Alors que Qwant vient de lever des fonds, nous avons eu l'occasion de discuter avec son équipe. L'occasion d'éclaircir certains points et évoquer plusieurs projets, de l'ouverture du code source à la question des autorisations de son application Android.
Ce matin, Qwant annonçait une nouvelle levée de fonds et un prêt de la BEI. Le moteur de recherche qui se veut respectueux de la vie privée en profitait pour faire le point sur ses projets. L'occasion pour nous d'évoquer certains d'entre eux, déjà mis en place ou à venir.
Vers une meilleure gestion des autorisations sous Android
Le premier concerne l'application mobile, dévoilée la semaine dernière. Lors de notre analyse de celle-ci, nous avions relevé un point qui pouvait poser problème : les autorisations demandées sous Android. Interrogé sur le sujet, Éric Léandri, cofondateur de Qwant, nous a confirmé que c'est un point qui sera rapidement corrigé.
Actuellement Qwant pour Android nécessite en effet l'acceptation de l'accès aux photos, aux fichiers, à une partie des contacts, etc. Le but sera donc de demander à ceux qui disposent d'une version Android compatible une autorisation pour l'accès à des données seulement lorsque cela sera nécessaire et de faire le ménage pour ce qui n'est pas totalement utile.
Le cofondateur et Guillaume Champeau, en charge des questions éthiques et de la communication de Qwant, nous ont ainsi confirmé que certaines autorisations étaient demandées pour le navigateur Liberty intégré. Celui-ci stocke en effet des données localement, permet de gérer un compte (qui doit être intégré à l'appareil), gère un système de paiement facile avec capture photo des éléments de votre carte bancaire pour vous éviter de taper votre code manuellement, etc.
Tant d'éléments qui nécessitent les accès demandés, mais qui peuvent effrayer le public du service qui est très regardant sur les questions de partage des données. La société devrait ainsi publier un billet de blog sous peu afin de détailler tout cela et revenir sur les autorisations qui seront demandées dans les prochaines version de son application.
Notez au passage que le lien qui nous avait été communiqué concernant la politique de confidentialité de Liberty spécifique à Qwant est bien intégré à l'application. Il faudra néanmoins se rendre dans les paramètres puis dans Général et À Propos afin d'y accéder. Il nous a aussi été confirmé au passage que le code source du navigateur avait été audité par les équipes de Qwant avant son intégration.
Interrogé sur le choix de proposer un navigateur tiers plutôt qu'un outil maison, Éric Léandri nous a indiqué que « ce n'est pas notre travail de proposer un navigateur [...] mais dans l'esprit des gens, la fonction de recherche est directement liée à un tel produit ». Et pourquoi pas Firefox par exemple, déjà partenaire de Qwant pour une version dédiée aux ordinateurs fixes ? Ce n'était tout simplement pas possible de le faire avec la version mobile de Firefox qui ne s'intègre pas à des applications tierces pour le moment.
L'équipe semble néanmoins satisfaite du produit final et des fonctionnalités intégrées, notamment de l'achat 1-clic et la gestion des données de manière locale.
Les cookies, ce n'est pas sale
Une autre partie de nos interrogations concerne le discours de Qwant. En effet, pendant sa conférence, la société a évoqué deux points que sont la problématique des cookies (que le moteur n'utilise pas) et la volonté de ne pas reproduire ce que propose Google, à savoir une galaxie de services.
Pourtant, la société vit en partie de son onglet Shopping qui s'apparente à un comparateur de prix. D'ailleurs, les liens présentés sont ceux de LeGuide qui rémunère Qwant dans le cadre d'un partenariat. Mais pour attribuer une vente et rémunérer le moteur ainsi que son partenaire, il faut bien en passer par une forme de tracking. Et en général, cela passe par des cookies.
Ici aussi, Éric Léandri s'est ici voulu assez rassurant puisqu'aucune donnée sur l'origine de la recherche n'est transmise à LeGuide ou aux revendeurs. Certes, ces derniers peuvent ensuite effectuer un suivi de leur acheteur, mais comme ils le feraient si le lien n'avait pas été affilié.
Qwant multiplie les verticales « ouvertes »
Concernant les « verticales » qui sont développées, Qwant insiste sur ce qui fait sa différence : « Elles sont ouvertes ». Qwant veut ainsi proposer des outils qui agrègent les services de tiers, afin de proposer une solution basée sur la recherche à ses utilisateurs, tout en gardant toujours ce qui fait sa marque de fabrique : la protection des données.
Ainsi, les utilisateurs n'auront pas de crainte de voir leurs dernières recherches musicales ou de vidéos venir personnaliser entièrement leur expérience en ligne à travers la récolte des données.
Reste que, pour le moment, Qwant Music liste surtout des liens vers iTunes, alors que l'onglet Shopping référence une bonne partie des revendeurs mais est issu d'un partenariat unique avec LeGuide. Il faudra donc que l'équipe continue de veiller à la diversité des solutions proposées aux internautes à travers ses services.
Un service de cartographie arrive
Prochain à être dévoloppé : Maps. Qwant devrait en effet se lancer dans la cartographie dès cette année. Pour le moment, aucune date n'a été arrêtée mais le lancement semble relativement proche. Il nous a été confirmé que les données d'OpenStreetMap seront en partie utilisées, mais aussi celles de Mappy ou Here.
L'objectif est de fédérer autour d'une solution qui utilise à la fois des ressources européennes, mais qui offre une expérience utilisateur assez proche d'outils tels que Google Maps. Ce dont il faudra juger sur pièce une fois le lancement annoncé.
Qwant ouvre une partie de son code source
Une autre annonce était attendue : celle du passage de Qwant à l'open source. Cela nous avait en effet été promis lors d'un précédent échange avec l'équipe, les choses vont rapidement devenir concrètes. Éric Léandri a ainsi déclaré que le code source du « front » de Qwant – soit le site Internet auquel on accède lorsque l'on se rend sur le moteur de recherche – allait être très rapidement mis en ligne.
Nous n'avons pas encore eu de détails sur le dépôt ou la licence utilisé. Pour le moment, le compte GitHub de la société n'en fait pas mention. Nous tenterons d'en savoir plus sous peu.
Reste que le cœur du réacteur ne sera pas ouvert à court terme, notamment pour éviter les problématiques de « spam », puisque les petits malins du référencement pourraient utiliser de telles informations à mauvais escient. Ce point est néanmoins toujours en refléxion. Rien ne semble par contre prévu pour les applications mobiles pour le moment.
Du changement dans les goodies
Dernière nouvelle : pour le lancement de son application mobile, Qwant avait décidé de livrer des coques « anti-ondes » en indiquant qu'il s'agissait là d'une solution pour protéger sa vie privée. Un tel choix avait rapidement été moqué sur les réseaux sociaux.
Suite à une remarque de notre part, Guillaume Champeau a finalement promis de distribuer des OpenPGP Cards aux couleurs du moteur (un peu comme le fait déjà la FSF Europe) lors d'une prochaine campagne. Cela n'est pas tombé dans l'oreille de sourds.
@davlgd promis ;)
— Guillaume Champeau (@gchampeau) 2 février 2017