AMD Ryzen, 32 Go de DDR4, BMC, 10 GbE : on monte notre station de travail compacte

VM or not VM ?
AMD Ryzen, 32 Go de DDR4, BMC, 10 GbE : on monte notre station de travail compacte

Entre le PC classique au format tour et le serveur rackable, il existe des machines à vocation professionnelle, qui se distinguent par leurs usages et leurs composants. Nous avons décidé d'en monter une, performante, à format et prix compacts, loin des pratiques habituelles du genre.

Après avoir monté notre premier serveur 1U puis transféré ses composants dans un boîtier dédié au stockage avec six baies extractibles, nous voulions disposer d'une machine avec plus de punch, mais sans excès.

Le serveur tour plutôt que rackable

On trouve de telles solutions dans de petites structures (PME/TPE) ou professionnels individuels, qui n'ont pas besoin d'une solution à placer en rack. Ce serveur sera en effet le seul utilisé (avec une redondance locale et/ou distante). On pense aux PowerEdge et Precision de Dell, aux ProLiant ML de HPE ou aux ThinkStation et ThinkSystem de Lenovo.

Nos critères principaux étaient donc de garder la gestion distante et un format compact, mais en disposant d'un processeur à huit cœurs (16 threads) sans exploser le budget – rare dans de tels systèmes – tout en ayant la place pour une carte graphique haut de gamme, donc potentiellement longue.

Cette machine doit couvrir tant des usages de type station de travail que de la virtualisation de systèmes et d'applications. Le stockage n'est ici pas un enjeu puisqu'il pourra se faire à travers le réseau et un NAS complémentaire. Il faut par contre se contraindre à un format et un budget raisonnables.

AMD et ses Ryzen aux commandes

Tant de critères qui nous ont poussé à nous passer d'Intel pour le processeur. Le premier modèle 8C/16T au sein de la gamme du fondeur est le Core i7-9700K, proposé à un peu moins de 450 euros dans le meilleur des cas et le plus souvent aux alentours de 500 euros. C'est pire du côté des Xeon, les E-2100 étant de toutes façons limités à six cœurs.

On aurait bien entendu pu se reporter sur des systèmes d'occasion à base de Xeon ou de Core i7, parfois intéressants avec le déstockage pratiqué par de grandes sociétés, mais nous voulions monter un PC neuf. Nous avons donc arrêté notre choix sur un Ryzen 7 2700 d'AMD, un double compromis.

Le premier concerne l'absence de fonctionnalités et de services « Pro », comme le chiffrement de la mémoire, le support de DASH, la stabilité de la plateforme, etc. Malheureusement, AMD réserve ces puces aux seuls intégrateurs.

Le second est volontaire puisque le modèle 2700 se distingue par un TDP plus faible, de 65 watts contre 105 watts pour le 2700X. Il est de type 8C/16T mais voit ses fréquences réduites à 3,2/4,1 GHz contre 3,7/4,3 GHz pour son grand frère. Il est aussi moins cher, vendu moins de 230 euros dans le meilleur des cas (aux alentours de 250 euros en moyenne). Pour ce prix, il est livré avec son ventirad Wraith Spire LED.

Vous pouvez bien entendu opter pour le 2700X si vous le préférez (dès 290 euros). Si au contraire vous voulez faire des économies, on continue de trouver des Ryzen 7 1700X (8C/16T, de 3,4 à 3,8 GHz) pour 170 euros seulement. Leur gestion des fréquences est moins fine, mais ils peuvent être une bonne alternative.

Carte mère : ASRock Rack à la rescousse

Notre plus gros problème pour cet article a été de trouver une carte mère avec un socket AM4 pour serveur, proposant une gestion distante. Les constructeurs ayant une offre professionnelle à base de processeurs AMD se focalisent en général sur la gamme EPYC 7000, sans aller plus loin.

Malgré les promesses d'AMD l'été dernier de voir Threadripper plus utilisé comme solution professionelle, aucune carte mère X399 avec gestion distante (BMC, IPMI) n'est par exemple disponible sur le marché. Heureusement, ASRock a sauté le pas avec sa X470D4U (AM4). On espère voir au Computex d'autres acteurs se lancer.

C'est donc cette carte que nous avons sélectionnée, bien qu'elle ne soit pas encore proposée par des revendeurs en France. Les intéressés peuvent contacter la marque.

ASRock X470D4U AM4 IPMIASRock X470D4U AM4 IPMI

Au format microATX, elle accepte les processeurs sur socket AM4, intègre quatre emplacements DDR4, six ports S-ATA et deux M.2, trois PCIe 3.0 (deux x16 dont un câblé en x8 et un 8x ouvert). On la trouve référencée à 276 dollars chez Game PC. Elle se limite à deux ports réseau Gigabit, mais une version 10 Gb/s est en préparation, devant être lancée d'ici l'été.

Pour retrouver des caractéristiques similaires sur une carte grand public, il faut se tourner vers un modèle comme la B450 Aorus M de Gigabyte (95 euros), qui se limite par contre à un seul port réseau Gigabit.

Mémoire, stockage, réseau : selon vos besoins

Nous avons accompagné l'ensemble de 32 Go de DDR4 G.SKill Flare X pour couvrir aussi bien des usages lourds que de la virtualisation. Limitez-vous à une fréquence de 2,1/2,4 GHz (220 euros), la carte mère ne gérant pas plus sans overclocking. D'autant que l'apport de performances serait limité, pour un prix bien supérieur.

Côté stockage, la bonne connectivité de la carte mère permet de l'utiliser comme base d'un NAS. Il faudra la placer dans un boîtier adapté si vous comptez installer de nombreux HDD/SSD. Cela n'étant pas notre objectif, nous nous sommes limités à un SSD M.2 de 1 To, laissant de la marge localement, avec un éventuel complément via le réseau et un NAS tiers.

Il s'agit d'un modèle de la gamme Western Digital Black (SN750) que nous avons actuellement en test, proposé pour 250 euros. Vous pouvez opter pour un SSD moins véloce, le port M.2 étant limité à du PCIe 3.0 x2. Il est également possible de choisir un modèle exploitant le S-ATA, limité à 500/600 Mo/s mais permettant de réduire les prix : 130 euros pour un Blue de Western Digital (S-ATA), 145 euros pour un 660p d'Intel (PCIe).

Dans de nombreux cas, les deux ports Gigabit (Intel i210) seront suffisants, mais du 10 GbE peut s'avérer nécessaire pour l'usage intensif d'un NAS par exemple. Nous avons donc opté pour une carte Intel X520-DA2 (2x SFP+). Proposée aux alentours de 150 euros, elle peut être trouvée en déstockage ou d'occasion à moins de 100 euros.

Si vous êtes plutôt RJ45, regardez du côté de l'ASUS XG-C100C à 100 euros.

Intel X520-DA2ASUS XG-C100C

Quel boîtier choisir ?

Ce point a réclamé beaucoup de réflexion. En effet, la station de travail ou le serveur au format tour sont souvent perçus comme des machines imposantes, devant refléter leur puissance.

L'idéal est au contraire d'obtenir un PC discret malgré une bonne ventilation, que l'on peut placer où on le souhaite (sur ou sous un bureau, dans un coin reculé d'une salle) sans trop de contraintes. La carte mère étant au format microATX, on peut se tourner vers des modèles compacts, surtout en l'absence de multiples HDD/SSD.

Nous avons donc opté pour le Versa H17 de Thermaltake. Vendu moins de 40 euros, il arbore une robe noire soignée, peut accueillir trois ventilateurs de 120 mm ou deux de 140 mm en façade, un de 120/140 mm sur le dessus, un de 120 mm à l'arrière (inclus). On peut ainsi l'utiliser avec un kit de watercooling tout-en-un.

Malgré son format compact (390 x 380 x 205 mm) on peut y placer des cartes graphiques allant jusqu'à 350 mm. Il dispose de deux emplacements 2,5" pour des HDD/SSD à droite de la carte mère, deux 3,5" étant placés dans la partie inférieure, à droite de l'alimentation. Il est équipé de deux grilles anti-poussière aimantées :

  • Thermaltake Versa H17
  • Thermaltake Versa H17
  • Thermaltake Versa H17
  • Thermaltake Versa H17
  • Thermaltake Versa H17

On trouve toutes les ouvertures nécessaires pour un montage simple et une bonne gestion des câbles. Un port USB 3.0 est présent sur la partie supérieure en complément de deux USB 2.0 et des habituels connecteurs audio/boutons. Bref, une solution idéale quand le lecteur optique ou de nombreux emplacements pour HDD/SSD ne sont pas requis.

Pour des finitions plus complètes, vous pouvez vous tourner vers le Define Mini C de Fractal Design. Il intègre un second ventilateur de 120 mm, peut accueillir trois HDD/SSD 2,5" à l'arrière du boîtier (10 mm maximum) et facilite l'insertion des HDD sur la partie inférieure. Il est par contre plus gros (399 x 399 x 210 mm), plus lourd (6,9 kg contre 4,5 kg) et n'accepte que des cartes graphiques de 315 mm au maximum. Il est aussi deux fois plus cher, puisque vendu en général entre 80 et 90 euros

Adaptez votre alimentation

Pour l'alimentation, nous avons opté pour une Straight Power 10 de 500 watts signée BeQuiet!. Elle est presque totalement modulaire, silencieuse et certifiée 80Plus Gold avec 5 ans de garantie. La gamme a depuis été remplacée par la Straight Power 11 avec un modèle 550 watts équivalent, à moins de 100 euros.

Vous pouvez vous tourner vers un modèle moins puissant comme la Pure Power 11 CM de 400 watts (70 euros) ou la MasterWatt 450 de Cooler Master, qui a l'avantage d'être semi-passive (50 euros). Ce sera possible si vous optez pour une carte graphique moins gourmande en énergie ou n'en utilisez pas.

Attention, ce dernier cas n'est possible qu'avec un modèle comme la X470D4U d'ASRock Rack avec un contrôleur BMC (ASpeed AST2500) à GPU intégré. Sinon, il faudra vous tourner vers des APU (Athlon 2xxGE ou Ryzen 2x00G).

BeQuiet! Straight Power11 550 wattsCooler Master MasterWatt 450

Quel coût total ?

Avec l'ensemble des composants évoqués, la machine nécessite un budget de 1 310 euros, sans carte graphique tierce. Sans carte réseau 10 GbE, une carte mère AM4 classique (150 euros), un SSD (150 euros) et une alimentation (50 euros) moins véloces, vous pouvez faire tomber la note à moins de 800 euros. 

On peut encore la réduire avec un Ryzen 7 1700X et/ou 16 Go de mémoire seulement. Comme souvent, tout dépendra de vos besoins et de vos priorités. La carte mère choisie (300 euros) pèse lourdement sur le budget de départ (23 %), c'est donc la source principale d'économies, même si la possibilité d'une gestion distante est un atout non négligeable pour une telle machine.

Dans tous les cas, de tels tarifs sont impensables dans le cadre de machines professionnelles pour ce niveau de composants et de performances.

Station de travail AM4 2019

Une machine à tout faire

Pour analyser les performances et possibilités de la machine, nous avons utilisé une Radeon VII d'AMD. Bien qu'imparfaite, elle a l'avantage d'être un bon test pour valider le fonctionnement d'une alimentation, d'un boîtier compact et effectuer des essais avec virtualisation. En effet, AMD ne limite pas l'usage de type passhtrough, contrairement à NVIDIA sur ses GeForce, qui aboutissent à la fameuse erreur 43 (évitable avec un peu d'astuce). 

L'ensemble des composants et été parfaitement reconnu, que ce soit sous Windows 10 ou différentes distributions Linux. Attention tout de même en cas de virtualisation, certaines distributions équipées de vieux noyaux Linux peuvent ne pas fonctionner avec un Ryzen.

Mais tant avec KVM/QEMU qu'ESXi de VMWare, Proxmox VE ou XCP-ng (la version communautaire de Citrix Hypervisor), nous n'avons pas rencontré de problème. Il en a été tout autrement avec oVirt Node ou Nutanix que nous n'avons pour le moment pas réussi à faire fonctionner sur cette machine.

Station de travail compacte AMDStation de travail compacte AMD

On peut attacher la Radeon VII à une machine virtuelle sans problème, l'hyperviseur pouvant se contenter de l'IGP du BMC. Idem avec la carte réseau Intel X520-DA2, les groupes IOMMU de la carte mère étant indépendants pour chaque élément. Un avantage courant sur les cartes mères conçues pour un usage serveur.

Ce PC peut ainsi être utilisé comme une station de travail avec un OS classique, ou à travers un système virtualisé depuis un hyperviseur utilisé comme OS principal. La carte graphique et ses sorties vidéo, le réseau 10 Gb/s et certains ports USB sont accessibles et exploitées en passthrough, le PC est donc utilisé tout à fait normalement. D'autres machines virtuelles peuvent alors être exécutées en parallèle.

Lors de nos tests, le PC a consommé (à la prise) 45 watts au repos, 124 watts lorsque le CPU était utilisé à plein régime via CineBench R20 et 265 watts lors d'un calcul effectué sur le GPU via Hascat 5.10.


À noter : AMD, ASRock Rack, BeQuiet! et Western Digital nous ont fourni des composants pour les tests de cet article, sélectionnés par la rédaction. Conformément à nos engagements déontologiques, cela s'est fait sans incidence et sans droit de regard sur le contenu ainsi que le choix des composants utilisés.

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