Alors que l'E3 est dans deux mois, Sony a décidé de frapper le premier sur la prochaine génération de consoles. Dans un entretien à Wired, le constructeur livre quelques éléments, mais garde encore un niveau de flou important sur les détails qui comptent et l'évolution de son offre.
Microsoft vient de dévoiler sa « nouvelle » Xbox One S All Digital, l'E3 approche, mais Sony a décidé de prendre de l'avance en livrant quelques informations sur sa prochaine PlayStation, attendue pour 2020.
Mark Cerny, architecte en chef, s'est entretenu avec Peter Rubin de Wired pour évoquer ce projet en cours depuis quatre ans, qu'il présente comme « bien plus qu'une mise à jour ». Il faut dire que les consoles étant désormais de simples PC avec un SoC personnalisé et une couche logicielle maison, il faut mettre le paquet pour faire la différence.
Mais derrière le discours lissé et les annonces sélectionnées avec soin, que faut-il retenir ? Car la prochaine PlayStation cache la prochaine génération de puces d'AMD exploitant Zen 2 et Navi.
Zen 2 et Navi aux commandes, quid du ray tracing ?
Le SoC sera gravé en 7 nm, avec huit cœurs Zen 2 que l'on trouvera également dans les prochains Ryzen. Un saut important puisque les précédentes générations utilisaient un CPU d'entrée de gamme, basé sur Jaguar (même sur la Playstation 4 Pro), un concurrent à l'Atom lancé par AMD en 2012.
Côté GPU, c'est un dérivé de Navi qui est évoqué. Arrêtons-nous d'ailleurs un instant car, bien que l'interview ne nous apprenne rien de concret sur cette génération devant être dévoilée d'ici l'été, le support du ray tracing est annoncé, malheureusement sans plus de détails.
Car n'importe quelle machine « supporte » le ray tracing. Des moteurs de calcul sur CPU, puis sur GPU existent depuis des années. Récemment, trois éléments ont changé la donne. Les moteurs sont devenus plus efficaces, notamment avec l'utilisation de traitements de réduction du bruit en fin de calcul. AMD propose le sien, en open source.
Ensuite, Microsoft a annoncé DirectX Raytracing (DXR), une extension de DX12 permettant d'exploiter cette méthode de rendu de manière standardisée, poussant moteurs et développeurs à sauter le pas. Des extensions visant le même objectif ont également été introduites dans Vulkan. AMD n'a cependant pas annoncé de pilotes compatibles, tant pour ses cartes actuelles que celles à venir. La société se refuse à tout commentaire sur le sujet.
Enfin, NVIDIA a introduit ses RT Cores et Tensor Cores au sein des GeForce RTX, permettant une accélération matérielle du ray tracing et son utilisation en temps réel, tant dans les moteurs de rendu 3D professionnels que les jeux où cette technologie est utilisée de manière plus ou moins complète.
Les premières unités prennent en charge les calculs liés aux intersections, les secondes la phase de réduction du bruit (notre analyse). Mais même avec la puissance des RTX 2060/2070 et 2080 (Ti), il reste complexe d'assurer un fonctionnement à plus de 60 fps dans des jeux récents, avec un bon niveau de détail.
Dès lors, qu'attendre de Navi ? Impossible à dire suite à cette interview qui ne permet que d'affirmer que le GPU de la prochaine PlayStation aura accès à une API pour le Raytracing. Mais bénéficiera-t-il d'une accélération matérielle ? Sera-t-il possible d'en profiter sur des titres existants tels que Battlefield V ou Shadow of the Tomb Raider ? Quel niveau de performance est à attendre ? Impossible à dire pour le moment. Méfiez-vous donc des reprises tonitruantes sur le sujet.
Cerny semble d'ailleurs préparer le terrain, expliquant que le ray tracing peut être exploité pour autre chose que les graphismes, citant l'exemple d'un suivi de rayons pour déterminer si un joueur peut entendre ou non certains bruits, comme les pas d'un ennemi.
Rien n'a été dit sur l'exploitation éventuelle de l'intelligence artificielle et d'une unité de calcul dédiée, que ce soit pour la gestion des ennemis dans les jeux, l'amélioration graphique (comme le DLSS de NVIDIA) ou même un équivalent de WinML de Microsoft de manière plus générale.
Du changement dans l'audio, SSD au programme
Laissé un peu de côté sur les générations précédentes, la partie audio semble avoir fait l'objet d'attentions particulières. Cerny évoque une part plus importante de la puissance de la console dédiée à ces fonctionnalités, un DSP audio 3D ayant été intégré au SoC. L'objectif est de rendre les jeux (et les contenus multimédias ?) plus immersifs.
On apprend au passage que le PlayStation VR sera compatible avec la nouvelle console, même si Sony se refuse pour le moment à tout commentaire sur une éventuelle v2 de son casque ou même la stratégie plus globale de la société dans le secteur de la réalité virtuelle.
Les temps de chargement devraient être réduits à travers l'utilisation de SSD. Seuls ou comme caches pour un HDD stockant le gros des données ? Là aussi, on manque de détails. Le premier choix pourrait s'avérer coûteux, surtout avec des jeux nécessitant plusieurs dizaines voire une centaine de Go de stockage. Le second apparaît comme plus logique mais pourrait demander l'implication des développeurs, à moins que tout soit géré par le système.
Quoi qu'il en soit, une démonstration a été faite sur un kit de développement, avec un changement de scène passant de 15 secondes à 0,8 seconde. Mark Cerny présente la flash NAND utilisée comme plus rapide que n'importe quel SSD présent sur le marché PC, ces derniers pouvant atteindre 3 Go/s en lecture. Il dit aussi avoir travaillé avec son équipe sur le nombre d'IOPS pouvant être traités, notamment à travers l'optimisation de la couche logicielle.
Rétrocompatibilité et lecteur optique
Autre bonne nouvelle : une partie de l'héritage de la PS4 demeure. Ainsi, on trouvera toujours un lecteur optique et la rétrocompatibilité est de mise. Avec des machines restant sur une architecture de CPU x86 et un GPU Radeon, on n'en attendait pas moins. Pendant la transition, certains titres sortiront sur les deux machines.
Rien n'a par contre été précisé pour les services ou même les espoirs de Sony dans le secteur du cloud gaming. La société y est présente depuis un moment maintenant, mais va devoir sans doute repenser son offre afin de répondre à l'arrivée de Google Stadia ou même aux ambitions d'acteurs comme EA ou Microsoft en la matière.
Il faudra attendre encore quelques mois avant d'en savoir plus. La société voulait marquer les esprits avant l'E3, mais a encore du temps devant elle pour préciser ses ambitions.