Twitter (X) « a joué un rôle majeur en aidant la propagande russe à atteindre plus de personnes qu'avant le début de la guerre en Ukraine », relève le Washington Post.
Une étude de la Commission européenne sur l'application du cadre de gestion des risques aux campagnes de désinformation russes, dans le cadre du DSA, estime en effet que les réseaux sociaux ont permis au Kremlin de « mener une campagne de désinformation à grande échelle visant l'Union européenne et ses alliés, atteignant une audience cumulée d'au moins 165 millions de personnes et générant au moins 16 milliards de vues ».
Elle déplore à ce titre que ladite campagne de désinformation s'est intensifiée en 2023, « sous l'effet notamment du démantèlement des normes de sécurité de Twitter » après son rachat par Elon Musk, et les très nombreux licenciements qui en ont résulté.
Telegram, Instagram et Facebook aussi pointés du doigt
Telegram, Instagram et Facebook (ces deux dernières appartiennent à Meta), font également l'objet de critiques dans l'étude :
« En chiffres absolus, les comptes pro-Kremlin continuent d'atteindre les plus grandes audiences sur les plateformes de Meta. Pendant ce temps, la taille de l'audience des comptes soutenus par le Kremlin a plus que triplé sur Telegram. Nous avons constaté qu'aucune plateforme n'appliquait de manière cohérente ses conditions de service lors de tests répétés des systèmes de notification des utilisateurs dans plusieurs langues d'Europe centrale et orientale. »
Si la portée des comptes pro-Kremlin a augmenté entre janvier et mai 2023, avec un engagement moyen en hausse de 22 % sur les plateformes en ligne, « cette augmentation de la portée a été largement tirée par Twitter, où l'engagement a augmenté de 36 % après que le PDG Elon Musk a décidé de lever les mesures d'atténuation des comptes soutenus par le Kremlin, arguant que "toutes les nouvelles sont, dans une certaine mesure, de la propagande" ».
Crédits : Twitter
Elon Musk, en l'espèce, répondait à un tweetos qui lui demandait si un tweet de Dmitry Medvedev, ancien président et Premier ministre de Russie, relevait de l'apologie du génocide, pourquoi un « terroriste » pouvait être « vérifié » par Twitter, et si cela respectait ses CGU.
Cherchant à se défausser de tout parti pris, Musk soulignait également que Vladimir Poutine l'aurait lui-même qualifié de « criminel de guerre » pour avoir aidé l'Ukraine avec ses satellites Starlink.
Étiquettes des médias affiliés et « certification »
Une amplification facilitée du fait que Twitter (X) a retiré les étiquettes des médias affiliés à l'État qu'elle attachait à RT et à d'autres comptes contrôlés par le Kremlin. Mais également parce que les propagandistes se sont en outre abonné au programme de « vérification » de la plateforme pour que leurs messages soient plus visibles.
L'étude a été réalisée par le groupe d'analyse à but non lucratif Reset, dont le conseil d'administration comprend notamment Marietje Schaake et Shoshana Zuboff, qui plaide en faveur d'une plus grande surveillance des plateformes numériques, et qui estime en l’espèce que le DSA, s’il était respecté, devrait et pourrait entraver ce genre de campagnes de désinformation.