Maintenant que la bêta de Fedora 37 est disponible au téléchargement, on a un bon aperçu de ce que réserve la prochaine mouture de la distribution. Il ne s’agit pas d’une des versions les plus riches en nouveautés, mais elle est la première à intégrer GNOME 43, en bêta lui aussi.
Pour celles et ceux qui découvriraient cette distribution, rappelons qu’elle s’adresse au grand public et aux développeurs essentiellement. Laboratoire de Red Hat, on y trouve souvent des technologies testées des années avant une intégration dans d’autres systèmes, y compris RHEL. Pour autant, Fedora n’intègre que des versions finalisées, même si souvent flambant neuves et pouvant donc afficher des soucis de jeunesse.
Fedora 37 ne fait pas exception, en étant la première à intégrer GNOME 43, dont la version finale doit arriver très prochainement. Elle devrait être prête à temps pour la propre finale de Fedora 37 qui doit arriver le 21 septembre. Rappelons qu’il s’agit de Fedora et que la distribution est rarement à l’heure. Elle s’octroie souvent une ou deux semaines de « rab ».
Installation et base système
L’installation de Fedora est l’une des plus simples et rapides parmi les distributions. On démarre comme d’habitude depuis un DVD ou une clé USB après avoir récupéré l’image ISO, puis on se laisse guider. L’assistant d’installation, Anaconda, ne pose que peu de questions avant de lancer la copie des fichiers. Les dernières étapes se font après redémarrage de la machine et au premier lancement du système : géolocalisation, comptes en ligne, compte local, etc.
Fedora 37 doit être accompagnée d’une nouvelle version d’Anaconda, basée sur des technologies web et largement modernisée. Une préversion doit être fournie avec la mouture finale de la distribution et n’est donc pas encore disponible. En l’état actuel, il n’y a rien à dire de plus sur l’installation présente.
Comme toujours, la base système est modernisée. Le noyau Linux fourni est en version 5.19, qui se distingue par des améliorations importantes dans le support des CPU et SoC, notamment ARM. On trouve également une amélioration de la prise en charge de l’architecture RISC-V (comme dans tous les noyaux depuis un moment) ainsi qu’un meilleur support des GPU Arc Alchemist d’Intel, notamment leur consommation.
Tous les environnements de bureau sont également présents dans leur dernière révision : GNOME 43 (bêta), KDE Plasma 5.26, Xfce 4.16, LXQt 1.1.0 et MATE 1.24. Même si nous allons nous concentrer sur la version classique avec GNOME, le « spin » KDE vaut le coup d’œil, car Plasma 5.26 contient lui aussi une très grande liste de nouveautés, notamment avec Wayland par défaut dans le gestionnaire SDDM.
N’oublions pas que Budgie est lui aussi devenu un spin, dont il ne reste plus qu’à attendre la première version officielle.
Enfin, on peut compter comme d’habitude sur les dernières révisions pour pratiquement tous les paquets, notamment ceux dédiés au développement, comme Glibc 2.36, Binutils 2.38, Node.js 18.x, Python 3.11, Perl 5.36 et Golang 1.19.
GNOME 43, la transition vers GTK4 continue
Fedora 37, sous bien des aspects, se présente comme la « deuxième moitié » de Fedora 36 : une version plus aboutie, notamment parce que si GNOME 42 attaquait de plein front la transition vers GTK4 et la bibliothèque libadwaita, GNOME 43 la termine presque.
On peut le voir notamment dans le gestionnaire de fichier Nautilus, dont l’apparence est modernisée. Il s’adapte également mieux aux changements de taille et répartit plus efficacement le contenu, la barre latérale se rétractant automatiquement. Un bouton apparait alors en haut à gauche pour la faire apparaitre en cas de besoin.
Le gestionnaire se dote également de badges et emblèmes pour donner des indications sur les propriétés de certains fichiers et dossiers, par exemple une petite croix pour indiquer qu’il n’y a aucun droit pour l’instant, ou une flèche pour pointer un lien symbolique. Le mode Liste se veut plus propre et efficace, avec un plus grand espacement entre les éléments, un surlignage translucide et une sélection plus simple pour le glisser-déposer. On note également le retour de la commande de formatage depuis un clic droit sur un périphérique de stockage USB ou encore une fenêtre Propriétés plus en phase avec le reste de l’interface.
Le menu système change une nouvelle fois, en prenant la même route que sur d’autres plateformes. Les boutons ont été largement arrondis – trop diront certains – et le panneau présente tous les réglages principaux, comme le mode sombre, la connexion Internet, le mode économie d’énergie, le mode Avion et tout ce que l’on décidera d’y mettre.
GNOME 43 se dote également d’un nouveau panneau dédié à la sécurité de l’appareil. Il affiche des informations sur le matériel et les firmwares installés. Il ambitionne de prévenir l’utilisateur quand il y a un souci potentiel et d’indiquer si la chaine du Secure Boot est respectée.
La nouvelle version marque aussi le début du support pour les applications web dans Epiphany. Les applications installées de cette manière apparaissent dans Logiciels. En outre, le navigateur débute sa prise en charge du format WebExtensions. Conséquence, Epiphany peut utiliser une partie du catalogue des extensions de Firefox.
On trouve enfin tout un lot d’améliorations divers, comme la possibilité d’import/export des fichiers VCard dans Contacts, la consultation des autres applications d’un éditeur dans Logiciels, une nouvelle barre latérale dans Agenda, ou encore une nouvelle fenêtre de propriétés pour la Corbeille.

Support du Raspberry Pi 4 et autres améliorations
Fedora 37 est la première mouture de la distribution à supporter officiellement le Raspberry Pi 4. Il n’y a donc plus besoin d’opérations particulières pour l’utiliser sur le micro-PC. Ce support est complet et concerne donc également la partie graphique. En revanche, la prise en charge d’ARMv7 (aussi appelée arm32 ou armhfp) disparaît.
Puisque l’on parle de support, il faut noter certaines disparitions. Tous les paquets ayant trait aux versions 32 bits de Java disparaissent, dont JDK 8, 11 et 17. OpenSSL 1.1 est également supprimé. Une règle spéciale, nommée TEST-FEDORA39, permet de faire des tests cryptographiques, l’équipe de développement prévoyant (entre autres) le retrait de SHA-1 dans cette future version.
Fedora Core S, en préparation depuis un moment, devient avec cette version 37 une variante officielle de la distribution. Elle se distingue par une empreinte minimale sur le stockage et rejoint les éditions Server, IoT et Cloud dans le petit cercle des systèmes dédiés à des besoins spécifiques.
Une évolution tranquille, mais une vraie modernisation
Les qualités de Fedora ne changent pas avec la version 37. L’installation est toujours aussi rapide et la distribution continue d’impressionner par sa réactivité. Nous l’avons encore vérifié sur une machine équipée d’un Ryzen 5 5600X, dans une machine virtuelle (VMware Workstation 16) volontairement limitée à un seul cœur et 2 Go de mémoire.
Les utilisateurs cherchant des nouveautés visuelles pourraient être un peu moins satisfaits que d’habitude, en dépit des améliorations dans Nautilus, le menu système et quelques autres éléments. En revanche, la modernisation est bien là, entre un GNOME 43 qui continue la transition vers GTK4 et un retrait assez conséquent de tout ce qui touche au 32 bits, logiciel comme matériel.
Comme toujours, l’installation d’une bêta est à réserver à une machine dédiée ou à une machine virtuelle.