Après TF1 il y a quelques jours, c'est au tour du groupe M6 de présenter ses résultats annuels. La société détenue à 48 % par le groupe RTL affiche une légère croissance de ses revenus et profite de la fin de son contrat avec Orange.
Alors que la chaîne M6 s'apprête à fêter son trentième anniversaire, le groupe qui la pilote vient de publier ses résultats pour l'année 2016. Il y est question de diversification du côté de M6 Web, de mauvais résultats sportifs pour les Girondins de Bordeaux, mais surtout... de publicité et d'audiences.
La petite chaîne qui monte... depuis 30 ans
Pendant que TF1 voit ses résultats décliner doucement (voir notre analyse), M6 connait au contraire un rebond plutôt intéressant. Son chiffre d'affaires a ainsi progressé de 2,3 % en 2016, pour s'établir à 1,278 milliard d'euros. Une croissance portée par les revenus publicitaires des chaînes de télévision gratuites (+4,1 %), et du reste des médias du groupe (+16,3 %).
Le résultat opérationnel courant (ou EBITA) connaît lui aussi une forte progression (+22,6 % sur un an) et atteint désormais 245,5 millions d'euros, contre 200 millions d'euros en 2015. Il s'agit toutefois d'une hausse en trompe l'œil. S'il s'agit du meilleur score enregistré par la société en trente ans, c'est aussi parce qu'il intègre un revenu exceptionnel de 42 millions d'euros « lié à l’indemnité contractuelle perçue dans le cadre de l’arrêt progressif du contrat M6 Mobile ». Orange a en effet dû verser 50 millions d'euros à M6 pour cesser la commercialisation des offres M6 Mobile, ce qui a eu un impact non négligeable sur ces résultats.
Le bénéfice net du Groupe M6 s'établit quant à lui à 152,8 millions d'euros, en hausse de 32,9 % sur un an. Là encore, il convient de garder à l'esprit le petit cadeau d'Orange pour relativiser cette progression.
La télévision progresse doucement
La télévision reste le principal pilier sur lequel repose l'édifice M6. Un tiers de son chiffre d'affaires (855,8 millions d'euros) provient ainsi de la diffusion des chaînes gratuites et payantes du groupe. M6 s'enorgueillit ainsi d'une « forte progression » de sa part d'audience qui atteint désormais 10,5 % (contre 10,2 % en 2015), tandis que ses chaînes annexes (W9, 6ter...) continuent de faire bonne figure dans le paysage de la TNT.
Qualifiant le marché publicitaire de « volatil », le groupe met en avant la progression de 4,1 % des revenus publicitaires sur ses chaînes gratuites, ce qui serait un meilleur score que celui enregistré par le reste du marché français, qui n'aurait progressé que de 0,7 %.
Diversifications à succès variable
Outre la diffusion télé et la production/distribution de films sur laquelle nous ne nous étalerons pas, M6 s'est récemment fait remarquer pour sa soif de diversification. Outre le traditionnel téléachat, et sa participation de 99 % dans le club des Girondins de Bordeaux depuis 1999, c'est du côté de M6 Web que les derniers changements significatifs se sont produits.
Le changement de cap brutal opéré chez Clubic n'est pas évoqué par la chaîne, qui dans les « faits marquants » de son exercice préfère évoquer la cession des sites Happyview.fr et Malentille.com à Alain Afflelou ou sa prise de participation dans une société produisant des contenus vidéo de e-learning. Sur la présentation du groupe, les sites de M6 Web sont d'ailleurs très peu mis en avant, si ce n'est qu'avec de minuscules logos.
Le fait le plus marquant côté web reste l'acquisition de 51 % d'iGraal, qui fait suite au rachat de Radins.com, orchestré un an plus tôt. M6 estime que cette opération lui permet de « renforcer sa capacité d’innovation au service des e-commerçants, d'élargir son offre de « bons plans » auprès des consommateurs (codes promo Radins.com et services de comparaison de prix) et d'enrichir sa stratégie Data en accédant à des données très qualifiées de comportement d’achat ». Voilà qui ne laisse que peu de place au doute concernant l'avenir des sites d'information du groupe.
Une autre diversification de grande envergure est également attendue, avec le rachat du pôle radio français de RTL Group. L'opération, chiffrée à 216 millions d'euros, a pour vocation de « renforcer la position de M6 sur le marché français des médias et de la publicité », mais aussi de faire remonter quelques liquidités vers la maison mère.
Ces « diversifications » ont généré cette année des revenus de 301,4 millions d'euros, en hausse de 1,3 % sur un an, avec un EBITA de 19,6 millions d'euros, lui aussi en progression. La branche M6 Web a comptabilisé de son côté un chiffre d'affaires de 73,4 millions d'euros, l'EBITA atteint quant à lui à 9,6 millions d'euros en baisse de 2,5 millions notamment en raison des pertes liées au lancement d'un réseau de chaînes internet comprenant Golden Moustahce et Rose Carpet. Ces MCN ont d'ailleurs vu leur chiffre d'affaires se contracter, de 4,6 à 4,1 millions d'euros.
Pour les curieux, les Girondins de Bordeaux comptent quant à eux 8,9 millions d'euros de pertes en 2016 « en raison de résultats sportifs encore insuffisants et marqués par la non-qualification à une coupe d’Europe ».
Des perspectives loin du web
Pour l'an prochain, M6 compte appuyer sa stratégie sur plusieurs piliers. Le premier concerne l'investissement dans les contenus afin de consolider ses audiences, mais ne détaille pas par quels moyens cet objectif sera rempli. On notera tout de même que le coût de remplissage de la grille des programmes s'est établi en 2016 à 451,8 millions d'euros, contre 418,5 millions en 2015, un rebond plutôt net, partiellement expliqué par les coûts de diffusion de l'Euro 2016 de football. Il sera donc intéressant de voir quelle tendance ce chiffre suivra en 2017.
Côté web, M6 assure également vouloir poursuivre ses investissements, mais là encore, le flou règne sur les méthodes qui seront employées. Enfin, l'intégration de RTL aura pour objectif de faire grossir le groupe, sans qu'il ne s'éloigne trop de ses activités historiques.
Depuis l'annonce de ses résultats, le groupe a connu une progression de 6 % de sa valorisation en bourse, qui atteint désormais 2,5 milliards d'euros. Une paille comparativement à d'autres géants des médias, mais tant que le groupe RTL reste dans les parages, le risque d'une consolidation « forcée » reste à bonne distance.