Shadow : analysons la révolution du PC, avec une GTX 1070 « dans le Cloud » dès 29,95 €

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Shadow : analysons la révolution du PC, avec une GTX 1070 « dans le Cloud » dès 29,95 €

Avec son Shadow PC, Blade veut réinventer l'informatique grand public. Pour 30 euros par mois, vous disposez en effet d'une machine « dans le Cloud » disposant d'une GeForce GTX 1070 et de composants haut de gamme. Alors que les premiers exemplaires arrivent, à quoi faut-il s'attendre ?

Fin juin, nous recevions un communiqué de presse mystérieux avec un titre plutôt vendeur « Shadow : une révolution pour les joueurs ». Il venait de Blade, une SAS présidée par Emmanuel Freund (capital de 211 499 euros) ayant récemment levé 13 millions d'euros. Elle annonçait « le premier ordinateur complet basé sur le cloud » qui serait dévoilé à la rentrée.

Un projet soutenu par des marques comme ASUS, Intel, BSO (qui gère la partie réseau du service) ainsi qu'une quinzaine d'investisseurs (Michael Benabou, Pierre Kosciusko-Morizet, l’homme d’affaires thaïlandais Nick Suppipat, etc.).

Notre dossier sur Shadow, le « PC du futur » :

Les communiqués de presse, tout un art

Comme souvent avec les communiqués de presse, l'emphase était au programme. Ainsi, on nous promettait « une technologie de pointe qui va révolutionner le marché de l’informatique grand public [...] Oubliez tout ce que vous avez vu du cloud gaming auparavant, Shadow délivre des performances impressionnantes, identiques à celle d’un PC gaming haut de gamme et ne souffre d’aucune latence ! ».

Derrière les grandes phrases, que se cachait-il ? Tout simplement la promesse d'une machine hébergée, exploitant des composants orientés pour la performance et le jeu, accessible à travers un « thin client ». Mais celle-ci était livrée avec un système d'exploitation complet, laissant l'utilisateur installer les applications de son choix.

De quoi limiter aussi les problématiques de renouvellement d'une machine ou des pannes matérielles, le tout étant loué. Il était ainsi promis que « les mises à jour se feront régulièrement et sans surcout. Avec Shadow, vous aurez toujours les meilleures performances ». Tout un programme.

Si l'on était plutôt circonspect vis-à-vis du ton de l'annonce, nous étions plutôt enthousiastes face au concept. Car cette « révolution », nous l'attendions depuis longtemps.

Shadow : la suite logique

Sur le papier, Shadow n'a en effet rien de totalement nouveau. Il s'agit plutôt de la continuité d'une transformation en cours. L'utilisation de PC « dans le cloud » existe en effet depuis quelques années maintenant. Les offres se sont d'ailleurs démocratisées pour un usage bureautique (mais à un tarif en général assez élevé) avec Workspaces d'Amazon ou encore le Cloud Desktop d'OVH.

Du côté des joueurs, NVIDIA propose aussi depuis quelques années une offre de streaming locale (GameStream), qui avait été répliquée par Steam. Avec le lancement de la Shield Android TV, on avait même droit à GeForce Now, un service de « Cloud gaming » par abonnement à 10 euros par mois (voir notre analyse).

Là où Blade innove réellement avec son offre de PC Shadow, c'est qu'il reprend un peu le meilleur de tout cela en tentant de gommer (presque) tous les défauts. Une offre un peu folle que nous avons décidé d'analyser de manière détaillée avant de pouvoir la tester en conditions réelles.

Car dans un premier temps, l'équipe a préféré maximiser la communication tout en se limitant à des démonstrations dans un environnement très... maîtrisé.

De la difficulté d'opposer la communication à la réalité

Chaque mois depuis la rentrée, nous avons en effet reçu un communiqué de presse autour de ce produit. Mais lorsque nous avions demandé à la tester dans nos labos, il nous avait plutôt été proposé de le faire dans ceux de la société, ce qui n'est pas vraiment dans nos habitudes.

Blade a largement misé sur l'eSport pour sa communication, avec l'annonce d'un sponsoring de l'équipe GamersOrigin Overwatch. La société était aussi présente à la Paris Games Week, avec de nombreuses démonstrations à la clef. Mais là encore, nous avons eu une mauvaise surprise : tout passait par un réseau local. La société nous avait alors expliqué sur place que c'était principalement en raison du coût de la connexion internet sur le salon que ce choix avait été fait.

Nous avons donc décidé de patienter et de commander l'appareil lors de sa mise en vente le soir de l'ouverture de la PGW (le 27 octobre). Il devrait ainsi arriver dans nos locaux d'ici la fin décembre (nous y reviendrons), nous pourrons alors le tester en conditions réelles.

Pour rappel, 500 unités avaient été annoncées pour la fin de l'année, 3000 pour mars prochain. Le tout était parti assez vite, bien aidé par une assez bonne organisation du côté de la communication et une offre de parrainage.

Une GeForce GTX 1070 à la demande, à partir de 29,95 euros par mois

C'est le 21 octobre dernier, une semaine avant la Paris Games Week, que tous les premiers détails ont été donnés sur Shadow. Notamment la composition de la machine locale, distante, et le tarif proposé. Ici, trois possibilités sont offertes, fonction de votre engagement : 

  • 29,95 € par mois pour un engagement d’un an
  • 34,95 € par mois pour un engagement de 3 mois
  • 44,95 € par mois sans engagement

Contrairement à la Shield Android TV de NVIDIA, aucun appareil n'est à acheter. La machine locale est fournie avec l'abonnement. Bien entendu, elle ne vous appartient pas. Une fois que vous arrêtez la location vous devrez la rendre. Sinon vous serez redevable d'une somme forfaitaire de 300 euros TTC.

En cas de problème « on vous remplace la Shadow sans frais » précise la société. Mais attention, « en cas de casse les frais de remplacement sont à la charge de l’utilisateur ». Plus globalement, il est indiqué que « l’utilisateur répond du vol, de la perte ou des détériorations du Terminal. Il s’engage à ne pas le démonter, ni plus généralement porter atteinte à son intégrité électrique ou électronique. En cas de détérioration du Terminal en cours d’abonnement, BLADE procédera à son remplacement contre paiement d’une somme de 250€ TTC ».

Il s'agit d'un boîtier plutôt compact exploitant un SoC AMD Serie-R Merlin Falcon (Excavator, GCN 3ème Génération) qui intègre deux Display port, deux USB 3.0, deux USB 2.0, une prise casque et une prise micro (jack 3.5 mm) ainsi qu'un port réseau Gigabit. Le Bluetooth et le Wi-Fi ne sont pas gérés nativement, mais il est bien entendu possible de rajouter leur support via un dongle USB.

Ainsi, il sera possible d'utiliser deux écrans en simultané. Il est aussi annoncé que l'on pourra utiliser une définition 4K @30 Hz (60 Hz prévu plus tard) ou du 1080p @ 144 Hz (sous réserve d'un débit suffisant). Le support de G-Sync ne semble pas prévu, mais celui de Freesync serait en prépration. Attention néanmoins, le son 5.1 n'est pour le moment pas supporté « mais ce sera possible via un développement futur ! » précise la FAQ.

Celui-ci ne servira qu'à afficher un streaming vidéo de la machine fonctionnant à distance et à lui transmettre les différentes informations. Rien ne sera donc installé dessus.

Il pourra par contre être géré et mis à disposition par la société qui indique dans ses conditions d'utilisation qu'elle se « réserve le droit de renouveler ainsi que de mettre à jour gratuitement, de son propre chef, le Terminal et les logiciels qui en permettent le fonctionnement, et de procéder à des opérations de maintenance à distance du Terminal. La mise à jour des logiciels associés au Terminal pourra nécessiter son redémarrage par l’utilisateur ».

Une machine en partie mutualisée, qu'il sera possible de faire évoluer

La machine distante, elle, en a dans le ventre. Chaque utilisateur a en effet droit à 6 threads d'un processeur Xeon, 12 Go de mémoire et une GeForce GTX 1070. Pour la partie stockage, 256 Go de SSD sont intégrés, ainsi qu'une licence Windows 10 Famille.

Pour le moment, seule cette configuration est proposée, mais Blade ne cache pas que d'autres pourront aussi faire leur apparition par la suite. Il devrait notamment être possible assez rapidement de demander plus d'espace de stockage  ce qui ne sera pas un mal pour ceux qui ont un compte Steam plutôt fourni (par exemple), ou d'opter pour une GTX 1080.

Pour ceux qui préfèreraient utiliser un autre OS, cela sera surement possible dans un second temps. « Nous allons procéder aux développements nécessaires afin qu’un utilisateur qui voudrait désinstaller Windows et travailler sous Linux puisse le faire, cette fonctionnalité sera probablement ajoutée après le lancement » précise l'équipe.

Les serveurs sont eux-mêmes reliés à internet à travers une connexion symétrique de 10 Gbps. Ils sont hébergés dans une salle dédiée chez Data IV dans le sud de Paris. 

Blade confirme qu'avec le temps, ses machines évolueront afin de s'adapter aux nouveaux composants mis sur le marché. Mais la société ne s'engage pas précisément sur ce point, ni en termes de fréquence, ni en termes de stabilité du tarif. Il faudra donc la croire sur parole pour le moment.

« On le fera ! On y a tout intérêt, sinon non seulement on va perdre nos abonnés – mais on n’arrivera plus à en convaincre de nouveaux. Imaginez, si on était venus vous voir avec un service qui tourne uniquement sur des GTX 970, un mois après la sortie de la 1070 : Shadow resterait un ordinateur correct, mais rien à voir… Notre ambition est de rester toujours au top » précise la FAQ. Mais les conditions générales précisent que « l’utilisateur ne pourra formuler aucune réclamation à l’encontre de BLADE, au cas où une évolution des équipements ou prestataires qui servent à la prestation des Services ne lui conviendrait pas ».

Des clients et un futur test d'éligibilité pour l'ADSL

Bien entendu, ceux qui possèdent une connexion fibre ou câble sont principalement visés, l'ADSL offrant des performances souvent trop limitées pour un tel usage comme nous avions déjà pu l'évoquer pour GeForce Now. « En fonction de l’utilisation le débit nécessaire varie entre 5 Mb/s et 25 Mb/s. Mais il faut savoir que le problème sur l'ADSL n’est pas uniquement le ping mais également la stabilité de la connexion et le pourcentage de pertes de paquet.  » précise ainsi l'équipe.

D'ailleurs, lors de la phase de commande, une petite case sera à cocher. Elle indique : « Je comprends que Shadow est un PC fonctionnant avec Internet et que, si j'ai une connexion ADSL, il m'est recommandé d'attendre le test d'éligibilité Shadow Link ». Ce dernier sera proposé d'ici quelques semaines et vous permettra de vérifier que votre connexion est suffisamment performante.

Il faudra aussi apprendre à faire avec une machine qui n'est accessible que si vous avez une connexion fonctionnelle (mais la 4G peut vous sauver en cas de problème). Un point auquel l'équipe répond de manière simple : « Cela peut représenter un frein pour certains mais concrètement, aujourd’hui lorsque vous n’avez pas internet, utilisez-vous votre ordinateur ? Ou est-ce que vu que pour votre jeu en ligne c’est mort de toute façon et vous allez faire autre chose ? »

Notez au passage que vous pourrez utiliser votre PC Shadow « dans le cloud » à travers des clients applicatifs. Ceux-ci seront proposés sous Android, Linux et Windows dans un premier temps, puis sous iOS, macOS et tvOS courant 2017. Le tout est aussi bien utilisable en France qu'à l'étranger.

Une offre alléchante, mais attention aux risques de surbooking

Au final, l'ensemble paraît tout de même plutôt compétitif. Pour référence, la location d'une machine avec une GeForce GTX 1070 au sein du programme RunAbove d'OVH était annoncé à... 159,99 euros HT par mois. Mais ici, il s'agit de matériel mutualisé au sein d'un serveur.

Seule la carte graphique n'est pas partagée entre plusieurs utilisateurs. L'équipe précise au passage que « Shadow permet d’atteindre des performances qu’aucun système à base de Nvidia Grid ne permet d’approcher ». Le constructeur appréciera. 

Ce n'est d'ailleurs pas la seule astuce sur laquelle compte Blade pour rentabiliser au mieux son offre. Car si elle nous a confirmé que dans un premier temps, il y aura autant d'utilisateurs que de cartes graphiques, à terme ce ne sera pas le cas. La société compte sur le fait que tout le monde ne joue pas 24/24h et, on l'imagine, l'ouverture de l'offre sur d'autres fuseaux horaires pour maximiser l'usage de ses composants.

Au risque d'un surbooking ? Il sera intéressant de voir si, à terme, certains membres ne devront pas attendre pour utiliser leur machine si le service rencontre un certain succès.

L'offre Shadow analysée dans le détail

Passons maintenant à l'analyse des petites lignes et des détails divulgués çà et là. Et il faut dire que la littérature est multiple puisqu'il y a les conditions générales d'utilisation, la FAQle forum ou encore les réseaux sociaux. Mais l'équipe de Blade a aussi déjà initié de nombreux Ask Me Anything (AMA) sur Facebook (ici et ). On y retrouve d'ailleurs souvent les mêmes éléments. Nous avons donc trié le tout et détaillé les points qui méritent votre attention.

Commençons par la plus « rigolote » : celle qui nous demande de faire attention à ce que nous disons, puisque nous avons mis des liens vers le site de Shadow. En effet, les conditions générales stipulent que « BLADE autorise, à titre non exclusif et révocable, la création de liens hypertextes pointant vers la page d’accueil des Sites à condition que ce lien ne présente pas de caractère mensonger, péjoratif ou trompeur à l’égard de BLADE ou de ses Services, ou plus généralement ne soit pas susceptible de causer à BLADE un préjudice quelconque ».

Promis, on fait attention.

Les premiers PC Shadow arriveront le 30 décembre, une fête le 5 janvier

Car comme nous l'avons évoqué, les premiers exemplaires de Shadow ne vont pas tarder à arriver dans les chaumières.  De premiers prototypes ont d'ailleurs été distribués.

Ainsi, la société a communiqué officiellement auprès de ses premiers clients (early birds) dans un email du 1er décembre dernier pour leur indiquer que tout devrait arriver d'ici au 30 décembre prochain si tout va bien. « il est possible que certaines commandes se retrouvent décalées sur la première semaine de janvier, mais vu comme nous harcelons nos transporteurs tous les jours, il ne devrait pas y avoir trop de délais ! » est-il précisé.

Ils disposeront d'une édition spéciale « Metal » de la machine, qu'ils pourront échanger gratuitement contre un modèle classique s'ils le souhaitent. Ils auront aussi accès à un numéro dédié pour assurer le support, qui sera indiqué sur la machine. Un évènement sera aussi organisé sur Paris le 5 janvier à 19h (date d'ouverture du CES) pour ceux qui voudraient recevoir la bête en mains propres.

Un remboursement de 5 euros sera aussi effectué à ceux qui n'ont pas bénéficié d'un code Promo qui avait été distribué de manière limitée le jour du lancement. Une attitude plutôt respectable de la part de la jeune société.

Les clients tiers en cas de retard sur la livraison de la machine locale

Concernant la date de disponibilité de la machine locale, il est ainsi précisé que « Par exception BLADE pourra toutefois, pour les utilisateurs ayant souscrit au Service dans le cadre des précommandes, et afin de respecter au mieux les délais indiqués, assurer un accès au Service exclusivement depuis des Terminaux Tiers, dès avant la livraison du Terminal, auquel cas la Date de début de l’abonnement sera réputée être la date de l’accès de l’utilisateur au Service et non la date ultérieure de livraison du Terminal ».

Ainsi, si un retard de livraison est constaté, vous pourrez utiliser un client tiers, mais cela initialisera votre abonnement. Aucune remise ne semble d'ailleurs prévue en cas de livraison tardive de la machine locale.

On appréciera par contre que cela soit prévu en cas d'interruption de service. Les conditions sont les suivantes : « En cas d’interruption totale des Services pendant plus de 24h, l’utilisateur pourra obtenir de la part de BLADE le remboursement de l’abonnement mensuel au prorata temporis du défaut d’accès aux Services, à moins que l’interruption ne résulte d’un cas de force majeure, du fait d’un tiers (en ce compris tout contractant de BLADE) irrésistible et imprévisible, ou d’une faute de l’abonné ». Reste à voir ce qu'il en sera lorsqu'il sera question de mettre une telle clause en œuvre.

Quid de l'incompatibilité de tel ou tel périphérique ?

Concernant la compatibilité de celle-ci, on peut lire dans la FAQ que « Shadow est livré sans écran, clavier ou souris. Il est cependant compatible avec tous les périphériques du marché comme un PC normal. Vous êtes libre de choisir ce qui vous convient ou de réutiliser votre matériel existant ».

Néanmoins, cela est pondéré par les conditions d'utilisations qui précisent que « les utilisateurs sont invités à s’assurer auprès de BLADE que leurs périphériques sont compatibles avec le Service et/ou le Terminal et les Terminaux Tiers que l’utilisateur souhaite utiliser. BLADE prévoit de poursuivre les développements informatiques requis afin d’assurer la compatibilité du Service avec un nombre de périphériques aussi élevé que possible, mais ne peut garantir une telle compatibilité pour l’ensemble des périphériques existants ».

Des serveurs en France, pour le moment

Actuellement, Blade communique sur le fait que ses serveurs sont en île de France dans des datacenters de Tier 3+ certifiés ISO 27001. Mais cela peut changer à tout moment. 

En effet, les conditions précisent que « BLADE pourra utiliser, pour assurer le fonctionnement des Services, les équipements ou prestataires Cloud qu’elle estimera appropriés. Ces équipements et prestataires pourront évoluer avec le temps ». Attention donc si vous stockez des données un minimum sensibles.

La licence fournie étant une Windows 10 Famille, il sera impossible de bénéficier de Bitlocker. Reste à voir s'il sera possible d'exploiter d'autres outils comme VeraCrypt pour assurer un chiffrement par exemple.

Quid des données et de leur protection ?

Notez au passage que tout ce que vous tapez passera forcément par les outils de Blade comme le précisent les conditions d'utilisation : « Dans les deux cas, au plan technique les inputs de l’utilisateur (frappes au clavier, mouvements de souris, etc.) sont transmis depuis le Terminal ou le Terminal Tiers vers les serveurs informatiques de BLADE ».

Côté sauvegarde, une redondance est assurée si l'on en croit la réponse donnée sur ce post du forum de la société : « les données sont situées dans notre data center, le premier étant en banlieue parisienne. Toutes les données sont redondantes. Nos serveurs sont sécurisés mais tes données sont en clair, comme sur un Windows classique. Tu peux les crypter ou utiliser n’importe quel système de protection, comme tu le ferais sur un ordinateur traditionnel (mais elles sont déjà probablement assez safe sans cela!) ».

Dans de multiples interviews, Emmanuel Freund a indiqué que les données étaient chiffrées (mais qui détient les clés ?) et que ses équipes ne pouvaient donc pas y avoir accès. Mais que de toutes façons, un tel accès serait illégal et qu'il n'était donc pas dans l'intérêt de la société de s'y essayer (excepté dans le cas d'une requête de la justice à l'occasion d'une enquête vous concernant).

La CNIL devrait de son côté s'étrangler sur un passage qui précise que « sauf opposition de sa part, l’utilisateur pourra recevoir, par courrier postal et téléphone, des offres de la part de BLADE ou de ses partenaires commerciaux. Il pourra également recevoir, sauf opposition de sa part, des courriers électroniques pour des services analogues à ceux proposés par BLADE ».

Pour rappel, l'utilisateur doit plutôt donner son consentement lorsqu'il est question de transmettre ses informations à des partenaires commerciaux.

Soyez « responsables et raisonnables »

L'une des premières questions qui nous est venue à l'esprit lorsque nous avons analysé l'offre de Blade pour son Shadow PC est celui de l'utilisateur « bourrin ». En effet, bien que visant les joueurs, cette offre pourra être exploitée pour n'importe quoi d'autre puisque l'on a accès à une machine distante sous Windows.

Ainsi, qu'est-ce qui viendrait empêcher certains de l'utiliser constamment pour des activités de téléchargement ou de minage de crypto-monnaies par exemple ? Une application qui apprécie la présence d'une carte graphique haut de gamme (même si les Radeon sont en général plus efficaces), surtout à 30 euros par mois.

Bien entendu, Blade interdit tout usage illicite comme le téléchargement de contenus soumis au droit d'auteur : « nous vous rappelons que nous condamnons toute utilisation illégale de Shadow. Nul n’est censé ignorer la loi ! » précise la FAQ. Il sera d'ailleurs intéressant de voir si les usages de type lecture de contenus via des abonnements comme Netflix est géré ou si les DRM poseront problème dans la pratique, du fait de la virtualisation.

La société liste aussi quelques limitations qui apparaissent plutôt floues pour le moment. Il faudra donc voir ce qu'il en est avec le temps et à l'usage. Ainsi, il est indiqué qu'« afin d’assurer une allocation optimale de ses ressources informatiques, Shadow fonctionne avec un mécanisme d’extinction et/ou de mise en veille automatique de l’ordinateur distant ».

Mais le fait de faire fonctionner une application sur la machine distante suffit-elle à éviter une mise en veille ? Impossible à dire pour le moment, et en l'absence de définition précise, cela peut de toute façon évoluer.

On apprend aussi que « le bon fonctionnement des Services suppose que leurs utilisateurs en fassent un usage responsable et raisonnable [...] En plus des cas usuels, interdit de : "sonder, analyser ou tester la vulnérabilité de tout système ou réseau." [...] ou encore d’utiliser Shadow comme serveur ou avec des applications ayant une fonction de serveur ». 

Est-ce raisonnable de faire tourner un mineur de crypto-monnaie toute la journée, ou de jouer une semaine sans presque s'arrêter pendant les vacances tout en diffusant les parties sur Twitch ? Les clients devront le découvrir.

Il ne semble ainsi pas prévu de disposer d'une IP publique fixe : « Pas d’ip publique dédié pour les VM. Nous avons beaucoup d’IP publiques que nous utilisons pour un certain nombre de VM qui ont chacune une ip privée (de la même facon chaque VM aura une IP privée, derriere une IP publique) un peu comme des ordinateurs derrière une box dans un réseau domestique. C’est bien plus sécurisé ainsi. » est-il précisé sur le forum.

Une résiliation par lettre recommandée

Comme encore de nombreux services en ligne, Blade gère une souscription numérique assez simple, mais il n'en est pas de même pour la résiliation. En effet, pour celle-ci il faudra passer par une procédure plus manuelle.

Les conditions précisent ainsi que « L’utilisateur pourra mettre fin à son abonnement aux Services à tout moment, par lettre recommandée avec demande d’avis de réception ». Espérons que cela évoluera rapidement. Notez qu'il a été évoqué la possibilité de mettre en pause l'abonnement (notamment pendant les vacances), mais pour le moment, cela n'est pas proposé ni évoqué dans les conditions d'utilisation.

Concernant l'accès aux données, c'est un peu mieux puisqu'il est précisé qu'elles sont « enregistrées sur son ordinateur distant lui resteront accessibles pour téléchargement pendant un délai de trente jours suivant la date d’effet de la résiliation. Au-delà de ce délai, BLADE pourra supprimer de manière permanente les données concernées, qui ne seront donc plus accessibles pour l’utilisateur ».

Shadow va passer de l'ombre à la lumière, tout peut changer

Reste maintenant à Blade à faire ses preuves dans la pratique. Après six mois de teasing et de communication, il va falloir passer au concret hors des démonstrations faites à la presse et aux partenaires dans des conditions maîtrisées, avec cette fois une base de clients réelle et importante.

Dans un premier temps, ils seront seulement 500. Tout ne devrait pas être parfait mais les conditions ont été pensées de manière à ne pas courir trop de risque. Comme nous avons pu le voir, la société entretient encore un certain flou sur les usages derrière la façade de « PC dans le cloud ». Impossible d'en faire un serveur, besoin d'un usage « raisonnable », mise en veille et extinction « automatique », résiliation par lettre recommandée, sécurité des données, confidentialité, etc.

Tant de petits détails qui sont passés sous les radars lorsque tout le monde se focalisait surtout sur les communiqués de presse, et dont l'application pratique sera sans doute à scruter avec attention. C'est en tous cas ce que nous ferons dans les mois à venir.

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