La bêta d’Ubuntu 22.10, alias Kinetic Kudu, est disponible depuis quelques jours. Comme toujours, c’est l’occasion de faire le point sur les nouveautés qui, pour certaines et parfois importantes, sont cachées sous le capot. S’agissant d’une Ubuntu, on reste cependant sur une évolution en douceur.
C’est (presque) l’heure de la version automnale de la distribution de Canonical, qui reste sur son rythme habituel d’une version semestrielle, l’une en avril, l’autre en octobre. Cette nouvelle mouture 22.10 vient prendre le relai de la 22.04 LTS, dont elle est la première évolution. Les actuels utilisateurs de la 22.04 auront d’ailleurs le choix entre migrer vers Kinetic Kudu et rester sur la branche LTS.
Les bêtas sont disponibles pour l’ensemble des « flavours » d’Ubuntu : Ubuntu Desktop, Server et Cloud, Kubuntu, Lubuntu, Ubuntu Budgie, Ubuntu MATE, Ubuntu Studio, Ubuntu Unity et Xubuntu, dont les téléchargements peuvent être faits depuis l’annonce officielle.
Comme Fedora 37 récemment, Ubuntu 22.10 intègre GNOME 43 et en reprend l’ensemble des nouveautés. À ce titre, cet article sera plus court que pour Fedora car il n’est pas nécessaire de revenir sur les apports de GNOME. Nous vous invitons plutôt à consulter ce que nous en avions dit mi-septembre.
Pour celles et ceux qui préfèrent se contenter d’un bref résumé, on peut citer un passage à GTK4 de Fichiers avec à la clé de nombreuses améliorations, l’arrivée du nouveau panneau de réglages rapides (semblable à ce que l’on trouve sur les systèmes mobiles), le support du défilement haute définition pour la molette, une nouvelle fenêtre propriétés pour les fichiers dont l’affichage dépend du type ou encore le support des WebExtensions dans GNOME Web.
Les nouveautés sous le capot
Même si le noyau 6.0 vient de paraître, Ubuntu 22.10 intègre un noyau 5.19, contre une version 5.15 LTS pour la 22.04. Cette version plus récente propose pour rappel bon nombre d’apports, notamment l’arrivée du support ARM multiplateforme, la finalisation d’un travail de longue haleine (plus de dix ans).
Comme d’habitude, c’est l’occasion de récupérer les dernières versions des applications et composants, en tout cas dans la majorité des cas. On y trouve ainsi Firefox 104, LibreOffice 7.4 ou encore Thunderbird 102. Même chose pour les variantes officielles d’Ubuntu avec KDE 5.25 pour Kubuntu ou encore LXQt 1.1.0 pour Lubuntu. Même chose pour les composants du système avec BlueZ 5.65, CUPS 2.4, Python 3.10.6, NetworkManager 1.38, xdg-desktop-portal 1.14 ainsi que Mesa 22.2.
En revanche, il y a un changement notable dans la gestion du son, puisque PulseAudio laisse officiellement sa place à PipeWire, dans sa version 0.3.56. Il est donc utilisé par défaut, même si PulseAudio reste disponible dans sa version 16, au cas où certains utilisateurs en auraient besoin. Ubuntu n’est pas la première à effectuer cette bascule, loin de là, puisque d’autres sont déjà passées par là il y a quelques années, comme ArchLinux et Fedora. Les bénéfices sont importants, notamment parce que PipeWire est conçu pour la basse latence.
De même, signalons le remplacement de wpa_supplicant par IWD. « Enfin ! » diront certains, et pour cause : wpa_supplicant, module en charge du sans fil, a presque 20 ans. Avec une telle carrière, beaucoup l’ont croisé dans un grand nombre de distributions Linux et de BSD. IWD – pour iNet Wireless Daemon – a été développé par Intel et permet normalement un comportement beaucoup plus souple du système face à des scénarios courants comme la réactivation du Wi-Fi en sortie de veille.
Enfin, on remarque plusieurs autres apports, comme l’intégration de Debuginfod, le support d’un plus grand nombre de cartes RISC-V, ou encore des optimisations sur la consommation mémoire d’OpenSSH.
Face visible
Si vous avez utilisé une version récente d’Ubuntu, rien dans Kinetic Kudu ne devrait vous choquer. Le passage à GNOME 43 est visible, mais surtout parce qu’il vient lisser l’ensemble des contrôles dans les fenêtres, notamment dans Fichiers. Ubuntu, que l’on connaissait d’ailleurs pour sa cohérence graphique, en remet une couche et s’impose toujours dans ce domaine.

À propos de cohérence, il y a quelques changements dans les paramètres du système. Tout d’abord, la section dévolue aux arrière-plans a été fusionnée avec Apparence, dont elle est devenue un onglet. Une décision dont on apprécie la logique. Ensuite, une nouvelle section Ubuntu Desktop fait son apparition pour concentrer les paramètres des icônes et du dock. Là encore, l’ajout est bienvenu car il est maintenant très simple de positionner par exemple le dock en bas de l’écran et d’en réduire la taille.
On note aussi, dans une moindre mesure, la prise en charge de WebP par le système. Les images dans ce format, promu et très utilisé par Google, sont donc directement exploitables dans Fichiers, qui peut en afficher les miniatures.
Enfin, Ubuntu 22.10 est accompagné d’un nouveau fond d’écran particulièrement réussi.
Et c’est tout ? Hé bien oui, car une bonne partie des nouveautés provient de GNOME 43. Ubuntu 22.10 est un cru classique, mais agréable. Comme toujours avec Canonical, les habitudes ne seront pas cassées et on reste dans l’évolution progressive des technologies et visuels. La distribution poursuit sa modernisation et tout finit par arriver, puisque l’on a maintenant une session par défaut avec Wayland et PipeWire.
La version finale du système est attendue pour 20 octobre.