Dans le domaine des cartes mères pour serveurs, Gigabyte a su se démarquer ces dernières années, notamment avec une offre destinée aux processeurs AMD de plus en plus étoffée. Le constructeur propose depuis peu un modèle sur socket AM4 qui pourrait en intéresser plus d'un, notamment pour un Home Lab.
Lorsque l'on parle de cartes mères pour serveurs, il est souvent question de modèles nécessitant des processeurs spécifiques, avec de couteuses options. De quoi décourager ceux qui cherchent simplement un modèle abordable, équipé d'IPMI/BMC pour en assurer la gestion distante même en cas de problème.
ASRock Rack l'a bien compris et a surfé sur la mode des Home Lab ces dernières années en proposant des modèles « serveur » destinés à des processeurs grand public ou pour station de travail. Plus récemment, la branche destinée aux entreprises du Taïwanais Gigabyte a décidé de suivre la même tendance.
On l'a vu lors de notre test de leur MX33-BS0 ou de l'annonce de nouveaux modèles AMD. La mise sur le marché de la MC12-LE0 suit la même tendance. Basée sur le chipset B550, elle permet de placer un simple Ryzen dans des serveurs. Une tendance qui intéresse bien au-delà des Home Lab : même les hébergeurs s'y mettent.
Mais en pratique, qu'est-ce qu'elle a dans le ventre ? Nous l'avons analysée pour nous faire une idée.
Une carte basique mais complète, parfaite pour un NAS
Première bonne nouvelle : Gigabyte n'a pas joué la carte de la débauche côté caractéristiques. La MC12-LE0 est ainsi un modèle Micro ATX avec un chipset milieu de gamme mais récent, le B550, qui peut apporter tout ce qui est nécessaire à un serveur sans verser dans l'excès. Certains regretteront néanmoins l'absence de réseau à 10 Gb/s.
En effet, on a simplement droit à 2x 1 Gb/s (Intel I210-AT) en plus du port RJ45 servant à la gestion distante (Realtek RTL8211E). Celui-ci est relié à une solution ASpeed AST2500. On peut néanmoins compléter la carte via l'un de ses deux ports PCIe 4.0 : un x16 et un x4. Le premier est suffisamment espacé du second pour que l'on y place une carte occupant deux emplacements. Attention néanmoins, c'est là que se trouve le seul connecteur M.2 2242/2280.
Autre regret, celui-ci est de type PCIe 3.0 x1, n'espérez donc pas y placer un foudre de débit. Pensez également à l'utiliser avec un dissipateur si une carte graphique est utilisée par exemple. Pour certains, le principal sera ailleurs : la carte dispose de six ports S-ATA, de quoi utiliser de nombreux HDD, pour un NAS par exemple.
Pour le reste, on dispose d'une connectique plutôt classique : deux USB 3.1 (5 Gb/s), des ports VGA et série pour la sortie console, de quoi ajouter des ports USB 2.0 et 3.1 (5 Gb/s) sur le PCB, on a même droit à un connecteur Type-A directement, à utiliser lors d'une installation initiale ou pour laisser un périphérique dans le serveur.
Une carte bel et bien destinée aux serveurs
Un connecteur TPM permet d'en connecter un de manière physique (CTM010), pour ceux ne voulant pas de sa déclinaison logicielle, gérée par le processeur. Côté mémoire, on a droit à quatre emplacements pour de la DDR4, jusqu'à 3,2 GHz. Les modèles ECC et non ECC sont gérés, jusqu'à 4x 32 Go selon Gigabyte.
Modèle pour serveur oblige, le socket AM4 est placé à 90° par rapport à une carte mère classique, pour favoriser un refroidissement allant de l'avant à l'arrière du serveur. Il en est de même pour les emplacements DDR4 qui ne doivent ici pas freiner le flux d'air des ventilateurs dans un rack. On trouve d'ailleurs six connecteurs PWM pour ces derniers et d'autres raffinements comme un bouton d'identification à LED que l'on peut allumer à distance.
Le BIOS est assez complet et l'on appréciera que, contrairement à la MX33-BS0, le support d'IOMMU soit bien de la partie, avec la possibilité de gérer le passthrough PCIe. Nous avons ainsi pu partager une carte réseau et une carte graphique avec une machine virtuelle installée via Proxmox VE 7.2 (voir la capture en fin d'article).
La gestion distante se fait via l'habituel BMC et son interface HTML5, notamment pour le KVM. Attention, le mot de passe par défaut correspond au numéro de série de la carte (plutôt que les habituels admin/admin). Par contre il faudra toujours faire sans clavier français, seuls l'anglais et le chinois étant proposés.
L'ensemble est plutôt classique, toujours assez complet. On apprécie néanmoins la présence de quelques options que l'on ne voyait pas habituellement comme la possibilité de sélectionner le périphérique de boot dans l'interface HTML5 du KVM, on peut aussi accéder au BIOS dans une interface web, etc.
La gestion distante peut également se faire à travers le standard IPMI ou les outils spécifiques de Gigabyte tels que Server Management (GSM) ou la CLI maison. Ils s'appuient sur IPMI mais également le standard Redfish pour assurer une gestion plus souple et notamment de flottes de serveurs.
Ils permettent d'ailleurs un accès depuis un appareil mobile avec une intégration à VMware vCenter.
Une carte intéressante mais peu disponible
Seul regret finalement : que ce modèle ne soit pas encore vraiment distribué via des canaux classiques. Espérons que des revendeurs comme LDLC, qui ont su proposer des modèles ASRock Rack afin de les rendre accessibles au plus grand nombre, proposeront également cette référence dans les semaines à venir à un prix raisonnable.
Pour le moment, il faudra vous tourner vers Gigabyte pour de la vente en direct ou via ses importateurs en France, le tarif dépendra alors de la quantité demandée. On note d'ailleurs que la B550D4-4L d'ASRock Rack n'est pas mieux distribuée chez nous, dommage. On la trouve à un peu moins de 330 dollars outre-Atlantique.
Cette MC12-LE0 est en tous cas composée de manière à ce que chacun puisse y trouver son compte : amateurs de HDD, adeptes de réseau rapide ou de GPU, le tout dans un design compact et passif. Certes, on aurait aimé une déclinaison avec des cages SFP+, mais cela pourra venir dans un second temps. Et pourquoi pas en AM5 ?
Ceci est une machine virtuelle avec GPU et réseau à 25 Gb/s en passthrough PCIe
David Legrand est responsable de l'évaluation Hardware chez Clever Cloud. Dans le cadre de la publication de ses articles dans nos colonnes, il s'est engagé à suivre notre charte d'engagements déontologiques.