Mi-décembre, le régulateur des télécoms publiait son premier observatoire du déploiement de la 5G, avec de fortes disparités entre les opérateurs, et donc des conséquences pour leurs clients. Il vient d’être mis à jour et les opérateurs en ont profité pour corriger certaines données.
Pour lancer son réseau 5G en décembre, Free Mobile avait massivement réutilisé des antennes dans les 700 MHz afin de couvrir une large proportion de la population rapidement : 40 % au lancement. Dans une moindre mesure, Bouygues Telecom avait fait de même avec les 1,8/2,1 GHz.
De leurs côtés, SFR et surtout Orange déployaient une proportion largement plus significative de sites dans la bande des 3,5 GHz, avec jusqu’à 73,5 % des sites pour l’opérateur historique. Cette bande est importante, car elle est au cœur de la 5G : les opérateurs ont plus d’espace et pourront proposer le plus de débit.
Un mois plus tard, qu’en est-il ?
8 675 sites 5G en services, dont 5 640 chez Free Mobile
Voici le bilan tel que donné par le régulateur des télécoms mi-janvier :
- Bouygues Telecom : 1500 sites en 5G (+79) en un mois, dont 145 sur les 3,5 GHz (9,7 %)
- Free Mobile : 5 640 sites 5G (+357), dont 322 sur les 3,5 GHz (5,7 %)
- Orange : 742 sites en 5G (+115), dont 579 en 3,5 GHz (78 %)
- SFR : 793 sites en 5G (+500), dont 152 en 3,5 GHz (19,2 %)
Premier point étonnant, les chiffres ne sont pas en phase avec ceux de l’observatoire du 15 décembre 2020. Si l’on soustrait la progression sur un mois, on n’arrive pas à ceux de décembre, il y a de petits écarts. En effet, Bouygues Telecom était à 1 344 sites activés mi-décembre (soit 156 de moins au lieu de 79), Free Mobile à 5 303 (337 de moins au lieu de 357), Orange à 646 (96 de moins au lieu de 115) et SFR à 278 (515 de moins au lieu de 500).
Nous avons contacté le régulateur pour obtenir des explications sur ces différences de quelques dizaines de sites.
Entre décembre et janvier, le compte n’est pas bon
Le service presse nous répond que « les opérateurs ont pu "corriger" leurs reportings entre ce qu’ils ont envoyé mi-décembre » et aujourd’hui ; dommage de ne pas l’avoir indiqué dans l’observatoire. Quoi qu’il en soit, les chiffres publiés en ce mois de janvier correspondent aux données envoyées « il y a trois jours » par Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR.
Voici les chiffres de décembre, en se basant sur les déclarations de janvier (nous avons pris le nombre de sites activés et soustrait la progression sur un mois) :
- Bouygues Telecom : 1 414 sites mi-décembre, au lieu de 1 344, soit un écart de 77 sites
- Free Mobile : 5 283 sites mi-décembre, au lieu de 5 303, soit un écart de -20 sites
- Orange : 627 sites mi-décembre, au lieu de 646, soit un écart de -19 sites
- SFR : 293 sites mi-décembre, au lieu de 278, soit un écart de 15 sites
Bouygues Telecom avait donc 77 sites 5G en services de plus que ce qu’il avait annoncé, contre 15 pour SFR. Par contre, Orange et Free Mobile étaient trop « optimistes », avec 19/20 sites en services de moins que ce qui avait été annoncé en décembre. Dans tous les cas, pas de quoi bouleverser l’ordre établi, mais on espère que les petits cafouillages du début seront rapidement supprimés.
Cet écart rend par contre caduque la comparaison sur le nombre de sites 5G en service sur les différentes bandes, et notamment celle des 3,5 GHz, celles au cœur de la 5G car les opérateurs ont entre 70 et 90 MHz de spectre, largement plus que dans les autres fréquences. En effet, l’Arcep ne donne la progression que pour l’ensemble des sites en services.
Les cartes de couvertures 5G en décembre, les mêmes en janvier
SFR à fond les ballons sur les 1,8/2,1 GHz
Quoi qu’il en soit, Orange est toujours largement en tête avec 579 sites 5G sur les 3,5 GHz, suivi par Free Mobile avec 322 (l’écart entre les deux opérateurs reste à peu près le même sur un mois). SFR et Bouygues Telecom sont toujours à bonne distance des deux premiers, avec respectivement 145 et 152 sites 5G sur les 3,5 GHz.
En pourcentage, trois opérateurs ont augmenté le ratio de sites 5G en 3,5 GHz : Orange arrive à 78 % (+4,5 points), Bouygues Telecom à 9,7 % (+1,1 point) et enfin Free Mobile à 5,7 % (+1,5 point).
Ne reste donc que SFR qui passe de 34,9 % à 19,2 %, soit une baisse de 15,7 points. Cela s’explique simplement : sur les 500 sites supplémentaires revendiqués par la marque au carré rouge, une très large majorité d’entre eux réutilise des fréquences de 1,8/2,1 GHz.

Les autorisations à l’ANFR, les mises en service à l’Arcep…
Pour rappel, l’ANFR a récemment publié son observatoire des autorisations accordées sur la 5G, en date du 7 janvier… On se retrouve donc pour le moment avec un observatoire des sites mis en service à l’Arcep et un autre à l’ANFR pour les autorisations (alors que l’ANFR publie les autorisations et mises en services sur la 4G)… avec en prime des dates qui ne sont même pas alignées. On a vu plus pratique pour suivre et comparer.
Ce n’est pour rappel pas une surprise puisque Sébastien Soriano (ancien président de l’Arcep) avait déjà annoncé que l’Autorité « pren[ait] la main » sur l’Agence nationale des fréquences sur les mises en service.
« C’est un observatoire qui se fait en bonne intelligence avec l’ANFR et, si elle le souhaite (nous n’avons pas de retour d’eux sur ce point), nous pourrons inscrire des données que souhaiterait inscrire l’ANFR, si c’est pertinent », ajoutait-il. Pour le moment, ce n’est pas aussi simple… Voilà un autre sujet que va récupérer Laure de La Raudière si elle est confirmée comme présidente de l’Arcep.
On remarque que Free est toujours le seul à s’intéresser aux 700 MHz pour déployer de la 5G, les trois autres n’ayant aucune autorisation sur cette bande. De son côté, Free boude les fréquences de 1,8/2,1 GHz où il n’a aucune autorisation, contrairement à ses concurrents.
Sur les 3,5 GHz, Orange est en tête avec 1 309 autorisations, Free Mobile second avec 941, Bouygues Telecom troisième avec 821 et SFR quatrième avec 775. Attention, une autorisation ne signifie absolument pas qu’une antenne est en service, simplement que l’opérateur a obtenu le feu vert de l’ANFR.
Le bilan des autorisations au 7 janvier à gauche, les variations depuis le 1er décembre à droite