Un processeur Ryzen Pro et sa partie graphique dans un PC de 350 ml, ça vous parait difficilement possible ? C'est pourtant le pari fait par Lenovo avec son M75n, une machine compacte et à petit prix, désormais disponible sur le marché français. Voyons ce qu'elle a dans le ventre.
Lorsque l'on pense au marché des mini PC, des marques comme Shuttle nous viennent rapidement en tête, Intel avec ses NUC, Gigabyte et ses BRIX et autres dérivés du même genre. ASRock s'est aussi démarqué ces dernières années à travers des gammes plus ou moins évolutives et compactes. Mais des acteurs plus classiques sont aussi présents.
Notamment ceux qui proposent des solutions pour entreprises, comme Dell, HP ou encore Lenovo. Chez ce dernier, il s'agit de la gamme ThinkCentre « M » qui, outre des formats classiques et autres tout-en-un, sont proposés dans des versions Tiny et Nano. En juin dernier, le constructeur annonçait d'ailleurs son M75n.
Un PC de 350 ml seulement, avec une épaisseur de 22 mm et un poids de 505 grammes, équipé d'un processeur Ryzen Pro Mobile. L'idéal pour une intégration discrète ou lorsque la machine doit être régulièrement transportée. Le constructeur évoquait alors une solution efficace ne sacrifiant pas la connectivité, étant assez discret à son sujet depuis. Pour la tester, nous sommes donc partis à la recherche d'un modèle commercial.
Format compact et Ryzen Pro, dès 386 euros
Dans sa boutique, Lenovo propose quatre déclinaisons du M75n, avec un Ryzen Pro 3300U ou 3500U selon les cas, de 458,10 euros à 739 euros pour les modèles de base. On trouve également des déclinaisons à base d'Athlon Silver 3050e chez des revendeurs tiers tels que PC21, mais pas toujours à des tarifs très attractifs.
L'avantage du site officiel est qu'il permet d'adapter la configuration à vos besoins. Vous pouvez par exemple prendre le modèle le moins cher mais un 3500U plutôt qu'un 3300U pour 30 euros de plus. Si la mémoire est forcément de 2x 4 Go (DDR4 à 2,4 GHz), la capacité du SSD M.2 (128 Go) peut être augmentée, un second peut être installé.
Machine pour les « Pro » oblige, le Wi-Fi 5 est une option (10 euros). Autre accessoire possible, mais non inclus de base : un kit de montage VESA ou pour rail DIN. Quel que soit votre choix, le tarif sera de 10 euros.
On peut passer à l'édition professionnelle de Windows 10 pour 70 euros, mais les adeptes de Linux apprécieront que l'on puisse économiser 60 euros pour recevoir une machine sans OS. Au minimum, elle coûtera donc 404,1 euros. Ce prix intègre un clavier et une souris dont vous pouvez également vous passer. Ils permettent de gagner 10 euros chacun, mais avec le jeu des remises, le tarif minimal sera de 386,10 euros :
Une machine bien pensée, facile à démonter
Nous avons reçu la machine dans sa version avec un Ryzen Pro 5 3500U, un SSD de 1 To (OPAL 2.0), le clavier et la souris. Le packaging était au final très imposant, ce qui tranche face à la compacité de ce PC. Ses dimensions mesurées sont de 179 x 88 x 22 mm, soit un volume de 346,5 ml. Il était plus léger qu'attendu : 468 grammes.
Comme annoncé, la connectique est plutôt complète. À l'arrière on trouve un port réseau (1 Gb/s), un USB 2.0, un USB 3.1 (10 Gb/s) Type-A et un second Type-C avec gestion de l'alt-mode DisplayPort. Il n'y a pas de HDMI, mais une autre sortie DisplayPort. Format compact oblige, certains ports USB sont assez proches les uns des autres, obligeant parfois à l'utilisation de rallonges (non fournies). Le connecteur d'alimentation est au format propriétaire de Lenovo.
L'adaptateur fourni est un modèle classique de 65 watts (20 V pour 3,25 A). Mais le constructeur cache ici une surprise plutôt appréciable : sa machine peut être alimentée à travers un écran via le port USB Type-C. Nous l'avons reliée à un adaptateur secteur Power Delivery de 65 watts, elle fonctionnait alors sans problème.
Le port USB Type-C à l'arrière peut être utilisé pour alimenter la machine
En façade on trouve le même trio USB : 2.0, 3.1 (10 Gb/s) Type-A et Type-C. Cette fois, il n'est pas possible d'utiliser ce dernier pour le relier à l'écran ou alimenter la machine. On apprécie au passage l'effort fait par Lenovo pour indiquer les possibilités de ses ports via des logos, des mentions encore trop rares. Mais on comprend mal ce qu'un port USB 2.0 fait en façade, alors que l'on branche habituellement clavier et souris à l'arrière. Dommage.
Tout à droite de la façade on a un connecteur jack pour casque/micro, à gauche le bouton Power comprenant une LED. Le logo ThinkCentre sur le dessus de la machine indique également son statut. Des aérations sont présentes sur les côtés et le dessous de la machine, la circulation de l'air se faisant de la droite vers la gauche.
Des petits pieds en caoutchouc permettent de la surélever légèrement. L'ouverture ne nécessite que de retirer une vis et de faire glisser la partie inférieure vers l'avant. Un autre détail de finition plutôt appréciable. Cela donne accès aux emplacements M.2 pour les SSD ou la carte Wi-Fi ainsi qu'au ventirad.
La partie supérieure se retire aussi facilement, avec deux éléments à déclipser puis un système de glissière. On voit alors le large dissipateur du processeur et l'autre côté du ventilateur. Ils sont maintenus par quelques vis. La procédure de démontage complète est détaillée dans le manuel d'utilisation du M75n.
Un BIOS/UEFI aux aspects séduisants
Les finitions appréciables se retrouvent également dans la couche logicielle. La machine est ainsi livrée avec un ensemble d'outils d'information et de diagnostic accessibles en pressant la touche F10 au démarrage de la machine.
Le BIOS/UEFI propose pour sa part différentes options appréciables, comme la possibilité de démarrer automatiquement à une heure de la journée, un jour de la semaine, etc. On peut (dés)activer chaque port USB indépendamment, comme d'autres éléments (Bluetooth, Wi-Fi, LAN, etc.). Seul regret : il est impossible de démarrer sur une cible iSCSI comme on le voit parfois dans de telles machines, ce qui peut avoir un intérêt en entreprise.
La ventilation accepte, elle, trois modes de fonctionnement : Performance (par défaut), Experience ou Full Speed. Ici on aurait apprécié d'avoir la possibilité de gérer les choses un peu plus finement, manuellement.
Sous Windows 10, Lenovo propose son application Vantage permettant d'obtenir des informations sur l'ordinateur, sa garantie et gérer les mises à jour. L'outil est simple à l'usage, peu contraignant. C'est plutôt une bonne chose.
Le silence plutôt que les performances
Ne vous fiez pas à son nom, le Ryzen Pro 5 3500U est un modèle pour PC portables et autres machines compactes dotées de 4 cœurs (8 threads) Zen de 1re génération gravés en 12 nm. Ils sont accompagnés de 2+4 Mo de cache L2/L3 et cadencés en théorie entre 2,1 GHz et 3,7 GHz. Mais cela dépend du TDP, configurable entre 12 et 25 watts.
S'agissant d'un modèle « Pro », il peut profiter des mécaniques de sécurité propres à cette gamme comme le chiffrement mémoire par exemple, mais aussi de la gestion distante via le protocole DASH. Autre point qui intéresse parfois les entreprises : sa plateforme est « stable » sur plusieurs années, avec une garantie plus longue.
Sa partie graphique est de type Vega 8, cadencée elle à 1,2 GHz. Là aussi les performances dépendront du TDP et du système de refroidissement. Ici, le processeur est configuré par défaut : 15 watts. On apprécie que Lenovo ait fait le choix du silence puisque même en pleine charge, la machine ne se fera que peu entendre.
Cela n'est bien entendu pas sans effet sur les performances, comme nous le verrons plus loin. Mais l'objectif d'un tel PC est en général d'être discret avant tout. Côté consommation, nous avons relevé 5 watts au repos, 20 à 30 watts en pleine charge CPU (sur un ou plusieurs cœurs), avec une pointe à 40 watts pendant de courtes durées.
Cela s'explique de manière assez simple : lorsque tous les cœurs sont sollicités, le processeur grimpe à 3,2 GHz, mais se retrouve rapidement limité par son TDP et la fréquence baisse peu à peu, jusqu'à un peu moins de 2 GHz. Pour maintenir une température correcte (dans les 70°C), il active alors une autre mécanique de réduction de ses performances, ce qui lui permet de grappiller encore quelques watts et d'obtenir le résultat constaté.
C'est la même chose dans les jeux. Avec Diablo III par exemple, en 1080p en plaçant tous les paramètres graphiques au maximum avec un AA « plein écran », on grimpe à un peu plus de 41 ips les premiers instants, puis les performances baissent peu à peu jusqu'à se stabiliser aux alentours de 27 ips. On tombe à 22 ips avec un AA élevé.
Ainsi, la machine apparait surtout taillée pour un usage bureautique où il y aura parfois besoin d'un petit coup de fouet. Elle pourra ainsi grimper en fréquence quelques secondes, mais il ne faut pas compter sur elles pour assurer de grosses performances avec des charges qui se maintiennent dans la durée.
Ainsi, le rendu de la scène bmw27 via Blender 2.92 sur GPU a demandé 14min07s au M75n de Lenovo, 14min53s sur CPU. Le PN50 d'ASUS avec un 4300U avait nécessité un peu plus de 14 et 11 minutes lors de tests similaires.
Un indicateur est assez parlant : le ratio de performances 1T/8T sur Cinebench R23 est plus proche des 3x que des 4x, avec un score qui varie parfois de quelques centaines de points si on lance le test multi-CPU de manière trop rapprochée. Il se situe en général entre 2 500 et 3 000 point avec une moyenne entre les deux :
Deux tests, deux résultats différents
On est dans tous les cas en retrait face à un modèle disposant de l'architecture Zen 2. On peut d'ailleurs le vérifier avec un test plus court, comme OpenSSL qui ne dure que 10 secondes :
OpenSSL - RSA 4096 bits - 1 CPU :
- 182 signatures/s
- 11 782 vérifications/s
OpenSSL - RSA 4096 bits - 4 CPU :
- 679 signatures/s
- 43 585 vérifications/s
Pour rappel, un Ryzen 3 4300U tel qu'implémenté dans le PN50 d'ASUS obtenait 264 et 1 042 signatures par seconde dans ce test, malgré le fait qu'il soit de type 4C/4T et non 4C/8T comme le 3500U. On est néanmoins bien au-dessus des systèmes d'entrée de gamme à base d'Atom comme l'Odroid H2+ et autres Raspberry Pi 4(00).
Le SSD 1 To de chez SK Hynix affiche pour sa part d'assez bons résultats :
Notez que sous ATTO, nous avons parfois relevé des performances aléatoires en lecture, qui passaient de 3,2 Go/s à 1,7 Go/s sur certaines tailles de bloc. Cela ne devrait dans tous les cas pas poser de problème au quotidien.
Une machine discrète et efficace
Un adepte de mini PC ne peut qu'être séduit par cette machine. Tout d'abord parce que Lenovo montre ici que c'est bien dans les détails de finition que l'on apprécie le savoir-faire d'un constructeur. La machine est facilement démontable, complète, peut être alimentée en USB Type-C, plutôt silencieuse. Que demander de plus ?
La vente directe est aussi un bon choix puisque l'on peut configurer le M75n à sa guise, ne pas y intégrer d'OS, disposer de plus ou moins d'accessoires, etc. Le tarif de départ est alléchant au regard de la configuration proposée, même s'il ne s'agit pas des plus récents Ryzen Mobile : 386,10 euros. Seul regret : le délai de six semaines annoncé pour les versions personnalisées, contre quelques jours pour ceux prémontés, à 689 euros minimum.
On voit néanmoins ici qu'AMD a toute sa place dans des ordinateurs compacts, que l'on veuille un PC de bureau discret, un petit serveur ou une solution à utiliser au salon. Dans ce dernier cas, il vous faudra un adaptateur DisplayPort/HDMI pour la connexion à votre TV, un modèle passif s'étant montré suffisant selon nos tests.