Ajout de la déclaration de Clever cloud.
Lancée l'année dernière, l'initiative a depuis été l'objet de nombreuses critiques, notamment du fait de son intégration d'acteurs hors d'Europe. Si l'association se félicite de cette ouverture, elle n'est pas du goût de tous, notamment Scaleway qui était parmi ses premiers défenseurs... et quitte aujourd'hui la table.
« Si certains voulaient faire imploser Gaia-X, l'opération semble bien se dérouler », nous confiait récemment un observateur du marché du cloud européen. Le projet est sous tension depuis quelques mois, alors que les acteurs non-européens semblent y gagner en influence, ce qui a motivé de nombreuses critiques récemment.
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Gaia-X et Scaleway : l'amour dure un an
Yann Léchelle, directeur général de Scaleway, portait de grands espoirs sur cette initiative à son lancement. L'entreprise, filiale du groupe Iliad, était l'un des 22 membres fondateurs, et lors de discussions à l'époque, il nous disait vouloir croire qu'il était possible de fédérer des acteurs européens autour de valeurs communes.
Ainsi, lorsque Gaia-X a renouvelé son conseil d'administration, il poussait une ligne « dure » sur le sujet, disant avoir pour sa part pré-sélectionné des membres « avec une vision claire pour modeler et renforcer le cloud européen, des infrastructures aux espaces de données, avec une valeur ajoutée européenne ».
Se présentant lui-même, il n'a pas été élu. On trouvait néanmoins nombre de représentants de sociétés françaises : Frederic Etheve (OVHcloud), Aude Gauthier-Moreau (BNP Paribas), Martine Gouriet (EDF), Vincent Guesdon (Orange) ou Philippe Mareine (Atos). Mais aussi le CISPE, membre fondateur qui compte de nombreux hébergeurs parmi ses membres (dont AWS) ou Digitaleurope où les acteurs américains ou chinois sont plus nombreux.
Gaia-X satisfait, Scaleway part, Clever cloud s'inquiète
Les dernières « affaires » autour de Gaia-X semblent avoir décidé Scaleway à jeter l'éponge. Dans un communiqué que l'entreprise nous a transmis ce matin elle indique qu'elle ne renouvellera pas son adhésion.
Suite à un article de Politico évoquant le sponsoring notamment par Alibaba, AWS, Huawei ou Microsoft du sommet annuel de Gaia-X, dont ils sont membres, Arnaud de Bermingham, Président et fondateur de Scaleway, déclarait ce matin dans un tweet : « 🤦♂️ Non, non et non la vraiment, c'est trop. Plus possible ce genre de chose ».
La société nous précise que « les objectifs de l’Association, quoi que louables au départ, sont de plus en plus détournés et contrariés par un paradoxe de polarisation ayant pour conséquence de renforcer le statu quo, c’est-à-dire une concurrence déséquilibrée. Scaleway choisit de consacrer son temps, ses capitaux et son attention à améliorer son offre multicloud, un facteur clé pour une réversibilité et une ouverture véritables ». Ambiance...
Peu après la publication initiale de cet article, Quentin Adam, patron du spécialiste nantais du PaaS Clever Cloud déclarait de son côté « assister, comme membre, au Gaia-X Summit 2021 avec de l'inquiétude et de l'espoir. L'inquiétude qu'il devienne un acte manqué de promouvoir le cloud européen, de reprendre le contrôle de notre économie numérique et de nos valeurs. Espérons que ce but puisse être affirmé et défendu ».
Cette annonce intervient alors que les tensions s'accumulent en France suite à l'annonce du « Cloud de confiance », confirmant la volonté du gouvernement de maintenir la porte des administrations ouvertes à des solutions étrangères, proposées sous licence via des partenaires français. Et la promesse de soutenir financièrement certains projets avec des fonds publics, européens et privés, sans autre engagement, n'a pas calmé tous les esprits.
De son côté, l'association Gaia-X déclarait hier avoir été confortée dans ses choix par les orientations émises par la Direction générale de la concurrence de la Commission européenne concernant les procédures et les critères d'adhésion, volontairement larges. « Gaia-X ce n'est pas construire des murs, mais créer de nouvelles opportunités en Europe, pour l'Europe et au-delà » ajoutait Francesco Bonfiglio, CEO de Gaia-X dans son communiqué.
Des ponts plutôt que des murs, donc. Reste désormais à voir qui les franchira.