À l’occasion du débat organisé mercredi dernier à l’Assemblée nationale à propos de la stratégie numérique de la France, la secrétaire d’État au Numérique Axelle Lemaire est revenue sur le grand « plan pour le numérique à l’école » promis l’été dernier par François Hollande. Non sans une certaine impression de réchauffé...
« Nous avançons, nous avançons bien » a assuré Axelle Lemaire à ses anciens collègues députés, la semaine dernière dans l’hémicycle. Tout en reconnaissant que ce plan e-éducation était un peu « un serpent de mer », la locataire de Bercy a livré quelques détails supplémentaires sur cet énième programme qui devrait être mis en œuvre à partir de la rentrée 2016, mais dont le contenu exact reste extrêmement flou... La dernière annonce en date remonte au mois de novembre, lorsque le président de la République a affirmé sur TF1 que « tous les élèves de classe de cinquième » seraient équipés d'une tablette et bénéficieraient d’une « formation avec le numérique ».
La secrétaire d’État au Numérique a expliqué à cet égard mercredi que dès la rentrée 2016, les nouveaux programmes intégreraient « des enseignements numériques, ce dans tous les niveaux, et avec une spécification de formation au niveau du lycée ».

La locataire de Bercy a ajouté que le gouvernement avait « une nouvelle ambition pour la formation des enseignants », dans la mesure où le numérique était selon elle une « source d’inquiétudes de la part d’une majorité de professeurs, qui ne maîtrisent pas forcément les outils numériques et qui ont besoin d’un accompagnement beaucoup plus proche de leurs besoins en ce domaine ». On se souviendra cependant que la loi sur la refondation de l’École de la République, portée en 2013 par le ministre socialiste de l’Éducation nationale Vincent Peillon, était déjà censée s’attaquer à ce problème.
Le code, un langage « aussi essentiel qu’une langue étrangère »
Axelle Lemaire a au passage rappelé son attachement vis-à-vis de l’apprentissage de la programmation informatique à l'école. « Aujourd’hui, le code est partout. Il est essentiel que nos enfants soient autonomes dans l’environnement numérique et, pour cela, qu'ils apprennent ce langage qui aujourd'hui est aussi essentiel qu’une langue étrangère » a ainsi fait valoir la secrétaire d’État.
L'intéressée n’a pas manqué d’évoquer le récent appel à projets lancé dans le cadre des investissements d’avenir, afin que les élèves français puissent justement bénéficier d’un éveil au code (notre article). D’après elle, il y aurait d’ores et déjà de « très nombreuses » réponses. « Elles prouvent que l’appétit est grand de la part des acteurs de terrain, de la part des parents et des familles qui soutiennent très largement toutes les initiatives prises pour favoriser l’apprentissage du code par les jeunes enfants en France ». Une consultation très récente menée en interne par l’Éducation nationale démontre pourtant que le sujet est loin de faire l’unanimité chez les professeurs, comme nous avions pu en discuter un peu plus tôt avec Benjamin Bayart...
Une plateforme dédiée aux contenus
La principale annonce d’Axelle Lemaire réside peut-être dans la « mise en activation » prochaine d’une « plateforme plus ouverte, plus largement utilisable, qui donnera un accès aux contenus pédagogiques innovants qui permettent, grâce aux outils numériques, de faire de l’éducation autrement, au plus près des besoins particuliers des élèves, notamment à l’adresse des enfants connaissant des difficultés scolaires ». Là encore, on pourra se remémorer les belles paroles de Vincent Peillon, qui déclarait fin 2012 vouloir « des ressources numériques accessibles pour tous » (vidéo ci-dessous).
En lieu et place, certains auraient sans doute préféré que la secrétaire d’État au Numérique évoque l’appel lancé il y a quelques semaines par l’Association de promotion du logiciel libre (April) en faveur de l’interopérabilité et de l’utilisation de formats ouverts au sein de l’Éducation nationale, et qui compte actuellement plus de 5 400 soutiens (voir notre article).
Une concertation « jeunesse » qui devrait débuter dans les prochains jours
Le sujet devrait quoi qu’il en soit être abordé durant la grande concertation dédiée à la jeunesse, qui est censée débuter dans les prochains jours. François Hollande avait expliqué qu’elle permettrait aux jeunes de s’exprimer et de faire des propositions via une plateforme en ligne. Cette consultation qui pourrait durer un ou deux mois devrait également être ouverte aux enseignants, aux parents d'élèves, aux éditeurs de livres, aux élus locaux, etc.
Selon nos informations, cette concertation aurait dû débuter cette semaine, mais les événements tragiques liés aux attentats de Charlie Hebdo ont quelque peu chamboulé l’agenda de l’exécutif. Mardi dernier, la ministre de l’Éducation nationale a d'ailleurs réagi à ces événements en déclarant entre autres que « l’apprentissage des usages de l’internet » serait « l’un des enjeux du plan numérique à l’école ».