Où en est le web3 ?

Et puis d'abord, c'est quoi ?
Où en est le web3 ?
Crédits : hocus-focus/iStock

Qu'est-ce que le web3 ? Comment l'écosystème a-t-il encaissé la chute des cours et les différents scandales de l'an passé ? Résumons la situation.

Est-ce qu’à l’été 2023, ce concept qui faisait bruisser toutes les conversations il y a à peine 18 mois a encore une consistance ? Telles sont les questions que nous nous sommes posées – et vous aussi – à force de suivre la chute du cours des cryptomonnaies et les répliques de scandales comme ceux qui ont agité l’écosystème crypto à partir de novembre 2022 et de la faillite de la place de marché FTX.  

« Derrière l’appellation web3, il y a plein de cas d’usages différents, indique la présidente de l’Association de développement des actifs numériques (ADAN), Faustine Fleuret. Le socle commun pour les acteurs de cet écosystème, que ceux-ci soient natifs du web3 ou des entreprises plus établies, ce sont les fondamentaux technologiques : la blockchain et les cryptoactifs ». 

L’utopie d’une phase 3 d’internet

Une autre manière de comprendre l’expression web3 est de l’inscrire dans un contexte plus long, indique la consultante en technologies innovantes Morgane Soulier : le terme reprend en effet une catégorisation courante des « ères » d’internet. Dans cette approche, « le web 1 est celui des débuts, le web statique, où l’on se rend principalement pour lire et consommer des contenus et où les interactions restent relativement rares. Le web 2 est l’étape du web social : chacun peut créer et partager du texte, de l’image et des vidéos, les réseaux sociaux permettent de connecter tout le monde. C’est aussi l’ère de l’émergence des GAFAM, qui créent une forme de centralisation et tirent profit des créations et interactions de leurs utilisateurs. » 

Face à cela, le web3, dont le concept aurait été créé par le fondateur d’Ethereum Gavin Wood en 2014, consiste à utiliser la blockchain pour remplacer les intermédiaires et ainsi ne pas avoir à se reposer sur « la confiance en une poignée d'entreprises privées qui agissent dans l'intérêt du public », tel que l’explique le site ethereum.org. À l’heure actuelle, Gavin Wood dirige la fondation Web3 et Parity Technologies, qui développe des logiciels pour cet écosystème.

Promettant plus d’égalité, plus de transparence, moins de hiérarchie, le concept donne naissance à une galaxie d’autres, parmi lesquels celui de NFT, une application de la blockchain censée permettre aux internautes de certifier leur propriété sur leurs créations numériques ; celui de smart contracts, des « contrats intelligents » qui ne se déclenchent que quand des conditions pré-codées sont remplies ; ou encore les DAO, pour « organisation autonome décentralisée », qui permet à un groupe de s’organiser en se partageant les droits de propriétés de la plateforme sur laquelle il se réunit, et en utilisant ces droits pour voter en cas de prise de décision.

Pour Julien Prat, co-directeur de la chaire de recherche Blockchain@X à l’école polytechnique, « il s’agit d’un rêve, d’une utopie qui permettrait de rendre aux créateurs numériques la propriété de leurs créations ». En ligne, de manière succincte, l’évolution est parfois décrite ainsi : « web 1 = read ; web 2 = read/write ; web 3 = read/write/own ».

À noter aussi : si les constats sur une trop grande privatisation du monde numérique sont partagés, le web3 version blockchain est a priori différent du web 3.0 auquel rêve le créateur du web qu’est Tim Berners-Lee (pour lui, il n’y a pas nécessairement besoin de blockchain pour résoudre les problèmes de captations de données orchestrées par les géants de la tech).

Utiliser la blockchain renforcerait la confiance

L’un des principaux problèmes du web3 – et de l’écosystème crypto en général – tourne autour de l’idée de confiance. Si la blockchain paraît si intéressante, c’est qu’il s’agit d’une technologie permettant de stocker et transmettre des données de manière distribuée. Elle est donc utile pour qui « cherche à réduire la dépendance envers certaines entités centrales, indique Morgane Soulier, de stocker des données de manière transparente et décentralisée sans passer par un tiers de confiance ».

Dans son essai No Crypto, la journaliste Nastasia Hadjadji rappelle que le Bitcoin, la cryptomonnaie fondatrice, est née des cendres de la crise économique de 2008 : pour son créateur mystère Satoshi Nakamoto comme pour beaucoup de ses acolytes, se défaire de la dépendance à des institutions centrales comme les banques avait un attrait certain. 

La blockchain permettrait en effet de réaliser des transactions « trustless », sans confiance en une entité intermédiaire, ou pour lesquelles la confiance serait située dans le réseau distribué et dont chaque bloc est validé par l’« intelligence collective » (ou, techniquement parlant, par un protocole de preuve de travail ou de preuve d’enjeu, par exemple). 

À l’hiver 2021, le succès des NFT (non-fongibles tokens, jetons non-fongibles) a participé à faire exploser le concept de web3. En permettant d’enregistrer sur une blockchain un titre de propriété correspondant à des créations numériques (images, vidéos, mèmes, morceaux, etc), une bonne partie des adeptes de crypto y ont vu une manière d’établir des titres de propriétés adaptés à l’économie du numérique. « Cette possibilité pour les personnes de contrôler la valeur de ce qu’ils produisent explique qu’un autre synonyme de web3 soit "internet de la valeur" », explique Faustine Fleuret, « par opposition au web 2, qu’on qualifie souvent d’ "internet de l’information". »

Mais cette histoire de confiance contient des failles

Pour certains spécialistes de la cryptographie, le succès des NFT n’a été qu’une goutte de plus dans un océan d’incohérences. Sur son blog dédié à la question, le spécialiste de la sécurité informatique Pablo Rauzy s’étonne du succès de la blockchain pour établir des titres de propriété, dans la mesure où celle-ci « n’a pas beaucoup plus d’intérêt que le papier, mais a par contre beaucoup d’inconvénients que le papier n’a pas (consommation énergétique, transactions acentrées impossibles, etc). »

Surtout, il souligne que rien n’empêche de créer plusieurs NFT « (et même autant qu’on veut) pour exactement le même objet (donc il peut y avoir plusieurs certificats de propriété pour une même œuvre) », ce qui paraît plus susceptible de créer des problèmes qu’en résoudre grâce à de la confiance et de la décentralisation.

Dans un autre billet, Pablo Rauzy démontre par ailleurs que l’hypothèse d’une plus grande confiance et d’une plus grande décentralisation permises par la blockchain sont fausses, dans la mesure où ce sont des intermédiaires (le notaire, l’université, la banque, etc) qui permettent de donner un sens et une valeur aux éléments dont on cherche à prouver l’authenticité (le titre de propriété, le diplôme, le billet etc.). 

Ce point-là permet de souligner deux autres problématiques dans la manière qu’ont les communautés crypto et web3 d’évoquer la confiance : si la blockchain permet d’éviter d’avoir à placer sa confiance en un intermédiaire, elle ne la fait pas disparaître non plus. Elle la déplace vers la technologie qui permet d’établir les transactions et vers son fonctionnement. Or l’histoire récente montre que le nombre d’acteurs capables de valider les blocs de l’une ou l’autre blockchain est foncièrement restreint, de même qu’un très petit nombre d’acteurs jouissait jusqu’à récemment d’un immense pouvoir sur l’écosystème du web3.

Par ailleurs, quid de la confiance du grand public ? Sans elle, pas d’adoption de grande échelle. Et sans adoption de grande échelle, le web3 deviendra-t-il vraiment une nouvelle itération du web 2 ? 

Quels usages pour le web3 ? 

Pour creuser ces questions, il faut d'abord avoir idée des usages du web3. Les premiers sont clairement financiers. Les cryptomonnaies sont utilisées à des fins d’échange ou, très souvent, de spéculation. « Au bout de quinze ans de développement, on a aussi pu mettre au point des cas plus complexe d’échange de valeurs, indique Faustine Fleuret, pour des actions, des titres financiers classiques, pour des objets d’art… Les smart contracts permettent aussi de faire du prêt, en fonction de conditions pré-remplies. »

Autre catégorie d’usage « évident », notamment courant 2021 : le jeu vidéo. Avec des NFT, il serait possible de se rendre officiellement propriétaire d’un objet acheté dans un monde virtuel puis de le déplacer et de s’en servir ailleurs. Mais cela n’est, encore une fois, que la théorie. 

En pratique, pour que le concept ait une réelle utilité, il faudrait atteindre une interopérabilité entre les différents univers (voire métavers, qui sont l’un des espaces où l’écosystème web 3 envisage beaucoup d’applications) pour le moment inexistante. Sans parler de réussir à les sécuriser, pour éviter des problèmes aussi importants que celui d’Axie Inifinity qui, après avoir attiré toute une population parfois précaire en faisant miroiter de possibles gains rapides, s’est vu pirater 620 millions de dollars en mars 2022.

On a aussi vu des sociétés annoncer des formes de cloud 3.0. Beaucoup d’autres, du côté des entreprises plus classiques, ont proposé d’utiliser certaines applications de la blockchain – et plus ou moins du web3, si l’on considère que les NFT s’y réfèrent nécessairement – pour de la création, comme Nike avec sa filiale RTFKT ou Dolce&Gabbana avec sa Collezione Genesi, qui liait créations physiques et numériques. À l’été 2022, pas moins de 300 marques avaient par ailleurs acheté leurs propres parcelles de « terrain numérique » au sein de la plateforme the Sandbox. 

Des applications qui, fondamentalement, posent question : « Que Gucci achète un terrain dans le metavers, qu’est-ce que ça change pour le client, interroge Nastasia Hadjadji, qu’est-ce que ça apporte pour le business ? » Même question, pourrait-on dire, pour Vuitton, qui lançait début juin une malle NFT à 30 000 euros. Pour la journaliste, si les secteurs de la mode, du luxe ou de la grande distribution trouvent un tel intérêt au web3, c’est avant tout pour des raisons de communication et de marketing : « C’est une manière de montrer qu’elles sont tendance, de se placer en leader d’opinion. »

De même, là où certains voient dans les NFT une manière de « révolutionner » la billetterie, en ajoutant des services ou des biens au billet de concert ou de match vendu, Nastasia Hadjadji pointe vers l’informaticien et cryptocritique britannique David Gerard, « qui montre très bien que d’un point de vue technique, ce type de technologie ne procure rien de plus qu’une bonne base de données ».

« La question derrière, ce n’est pas tant l’enjeu technique que la manière de gérer les rapports de pouvoir, continue l’autrice, comment on décide ensemble, comment on sécurise les décisions, etc. » Sur un ton moins critique, Morgane Soulier estime de son côté que s’il y a un consensus autour du web3, c’est bien que le concept est « en constante évolution ». Pour réussir à vraiment le fixer, le principal enjeu à relever est (encore) celui de l’adoption.

Quels effets des scandales des années passées ?

Or, tous ceux que nous avons interrogés s’accordent à le dire, l’effondrement des cryptomonnaies et l’enchaînement de scandales entamés l’an dernier ne sont pas là pour aider. Outre les piratages massifs – début 2023, la plateforme de bug bounty Immunefi calculait que l’écosystème du web3 avait perdu 3,9 milliards de dollars en fraudes et hacks divers sur la seule année précédente –, la chute des cours (le Bitcoin a fondu de 66 % courant 2022) a constitué l’un des gros coups de semonces, à la fin du premier semestre.

Puis la chute de la place de marché FTX, les révélations successives sur son ex-patron Sam Bankman-Fried, les répercussions jusqu'à la Silicon Valley Bank ont encore détérioré l’image du milieu. Elles ont aussi révélé au grand jour l’interdépendance d’une grande partie de ses acteurs, note la Banque de France.

Ces événements n’ont fait que renforcer les diverses accusations faites à l’encontre du milieu crypto de n’être qu’une vaste pyramide de Ponzi, dans laquelle les anciens investisseurs tirent leurs profits de l’argent frais apporté par les nouvelles personnes brusquement séduites par la promesse de gains faciles. Dans un long article, The Baffler détaille de son côté en quoi le fonctionnement du monde des cryptomonnaies peut être comparé à celui d’un cartel (au sens économique du terme : un oligopole dont une poignée d’acteurs détiennent le contrôle du marché).

La critique rejoint celle formulée ailleurs, contre les acteurs financiers qui ont permis à toutes sortes de start-ups de se financer avant de trouver un modèle économique stable. C'est le cas du fonds Andreessen Horowitz (aussi connu sous l’acronyme a16z), vertement critiqué en mars par la crypto-sceptique Molly White (qui gère le site Web3 is going just great).

Quand on en parle à Faustine Fleuret, celle-ci confirme qu’Andreessen-Horowitz jouit de sa réputation d’acteur majeur de la tech : « leur nom est en soi un gage de crédibilité, donc s’ils ne font pas le travail d’audit et d’information qui leur incombe, ça entraîne mécaniquement un grand nombre d’acteurs dans leur sillage. »

Nastasia Hadjadji, elle, pointe un autre enjeu : « Ils ont un tel poids économique qu’ils ont quasiment la capacité de manipuler le marché. » Notons qu’en quelques mois, Andreessen Horowitz semble s’être un peu déporté du web3 (dans lequel il a tout de même investi plus de 7,5 milliards de dollars depuis 2018) vers l’IA.

Quelles idéologies ?

Dans son essai, Nastasia Hadjadji s’intéresse aussi (surtout) aux idées politiques de ces grands financiers et de la variété d’acteurs qui font l’écosystème crypto. « Quelques-unes de leurs réflexions valent le coup d’être creusées, estime-t-elle. Le système bancaire, par exemple, mériterait d’être mis à plat. D’autres prémisses comme la lutte contre la surveillance numérique ou la résistance à la coercition des États ou des entreprises, ça peut être intéressant. »

Elle diverge « fondamentalement », en revanche, sur les solutions à apporter à ces problèmes et sur le programme politique des cypherpunks passés fans de crypto. De cette pensée anti-surveillance et pro-chiffrement des années 90 a effectivement émergé une petite frange au discours ultra-libéral dont l’un des tenants est le fameux Marc Andreessen.

La journaliste cite aussi Peter Thiel, qui s’est longtemps fait le promoteur des cryptoactifs et même du web3, au moment même où il se délestait de tous ses investissements dans le Bitcoin. Dans son livre, elle détaille aussi le fonctionnement quasi-religieux de toute une frange du milieu, travail qui lui a valu une campagne de cyberharcèlement.

Elle explique comment ce milieu a pu jouer de la crédulité de certains, voire comment le concept même de « web3 » a pu servir à entretenir une « hype », à « attirer de nouveaux investisseurs publics et privés » et permettre ainsi aux « premiers détenteurs de ces actifs numériques » d’encaisser des plus-values « en vendant leurs actifs contre l’argent frais apporté par les derniers participants ».

« Au regard du manque de preuves que cette industrie fournit sur son utilité sociale, au regard de ses effets négatifs en termes écologiques et politiques, puisqu’il s’agit d’un cheval de Troie d’idées conservatrices, il faudrait vraiment remettre en question cet écosystème » estime Nastasia Hadjadji.

Du côté de l’ADAN, qui prend le rôle de syndicat des acteurs français du web3, si l’on ne nie pas les dérives de l’écosystème, le son de cloche est forcément différent. Faustine Fleuret pointe les emplois créés (plusieurs milliers en France), les succès (comme Sorare, licorne française) et la difficulté, pour les acteurs hexagonaux, de devoir supporter les effets secondaires du scandale FTX, « alors que ça n’était pas un acteur français, qui n’était donc pas soumis à nos régulations ».

La régulation, enjeu aussi politique qu’économique

Car la présidente de l’association professionnelle le rappelle, la France a été à la pointe en matière de régulation des acteurs du web3, y dédiant un volet dès 2019. Dans sa loi Pacte, elle cadrait les Initial Coin Offering (ICO) (levées de fonds en cryptoactifs) et créait le statut de Prestataire de services sur actifs numériques (PSAN).

À l’époque, ce volet réglementaire avait pu être perçu comme lourd, mais aujourd’hui, « c’est un outil qui peut servir à restaurer la confiance ». Pour l’experte, l’intérêt qu’ont porté très tôt les institutions au domaine est une aubaine, « un pari sur le long terme », qui a permis la construction d’un écosystème très structuré, « plus sûr et plus sérieux » qu'ailleurs.

L’enjeu est réel. Il devient, depuis quelques mois, beaucoup plus largement partagé. Si les États-Unis n’ont « jamais voulu clarifier les règles qui s’appliquaient aux acteurs de cet univers », les voilà qui agissent au moins par le prisme d’enquêtes de la Securities and Exchange Commission (SEC). Binance (et son fondateur Changpeng Zhao) et Coinbase, les deux plateformes les plus importantes du marché, sont en effet sous le coup de plaintes du gendarme financier.

« Nous estimons que Zhao et les entités de Binance se sont engagés dans un vaste réseau de tromperies, de conflits d'intérêts, d'absence de divulgation et d'évasion calculée de la loi » a déclaré son directeur Gary Gensler dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux. Parmi les chefs d’accusation : cibler les clients américains depuis une entitée de Binance située hors des États-Unis, violer les lois locales sur les titres financiers, et de détourner une partie de ses fonds.

La Chine aussi reste très active sur le sujet. Le 27 mai, par exemple, la ville de Pékin publiait un livre blanc intitulé « Innovation et développement de l’internet 3.0 », selon le média The Paper, document dans lequel le web3 est décrit comme une opportunité qui nécessite autant des investissements que de la régulation. Le jour même, Changpeng Zhao faisait remarquer que le timing de la publication était très proche de l’entrée en vigueur d’un nouveau régime de régulation à Hong Kong, qui a eu lieu le 1er juin.

Quant à l’Union Européenne, elle a adopté le mois dernier un règlement sur les marchés de crypto-actifs (Markets in Crypto-Assets, ou MiCA), qui doit commencer à harmoniser leur environnement. Elle ne s’applique pas à tous les éléments du web3, cela dit. Les NFT, par exemple, sont exclus du champ d’application du texte et doivent être le sujet d’une future législation – dans un rapport paru le 18 juillet, l'Inspection Générale des Finances française propose que les NFT soient directement intégrés au réglement MiCA lorsque celui-ci sera révisé.

Le futur dira si enquêtes et nouveaux cadres suffisent à faire du web3 le nouvel internet. S'ils sont loin des niveaux pharaoniques de la fin 2021, on peut se demander si la remontée des cours de plusieurs cryptomonnaies, Bitcoin en tête, n'est pas le signe d'un regain d'intérêt. Quelle que soit la réponse, les chances que le web3 et le monde des cryptos au sens large continuent d'attiser les débats restent relativement élevées.

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