Loot boxes : L'Australie et le Royaume-Uni en quête de la bonne formule pour réguler

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Loot boxes : L'Australie et le Royaume-Uni en quête de la bonne formule pour réguler
Crédits : somchaij/iStock/ThinkStock

Tout autour du monde, les autorités se saisissent du cas des loot boxes, sortes de pochettes surprise numériques vendues par les éditeurs de jeux. En Australie et au Royaume-Uni, les régulateurs sont arrivés à des conclusions proches, misant sur l'information aux consommateurs, plutôt qu'une interdiction.

De plus en plus populaires auprès des éditeurs de jeux vidéo, les loot boxes n'en finissent pas d'animer les discussions au sein de la communauté des joueurs, mais également des autorités du monde entier. Les régulateurs chargés des questions liées au jeu d'argent s'alarment de la prolifération de ce modèle économique et certains commencent à rendre leur verdict sur cette pratique, ou tout du moins commencent à y réfléchir. 

En France, l'Arjel se penche ainsi sur la question et a distingué trois modèles différents de pochettes surprise numériques, dont un mériterait particulièrement son attention, le reste étant du ressort de la protection du consommateur, donc de la DGCCRF. En Belgique, la Commission des jeux s'est saisie de la question et doit rendre un verdict dans les prochaines semaines. Des avancées détaillées dans le dossier ci-contre. 

Notre dossier sur la pratique des loot boxes dans le jeu vidéo :

Deux autres pays se sont ajoutés à la liste. Le Royaume-Uni estime ainsi que son organe régulant la vente de vidéos et jeux vidéo doit agir au travers du PEGI pour apporter d'éventuels changements. En Australie, l'ambiance est similaire, même si l'autorité emploie des termes un peu plus crus.

En Australie : une pratique « moralement répréhensible »

Dans l'État de Victoria (région de Melbourne), c'est la « Victorian Commission for Gambling and Liquor Regulation » (VCGLR), qui s'occupe des questions liées aux jeux d'argent et aux spiritueux, deux secteurs finalement pas aussi éloignés qu'ils en ont l'air. Elle a été saisie par un internaute local, qui a obtenu une réponse par e-mail de la part d'un de ses analystes, et l'a retranscrite intégralement sur Reddit

Selon l'autorité, la vente de loot boxes doit être assimilé à du jeu d'argent, selon la définition en vigueur sur son territoire. « Malheureusement, là où ça se corse, c'est au niveau de la juridiction et de nos pouvoirs d'enquête. La législation n'a pas progressé aussi vite que la technologie et aussi bien au niveau de l'État qu'au niveau fédéral, nous ne sommes pas nécessairement équipés pour déterminer la légalité de ces pratiques, étant donné que les entités responsables sont à l'étranger », concède le régulateur. 

Les autorités australiennes expliquent ensuite être en pourparlers, aussi bien au niveau fédéral qu'international afin de jauger des améliorations à apporter à leur cadre légal afin de mieux tenir compte de ces nouveaux modèles économiques. Des modèles jugés « non seulement moralement répréhensibles, mais aussi questionnables légalement » lorsqu'ils sont dirigés vers des personnes vulnérables, comme les mineurs. 

La principale préoccupation de l'autorité concerne les mécaniques dites pay to win, où le joueur est incité à regarder du côté des micro-transactions s'il veut rester compétitif. Un comportement « prédateur » aux yeux de la VCGLR si la progression du joueur ne dépend que « des résultats d'un générateur de nombre aléatoire, c'est en désaccord avec nos objectifs », tranche l'autorité. « Il est peut-être dommage pour ces entreprises que des joueurs ont infiltré la plupart des secteurs du gouvernement », ironise-t-elle enfin. 

En attendant que la situation se débloque, la VCGLR émet l'hypothèse de classer « R 18+ » tout jeu vidéo présentant des mécanismes apparentés au jeu d'argent. Il s'agit d'un équivalent de notre PEGI 18, à la différence qu'avec un tel logo, le vendeur doit s'assurer de l'âge de l'acheteur. Une classification qui n'a été ajoutée à l'éventail des possibles qu'assez récemment, en janvier 2013.

Royaume-Uni : 16 200 signatures pour adapter la loi

Outre-manche, 16 200 signatures ont été réunies pour que le parlement débatte de nouvelles règles. Objectif, interdire les jeux d'argent dans les titres destinés à un public comprenant mineurs et « d'adultes vulnérables », une définition plutôt vague. 

Avant même que le cap des 100 000 signatures nécessaires à l'ouverture d'un débat parlementaire soit atteint, le gouvernement a apporté une première réponse, afin de rappeler ce que la loi prévoit déjà en matière de protection des mineurs contre les jeux d'argent, ainsi que ses travaux actuels et passés. 

On retiendra notamment un rapport d'une vingtaine de pages publié en mars 2017 par la Gambling Commission (GC) traitant des monnaies virtuelles et du sport électronique. Était alors soulevée la question de la prise de paris sur des matchs d'e-sport. Selon la GC, 8,5 % des adultes britanniques avaient déjà parié sur l'issue d'une telle rencontre, et pour 90 % d'entre eux en réglant leur mise avec des objets virtuels (skins, armes...), contre 88 % avec de l'argent réel.

L'autorité comparait alors ces skins à des jetons de casino. Théoriquement, ils n'ont de valeur que dans l'établissement où ils ont été émis, mais tout un marché parallèle et illégal permet de les faire sortir du circuit auquel ils sont normalement destinés. C'est ce qu'il se passe aujourd'hui avec les apparences d'armes pour Counter Strike Global Offensive, certaines se négociant à plusieurs milliers d'euros en dehors de la place de marché offerte par Steam, ou bien des costumes pour Playerunknown's Battleground.

La GC affirmait alors que « l'industrie du jeu vidéo ne devait être ni passive, ni paraitre passive face à l'exploitation de sa communauté de joueurs par des tiers prédateurs ». Depuis, les actions prises par les éditeurs contre le marché gris de la revente d'objet virtuels ne semblent pas particulièrement nombreuses, ou virulentes. Tout au plus, Steam a timidement tenté d'entraver leur activité en instaurant un délai de plusieurs jours sur les échanges d'objets effectués sans double authentification.

La bonne et la mauvaise loot box

En s'appuyant sur ce rapport, le gouvernement distingue deux types de loot box. Celle qui nécessite une certaine forme de régulation, et l'autre. 

« Quand la possibilité existe pour le joueur de jeux vidéo d'acheter une clé débloquant un paquet contenant une quantité non déterminée d'objets pour une valeur inconnue en récompense, et qu'il existe des opportunités pour échanger facilement ces objets contre de l'argent, ou quelque chose ayant une valeur, alors ces éléments peuvent être considérés comme des activités de jeux d'argent, qui doivent être soumis à une licence. Au contraire, quand les récompenses ne peuvent être utilisées que dans le jeu, ces fonctionnalités ne peuvent être considérées comme un jeu d'argent soumis à licence. ».  

En termes plus clairs, lorsque le contenu de la pochette surprise ne peut être aisément revendu à un autre joueur – comme dans Overwatch, Star Wars Battlefront, ou Hearthstone – nous ne sommes pas face à un jeu d'argent. Quand il y a des méthodes aisées permettant de vendre ses objets contre de l'argent réel – comme dans Counter-Strike : Global Offensive – la situation se complique. 

Des lois existent déjà outre-Manche

Mais avant d'aller plus loin, le gouvernement tient à rappeler à ses administrés qu'il dispose déjà d'un large éventail de lois pour s'occuper de cette question. À commencer par une loi de 2008 sur la protection des consommateurs imposant aux entreprises de « ne soumettre personne à des pratiques publicitaires agressives ou trompeuses, ou à exhorter directement le public à acheter des objets, tels que des contenus en jeu », ce qui s'applique également aux loot boxes.

Le gouvernement assure aussi vouloir passer au travers du Video Standards Council (VSC) qui appartient au consortium PEGI, pour faire évoluer la classification des jeux apportant des éléments apparentés à du jeu d'argent. Actuellement, ces titres sont classés PEGI 12, ce qui laisse les titres concernés à la portée d'un public encore fragile, même si le macaron apposé par le consortium n'a qu'une valeur indicative pour les acheteurs, et ne s'accompagne d'aucune contrainte particulière. 

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