Windows 11 : grogne générale sur le choix du navigateur par défaut

Turbulente descendance de Chromium
Logiciel 8 min
Windows 11 : grogne générale sur le choix du navigateur par défaut

Dès la première bêta de Windows 11, Microsoft a changé la manière dont on déclare une application par défaut. Le système, granulaire à l’excès, empêche les modifications simples. Les éditeurs de navigateurs sont sur le pied de guerre et dénoncent une tentative digne d’un ancien temps.

L’arrivée de Windows 11 n’est décidément pas simple. Sorti de nulle part et alors que Windows 10 est régulièrement mis à jour, la décision de Microsoft reste nébuleuse. L'intérêt face à Windows 10 est pour l’instant limité et le système semble être la solution à un problème qui n’existe pas.

À moins que Microsoft ait voulu promouvoir un nouveau système assis sur un parc débarrassé de ses éléments les plus anciens, imposants de nouvelles règles en matière de sécurité, simplifiant d’autant sa tâche d’entretien. La situation est donc complexe, accompagnée de restrictions matérielles sur lesquelles la société peine à s’expliquer.

Agréable, réactif, problématique

Côté utilisateur en revanche, Windows 11 se révèle agréable et réactif dans l’ensemble. Le potentiel est là, le ravalement de façade et la nouvelle ergonomie de certains composants sont bienvenus.

Comme nous l’indiquions dans notre résumé des nouveautés, le système a cependant tout à prouver, les parties déjà anciennes dans Windows 10 le sont encore plus dans 11. Microsoft se contente pour l’instant de remplacer ce qu’elle avait déjà modernisé, l’écart entre le nouveau centre de paramètres et les propriétés d’un fichier se creuse.

L’éditeur a beau commencer à rénover ses applications internes, des fenêtres aussi courantes que la copie de fichiers ou le gestionnaire des tâches auraient grand besoin de quelques travaux.

Sortis de ces considérations esthétiques, certaines questions restent en suspens. On n’a, par exemple, toujours pas vu la couleur du support pour les applications Android, mis en avant dès la première présentation du système. Et dans les entrailles des préversions actuelles, un problème attire l’attention : la méthode retenue pour déclarer une application par défaut. Pour les navigateurs en particulier, la colère des concurrents d'Edge est évidente.

Le changement opéré par Windows 11

Dans Windows 10 et depuis longtemps, l’installation de certaines applications déclenche l’apparition d’une fenêtre : souhaitez-vous que la nouvelle venue prenne automatiquement en charge les fichiers pour lesquels elle est pensée ? Le cas le plus courant est celui des navigateurs.

Que vous installiez Firefox ou Vivaldi, on vous posera la question de savoir si vous souhaitez en faire le butineur par défaut. Si vous répondez oui, le panneau des paramètres de Windows s’ouvre alors sur la section Applications par défaut. Là, à côté de « Navigateur web », il suffit d’ouvrir le menu déroulant et de choisir celui que vous voulez.

Dans Windows 11, changement de taille. Si l’on se rend dans Paramètres > Applications > Applications par défaut, on voit deux champs de recherche et une liste d’applications :

Windows 11 navigateur par défautWindows 11 navigateur par défaut

Le premier champ permet de trouver une extension de fichier, le second une application sans avoir à parcourir la liste. Où se trouvent les fonctions centrales comme Lecture de médias et Navigateur web ? Ils n’existent plus.

Si vous cliquez sur un navigateur, vous obtenez en fait une liste d’extensions de fichiers et de protocoles associés à cette activité. Voilà où réside tout le problème actuellement : en passant par les paramètres de Windows 11, il faut sélectionner le navigateur voulu pour chaque extension et protocole.

L'idée de départ n'est pas mauvaise puisque les navigateurs sont utilisés pour accéder à certains types de fichiers désormais : des images WebP aux PDF par exemple. Il est appréciable de pouvoir faire un choix différent selon les cas. Mais en l'absence d'un paramètre plus général, c'est une absurdité ergonomique et donc une perte de temps.

Windows 11 navigateur par défaut

Si l’on essaye avec Brave, Chrome, Opera, Vivaldi et Firefox, seul ce dernier s’en sort bien. Le bouton « Définir par défaut » que l’on voit à l’ouverture des préférences du navigateur récupère tous les principaux protocoles et extensions de fichiers. L'équipe a en effet développé une fonctionnalité spécifique dans ce but.

Pour les autres, c’est le panneau Applications par défaut qui apparaît, réclamant de l’utilisateur qu’il sélectionne son navigateur pour chaque élément. Et non seulement le processus est pénible, mais Windows 11 demande si vous êtes sûr de vous : pourquoi ne pas laisser Edge par défaut et lui donner une chance ?

Après tout, il est « rapide, sécurisé et bâti pour Windows 11 ». En l’état, la version d’Edge intégrée n’a pourtant rien de plus. Certaines modernisations d’interface sont en préparation et accessibles via des flags, sans plus.

Windows 11 navigateur par défaut

Dans les captures ci-dessus, on peut voir comment, après avoir installé Vivaldi, le bouton « Définir par défaut » ouvre simplement le panneau des Applications par défaut de Windows. Une personne utilisant le système pour la première fois sera probablement perdue si elle n’a pas l’habitude ce genre de réglage.

Sans indications sur la marche à suivre, aller chercher Vivaldi dans la liste ne fera qu’ouvrir les éléments décrits plus haut. On peut d’ailleurs voir sur la deuxième capture que Firefox est toujours déclaré comme navigateur par défaut.

La grogne des éditeurs de navigateurs

Plusieurs entreprises ont répondu à The Verge. La réponse est à chaque fois teintée d’une angoisse de voir Microsoft basculer vers des comportements agressifs dignes du début des années 2000.

« Nous sommes de plus en plus inquiets de la tendance dans Windows. Depuis Windows 10, les utilisateurs ont dû passer par des étapes supplémentaires et inutiles pour définir et maintenir leurs paramètres de navigateur par défaut. Ces barrières sont, au mieux, déroutantes et semblent conçues pour saper le choix de l’utilisateur pour un navigateur non-Microsoft », a pesté Selena Deckelmann, vice-présidente de Firefox.

Même son de cloche chez Vivaldi bien sûr : « Microsoft est connu pour faire ça, et il semble que cela devienne pire progressivement. À chaque nouvelle version de Windows, il devient plus difficile de changer les applications par défaut. Ils savent que la seule façon pour eux que les gens utilisent leur navigateur est de les y enfermer ». Le porte-parole ne mâche pas ses mots.

Opera a également répondu dans la même veine : « C’est toujours fâcheux quand un vendeur de plateforme brouille un cas d’utilisation banal pour améliorer le standing de son propre produit. Nous aimerions encourager tous les vendeurs à respecter le choix de l’utilisateur et à permettre la concurrence sur leurs plateformes. Soustraire le choix de l’utilisateur est un pas en arrière ».

Et Google dans tout ça ? Sans surprise, le ton est similaire, avec une pointe d’acidité : « Ça, de la part de l’entreprise qui se vante d’être la plus ouverte, avec « le plus de choix ». J’espère que c’est juste un truc de préversion pour développeurs, et la version commerciale de Windows 11 sera à la hauteur de leurs prétentions. On est loin du choix », a répondu Hiroshi Lockheimer à nos confrères.

Certains feront remarquer que Google est bien mal placée pour critiquer. L’entreprise a fait tout ce qui était en son pouvoir pour propulser Chrome sur le devant de la scène, jusqu’à l’afficher comme recommandation sur son propre moteur de recherche. Quand on connait les parts de marché de Google, l’ironie de la situation est piquante.

Le silence de Microsoft

Le père de Windows fait comme sur beaucoup d'autres sujets concernant Windows 11, il ne répond pas pour l’instant. On attend des explications sur ce qui pourrait être, dans l’absolu, un simple changement de vision : le contrôle sur un paramètre général par les applications en plus de la granularité du panneau de Windows.

Le cas de Firefox va dans ce sens. Le bouton « Définir par défaut » ouvrait jusqu’ici la fenêtre des applications par défaut, et il fallait choisir le navigateur dans la liste de ceux disponibles. Sous Windows 11, le bouton fait directement ce qu’il est censé faire, sans confirmation. Mais il n'est pas assuré que l'astuce trouvée tiendra.

Windows 11

Si elle venait à être invalidée, les manipulations pénibles à faire pour les navigateurs Chromium seraient alors le vrai chemin imaginé par Microsoft, qui aurait à s’expliquer. Il serait difficile d’y voir autre chose qu’une manœuvre flagrante pour qu’Edge reste coûte que coûte le navigateur par défaut.

D’autant que l’éditeur est déjà critiqué sous Windows 10 pour son panneau d’informations Actualités et Météo, arrivé il y a quelques mois. Tout clic sur un élément ouvre Edge, même quand il n’est pas défini par défaut. Un outil tiers, EdgeDeflector, se propose de régler le problème en forçant le système à respecter le choix de l'utilisateur pour le navigateur par défaut. Le problème s’étend dans Windows 11 à tout le panneau des widgets et à la recherche, qui ont malheureusement le même comportement.

Microsoft dispose d’ailleurs d’une porte de sortie toute désignée : s’il s’agit d’un test servant uniquement à jauger la réaction du public, il suffirait de parler de « work in progress » dans un système en préversion. À la build suivante, le mécanisme serait amélioré. Le problème est cependant présent depuis plusieurs préversions, et Microsoft ne s’est toujours pas exprimé après plusieurs semaines de plaintes à ce propos. 

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