Ubuntu 21.04 (Hirsute Hippo) passe à Wayland, mais ne fait pas de vagues

Pas trop vite le matin...

Ubuntu 21.04 (Hirsute Hippo) passe à Wayland, mais ne fait pas de vagues

Ubuntu 21.04 (Hirsute Hippo) passe à Wayland, mais ne fait pas de vagues

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La bêta d’Ubuntu 21.04 est disponible depuis la semaine dernière, ce qui nous a permis de passer quelque temps avec pour l'analyser. Comme souvent avec le système, les nouveautés semestrielles sont assez conservatrices, mais on trouve dans les entrailles de la bête quelques bonnes surprises.

Le système de Canonical sera disponible en version 21.04 finale le 22 avril, après une Release Candidate prévue le 15. Comme à son habitude, l’éditeur a proposé une bêta publique quelques semaines avant, afin que les personnes intéressées puissent se pencher dessus, vérifier la compatibilité de leurs applications ou tout simplement faire un tour parmi les nouveautés. Il s’agit de la 34e version du système, la troisième à utiliser la lettre H.

Contrairement à Fedora – dont nous avons récemment fait le tour de la version 34 bêta – Ubuntu est une distribution Linux moins prompte à adopter les nouveautés. À tel point que depuis plusieurs années, on pouvait presque avoir l’impression que les développeurs faisaient de simples mises à jour des composants et applications habituels, le tout dans un environnement devenu conservateur.

Ubuntu 21.04 (Hirsute Hippo) dément en partie ce constat, avec notamment un passage à Wayland que beaucoup attendaient. Que le serveur d’affichage soit utilisé par défaut depuis des années par d’autres distributions n’avait aucune importance pour Canonical, qui avait ses propres objectifs dans ce domaine.

Installation et interface générale : rien ne change ou presque

Le nouvel outil étant encore en préparation, la procédure est connue. Pour rappel, Canonical va profiter de l’arrivée de Flutter (Google) sur Linux pour moderniser nettement son interface d’installation, qui gagnerait au passage en performances et en fonctionnalités, notamment la capacité de réparer des installations existantes.

  • Ubuntu Hirsute installation
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Après cette procédure, on trouve un bureau… tout aussi classique. Le dock est toujours à gauche, les espaces de travail à droite, l’assistant d’accueil au centre. Car même si Ubuntu intègre le plus souvent la dernière révision de GNOME, Canonical a sauté cette étape : Ubuntu 21.04, qui reste sur GNOME 3.38 (plus précisément 3.38.2).

La nouvelle mouture majeure de l’environnement est simplement trop récente pour que les développeurs de Canonical aient eu le temps d’en incorporer les changements, d’autant que certains sont majeurs, comme le passage à l’horizontal des espaces de travail. Il faudra donc attendre la prochaine version 21.10.

Notez qu’il est possible d’installer GNOME 40 sur Ubuntu 21.04. DebugPoint fournit par exemple une méthode pour le faire, en passant par un PPA. Mais le site note plusieurs problèmes d’affichage après manipulation.

Rien qui empêche l’utilisation puisque globalement GNOME 40 fonctionne bien, mais il y aura des soucis de couleurs et de police. Si vous comptez vous lancer, profitez que le système est actuellement en bêta, car ces manipulations ne seront pas recommandées sur une version finale.

On pouvait s’en douter, GTK4 n’est pas non plus présent. Un constat encore moins étonnant que l’absence de GNOME 40, les applications GTK4 n’étant pour l’instant pas légion. Mais comme nous le verrons plus tard, cela n’a pas empêché Canonical d’intégrer dans Ubuntu 21.04 quelques applications GNOME 40.

Ubuntu Hirsute 21.04Ubuntu Hirsute 21.04

Signalons également que le thème par défaut dans Ubuntu est maintenant sombre. Dans de nombreux cas cependant, on retrouvera le mix classique barre sombre et contenu clair dans les applications GTK.

Le « tout sombre » sera surtout valable pour les éléments intégrés comme le fond des widgets, le panneau des notifications et du calendrier, le menu d’alimentation, etc. On note au passage que le gris retenu est un peu plus foncé que précédemment et que certaines icônes ont été revues et affinées. Dans l’ensemble, on remarque une plus grande cohérence entre les thèmes Yaru GTK et Yaru Shell.

Enfin, quelques évolutions peuvent être observées dans le gestionnaire de fichiers Nautilus. L’élément le plus notable est l’utilisation de nouvelles icônes pour les fichiers, toutes ayant maintenant la forme d’une page dont le coin supérieur droit est plié. Certaines sont simplement blanches et font apparaître l’icône de l’application liée, d’autres sont plus colorées, notamment celles issues de la suite Office de Microsoft ou de LibreOffice. Pour les images (JPG, PNG…) et les PDF, le gestionnaire affichera directement une miniature.

Toujours dans Nautilus, l’élément sélectionné à gauche n’est plus en orange mais en gris clair.

  • Ubuntu Hirsute 21.04
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Wayland et dossiers privés en tête des changements

La plus grosse évolution d’Ubuntu 21.04 est clairement le passage à Wayland par défaut. Comme dit à de nombreuses reprises, Ubuntu est bien loin d’être en avance sur le sujet, mais c’est le temps qu’il aura fallu pour que l’équipe de développement juge le système fiable.

Ce changement sera invisible pour la plupart des utilisateurs. Ils noteront peut-être une plus grande fluidité selon la machine utilisée, mais Canonical a veillé à ce que la « passation » soit tranquille. Comme dans les autres distributions, l’ancien serveur d’affichage X.org reste présent comme solution de secours. Il est possible également que les utilisateurs se servent d’anciennes applications non prévues pour fonctionner avec Wayland.

C’est particulièrement le cas des personnes utilisant des GPU NVIDIA. Pour celles-ci, Ubuntu 21.04 restera sur X.org. Ce problème a été souligné dans Fedora 34, qui travaille son support de Wayland depuis 2016. La solution est entre les mains du constructeur, qui prépare de nouveaux pilotes pour cet été. En espérant que ce soit alors réglé.

Canonical espère d'ailleurs que tout sera rentré dans l’ordre d’ici la prochaine mouture LTS (Long Term Support), Ubuntu 22.04. L’éditeur a donc un an environ pour polir son support, qu'il s'agisse de cette vieille incompatibilité chez NVIDIA, mais aussi d'autres soucis avec le partage d’écran notamment.

Autre gros changement, sans doute plus important pour certains : les dossiers personnels sont désormais privés. Car oui, ils ne l’étaient pas. Jusqu’à présent, tout nouvel utilisateur déclaré dans le système était accompagné par un dossier personnel lisible depuis les autres comptes. Cette particularité d’Ubuntu venait d’un temps où Canonical estimait que plusieurs comptes sur une machine signifiaient forcément des personnes coopérant.

Bien sûr, aujourd’hui, on ne peut plus se contenter d’une telle explication. En matière de sécurité surtout, car si l’un des comptes devait être compromis, il permettrait un accès en lecture des informations contenues dans les autres.

Le problème est donc réglé.

Composants, applications et support : quelques (petites) surprises

En cherchant parmi les applications, plusieurs surprises sont au programme. Car si Canonical reste sur GNOME 3.38, certaines viennent directement de GNOME 40. C’est particulièrement vrai dans le dossier Utilitaires comme Moniteur système, Polices, Calculatrice ou encore Analyseur d’utilisation des disques.

Certaines sont encore en bêta, mais la plupart sont en version finale. On ne sait pas ce qui a guidé les développeurs dans leurs choix. Des composants centraux comme Logiciels et Nautilus sont toujours issus de la branche 3.38, laissant planer l’idée que seules ont été importées des applications périphériques pour des besoins ponctuels.

Pour le reste, c'est très classique. Firefox est ainsi présent en version 87, Thunderbird en 78.8 et LibreOffice 7.1 s’occupera de la partie bureautique. Au cœur de la distribution, on trouve le noyau Linux 5.11, qui devrait être un dénominateur commun à toutes celles du premier semestre (il est présent dans Fedora 34). Il apporte notamment le support du Wi-Fi 6E et des solutions graphiques Xe d’Intel, augmente légèrement les performances pour les architectures Zen 2 et 3 d’AMD et fournit quelques améliorations pour RISC-V.

Sous le capot, on trouve également PulseAudio 14, BlueZ 5.56 et NetworkManager 1.30. Notez au sujet de PulseAudio que même si Ubuntu l’utilise encore par défaut, le support de Pipewire a été ajouté. Il est probable que Canonical envisage de remplacer le premier par le second, à l’instar de Fedora 34. Au vu du temps nécessaire pour basculer sur Wayland cependant, on évitera d’être trop pressé.

Comme toujours, les outils dédiés aux développeurs ont été mis à jour. Il y a d’ailleurs un changement notable : Python 3.9 est installé et utilisé par défaut. Signalons enfin que nftables est désormais utilisé comme pare-feu par défaut et que le support des smartcards a été amélioré via l’utilisation du module PAM pour SSSD (pam_sss).

Des nouveautés qu'il faut presque cacher

On ne pourra pas donc dire – une fois de plus – qu’Ubuntu 21.04 brise les habitudes. La volonté de Canonical dans ce domaine est d’ailleurs très claire, au point de donner parfois l’impression que rien ne bouge. L’entreprise prend simplement son temps, comme si sa distribution n’avait plus rien à prouver, ce qui est partiellement le cas.

Nous surveillerons donc les deux prochaines moutures de près. La 21.10 car elle devrait être synonyme d’évolutions notables de l’ergonomie avec l’arrivée de GNOME 40 ou 41, la 22.04 car elle sera la nouvelle LTS et sera privilégiée par bon nombre d’utilisateurs. Sans parler d’autres distributions qui s’en servent de base, dont Linux Mint.

En attendant, tout le monde peut installer la bêta d’Ubuntu 21.04. Comme d’habitude, nous vous recommandons de le le faire sur une machine dédiée et non en production. Si vous souhaitez en arpenter un peu les modifications, une simple machine virtuelle peut suffire, via des solutions gratuites comme Machines (GNOME) ou VirtualBox.

Commentaires (17)


Purée, depuis qu’ils sont partis sur leur délire de violet/orange/gris/noir/flashy je trouve qu’Ubuntu ne fait vraiment plus aucun effort sur les finitions. Pourtant la sobriété et les bonnes finitions sont vraiment ce qui m’avait attiré sur cette distrib dès les premières versions. La première version “tout marron” était vraiment un exemple de sobriété et de simplicité.



C’est dommage parce qu’avec l’excellent taf de l’équipe Gnome ces dernières années, y’a pas grand chose à faire pour fournir un desktop joli et bien fini. Fedora par exemple est vraiment superbe out of the box.


bah prend xfce :)


tsukasagenesis

bah prend xfce :)


Je sais qu’on peut changer tout ça, ça fait bientôt 20 ans que je joue avec Linux :) Mon premier DE c’était KDE 3 sur une Mandrake Live achetée à Carrouf (oui oui !)



Mais la proposition initiale d’Ubuntu à l’époque c’était quand même de ne pas avoir à tweaker des trucs dès l’installation et d’avoir un OS bien fini sur lequel tu peux commencer à travailler sans avoir à bricoler des trucs. Bricoler et personnaliser, c’est très bien que ce soit possible, c’est dommage que ce soit “nécessaire”. Aujourd’hui même une Debian Gnome de base est plus agréable “out of the box” qu’Ubuntu.


Tu peux installer gnome-tweaks et repasser sur le thème Adwaita


j’avoue que même si ça reste subjectif, le choix des couleurs est quand même discutable (c’est moche, faut le dire)


j’ai connu cette version …. Quel coup de vieux :phibee:


Normale Fedora ne change rien au thème de Gnome. (ou de KDE)


Il n’y a que moi que ça énerve d’avoir les boutons OK or ANNULER en haut dans la barre de titre plutôt que dans le bas de la fenêtre sur presque toutes les modales ?



Dans toutes les cultures, on lis de haut en bas, revenir en haut de la boite de dialogue après sa lecture pour valider/annuler est d’une stupidité ergonomique monumentale…


100% d’accord, mais c’est le choix de “gnome” il me semble…


:bravo: Ce titre :bravo:




Alfred1664 a dit:


Il n’y a que moi que ça énerve d’avoir les boutons OK or ANNULER en haut dans la barre de titre plutôt que dans le bas de la fenêtre sur presque toutes les modales ?




Non




eglyn a dit:


j’avoue que même si ça reste subjectif, le choix des couleurs est quand même discutable (c’est moche, faut le dire)




Oui



Mais les deux points font partie de l’image de marque, la signature ubuntu, ubuntu qui rassemble et accorde tout le monde: c’est déroutant, ça donne pas envie :)
Trolldi…



Surtout, j’attends les retours sur un déploiement massif de wayland. Je ne suis pas sûr du rapport bénéfice/risque (maintenant qu’on est tous des pros là dedans), car de nombreux logiciels pointaient l’absence de fonctionnalités de ce compositeur (dont OBS il me semble, et différents softs de capture et de prise de contrôle à distance).



Wayland m’a toujours paru adapté aux tablettes/téléphones, mais pour du pro, j’attends de voir.



Je vais remettre DirectFB tiens :)



Edit: - remarque - j’étais très circonspect sur l’activation par défaut du backend opengl/dri dans les compositeur (vers la 11.04/12.04 je crois), je pensais que ça allait être terrible pour mon i945 de l’époque et ma batterie. Je me rappelle qu’il n’en n’a rien été - sauf que j’ai lâché ubuntu à l’époque car pour des raisons ACPI mon PC plantait au hasard sous Linux à partir de 12.04, et personne n’a résolu le problème ou ne m’a aidé à le résoudre)


Dommage de ne pas autant parler sur ce site des évolutions du bureau KDE Plasma et des distributions qui l’utilisent. On dirait que vous avez choisi de ne parler que de GNOME et ce qui tourne autour.



Alfred1664 a dit:


Il n’y a que moi que ça énerve d’avoir les boutons OK or ANNULER en haut dans la barre de titre plutôt que dans le bas de la fenêtre sur presque toutes les modales ?



Dans toutes les cultures, on lis de haut en bas, revenir en haut de la boite de dialogue après sa lecture pour valider/annuler est d’une stupidité ergonomique monumentale…




Mais qui fait ça ? Un dev UI/UX transfuge de Firefox qui n’a pas pu imposer ça sur le navigateur ? :o (Désolé : je saute de la news Firefox 89 Proton à ça … Et je lis ce commentaire, … )



Je n’ai jamais été un grand fan des choix ergonomiques sous Linux (j’aime bien la ligne de commande en revanche, et les utilitaires en ncurses : y a que ça de vrai :D), mais quand même celui là, il atteint un niveau :o


J’espère qu’on pourra faire du partage d’écran en visio sous wayland avec cette 21.04. Je suis sous la 20.10 depuis 6 mois et sous wayland tout est bcp plus fluide et surtout les hautes résolutions sont bcp mieux supportées, notamment avec le multiscreen et les ratio de grossissement.
Il manque qqs petites choses mais globalement c’est très bien par rapport à xorg.



J’aimerais bien qu’ils bossent un peu leur menu en haut à gauche ya bcp de compléments GNOME qui pourraient être natif notamment au niveau du choix des sorties audio ou encore du choix des periph bluetooth. Heureusement qu’il y a de super dev qui facilitent mon quotidien et réduisent le nb de clic :D



Bon sinon pour contraster avec le reste des com, pr être passer en desktop de debian à Ubuntu depuis 2 ans c’est une excellente distri, très stable et c’est vrai qu’elle avance lentement mais on peut aussi en faire ce que l’on veut. Quant à GNOME je le trouve extrêmement moderne tout comme les choix de couleurs. Comparé à unity (on a l’impression que Unity à 20 ans sincèrement ) C’est le jour et la nuit.



Après les goûts et les couleurs…



(quote:1866320:brice.wernet)
Surtout, j’attends les retours sur un déploiement massif de wayland. Je ne suis pas sûr du rapport bénéfice/risque (maintenant qu’on est tous des pros là dedans), car de nombreux logiciels pointaient l’absence de fonctionnalités de ce compositeur (dont OBS il me semble, et différents softs de capture et de prise de contrôle à distance).




Pour OBS, c’est sur le point d’être réglé.



jpaul a dit:


Je sais qu’on peut changer tout ça, ça fait bientôt 20 ans que je joue avec Linux :) Mon premier DE c’était KDE 3 sur une Mandrake Live achetée à Carrouf (oui oui !)



Mais la proposition initiale d’Ubuntu à l’époque c’était quand même de ne pas avoir à tweaker des trucs dès l’installation et d’avoir un OS bien fini sur lequel tu peux commencer à travailler sans avoir à bricoler des trucs. Bricoler et personnaliser, c’est très bien que ce soit possible, c’est dommage que ce soit “nécessaire”. Aujourd’hui même une Debian Gnome de base est plus agréable “out of the box” qu’Ubuntu.




Une des raisons pour lesquelles je me suis finalement arrêté à Linux Mint : tout est OK dès l’install, rien à tweaker pour s’y mettre direct.


Petite mention pour Pop!_OS dans la même veine, peut être plus proche d’Ubuntu car ils utilisent Gnome 3, mais je crois qu’elle peut contenir des choses non libres, comme le driver Nvidia.


Pour ma part, j’utilise la “version” budgie, qui est agréable, fluide, élégante et relativement légère ( je l’ai installée sur des portables qui ont plus de 10 ans, et ça fonctionne sans sourciller !)


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