[Test]  Steam Deck, enfin un succès matériel chez Valve ?

Déjà un an, et Logitech n’a plus toutes ses dents
TechTests 12 min
[Test]  Steam Deck, enfin un succès matériel chez Valve ?

Le Steam Deck s’octroie régulièrement une place dans le top des ventes du marché d’applications de Valve. Son prix influe sur cette tendance en valeur, mais il se murmure que la console aurait dépassé le million d’exemplaires vendus en octobre 2022, malgré plusieurs mois de pénuries. Valve n’a pas confirmé, mais ne dément pas le succès de sa machine. Alors que la concurrence s’organise, voyons ce que propose cette console après un an de mise à jour.  

En matière de hardware, Valve porte bien son nom. D’abord, la société ouvre les vannes dans un bruit assourdissant au risque d’agiter la communauté PC, puis a ensuite tendance à rendre ses produits plus… vaporeux. Les Steam Machines, Steam Links, et Steam Controllers ont au mieux connu un succès d’estime avant de se retrouver dans les limbes du store. Le Valve Index n’est pas logé à meilleure enseigne, même si son succès très relatif doit davantage au marché atrophié qu’à d’éventuels défauts de conception.

Dans ce contexte, la sortie du Steam Deck en février 2022 laissait quelques doutes sur l’avenir du produit. Voyant que la communauté le soutient et que le secteur commence à prendre une autre dimension avec l’arrivée de la Razer Edge, l’effort (compliqué) de Logitech et les annonces d’une pelletée d'Ayaneo, Anbernic, GPD Win, Retroid (etc.) nous nous sommes penchés sur celle qui semble vouloir s’imposer comme le mètre étalon des consoles polyvalentes nomades (« polyvalente » implique que vous ne lirez plus le mot Switch ailleurs que dans cette phrase). Est-ce qu’elle convient à tous ? Nous y répondons en mode gamer.

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Level 1 : restez sur Steam !

Puisque la console de Valve souffle sa première bougie, nous n’allons pas trop nous épancher sur sa fiche technique déjà bien connue. En résumé, le processeur AMD Zen 2 cadencé à 3,5 GHz, la carte graphique RDNA 2 et les 16 Go de RAM envoient une image sur un écran LCD de 7 pouces en définition 1280 x 800 pixels et dont le taux de rafraichissement ne dépasse pas 60 Hz.

Les compromis faits sur la puissance et la finesse de l’écran pour garder de l’autonomie et de la fluidité donnent un résultat équilibré, même sur les jeux AAA. Se caler dans les paluches du God Of War, Devil May Cry 5, Elden Ring ou autres titres parmi les 2 700 compatibles fait son petit effet. Mais n’allons pas trop vite en besogne, nous attendons surtout du Steam Deck une grande polyvalence, en plus d’une accessibilité lui permettant de trouver le public ciblé, soit un large panel d’utilisateurs et pas seulement ceux disposés à trifouiller Steam OS et Linux. Revenons donc sur les premières heures de test.

Le Steam Deck s’achète uniquement en ligne (à partir de 419 euros), ce qui ne manquera pas de lui faire perdre quelques joueurs potentiels. Le produit est arrivé dans notre cas en 5 jours. Pour retrouver sa ludothèque, la connexion au Wi-fi est requise. Ce premier pas apparemment simple nous a valu quelques minutes à regarder tourner un logo Steam sans nul autre signe de vie.

Inutile de s’empresser de contacter le SAV, on connait nos classiques : « have you tried turning it off and on again ? ». Le redémarrage a fonctionné. Nous avons ensuite modifié les propriétés Wi-Fi de la console afin de la rendre plus stable, comme le conseillent des dizaines d’utilisateurs sur les forums. On ne va pas prendre la mouche pour un problème résolu en moins de 5 minutes, mais on a connu plus joyeux comme entrée en matière. Le Steam Deck mériterait-il sa réputation de console de bidouilleur ?

Que nenni ! Si vous vous cantonnez aux jeux dits « parfaits pour Steam deck », pour citer la terminologie de Valve, vous n’aurez nul autre effort à consentir que de cliquer sur les icônes Installer et Jouer. Gagner l’approbation de Valve ne veut pas dire que l’expérience est irréprochable.

Par exemple, certains éléments comme les polices ou les réticules sont parfois à peine lisibles, car les jeux n’ont pas été conçus pour des écrans de cette taille. En revanche, après un an de mise à jour, les critiques faites sur le bruit de ventilation ou les pertes de fluidité (baisse de framerate) n’ont pas été, pour nous, rédhibitoires. De menus défauts, de plus, tempérés par le plaisir de s'amuser où bon nous semble.

Steam DeckSteam Deck

Certains jeux n’écopent pas de la fameuse coche verte, signe d’une totale compatibilité, mais d’un « i » sur fond jaune. Dans ce cas, il est nécessaire à certains moments de naviguer dans les menus depuis l’écran tactile ou recourir au clavier virtuel. Rien de dramatique, surtout qu’intervient l’un des atouts du Steam Deck : sa communauté.

Si vous projetez d’acheter la machine, le site ProtonDB.com se doit de figurer en tête de vos signets. Il liste des milliers de jeux et leur accorde une note de compatibilité avec Steam OS. Mieux encore, il donne des conseils pour optimiser le rendu.

La seconde aide précieuse se trouve sous la forme d’une icône de manette juste à droite du bouton de lancement d’un jeu. La communauté aura, au besoin, créé des profils pour passer outre les défauts d’interface d’un titre non adapté à la console. Premier constat : même en se limitant à Steam, l’offre est dense et l’expérience accessible à tous.

Steam DeckSteam Deck

Level 2 : Dompter Linux, Lutris, HGL…

Les utilisateurs PC composent avec les launchers d’éditeurs tiers désireux de contourner les pourcentages velus que s’octroie Valve sur sa place des ventes. Le Steam Deck reste d’ailleurs une opportunité pour ce dernier de cloisonner les achats à sa plateforme plutôt que de laisser fuir cette somme potentielle chez Origin (Electronic Arts), Ubisoft Connect, Epic, GOG (CD Projekt Red), ou Battlenet (Activision-Blizzard).

Heureusement, nous pouvons là encore compter sur la communauté pour développer des solutions intermédiaires. Ainsi l’Heroic Game Launcher connecte GOG et EPIC, Lutris se charge d’UbiSoft, d’Origin et Battle Net. Il est nécessaire de passer le Steam Deck en mode bureau et mettre les mains dans l’environnement qui se cache derrière le Steam OS, Linux. Pour beaucoup d’utilisateurs, ce sera une première, mais les démarches pour installer une application ne demanderont pas une longue période d’apprentissage.

Steam Deck

C’est après que le bât commence à blesser, car les jeux de ces plateformes n’ont pas été pensés pour le Steam Deck et il n’existe pas encore de raison valable pour que les développeurs fassent le moindre effort à ce sujet. Il faudra donc songer à s’aider de protonDB et de quelques forums ou sites spécialisés pour regarder au cas par cas quel jeu peut être lancé et dans quelle mesure il reste exploitable.

Sur la vingtaine de titres testés par nos soins, outre ceux lancés sans sourciller, le changement d’une version de Proton, s'est avéré suffisant, notamment grâce à l’utilitaire ProtonUP-QT. Dans d’autres cas, il a fallu passer quelque temps à chercher la solution sur le net pour un résultat incertain. Commence alors à se creuser l’écart entre deux types d’utilisateurs : « je veux jouer avant tout et ne jamais me prendre la tête » et « jouer 3 heures… bof… passer 3 heures à essayer de tout lancer, juste pour s’assurer que le Steam Deck en est capable… j’adore ».

Globalement, le level 2 reste en mode Easy. Il ajoute beaucoup de contenu à l’offre Steam et notamment le catalogue de l’éditeur Epic qui s’acharne, pour mettre des bâtons dans les roues de son concurrent vaporeux, à nous offrir des jeux toutes les semaines.

Level 3 : Céder au charme du rétro 

Doit-on vous rappeler qu’il est indispensable de posséder les originaux d’un jeu avant de télécharger des ROM ? Dans les faits, les joueurs PC n’ont aucun mal à s’adonner au rétro en lâchant les quelques euros nécessaires au rachat de Doom, Fallout, Wing Commander, Dungeon Keeper, Warcraft (etc.) sur GOG ou Steam.

En revanche, retrouver le plaisir des jeux consoles et arcade reste plus problématique. Il existe bien des compilations telles que Sega Genesis Classic ou Capcom Arcade Stadium ainsi que les remakes de plus gros hits de cette époque, mais nous sommes loin de couvrir toute la diversité attendue par les joueurs s’intéressant à ces morceaux d’histoires. Or, ils sont de plus en plus nombreux et le Steam Deck leur doit aussi son succès. Très vite les Retroarch, PPSSPP, Citra, Dolphin et autres émulateurs sont venus enrichir la ludothèque de la machine, rejoints par Emu Deck, un frontend ajoutant en moins d’un quart d’heure l’ensemble de ces softs déjà paramétrés et optimisés.

Sans évoquer de réelles difficultés, l’installation n’est pas non plus un chemin de roses. Là encore, la communauté volera à votre secours par le biais de vidéos YouTube et de forum. Une fois le système calé dans la console, il faut l'enrichir de jeux sous forme de ROM. Connecter la carte SD du Steam Deck sur PC ne sera pas une opération plug and play puisque Windows et Linux communiquent mal.

Steam Deck

Plusieurs solutions possibles : installer Linux Files System, recourir au FTP avec FileZilla ou s’équiper d’une solution de stockage externe USB Type-C formatée sous Windows et reconnue par Linux. D’emblée, les systèmes émulés par Retroarch – donc la majorité des consoles de salon et portables d’avant l’an 2000 (NES, Master System, Super Nintendo, Megadrive, Neo Geo, Game Boy, Game Gear…) – seront exploitables sans difficulté.

Dans une interface uniquement en anglais, vous « scrapez » vos ROMS, donc vous téléchargez des jaquettes et des vidéos de gameplay, afin de vous faire une présentation aux petits oignons. La connexion aux retroachievements (les succès), les save states (sauvegardes à n’importe quel moment du jeu) et autres joies du retrogaming sont configurées par défaut.

Certaines applications tierces telles que PPSSPP (PlayStation Portable), Dolphin (Gamecube), Citra (3DS) carburent au premier lancement alors que pour d’autres, il est nécessaire d'ajouter les BIOS. Cette étape fut plus compliquée de notre côté. Des fichiers ont été écrasés sans raison, certaines consoles n’ont plus fonctionné sans que l’on comprenne ce que nous avions fait de travers.

Une seconde installation sur une carte SD plus récente et en passant par un disque externe pour transférer les jeux, se sera montrée plus stable. Mais là encore, certaines ROM nous ont résisté alors qu’elles se lancent sur notre Retrobat PC ou notre borne d’arcade sous Recalbox.

Malgré tout, l’expérience de l’émulation est très concluante sur Steam Deck et révèle un trait de notre ressenti global sur cette machine. Ça fonctionne : tant mieux ! Ça ne fonctionne pas : la belle affaire, nous avons déjà des milliers d’heures potentielles de jeu.

Boss final : Changer le SSD, installer Windows, lancer le Game Pass

Valve a conçu un produit facile à démonter comme en témoigne cette page d’iFixIt. Certains échangent donc le SSD de base contre un modèle de 1 To. Outre le prix que cela ajoute à la machine, nous pensons qu’une version 256 Go (549 euros) augmentée d’une carte SD de 512 Go suffira à la majorité des utilisateurs. Les plus courageux tentent le bidouillage ultime, celui qui va leur permettre de briller en société, l’installation de Windows 11. L’opération reste en définitive assez accessible puisqu’il suffit de préparer une carte SD sur Rufus afin de créer un dual boot sur le Steam Deck (mince, certains lecteurs commencent à saigner du nez !). 

Là encore, le suivi d’un pas-à-pas YouTube est indispensable pour s’éviter quelques maux de crânes. Valve sait la façon dont certains « pimpent » leur console et n’a pas manqué de leur faire des pilotes sur mesure pour que tout fonctionne. Cette solution a le mérite de s’affranchir de la majorité des problèmes de compatibilité Linux. Pour faire simple, le Steam Deck devient un PC portable et peut donc accueillir les launchers, les jeux et même vos applications bureautiques si ça vous chante.

En revanche, il est préférable de craquer pour un dock, un clavier, une souris pour paramétrer l'OS et profiter de tout son potentiel, Windows n’ayant pas été conçu pour un écran de cette taille. D’ailleurs, nous n’avons pas évoqué ici les périphériques disponibles pour la machine de Valve car nous avons souhaité la manipuler dans sa proposition de base de console nomade. Toutefois, parer son joujou de quelques équipements enrichit indéniablement l’expérience utilisateur.

Enfin, nous avons testé les compétences du Steam Deck en matière de streaming. En local, l’opération est très simple, il suffit de cliquer sur une petite icône à droite d’Installer pour afficher le nom de votre PC et lancer une session. Sur les titres gourmands, à moins d’avoir un excellent Wi-Fi, des artefacts de compression apparaissent, mais dans l’ensemble le résultat est satisfaisant.

En revanche, l’ajout du Xbox Game Pass nécessite de passer par Linux, installer Edge, entrer quelques lignes de commandes. Sinon, reste l'option Windows. On doute qu’une solution plus simple soit proposée par Valve, car en invitant une offre d’abonnement aussi complète, il se prive d’actes d’achat de jeux à l’unité. En somme, il laisse entrer le loup dans la bergerie.

Note de la presse : « 8 sélec »

Nous accordons donc la note de « 8 sélec », une occasion de rendre hommage à des collègues récemment virés comme des malpropres de leur rédaction. En effet, après plusieurs semaines d’utilisation, nous sommes convaincus par le Steam Deck.

Certes, les reproches qui lui sont adressés sont fondés. L’écran n’est pas au top (mais bon quand même), l’autonomie ne dépasse pas les 2 heures sur les AAA et il faut investir un peu de temps et de matière grise pour sortir de l’univers Steam. Mais lorsque l’on arrive à dompter la bête et que l’on adapte son utilisation à ces limites plutôt que d’essayer de lui demander l’impossible, alors on bénéficie d’une console moderne idéale pour le jeu indé, capable de lancer des AAA en complément de ses sessions PC et redoutable pour le retrogaming.

Sur ce marché en pleine expansion, le Steam Deck sera donc LE produit à abattre pour les Razer, Ayaneo, Ambernic et consorts. Proposer plus simple, plus léger, plus ergonomique, plus autonome pourra faire chanceler la machine de Steam, car elle est loin d’être irréprochable, mais il sera difficile de faire plus complet pour ce prix.   

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