Les étages principal et supérieur d’Ariane 6 sont en route pour la Guyane où ils vont être assemblés afin de former le « corps central » de la fusée qui participera aux tests combinés – en avril si tout va bien – avec le pas de tir et les installations au sol. La prochaine grosse étape sera le vol inaugural.
Alors que la concurrence s’est fortement intensifiée ces dernières années dans le domaine spatial – notamment avec l’arrivée des acteurs « new space » – l’Europe est largement en retard sur la mise en place de sa nouvelle génération de lanceurs que sont Ariane 6 et Vega-C. Pour rappel, leur principal objectif est de baisser les coûts, sans être réutilisables.
Ariane 6 en mode « Valve Time » ?
En attendant, Ariane 5 continue d’assurer le service. La fusée vient d’ailleurs de réaliser un superbe lancement avec le James Webb Space Telescope, renforçant au passage son image de marque. Mais cela ne suffit pas à contrer des concurrents comme SpaceX qui pratiquent des prix inférieurs.
Depuis plusieurs années, Ariane 6 et Vega-C multiplient les retards concernant leur vol inaugural : 2019, 2020, 2021, deuxième trimestre 2022 et maintenant il est question du troisième trimestre de l’année. Les choses bougent néanmoins : un « exemplaire complet d’Ariane 6 » est désormais en route vers Kourou. Il n’est pas encore question d’un lancement, mais d’avancer sur les essais combinés.
Deux étages naviguent sur les flots…
« Après la finalisation de son assemblage sur le site ArianeGroup des Mureaux et la réalisation de tous ses tests fonctionnels de réception, l’étage principal a pris le chemin du port français du Havre. Le navire a ensuite rejoint Brême, en Allemagne, pour y charger l’étage supérieur assemblé et contrôlé sur place par ArianeGroup, avant de reprendre la mer en direction de la Guyane », explique ArianeGroup. Les deux étages devraient arriver au port spatial européen mi-janvier.
« Cette première rencontre entre le nouveau lanceur européen et son pas de tir constitue une étape décisive du développement d’Ariane 6 », ajoute le fabricant. « Les équipes de l’ESA, du CNES et d’ArianeGroup travaillent d’arrache-pied pour préparer les tests combinés en Guyane, incluant les essais à feu de l’étage principal effectués directement sur le pas de tir ». Il ne faudrait effectivement pas que les opérations prennent de nouveau du retard…
L’étage principal d’Ariane 6. Crédits : ArianeGroup
« Anticiper tous les risques potentiels »
De plus, ArianeGroup n’a pas franchement le droit à l’erreur. Une des forces des lanceurs Ariane est leur fiabilité, une explosion lors du vol inaugural serait une catastrophe en termes d'image. Il est ainsi « essentiel d’anticiper tous les risques potentiels et de finaliser toutes les vérifications dans les conditions les plus proches possible du vol, pour assurer la réussite du lancement inaugural d’Ariane 6 ».
Lorsque les éléments seront dans le centre spatial guyanais, les étages destinés aux essais combinés seront intégrés horizontalement dans le nouveau « Bâtiment d’Assemblage Lanceur (BAL) », puis le lanceur sera placé à la verticale et installé sous le portique mobile.
Des opérations d’assemblage bien différentes d’Ariane 5
Ainsi, « Ariane 6 reçoit ses boosters à poudre et sa partie haute (incluant coiffe et charge utile) directement sur le pas de tir, sous le portique mobile » ; c’est en effet un changement important par rapport à l’actuelle génération de fusées.
Dans le cadre des tests combinés, les boosters n’auront pas besoin d’être allumés ; ils seront donc chargés d’une matière inerte (masse et encombrement identique au combustible) afin de tester en conditions réelles (ou presque) les opérations d’accostage au lanceur.
Si vous en doutiez encore, Ariane 6 « ne décollera pas lors des tests combinés », mais c’est l’ultime étape avant de passer aux choses sérieuses. Elle devrait se dérouler en avril… oui, de cette année !
Cette répétition générale permettra de « tester l’ensemble des interfaces et les bonnes communications entre le lanceur Ariane 6 et les installations au sol du nouvel ensemble de lancement Ariane n°4 (ELA 4) ». Les logiciels de vol ainsi que les opérations de remplissage et de vidange des réservoirs seront également examinés de près.
L’étage supérieur d’Ariane 6. Crédits : ArianeGroup
Le modèle de vol en cours d’intégration
Les prochains mois seront chargés puisque, en parallèle des essais combinés en Guyane, « un autre exemplaire de l’étage supérieur complet d’Ariane 6, appelé HFM (Hot Firing Model) et équipé de son moteur ré-allumable Vinci, va être testé sur le site du DLR, à Lampoldshausen en Allemagne ».
« Les étages du premier modèle de vol sont d’ores et déjà en cours d’intégration dans nos usines en France et en Allemagne », affirme la société
« Les essais porteront également sur l’unité de propulsion auxiliaire APU (Auxilliary Power Unit), un système innovant qui renforce la polyvalence d’Ariane 6 », explique ArianeGroup.