Bouygues Telecom vient de présenter sa 4G Box, censée apporter de meilleurs débits aux zones déshéritées en ADSL, via une box dédiée fournie par Huawei. L'offre coûte 32,99 euros par mois avec location du matériel, mais attention aux limitations, notamment sur le débit vidéo.
Après trois mois d'expérimentation, la 4G Box de Bouygues Telecom est une réalité commerciale, à partir du lundi 23 janvier. À Neuville-de-Poitou, l'opérateur a présenté son offre d'accès Internet fixe à partir du réseau 4G, réservé aux zones peu denses avec une couverture mobile suffisante.
Le but pour Bouygues Telecom : apporter de meilleurs débits là où l'ADSL sur cuivre ne suffit plus. « [Le cuivre] est une technologie relativement figée. Dans notre monde interconnecté, il ne suffit plus dans certains territoires » affirme Olivier Roussat, son PDG.
Selon certains, Orange pourrait aussi annoncer sous peu une offre fixe fondée sur la même technologie, également après une expérimentation et une commercialisation dans certains pays comme la Belgique.
Notre dossier sur la 4G Box de Bouygues Telecom :
- Bouygues Telecom lance son offensive en zones rurales, à 32,99 € par mois
- Pas de limitation du débit, mais une mesure de protection « exceptionnelle »
- Bouygues Télécom officialise une limite à 200 Go, ses réponses à nos questions
32,99 euros par mois avec location de la box
L'offre est facturée 29,99 euros par mois, sans « Fair use », c'est-à-dire sans limite sur les données que vous pouvez consommer. Cela sans compter les trois euros supplémentaires pour la location de la box. Au lancement, sept millions de foyers seront éligibles, promet l'opérateur. Ce nombre sera étendu à dix millions en mars. Une augmentation de couverture est aussi prévue pour 2018.
Il s'agit d'une offre single play, avec une simple connexion Internet, sans téléphone ni télévision. Il faudra compter 19 euros de frais de mise à disposition, et 19 autres euros de frais de résiliation. Pour tester si la couverture 4G est suffisante, l'opérateur propose un « essai gratuit » : si vous résiliez dans les 30 jours, les frais vous sont remboursés.
Un débit vidéo potentiellement limité à 2 Mb/s
Les limitations du service se veulent minimes, avec la possibilité d'effectuer des échanges pair-à-pair et du streaming. La latence serait proche de celle d'une connexion filaire, promet même Olivier Roussat, le patron de Bouygues Telecom.
YouTube est une fonction mise en avant dans la publicité de l'offre Internet, mais il y a un hic. Le débit vidéo est officiellement limité à 2 Mb/s, alors que YouTube recommande de compresser les vidéos 720p avec un bitrate de 5 Mb/s et les vidéos en 1080p à un bitrate de 8 Mb/s.
« On a borné cela pour éviter de saturer le réseau et offrir une bonne qualité de service aux consommateurs. [...] On a mis cela pour se sécuriser. À 2 Mb/s, vous êtes parfaitement capable de voir une vidéo aujourd'hui » a répondu l'opérateur lors d'une séance de questions-réponses. Il ne semble pas encore sûr que la limite sera appliquée par défaut. Pour rappel, il n'en était pas question lors du lancement de l'expérimentation en octobre 2016. Visiblement trois mois de tests n'ont pas été suffisant pour définir une politique précise sur le sujet, dommage.
Pour mémoire, Netflix estime que le débit vidéo moyen chez les clients Free sur son service est de 2,16 Mb/s, soit le pire niveau européen, quand Bouygues Telecom s'affiche à 3,75 Mb/s. 2 Mb/s semble donc bien être une limite basse. Nous avons contacté l'Arcep pour savoir si cette discrimination des contenus vidéo est compatible avec la neutralité du Net, qui autorise une gestion raisonnable du trafic.
Nous avons également demandé des précisions à Bouygues Telecom sur cette mesure, sur la méthode employée pour différencier le trafic et sur la compatibilité avec la neutralité.
Une box Huawei, pour un débit théorique de 115 Mb/s
La box est un boitier Huawei de 11 cm de hauteur, de 7 cm de largeur et de profondeur, pour un poids de 250 grammes. Côté connectivité, il propose le Wi-Fi 802.11n (jusqu'à 32 connexions simultanées), un port Ethernet (débit non-précisé) et des débits 4G théoriques de 115 Mb/s en descendant et de 38 Mb/s en montant, couplée à l'offre de l'opérateur. Insistons bien sur le fait qu'il s'agit de débits théoriques, qui dépendent fortement de l'occupation du réseau.
Pour référence, Bouygues Telecom a équipé des mairies avec mauvais ADSL dans la Vienne et affirme obtenir des débits compris entre 30 Mb/s et 40 Mb/s.
Pour la suite, l'opérateur ne prévoit pas d'offre triple play sans fréquences supplémentaires, prévues par l'Arcep. Le régulateur des télécoms envisage ainsi d'attribuer une partie des fréquences 2,6 GHz et 3,5 GHz au LTE fixe, même si l'idée n'en est qu'au stade de la consultation publique.
Plus concrètement, l'entreprise affirme avoir des annonces de développement très ambitieux à annoncer sur la fibre dans les prochaines semaines, alors que l'opérateur ne déploie pas son réseau fibre grand public en propre aujourd'hui (voir notre analyse).