Blade revient avec une nouvelle offre, longtemps attendue. Plus puissante, elle sera aussi plus chère, posant clairement la question du bénéfice face à la somme voulue. En parallèle, Shadow prépare son propre Drive.
Power : plus de puissance, pour 15 euros de plus par mois
La nouvelle offre Power est celle promise par Shadow depuis longtemps. En effet, si l’on met de côté les évolutions de GPU, les caractéristiques de base n’ont pratiquement pas changé depuis…2016.
Avec Power, le bien vieux Xeon E5-2667 v4 (8C/16T) d’Intel laisse sa place à un Epyc 7543 d’AMD (32C/64T). Chaque utilisateur disposera de quatre cœurs et huit threads, soutenus par 16 Go de mémoire, contre 12 Go pour l’offre classique. Côté GPU, on aura comme prévu des « NVIDIA GeForce RTX de classe 3070 », des « cartes graphiques NVIDIA équivalentes conçues pour les professionnels » ou « les derniers GPU AMD basés sur l'architecture RDNA 2, notamment l’AMD Radeon PRO V620 ».
Si le GPU n’est pas nommé avec précision, c’est qu’il dépendra du datacenter auquel l’abonné sera connecté. Cette répartition n’est pour l’instant pas connue, mais sera détaillée dans les semaines qui viennent.
Si Shadow ne dit rien du stockage, c’est bien parce que c’est ici que la bât blesse : il ne bouge pas d’un iota. On reste sur les 256 Go de l’offre classique, qui commençaient à faire pâle figure pour les 30 euros réclamés par mois. À 45 euros par mois, cet espace paraît presque anémique.
Pour une offre basée sur la puissance, les utilisations vont de gros logiciels de traitement son et/ou aux jeux gourmands. Autant d’utilisation pour lesquels il semble presque obligatoire d’investir dans de l’espace supplémentaire, au prix inchangé de 2,99 euros par tranche de 256 Go, soit 12 euros le To, jusqu’à un maximum de 2 To.
La formule Power sera disponible en précommande cet été, pour une disponibilité à l’automne, sans plus de précision pour l’instant. Shadow dévoilera également « bientôt » un accès anticipé pour certains utilisateurs, dont les modalités de sélection ne sont pas expliquées. Les personnes intéressées peuvent en revanche se manifester via un lien dédié. Il faut disposer d’un compte Shadow.
Noter que cet automne, le service sera également lancé dans de nouveaux pays, dont l’Autriche et le Canada, y compris l’option Power. D’autres marchés seront annoncés « prochainement ».
Les 45 euros par mois risquent de faire réfléchir à deux fois avant de se lancer. Oui Shadow garde pour lui l’accès à un Windows complet, donc à la possibilité d’en faire ce que l’on veut et d’y installer notamment n’importe quel jeu. Mais s’il s’agit uniquement de jouer, les joueurs compareront ce tarif aux 10 euros du GeForce Now de base, aux 20 euros de sa version RTX 3080 ou encore aux 10 à 15 euros du Xbox Game Pass.
Nouveau client de connexion et Shadow Drive
Le client de connexion va recevoir également une évolution majeure. Shadow promet qu’il procurera une « expérience entre plus intuitive et réactive ».

Au vu des captures, l’interface semble avoir été simplifiée, mais il faudra attendre de l’avoir en main pour juger de sa réactivité.
L’entreprise en profite pour rappeler que le client n’a pas attendu cette annonce pour évoluer. Au cours des derniers mois, plusieurs améliorations ont été apportées, comme la gestion des couleurs 4:4:4, la compatibilité avec le double écran, le support des écrans distants, la disponibilité en accès anticipé de Shadow VR ou encore l’arrivée d’une version optimisée Apple Silicon.
Quant au Shadow Drive, il s’agit exactement de ce qu’il annonce : un espace de stockage accessible à distance. Il sera disponible en compte gratuit avec 20 Go – une quantité assez rare – et des versions Premium débutant à 8,99 euros par mois, pour un stockage allant jusqu’à 2 To. Attention, cela ne signifie pas que ces 2 To seront disponibles pour 8,99 euros. La grille tarifaire arrivera plus tard.
Point intéressant, ces espaces seront en fait des instances NextCloud stockées chez OVHcloud. Comme indiqué par Shadow, une interface web permettra d’accéder aux données, tout comme des clients locaux de synchronisation.
L’entreprise n’en parle pas, mais des applications mobiles devraient permettre également un accès aux données. Et s’il s’agit d’instances NextCloud classiques, l’application officielle NextCloud devrait pouvoir être utilisée, ou n’importe quel client compatible d’ailleurs, comme celui de Leviia. Comme ce dernier, Shadow fera peut-être le choix de n’intégrer que celles qui l’intéressent. À moins qu’elle ne laisse le champ libre aux utilisateurs en laissant l’accès à la boutique.
Shadow lancera son Drive en « soft opening » durant l’été « auprès d’une sélection d’utilisateurs ». Comme le reste, le lancement officiel aura lieu cet automne.
Shadow Business Solutions : une offensive claire vers l’entreprise
Shadow dispose enfin d’une offre spécialement dédiée aux entreprises. L’éditeur veut leur donner la possibilité de gérer « une flotte de PC haute-performance basés sur le cloud computing, allant d'une station de travail haut de gamme jusqu’à la combinaison de la puissance de calcul de plusieurs serveurs ».
Le message est simple : obtenir des « performances optimales » pour des applications professionnelles gourmandes sans avoir à changer de machine. Shadow donne quelques exemples : « Les graphistes et designers pourront effectuer des rendus 4K en temps réel depuis n'importe quel appareil doté d’une connexion et partager leurs sessions avec des collègues et partenaires distants, pour ajuster les résultats en direct. Les industries et les écoles pourront déployer et développer leurs formations en réalité virtuelle sans avoir à investir dans de coûteux ordinateurs compatibles avec la VR ».
L’entreprise annonce avoir déjà noué un partenariat avec Bandai Namco Europe. Elle n’est pas peu fière d’indiquer que toutes les démonstrations d’Elden Ring aux journalistes avant sa sortie ont été faites à partir d’instances Shadow.
Il n’y a pas de tarifs fixes et il est nécessaire de contacter Shadow pour obtenir un devis. Les offres elles-mêmes ne sont disponibles pour l’instant qu’en accès anticipé en deux formules, Standard et Premium. La première fournit un Xeon avec 8 vCores jusqu’à 4 GHz, 16 Go de mémoire, une RTX 5000 (16 Go de VRAM) et un stockage de… 256 Go, décidément. L’offre Premium passe à 12 vCores, 32 Go de RAM, une RTX 6000 (24 Go de VRAM) et, cette fois, 512 Go de stockage.