Un tweet, devenu viral, a entraîné des milliers d'universitaires, scientifiques, technologues et ingénieurs à co-signer une lettre ouverte afin de réguler la « FinTech ». Ils déplorent que seuls les détenteurs de portefeuilles de cryptoactifs aient été écoutés jusqu'alors, faisant peu de cas des arguments des « crypto-sceptiques ».
Fin 2021, un rapport de Bloomberg Intelligence prédisait un bitcoin à 100 000 dollars fin 2022, du fait de l’inflation et des hausses des taux à venir de la Fed, qui « contribueraient à établir le Bitcoin comme une alternative viable au dollar ».
Après avoir culminé à 68 789 dollars en novembre 2021, il est en fait retombé de 32 000 à 17 700 dollars le mois dernier... notamment à cause de l’inflation et des hausses de taux de la Fed, avant de remonter à 20 770. Soit une dépréciation de 60 % depuis janvier, après avoir enregistré des hausses de 360 % en un an et de 1 000 % en trois ans. Une semaine terrible pour le marché des cryptoactifs qui « voit ses fondements remis en cause », explique Mediapart.
Le cours des autres altcoins s'est lui aussi effondré, les principales plateformes de trading de crypto ont annoncé des licenciements, gelé les retraits, et le marché des cryptoactifs est passée sous les 900 milliards de dollars, en baisse de 2 000 milliards de dollars par rapport à son sommet de 3 000 milliards de la fin 2021.

« La révolution cryptographique est bien engagée et son impact continuera d'être profond. Mais sa trajectoire a été tout sauf graduelle ou prévisible », viennent d'écrire les entrepreneurs Cameron et Tyler Winklevoss dans une lettre annonçant des licenciements dans leur entreprise, Gemini. Ils prédisent également un « hiver crypto », comme Coinbase, qui rappelle avoir déjà « survécu à quatre hivers cryptographiques majeurs ».
À défaut d'être prémonitoire, 1 500 chercheurs en informatique, ingénieurs et autres « technologues » ont adressé le 1er juin – donc avant cette alerte d'un possible « hiver crypto » – une « lettre de soutien à une politique responsable en matière de technologies financières » (FinTech) au Congrès américain, concerned.tech :
« Aujourd'hui, nous vous écrivons pour vous exhorter à adopter une approche critique et sceptique à l'égard des affirmations de l'industrie selon lesquelles les cryptoactifs (parfois appelés crypto-monnaies, crypto-jetons ou web3) sont une technologie innovante qui serait intrinsèquement bonne. »
Ils leur demandent « instamment de résister aux pressions des financiers, des lobbyistes et des promoteurs de l'industrie des actifs numériques visant à créer un refuge réglementaire pour ces instruments financiers numériques risqués, défectueux et non éprouvés, et d'adopter au contraire une approche qui protège l'intérêt public et garantit que la technologie est déployée pour répondre véritablement aux besoins des citoyens ordinaires » :
« Nous sommes fortement en désaccord avec le récit – colporté par ceux qui ont un intérêt financier dans l'industrie des cryptoactifs – selon lequel ces technologies représentent une innovation financière positive. »
La liste des « principaux signataires » de la lettre va de Miguel de Icaza, qui fut le meneur du projet libre GNOME, à Jamie Zawinski, l'un des premiers employés de Netscape qui eut l'idée du nom « Mozilla », en passant par Rufus Pollock de l'Open Knowledge Foundation, le célèbre cryptographe américain Bruce Schneier ou Molly White, connue pour son blog crypto-sceptique Web3 Is Going Just Great.
« Toutes les innovations ne sont pas nécessairement bonnes »
Ils rappellent que « toutes les innovations ne sont pas nécessairement bonnes » et que « tout ce que nous pouvons construire ne doit pas forcément être construit » :
« De par sa conception même, la technologie de la blockchain est mal adaptée à presque tous les objectifs aujourd'hui présentés comme source actuelle ou potentielle d'utilité publique. Dès sa création, cette technologie a été une solution à la recherche d'un problème et s'est attachée à des concepts tels que l'inclusion financière et la transparence des données pour justifier son existence, alors que de bien meilleures solutions à ces problèmes existent déjà. »
De plus, « les technologies blockchain facilitent peu, voire pas du tout, l'utilisation dans l'économie réelle. D'autre part, les cryptoactifs sous-jacents ont servi de véhicules à des programmes d'investissement spéculatifs peu solides et très volatils faisant l'objet d'une promotion active auprès d'investisseurs particuliers qui peuvent être incapables de comprendre leur nature et leur risque ».
Ils déplorent également « d'autres externalités importantes », comme des « menaces pour la sécurité nationale liées au blanchiment d'argent et aux attaques par ransomware, les risques pour la stabilité financière liés à la forte volatilité des prix, la spéculation et la susceptibilité au risque d'exécution, les émissions climatiques massives dues à la technologie de preuve de travail utilisée par certaines des cryptoactifs les plus largement négociés, et les risques pour les investisseurs liés aux escroqueries à grande échelle et autres activités financières criminelles » :
« Compte tenu de ces vastes externalités, ainsi que des utilisations – au mieux encore ambiguës, au pire inexistantes – de la blockchain, nous recommandons au Comité de regarder au-delà du battage médiatique et des fanfaronnades de l'industrie cryptographique et de comprendre non seulement ses défauts inhérents et ses défauts extraordinaires, mais aussi la litanie des erreurs technologiques sur lesquelles elle est construite. »
Bitcoin est une pyramide de Ponzi
L'initiative est la conséquence d'un tweet, posté le 5 mai dernier par Jorge Stolfi, un professeur d'informatique à l'université d'État de Campinas, au Brésil, qui a depuis co-signé la lettre et qui voulait alors partager son scepticisme au sujet des cryptoactifs :
« Chaque informaticien devrait être en mesure de voir que les crypto-monnaies sont des systèmes de paiement totalement dysfonctionnels, et que la "technologie blockchain" (y compris les "contrats intelligents") est une fraude technologique. Voudraient-ils le dire à haute voix ? »
Ce n'est pas la première fois, loin de là, que Stolfi prend fait et cause contre les « cryptos ». Fin 2013, il publiait un billet intitulé « Méfiez-vous des bitcoins ! », qualifiés de « plus grande opération pyramidale de l'histoire, qui va transférer des milliards d'imprudents vers une poignée d'"experts" ».
En 2016, il écrivait à la Securities and Exchange Commission, le régulateur américain, que « le prix du marché du bitcoin, comme celui d'un penny stock ou d'un fonds Ponzi, est entièrement spéculatif, basé sur les attentes des commerçants concernant les prix futurs, qui seront basées sur les attentes des attentes futures... Contrairement aux stocks et aux obligations, cette régression infinie n'est finalement pas fondée sur les fondamentaux, car le bitcoin n'en a pas » :
« Les bitcoins ressemblent davantage à des "penny stock", des actions d'une entreprise sans actifs, sans produits et sans personnel ; ou des actions dans un schéma de Ponzi pur, comme le fonds de Madoff. La valeur du bitcoin est censée provenir uniquement de l'existence d'un registre (prétendument) sécurisé qui enregistre la répartition des pièces entre de nombreux comptes ("adresses" dans la terminologie du système), et permet donc leur utilisation comme moyen de paiement sur Internet. Mais les penny stocks et les fonds Ponzi offrent également cette possibilité. »
Pour lui, « la seule façon de réaliser un profit en investissant dans des bitcoins est de les vendre à d'autres investisseurs, pour un prix supérieur à leur prix d'achat. Ainsi, le bitcoin a le caractère essentiel d'un penny stock, ou d'un schéma pyramidal : le profit des premiers investisseurs provient entièrement de l'investissement des suivants » :
« L'investissement dans le bitcoin ne contribue pas à la richesse ou au bien-être réel de l'humanité : il ne finance pas la création de biens matériels ou de services réels. D'un autre côté, il a ruiné de nombreux investisseurs naïfs qui ont été incités à y placer leurs économies, par de fausses promesses d'augmentations de prix fantastiques dans un avenir indéfini. »
En 2021, il réitérait ses critiques en énumérant pourquoi « Bitcoin est une pyramide de Ponzi », à savoir « un type de fraude à l'investissement présentant ces cinq caractéristiques » :
- « Les gens y investissent parce qu'ils s'attendent à de bons profits, et
- cette attente est entretenue par le versement de ces bénéfices à ceux qui choisissent d'encaisser. Cependant,
- il n'y a pas de source externe de revenus pour ces paiements. Au contraire,
- les gains proviennent entièrement de l'argent des nouveaux investissements, tandis que
- les opérateurs retirent une grande partie de cet argent. »
Le silence signifie être complice de la fraude
Jacob Silverman, journaliste américain ayant lui aussi beaucoup écrit à ce sujet, appuyait le tweet de Stolfi en précisant que « presque tous les informaticiens avec lesquels j'ai discutés et qui ne sont pas personnellement investis dans les crypto-monnaies, pensent que la blockchain est une technologie défectueuse qui ne peut pas faire ce que ses promoteurs prétendent ».
Retweeté près de 1 500 fois, le tweet de Stolfi était également cité près de 600 fois, et notamment par de nombreux autres professionnels et chercheurs en informatique faisant eux aussi état de leurs statuts, diplômes et qualités, à l'instar de Samuel Hocevar, ex-chef de projet Debian et membre fondateur de l'association Wikimédia France :
« Ouaip, la technologie blockchain est merdique et inutile. Et je suis un expert mondialement reconnu en matière de technologie merdique et inutile : J'ai créé des logiciels comme libcaca ou toilet. (J'ai aussi écrit des trucs qui ont un but réel donc je peux faire la différence assez facilement). » (@samhocevar)
« J'ai un double diplôme en informatique et en philosophie des sciences et un doctorat en éthique informatique et je peux dire que c'est déplorable d'un point de vue technique et social/éthique. » (@CatherineFlick)
« Les crypto-monnaies sont une pyramide de Ponzi avec d'énormes externalités et la technologie sous-jacente n'a pas montré un cas d'utilisation qui ne pourrait pas être mieux résolu par d'autres moyens. » (@LarsKnoll)
« En tant qu'ingénieur en cryptographie, la "technologie blockchain" (y compris les "contacts intelligents") est une fraude technologique. » (@SchmiegSophie)
« Dans le Web3, SaaS signifie Scam as a Service. » (@realAIexandre)
« Le silence signifie être complice de la fraude. » (@tante)
Stephen Diehl, ingénieur en informatique ayant déjà écrit des dizaines de fois au sujet de tout les maux qu'il attribue à l'univers des « cryptos », embrayait en faisant une autre proposition :
« Nous devrions honnêtement demander à la centaine d'informaticiens ou plus présents sur ce fil de participer à un webinaire avec des décideurs politiques.
Parce que la plupart des gens qui ont une formation en informatique pensent que ce truc est une énorme arnaque. C'est un secret de polichinelle dont personne ne parle. »
Le conflit d'intérêt de ceux qui parlent aux gouvernants
Nicholas Weaver, chercheur en sécurité informatique, co-signataire de la lettre et lui aussi crypto-sceptique, estime également que les crypto-monnaies sont « inutiles et destructrices », et qu'elles devraient « mourir dans un incendie » :
« Il s'agit d'un virus. Ses dommages sont considérables. Il a permis à des entreprises criminelles de gagner des milliards de dollars. Il a permis à des investisseurs en capital-risque de faire de la fraude boursière leur métier. Il a ruiné des gens. Alors soit vous l'évitez, soit vous m'aidez à le faire mourir dans un incendie. »
Interviewé par The Markup, le média non lucratif « qui étudie la façon dont les institutions puissantes utilisent la technologie pour changer notre société », Weaver explique que le projet de lettre a été motivé par le tweet de Stolfi : « Le problème est que, pendant très longtemps, les seules personnes techniques qui ont parlé au gouvernement de l'espace des crypto-monnaies étaient celles qui y avaient investi ».
« Cela a produit une vision déformée de l'espace et a donné aux régulateurs et aux membres du Congrès la fausse croyance qu'il y a une réelle innovation ici. Le fil Twitter que Diehl a lancé a reçu de nombreux tweets de citations d'autres technologues disant, en substance, "Oui, cet espace est une poubelle".
Nous avons réalisé qu'il fallait une déclaration collective claire indiquant que, d'un point de vue technique, cet espace est un gâchis. Je veux dire, Bitcoin ne peut gérer que trois à sept transactions par seconde dans le monde entier, et les gens pensent que vous pouvez aider les personnes non bancarisées avec cette technologie ! »
I think if is such a letter existed, and it was phrased delicately about mitigating public harm and preventing another financial crisis, I know for a fact at least 1000 very prominent technologists would sign it.
— Stephen Diehl (@smdiehl) May 7, 2022
I'm probably not the right person to draft it though.
Pour lui, « il était clair dès le départ que la crypto-monnaie ne pourrait jamais fonctionner pour les paiements, tant que les paiements sont traités par le système bancaire normal » :
« Parce que le prix est si volatil, vous avez deux étapes de conversion de devises, ce qui rend l'échange d'argent en crypto-monnaie difficile et inefficace. Il n'était fondamentalement utilisable que par les trafiquants de drogue, les fournisseurs de rançongiciels, etc. »
Pour en finir avec les ransomwares
La blockchain ne trouve pas non plus grâce à ses yeux, ne serait-ce parce que l'outil de contrôle de version git est déjà utilisé pour enregistrer l'historique de toutes les modifications que vous apportez :
« Entre autres choses, cela vous permet de "revenir" à l'historique car cela ne supprime pas les choses, ajoute seulement des changements. Tout le battage autour de la blockchain est du battage médiatique parce que nous savons comment construire des systèmes équivalents depuis des décennies. »
Il déplore également la non-réversibilité des cryptos, qui « entraîne des conséquences catastrophiques. Supposons que quelqu'un vous transfère 70 000 $ via PayPal, puis que vous lui envoyiez 70 000 $ en Bitcoin pour découvrir plus tard que le paiement PayPal a été compromis. Maintenant, vous êtes à 70 000 $. C'est en fait arrivé à Steve Wozniak » :
« Dans le système financier moderne, nous avons une exigence de conception selon laquelle tout élément électronique doit être réversible pendant au moins une courte période de temps. Il y a une fenêtre d'annulation limitée. C'est pour atténuer les problèmes. Il s'agit de résoudre le problème "oups, vous avez oublié un zéro sur un transfert" ou "vous avez ajouté un zéro supplémentaire sur un transfert".
Il est également utilisé pour atténuer la fraude. C'est la raison pour laquelle les malfaiteurs ne s'introduisent pas dans les comptes bancaires des gens, parce que si vous pénétrez dans le compte bancaire de quelqu'un, vous pouvez effectuer des virements électroniques, mais ces virements électroniques sont réversibles. »
« Si l'espace de crypto-monnaie s'assèche, ce que j'adorerais simplement parce qu'il est prouvé qu'il est nocif d'un point de vue financier, cela aurait le merveilleux effet collatéral de drainer essentiellement le marais où les fournisseurs de ransomwares obtiennent leur argent », relève-t-il au demeurant.
Des milliards de dollars jetés dans la cheminée en brûlant du charbon
Interrogé au sujet des cryptoactifs en tant qu'investissement, Weaver rappelle les bases de l'épargne : « Je suis un investisseur avisé, si je place donc mon argent dans des fonds indiciels [ETF, ndlr] et que je l'ignore pendant une décennie ou trois parce qu'il y a beaucoup de calculs qui disent que vous ne pouvez pas battre le marché » :
« Si je place 10 000 $ dans mon fonds indiciel, que je m'y assois pendant une décennie, puis que je le revends pour 15 000 $, mon gain n'est pas seulement la différence entre le prix auquel je l'ai vendu et le prix auquel je l'ai acheté, mais aussi tous les dividendes et rachats d'actions. Cela signifie qu'investir dans le marché boursier sur une base à long terme (donc pas Robin Hood) se traduira par plus de gagnants que de perdants. »
A contrario, l'investissement dans les cryptos « se fait au détriment de quelqu'un d'autre. C'est un jeu d'argent, c'est un casino, c'est une chaîne de Ponzi » :
« La crypto-monnaie commence par une somme nulle car il n'y a pas de valeur utilitaire, contrairement à l'or, qui se retrouve dans l'électronique. En fait, il ne s'agit pas simplement d'une somme nulle, mais d'une somme profondément négative, car l'exploitation minière brûle une quantité mesurable de l'électricité mondiale et ces factures d'électricité doivent être payées d'une manière ou d'une autre. »
« L'édifice des crypto-monnaies part de la règle selon laquelle tout gagnant est payé par un perdant », explique Weaver :
« Les gagnants précoces sont payés par les perdants ultérieurs et, en fait, la seule façon de gagner de l'argent est d'attirer d'autres perdants. Et cela avant d'ajouter l'énorme pression exercée par l'exploitation minière des crypto-monnaies, ce qui représente des milliards de dollars jetés dans la cheminée en brûlant du charbon. »
Il invite d'ailleurs ceux qui possèdent des cryptos à les revendre, parce que « le marché peut rester irrationnel plus longtemps que vous ne pouvez rester solvable, ce pourquoi vous ne le "shortez" pas. Je ne détiens pas de crypto-monnaies. Je n'ai pas non plus de position courte, car les positions courtes sont des jeux d'argent et je ne veux pas jouer avec mon argent. Si je veux jouer, j'irai à Vegas où au moins la nourriture est bonne » :
« Par exemple, les mineurs ont surtout conservé leurs crypto-monnaies, empruntant sur celles-ci pour payer leurs factures d'électricité. Ces prêts nécessitent de l'argent réel. Un jour ou l'autre, l'un des mineurs de crypto-monnaies devra vendre un montant important au point de faire baisser le marché un peu trop.
Un autre mineur de crypto-monnaies ou quelqu'un d'autre reçoit un appel de marge parce qu'il n'a plus assez de garanties. Cela crée une boucle de rétroaction où chaque vente fait baisser le prix, oblige à d'autres ventes, puis le système s'effondre.
La leçon de Terra est que les effondrements catastrophiques sont très rapides dans l'espace des crypto-monnaies. Vous pouvez penser que vous pouvez être assez rapide pour sortir par la porte après le début de l'incendie, mais vous ne ferez que vous brûler. »
Récupérer les mots « crypto » et « web 3.0 »
L'interview de Nicholas Weaver ne revient pas sur l'« hiver crypto », les chutes de cours et problèmes mentionnés en exergue de cet article. Elle avait été effectuée avant que le marché ne s'effondre, ce qui n'en rend la lecture que « tout autant, voire encore plus pertinente à ce jour », souligne The Markup.
Sur son blog, Stephen Diehl explique que « le vrai travail commence » et que « cette lettre n'a pas de prescriptions politiques spécifiques car, en tant qu'ingénieurs en logiciel, nous ne sommes pas nécessairement profondément versés dans les détails techniques de la réglementation bancaire et du droit fiscal, et nous avons donc estimé qu'il n'était pas nécessairement approprié de se prononcer sur les détails de telles choses » :
« Ce projet s'adresse aux législateurs américains pour la seule raison que, le plus souvent, les États-Unis sont en tête en matière de réglementation financière, et que cela informerait d'autres pays. Cependant, il n'y a aucune raison pour que l'Union européenne ou d'autres pays ne soient pas également en tête sur cette question. »
Il explique aussi que l'une de leurs motivations est que « nous voulons récupérer nos mots » :
« Crypto désignait autrefois la cryptographie, une branche d'étude à l'intersection des mathématiques et de l'informatique. Web 3.0 désignait autrefois le Web sémantique, une version d'Internet dans laquelle toutes les connaissances du monde étaient organisées dans un graphe consultable. Aujourd'hui, les deux mots ont été cooptés pour désigner des investissements spéculatifs très risqués et des fraudes, ainsi que des mots à la mode en marketing pour masquer leurs réelles intentions. »
« Un grand nombre de chercheurs et d'ingénieurs logiciels en activité n'apprécient pas cet abus de termes informatiques pour colporter des investissements risqués », conclut-il. « Nous en avons assez, et beaucoup d'entre nous pensent que c'est un fléau pour notre profession et que cela doit cesser ».
Un second article reviendra sur la réponse à cette lettre ouverte par un cryptographe « pro-crypto ».