Le gouvernement a décidé d’abandonner l’application SAIP, le système d’alerte et d’information des populations. Cette solution, non exempte de couacs dans sa courte vie, est finalement délaissée au profit des seuls réseaux sociaux, dont un simple compte Twitter.
Selon une information RTL, l’application SAIP va être délaissée par le gouvernement. À la place, l’exécutif va privilégier les réseaux sociaux, en particulier Google, Facebook et Twitter.
Par exemple, le gouvernement pourra utiliser directement le Safety Check de Facebook, suite à un partenariat technologique. Sur Twitter, l’Intérieur a créé un compte, @Beauvau_Alerte, qui sera épaulé dès le 1er juin par un bandeau en cas d’alerte majeure. « Le moteur de recherche Google mettra automatiquement en avant les contenus des autorités en diffusant par exemple les conduites à tenir et les informations fiables et vérifiées », expliquent nos confrères.
Enfin, plutôt que d’utiliser la technologie Cell Broadcast, des messages drainés par France Télévisions, Radio France, la RATP et Vinci Autoroute permettront de toucher ceux qui ne sont pas inscrits sur les réseaux sociaux.
SAIP, ce « fleuron » français de l’alerte aux populations, avait été lancé lors de l’Euro 2016 sur Android et iOS. L’idée se voulait simple : dès qu’un évènement majeur comme un attentat se produit, le préfet active une alerte qui rayonne sur l’ensemble des téléphones géolocalisés dans les environs. Sauf que de la théorie à la pratique, il y a parfois un monde.
De la théorie à la pratique de ce fleuron français
Déjà, lors de l’attentat de Nice, un « problème technique » avait occasionné un sacré retard, puisque l’application n’a envoyé le fameux message qu’à 1h34 du matin, bien après l’attentat de 22h40, et même l’activation du Safety Check de Facebook.
Pire, à plusieurs reprises, faute d’avoir été activée, elle a indiqué aux populations présentes aux abords d’un lieu frappé par de tels drames, comme dans l’Aude, qu’il n’y avait « aucun incident en cours ». Au même moment, la préfecture adressait pourtant un message aux antipodes sur Twitter (« Opération en cours secteur Super U Trèbes. Secteur interdit ⚠ Merci de faciliter l'accès aux forces de l'ordre ») tout comme l’Intérieur, qui – un comble – recommandait de ne surtout pas relayer les « rumeurs ».
Même schéma lors de l’attentat sur les Champs Élysées : une préfecture qui demande sur Twitter d’éviter le secteur, que l’application affirmait sécurisé.
Nous nous étions fait l'écho de ces situations pour le moins contradictoires. Mal nous en a pris : en avril 2017, Me Cyril Fergon, avocat représentant Deveryware, nous avait adressé « une mise en demeure ». Il nous demandait, non sans menaces, de ne plus laisser entendre que cette application ne fonctionnerait pas, son client souffrant de « lourds préjudices » au fil de nos « allégations erronées ».
En août 2017, un rapport au Sénat torpillait pourtant cette solution. Application « imparfaite », « bugs résiduels », un produit conçu « dans l’urgence », « des défaillances persistantes ». Le document du sénateur Jean-Pierre Vogel émaillait aussi la doctrine d’emploi, regrettant des alertes déclenchées trop timidement.
Un non recours qui « apparaît d’autant plus contestable que le manque de diffusion de l’alerte accroît la charge de travail des forces de l’ordre sanctuarisant le secteur de l’attaque » tranchait-il.