Pratiques commerciales trompeuses : la DGCCRF inflige 650 000 euros d’amende à la régie publicitaire Taboola

Surprise… ou pas !
Droit 4 min
Pratiques commerciales trompeuses : la DGCCRF inflige 650 000 euros d’amende à la régie publicitaire Taboola
Crédits : Tuomas Kujansuu/iStock

Dans le cadre d’une enquête relative à la publicité en ligne, le Service National des Enquêtes de la DGCCRF a établi un procès-verbal d’infraction et infligé une amende transactionnelle de 650 000 euros pour « pratiques commerciales trompeuses » à l’encontre de la régie publicitaire Taboola.

Selon sa propre description, « Taboola propose des recommandations de contenu sur l’Open Web et aide les utilisateurs à découvrir du contenu pouvant les intéresser ». Sa plateforme, bien évidemment « enrichie par l’IA », permet « d’augmenter la monétisation et l’engagement d’audience »… avec des pratiques plus ou moins douteuses.

La régie revendique plus de 15 000 annonceurs pour 9 000 partenaires, touchant ainsi « plus de 500 millions d’utilisateurs actifs par jour », 500 000 « recommandations » par seconde et 100 téraoctets de données par jour.

Problème :  le Service National des Enquêtes de la DGCCRF l'accuse de ne pas avoir effectué de vérifications sur les contenus des publicités qu’elles publiaient sur les pages de nombreux sites Internet. On y retrouve plusieurs sites de la presse nationale (lefigaro.fr, 20minutes.fr,...) et régionale (ladepeche.fr, lavoixdunord.fr, ouest-france.fr,...), sur une période allant de janvier 2018 à octobre 2020.

Vérifier la loyauté de toutes les annonces (lol ?)

La DGCCRF relève en effet que Taboola s’engageait auprès de ses clients annonceurs et auprès des éditeurs vendant leurs espaces publicitaires, à « vérifier la loyauté de toutes les annonces avant de les diffuser », et à contrôler les pages vers lesquelles sont redirigés les internautes qui cliquent sur leurs publicités, comme en attestent ses règles en matière de contenu publicitaire.

Taboola Crédits : Taboola

Or, l’enquête a démontré que Taboola « ne pouvait ignorer le caractère déloyal de nombre de ces annonces » dès lors que l’instance professionnelle de vérification des publicités – l’Autorité de Régulation des Professionnels de la Publicité (ARPP, auquel Taboola a adhéré en 2017) – l’avait alertée sur des campagnes publicitaires « contrevenant aux principes de véracité et de loyauté applicables à toute publicité », précise le communiqué de la DGCCRF.

Dans tous les cas, cette conclusion de la répression des fraudes ne devrait pas surprendre grand monde, notamment ceux qui ont déjà croisé des contenus publicitaires poussés par Taboola. Ils ne sont généralement pas réputés pour la finesse de leurs titres et leur analyse de fonds…

Taboola

Crédits : antipub.org

Malgré ces alertes, Taboola a poursuivi la diffusion de publicités similaires, que la DGCCRF considère comme des contenus « trompeurs » car ils :

  • « revêtaient une apparence faussement éditoriale alors qu’il s’agissait de contenu publicitaire,
  • comportaient des allégations non justifiées sur les effets attendus de divers produits,
  • discréditaient l’approche médicale,
  • promouvaient des traitements nécessitant au préalable un diagnostic et un suivi médical. »

650 000 euros d’amende

Avec l’accord du Procureur de la République du tribunal judiciaire de Paris, une amende transactionnelle de 650 000 euros a été solidairement proposée aux sociétés Taboola France et Taboola Europe, qui l’ont acceptée, conclut le communiqué de la DGCCRF.

Depuis, la décision de la répression des fraudes est affichée sur le site de Taboola, mais uniquement sur la page d’accueil de sa version française, d’après nos constatations (archive.org). 

La société est pour rappel cotée en bourse depuis 2020. Cette décision de la DGCCRF n’a pas eu d’impact important sur son cours, qui est ce matin à 3,75 dollars. On est dans tous les cas bien loin des 10 dollars constatés au moment de son introduction. 

Taboola

DGCCRF « on fire » ?

On notera au passage que la DGCCRF multiplie ces derniers temps les décisions sur le sujet. Les influenceurs sont une cible de choix. Au début d’année, elle indiquait ainsi que « 6 sur 10 ne respectaient pas la réglementation sur la publicité et les droits des consommateurs ». Quoi qu’il en soit, les dérives en tout genre sont encore bien trop nombreuses sur Internet, et ce n’est probablement pas le travail qui manque aux équipes de la répression de fraudes…

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