Les dernières rumeurs semblent à nouveau contredites : hier, Iliad a dévoilé de nouvelles pertes de clients sur le marché français, sans évoquer le lancement de sa ou ses nouvelles Freebox. Heureusement, l'Italie assure la croissance du chiffre d'affaires, permettant au groupe de sauver les apparences.
Certains attendaient l'annonce de la nouvelle Freebox pour mardi prochain, cela semble mal parti. Iliad ne pourra pas compter sur cette bonne nouvelle pour compenser de nouveaux résultats en baisse, la société n'ayant pas évoqué le sujet lors de la publication de ses résultats pour le troisième trimestre 2018.
Le Directeur Général, Thomas Reynaud a de son côté indiqué à Reuters qu'elle serait « au pied du sapin », sans plus de commentaires. On peut y voir l'annonce d'un énième report, malgré les promesses récentes des dirigeants d'Iliad. Et ce n'est pas la seule mauvaise nouvelle du jour, malgré la volonté de positiver affichée par la maison mère de Free.
Une guerre des prix qui impacte Free
L'opérateur a perdu plus de 100 000 abonnés ce trimestre : 90 000 sur le mobile, 14 000 sur le fixe. Il l'explique par « le contexte commercial intense et la sortie de ventes privées d’une partie de la base d’abonnés » dans le mobile. Il faut comprendre que les promotions à répétition de la concurrence font du mal à Free.
Notamment à son forfait de base (gratuit ou à deux euros) qui n'apparait plus aussi intéressant qu'à son lancement. C'est pour cela que la société a lancé une offre régulièrement renouvelée : 8,99 euros pour 60 Go de 4G et 3 Go en roaming 3G dans l'Europe et les DOM la première année. Ensuite, le client passe automatiquement à l'offre supérieure.
Une pratique qui a l'avantage de gonfler les chiffres à court terme, mais rien ne dit que les clients resteront une fois le nouveau tarif appliqué. Qu'importe, pour Free, il s'agit d'un succès.
À tel point que l'opérateur publie désormais le détail de la répartition entre ses offres en précisant le nombre de clients qui sont sur celle avec 4G illimitée (tarif réduit la première année inclus). Cela permet de montrer que le forfait le plus cher concerne désormais la majorité des clients, et qu'il est en croissance : 194 000 nouveaux abonnés sur le trimestre.
C'est donc sur l'offre de base que l'hémorragie se trouve avec pas moins de 284 000 départs ce trimestre et pas moins d'1 million depuis l'année dernière. Ils étaient 6,79 millions fin septembre 2017, ils sont 5,79 millions fin septembre 2018.
Dans le même temps, la consommation moyenne de données est passée chez Free de 6,9 Go à 9,9 Go.
La chute continue sur le fixe
Sur le fixe, Iliad évoque une « amélioration des recrutements bruts suite au repositionnement tarifaire ». Mais cela ne l'empêche pas de continuer à perdre des clients. 115 000 de moins sur les offres xDSL, qui ne sont pas compensés par la montée en puissance de la fibre (+101 000).
En un an, Free est passé de 5,6 millions de prises raccordables à 8,4 millions (+50 %), le nombre de clients de 483 000 à 835 000 (+73 %). L'opérateur, qui est revenu à son nombre d'abonnés de début 2017 va devoir accélérer sur deux fronts : la nouvelle box, qui devra convaincre, et la fibre où se trouve le gros du potentiel de croissance.
Iliad indique vouloir atteindre « 1 million d’abonnés FTTH début 2019 et de raccorder environ 500 000 abonnés par an dès l’année prochaine ». Il compte notamment sur les réseaux d'initiative publique (RIP) pour cela, où Free assure une présence croissante ces derniers mois.
C'est d'autant plus important que la fibre est une manière de monter en gamme, alors que le revenu moyen par abonné (ARPU) continue lui aussi de baisser, à 32,1 euros désormais. Il était de 32,8 euros le trimestre dernier et de 33,9 euros il y a un an. Début 2017, il était même à 34,5 euros. Là aussi on voit que la guerre des prix a de véritables effets.
Surtout que les ventes privées et autres offres spéciales vendues cette année vont arriver à leur terme dans les mois à venir, avec le risque de voir les clients partir chez la concurrence.
Merci l'Italie (tout du moins pour le CA)
Avec toutes ces mauvaises nouvelles, comment Iliad peut-il annoncer un chiffre d'affaires en hausse ? Il passe en effet de 1,2 milliard d'euros à 1,24 milliards d'euros. La raison est simple : la présence du groupe en Italie.
Le chiffre d'affaires local est désormais de 46 millions d'euros sur le trimestre, avec 2,23 millions de clients (recrutés en quatre mois). Soit un revenu moyen de 20,6 euros sur le trimestre ou 6,88 euros par mois. La société ne communique pas encore sur le résultat net de cette activité dont on peut aisément penser qu'elle n'est pas encore rentable.
En France, la perte de 8 millions d'euros sur le fixe n'est pas compensée par la hausse de 3,1 millions d'euros sur le mobile. Si Free se félicite d'un revenu en croissance sur ce secteur, son chiffre d'affaires dans l'hexagone est en baisse de 4,1 millions d'euros (-0,3 %). L'année dernière, il était de 1 215 millions d'euros, soit un écart de 25 millions d'euros (-2 %).
Pour finir, Iliad promet de « poursuivre ses efforts en termes de rétention et de fidélisation (engagés en juin) au cours des prochains trimestres, qui devraient lui permettre d’entrer dans un nouveau cycle de croissance ». Les promotions devraient donc continuer en attendant le renouvellement de l'offre Freebox.
Ce matin, le titre Iliad affichait une hausse de 6,5 % à la bourse de Paris, à un peu plus de 106 euros contre moins de 100 euros quelques jours plus tôt et près de 200 euros l'année dernière, à la même période.