La mission DART atteint sa cible, succès du « premier test de défense planétaire »

DART avec un D comme Double… pourquoi pas un F comme First ?
Tech 6 min
La mission DART atteint sa cible, succès du « premier test de défense planétaire »
Crédits : ESA
Mise à jour :

Nous avons ajouté les premières images prises par le cubesat LICIACube.

La première partie de la mission DART est un succès : l’impact a bien eu lieu, comme prévu. Reste maintenant à analyser les conséquences orbitales de ce choc, ce qui va prendre des mois. En 2026, une seconde mission – Hera – viendra sur place examiner les conséquences de cet impact, afin d’affiner les simulations et se préparer à dévier un objet qui pourrait mettre en danger la Terre.

Cette nuit, à 1h14 du matin (ou 1h15 suivant les communiqués) heure française, l’impacteur DART (Double Asteroid Redirect Test) est venu frapper un astéroïde. Celui-ci ne représentait aucune menace pour la Terre – pas plus avant qu’après l’impact, comme n’a eu de cesse de le répéter la NASA –, mais cette mission a pour but de se préparer à un tel scénario catastrophe. Le risque existe bel et bien, même si aucun réel candidat n’a été formellement identifié jusqu’à présent. 

L’objectif de la mission DART « est de modifier légèrement le mouvement de l’astéroïde d’une manière qui peut être mesurée avec précision à l’aide de télescopes au sol ». Cette seconde partie est probablement la plus importante puisque déterminante en cas de risque de collision dans le futur. 

La NASA confirme qu’elle sait viser à 11 millions de km

DART s’est donc volontairement écrasé contre Dimorphos, un petit corps de 160 m de diamètre, orbitant autour de l’astéroïde Didymos qui mesure pour sa part 780 m de diamètre. Seule l’orbite du plus petit est modifiée : « le mouvement du système d’astéroïde Didymos autour du Soleil ne sera pas perturbé », affirmait la NASA l’année dernière.

La première partie de la mission est déjà un succès : « Nous savons maintenant que nous pouvons viser avec la précision nécessaire un petit corps dans l'espace pour impacter avec un vaisseau. Il suffit d'un petit changement dans sa vitesse pour faire une différence significative dans sa trajectoire ».

Pour mener à bien sa mission, DART n’était équipé que d’un système de navigation et d’une caméra DRACO (Didymos Reconnaissance and Asteroid Camera for Optical navigation). Le tout était installé dans un vaisseau prenant la forme d’une boîte et pesant 570 kg. 

Ce dernier est venu s‘écraser sur Dimorphos à 22 530 km/h. Les dernières images capturées par DRACO montrent la surface de l’astéroïde et confirment l’impact. Comme nous l’avons déjà expliqué dans cette actualité, la vitesse a un effet très important sur l’énergie déployée lors de l’impact. Dans cet ordre de grandeur sur la vitesse, « un objet de 1 cm de diamètre aura la même énergie qu’une berline lancée à 130km/h », expliquait le CNES. 

Cette opération s’est déroulée à 11 millions de kilomètres de la Terre, et un observateur extérieur était aux premières loges : le cubesat (tout petit satellite) Light Italian CubeSat for Imaging of Asteroids (LICIACube) largué par DART il y a deux semaines. Il faudra par contre être patient pour avoir les résultats : « Parce que LICIACube ne dispose pas d’une grande antenne, les images seront transmises une par une à la Terre dans les semaines à venir ».

L’attente aura été moins longue que prévu puisque les premières images sont déjà là :

Des vidéos de l’impact

Depuis le plancher des vaches, un télescope du Las Cumbres Observatory (LCO) a capturé cet événement. Sur cette vidéo – accélérée 500 fois – on peut voir le résultat de l’impact sur l’astéroïde. Le trait lumineux sur la vidéo est un artefact du capteur optique précise Tim Lister (astronome et photographe au LCO).

Des images ont également été capturées par le projet ATLAS (Asteroid Terrestrial-impact Last Alert System), mis en place par la NASA (pour la partie financière) et l'institut d'astronomie de l'université d'Hawaï.

Ces images sont intéressantes à plus d’un titre (encore plus avec LICIACube), car il y avait une inconnue de taille, comme le rappelait Eric Lagadec (astrophysicien à l'Observatoire de la Côte d'Azur) : « On sait que la sonde devrait toucher sa cible, mais on ne connaît pas bien la structure de la cible ! Elle va peut-être s'écraser, peut-être passer au travers ? ».

Vers 1 % de modification d’orbite ?

Et maintenant ? « Les chercheurs s'attendent à ce que l'impact réduise l'orbite de Dimorphos d'environ 1 % (soit 10 minutes) ; mesurer avec précision à quel point l'astéroïde a été dévié est l'un des principaux objectifs de ce test à grande échelle », explique l’Agence spatiale américaine

Eric Lagadec ajoute que « le fait que ce soit un système binaire permettra de déterminer l'impact (sans jeu de mots ou presque) de DART sur la trajectoire de Dydimos... et donc de voir si on serait capable de dévier un astéroïde, si un jour on apprend qu'on va s'en prendre un sur la gueule ».

Ce succès n’est donc que la première partie de la première phase de cette mission. Il faut maintenant attendre les images de LICIACube et mesurer avec précision le changement orbital de Dimorphos grâce à des télescopes au sol ; ce sera alors la fin de DART… mais pas de l’étude des conséquences de ce test grandeur nature. 

Hera viendra examiner les lieux en 2026

Fin 2024, l’Agence spatiale européenne enverra un satellite Hera sur place (le voyage durera deux ans) afin d’étudier la « scène de crime ». La sonde sera accompagnée par deux CubeSats (de la taille d’une boîte à chaussures) : « Milani réalisera des observations spectrales en surface, tandis que Juventas effectuera les premiers sondages jamais réalisés de l’intérieur d’un astéroïde ». Le but est d’affiner les modèles et les simulations.

« Hera recueillera des informations clés telles que la taille du cratère de DART, la masse de Dimorphos et sa composition et sa structure interne. Ces données supplémentaires aideront à transformer l’expérience de déviation DART en une technique bien comprise et reproductible qui pourrait un jour être réalisée pour de vrai », explique Ian Carnelli, responsable de la mission Hera.

Actuellement, la charge utile de Hera est en train de prendre forme dans les laboratoires d’OHB-Systemen Allemagne, tandis que son module de propulsion est finalisé à Avio en Italie. Précision utile : les quatre années de séparation entre l’impact et l’analyse in situ n'ont aucune importante. Dimorphos ne changera pas de taille ou d’orbite « tout seul » pendant ce laps de temps.

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